Experts de l’ONU: des élections palestiniennes libres et équitables doivent inclure Jérusalem-Est

Des militants palestiniens et israéliens manifestent contre l’expulsion de familles palestiniennes de leurs maisons, dans le quartier palestinien de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est annexée par Israël. (AFP/Fichier)
Des militants palestiniens et israéliens manifestent contre l’expulsion de familles palestiniennes de leurs maisons, dans le quartier palestinien de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est annexée par Israël. (AFP/Fichier)
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Publié le Lundi 26 juillet 2021

Experts de l’ONU: des élections palestiniennes libres et équitables doivent inclure Jérusalem-Est

  • Ils ont demandé à Israël, en tant que puissance occupante, de déclarer clairement son intention de laisser le processus démocratique se dérouler sans entrave, et de s’ingérer le moins possible dans les droits et la vie quotidienne des Palestiniens 
  • Ils ont appelé les dirigeants palestiniens à se débarrasser de ces obstacles juridiques «injustifiés» qui entravent le processus démocratique et à reprogrammer les élections très rapidement

NEW YORK: Les experts des droits de l’homme de l’ONU ont exhorté l’Autorité palestinienne et Israël à reprogrammer les élections présidentielles, législatives et municipales «dans un avenir très proche» et à veiller à ce qu’elles soient «pacifiques et crédibles».

En avril, le président palestinien Mahmoud Abbas a émis un décret présidentiel reportant les élections, initialement prévues en mai et juillet, «jusqu’à ce que la participation de notre peuple à Jérusalem soit garantie».

Il a reproché à Israël d’être incertain quant à la possibilité de permettre aux Palestiniens de voter à Jérusalem-Est.

Exprimant leur inquiétude face à ce report, les experts de l’ONU ont rappelé l’importance des élections comme moyen de «résoudre les divisions politiques internes de longue date, de renforcer les institutions responsables et de faire un pas important vers la réalisation des droits nationaux et individuels fondamentaux du peuple palestinien».

Parmi les experts figurent Martin Lynk, rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens; Irene Khan, rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression; et Clément Nyaletsossi Voule, rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association.

Les rapporteurs spéciaux sont des experts indépendants qui siègent à titre individuel et à titre bénévole au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils ne sont pas membres du personnel de l’ONU et ne sont pas rémunérés pour leur travail.

Ils ont demandé à Israël, en tant que puissance occupante, de «déclarer clairement» son intention de laisser le processus démocratique se dérouler sans entrave, et de «s’ingérer le moins possible dans les droits et la vie quotidienne des Palestiniens».

Les accords d’Oslo conclus en 1994 entre l’Organisation de libération de la Palestine et l’État d’Israël prévoient le droit des Palestiniens de Jérusalem-Est de participer aux élections. 

L’article XI de l’accord intérimaire stipule explicitement que «les deux parties considèrent la Cisjordanie et la Bande de Gaza comme une unité territoriale unique dont l’intégrité et le statut seront préservés au cours de la période intérimaire».

Cela fait quinze ans que les Palestiniens n’ont pas voté. Lors des élections précédentes, les Palestiniens de Jérusalem-Est ont été autorisés à voter, non sans difficultés.

À l’approche des élections de 2006, Israël a lancé une campagne d’arrestations contre les membres du Conseil législatif palestinien, révoqué leurs cartes d’identité de Jérusalem, interdit aux candidats de mener des campagnes électorales à l’intérieur de Jérusalem et interdit les réunions et rassemblements publics.

Rappelant les déclarations du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU selon lesquelles toute modification par Israël de Jérusalem-Est et de son statut politique et juridique est «nulle et non avenue», les experts estiment que le moment présent est «une occasion en or pour le monde d’affirmer ces engagements au nom de la démocratie et du droit international».

Ils ont appelé l’Autorité palestinienne à reprogrammer les élections «dans un avenir très proche» et ont exigé que «les droits démocratiques des électeurs, des candidats, des partis politiques et des participants soient pleinement respectés par tous, y compris par la puissance occupante».

«Les arrestations et les détentions, ainsi que la perturbation des réunions politiques et des campagnes par toute autorité dirigeante, sont totalement incompatibles avec les fondements de la protection internationale des droits de l’homme.»

Les experts des droits de l’homme se sont dit «troublés» par les règles d’éligibilité établies par l’Autorité palestinienne pour les prochaines élections, notamment l’obligation pour chaque liste politique de payer des frais d'inscription de 20 000 dollars et l’obligation pour les personnes qui travaillent dans la société civile de démissionner de leur emploi actuel pour pouvoir se porter candidats.

Selon eux, ces règles «semblent créer des obstacles injustifiés et empêchent la participation pleine et libre des Palestiniens au processus démocratique». Ils ont appelé les dirigeants palestiniens à se débarrasser de ces obstacles juridiques.

«Nous ne sous-estimons pas les défis que représente la tenue d’élections démocratiques libres et équitables dans un contexte d’occupation dure et bien ancrée», ont-ils conclu.

«Nous saluons l’aide fournie par la communauté internationale, notamment par l’Union européenne et les Nations unies, pour faciliter ces élections. Mais celles-ci ne seront crédibles et n’ouvriront la porte à un renouveau politique, en particulier chez les jeunes Palestiniens, que si toutes les parties respectent les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté. 


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.