Covid: pourquoi les Tunisiens se trouvent dans l'œil du cyclone

Des Tunisiens célèbrent le 25 juillet après que le président Kais Saied ait annoncé le limogeage du Premier ministre du pays à la suite de manifestations à l'échelle nationale. (Photo, AFP)
Des Tunisiens célèbrent le 25 juillet après que le président Kais Saied ait annoncé le limogeage du Premier ministre du pays à la suite de manifestations à l'échelle nationale. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 27 juillet 2021

Covid: pourquoi les Tunisiens se trouvent dans l'œil du cyclone

  • Le parti Ennahda fait l’objet de la colère publique en raison de la mauvaise gestion de la pandémie
  • Le déroulement lent du vaccin, le laxisme dans le respect de mesures sanitaires, et la propagation du variant Delta auraient contribué à la situation

DUBAÏ : Hasna Worshafani, une parajuriste qui réside à Dubaï, n'a pu rendre visite à ses parents dans sa Tunisie natale depuis plus d'un an en raison des restrictions de voyage par avion relatives à la Covid-19.

Car au moment où les restrictions ont commencé à être levées, le pays en Afrique du Nord a été frappé par une nouvelle vague dévastatrice d’infections, ce qui l’a obligée à reporter encore une fois son voyage.

«J’avais prévu de passer l'Aïd Al-Adha avec mes parents. Mais la situation là-bas est mauvaise, et il y a une hausse du nombre de cas de Covid-19. J'ai décidé donc de suspendre mes projets de voyage, le temps que les choses reviennent un peu en ordre», explique la mère de deux enfants à Arab News.

La Tunisie fait partie des cinq États africains en proie à une troisième vague dévastatrice d'infections de Covid-19. Le pays, qui compte une population de 11,69 millions d'habitants, a enregistré plus de 18 600 décès depuis le début de la pandémie en mars de l'année dernière.

Dimanche, des centaines de manifestants se sont rassemblés dans la capitale, Tunis, et d'autres villes pour exiger la démission du gouvernement face aux tourmentes économiques et politiques alimentées par la pandémie. 

En fin de journée, le président Kaïs Saïd a annoncé le gel des travaux du Parlement, et la destitution de Hichem Mechichi du poste de Premier ministre.

Les hôpitaux du pays sont aux prises avec une pénurie d'oxygène, ainsi qu’un manque de personnel et de lits dans les services de soins intensifs. Une situation qui a incité l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la France et l'Égypte, entre autres, à dépêcher du matériel médical d'urgence et des doses de vaccins.

De plus, les autorités n'ont pas réussi à dérouler une campagne de vaccination rapide. Moins d'un million de personnes, soit 8%, de la population sont entièrement vaccinées, alors que le nombre de cas est devenu l'un des plus élevés d'Afrique.

Plusieurs raisons se cachent derrière le pic meurtrier. Toutefois, de nombreux Tunisiens tiennent l’islamiste Ennahda, plus grand parti au Parlement, pour responsable de la détérioration des conditions économiques, sociales et sanitaires depuis son entrée au pouvoir en 2019.

Les analystes estiment que les slogans de la démocratie et du pluralisme proférés par les islamistes en période électorale sonnent en schibboleths. Ils risquent donc de ne pas apaiser les angoisses du public au sujet de l'effondrement du système de santé et de la situation économique fragile.

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Un expatrié tunisien a déclaré que les confinements et les interdictions de voyager étaient devenus «insupportables pour de nombreuses personnes». (Photo, AFP)

Les analystes rappellent les foules en liesse qui ont accueilli l'annonce présidentielle de dimanche soir, et les rapports de tentatives d’assaillir les bureaux d'Ennahda dans plusieurs villes. Selon eux, les islamistes tunisiens attendront de voir dans quel sens soufflent les vents politiques avant de jouer leurs muscles. Car dans l'état actuel des choses, le chômage généralisé et la déliquescence des services publics ont miné le soutien public à la démocratie.

Si Ennahda, tout comme la gauche, a appuyé Saïd lors de l'élection présidentielle de 2019, leurs relations se sont dégradées depuis le début de la pandémie. L’impasse prolongée entre le président, le Premier ministre et le chef du Parlement est d’ailleurs considérée comme l'une des principales causes de la réponse officielle bâclée à la dernière vague de Covid-19.

Mechichi, qui a été nommé chef du gouvernement il y a exactement un an, avait dirigé un cabinet récalcitrant secoué de démissions ministérielles et de tensions avec le président Saïd. Quand la flambée du virus a pris d’assaut les hôpitaux ce mois-ci, il a limogé le ministre de la Santé, une décision que beaucoup considèrent insuffisante et survenue trop tard.

La situation actuelle a peut-être aussi ravivé des souvenirs amers chez de nombreux Tunisiens. En effet, dans le passé, un gouvernement de coalition dirigé par Ennahda a été jugé inexplicablement lent à contrer l'une des mobilisations extrémistes les plus meurtrières du monde arabe, après les soulèvements de 2011.

Ansar Al-Sharia en Tunisie avait à l’époque utilisé les amnisties des prisonniers après 2011 pour augmenter rapidement le nombre de ses membres. Mais le gouvernement semblait réticent à s'en prendre trop sévèrement au groupe lié à Al-Qaïda. 

En 2013, les assassinats de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, deux dirigeants de l'alliance électorale de gauche du Front populaire, polarisent davantage l'opinion publique locale.

Le gouvernement a finalement désigné l'AST comme organisation terroriste en août 2013, mais beaucoup y ont vu un cas classique de médecin après la mort. Cinq ans plus tard, un groupe d'avocats et de politiciens accuse Ennahda d’avoir commandité les meurtres de Belaid et de Brahmi, et de former une organisation secrète pour infiltrer les forces de sécurité et la justice.

Ces accusations ont été rejetées par le parti.

Depuis, Ennahda est hanté par ce moment d’apathie face au militantisme dans cette période fondatrice de la démocratie tunisienne. Comme le note Aaron Zelin, membre du Washington Institute for Near East Policy, dans un document de recherche du Wilson Center, «Entre 2013 et 2019, des milliers de personnes ont rejoint les mouvements djihadistes à l'étranger.(…) Les Tunisiens ont planifié trois attaques à grande échelle en 2015 et 2016 à partir de la Libye : au musée du Bardo, dans une station balnéaire à Sousse, ainsi qu’une tentative de prendre Ben Gardane, une ville le long de la frontière tuniso-libyenne.

Ceci ne signifie guère que les politiciens sont les seuls responsables de la débâcle de la Covid-19 en Tunisie. 

Comme la majorité de la planète au printemps 2020, le pays a imposé un confinement complet. La stratégie s'est avérée extrêmement efficace, et aucun cas n’a été signalé pendant quarante jours. Mais lorsque les frontières ont été rouvertes en juin et que les touristes sont revenus, les cas ont soudainement augmenté.

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La colère publique face à la réponse laxiste du gouvernement aux menaces sécuritaires post-révolutionnaires a hanté le parti au pouvoir Ennahda. (Photo, AFP)

Les autorités dans une grande partie de l'Afrique du Nord n'ont pas anticipé l'impact qu’auraient au moins trois facteurs lorsqu'ils ont décidé d'assouplir les confinements et de rouvrir leurs frontières. Le premier est la transmissibilité élevée du variant Delta, originaire de l'Inde. Le deuxième est la baisse de vigilance en termes de mesures d'hygiène et de distanciation sociale, et le troisième est le taux de vaccination extrêmement bas.

«Les pays connaissent des situations épidémiologiques différentes, nous ne pouvons donc pas généraliser et inclure toute l'Afrique du Nord», affirme à Arab News Abdinasir Aboubakar, directeur de l'Unité de gestion des risques infectieux au bureau régional de l'OMS au Caire.

Certains pays «ont beaucoup investi dans la vaccination, et ça porte ses fruits», selon lui, tandis que d'autres se concentrent sur les mesures de santé publique pour endiguer la propagation du virus.

Toutefois, une piètre conformité au mesures sanitaires est largement constatée en Tunisie, ce qui contribue à la création de pics du variant Delta. «Voici la véritable origine de la nouvelle vague de cas en Afrique du Nord et dans d'autres pays de la région», explique Aboubakar.

Pour freiner le nombre de cas, le directeur souhaite que le public respecte les mesures officielles sur les déplacements et les rassemblements.

«Les gouvernements doivent renforcer les restrictions. Mais, chose encore plus importante, les gens doivent comprendre la raison pour laquelle les gouvernements imposent des restrictions, (et qui sont) la sécurité, la santé et la protection», dit-il.

«Les gens doivent se conformer et respecter (ces mesures). Ils doivent porter des masques. Ils doivent respecter la distanciation physique. Ils doivent prioriser le lavage et la désinfection des mains. Ils doivent se faire vacciner. Ils doivent éviter les grands rassemblements sociaux et les voyages», martèle-t-il.

Aboubakar est convaincu que la situation en Tunisie et dans d'autres pays africains peut être maîtrisée. Pour l'instant, il est plus préoccupé par la pénurie d'oxygène dans la région.

«Nous vivons cette pénurie partout, littéralement. Les gens meurent simplement parce qu'il n'y a pas assez d'oxygène. Nous ne l'avons jamais priorisé, et c'est quelque chose que nous devons faire à présent, et c'est très facile tant que l’engagement et les ressources sont disponibles», affirme-t-il.

Worshafani, l'expatriée tunisienne à Dubaï, pense que la situation s'est détériorée dans son pays d'origine pour une raison très simple. Les confinements et les interdictions de voyager sont devenus insupportables pour de nombreux ménages.

«Les autorités ne peuvent pas imposer un confinement complet pendant longtemps. L'économie ne peut pas survivre un tel coup alors que la vie des gens a été gravement affectée par les confinements de l'année dernière», assure-t-elle.

«Le coût de la vie en Tunisie n'a cessé d'augmenter au cours des dix dernières années. Les gens ont perdu patience», soupire-t-elle.

 

Twitter : @jumanaaltamimi

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com