L’explosion au port de Beyrouth: la «colère sourde» de Rabih Kayrouz

Le grand couturier libanais, Rabih Kayrouz. Photo fournie
Le grand couturier libanais, Rabih Kayrouz. Photo fournie
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

L’explosion au port de Beyrouth: la «colère sourde» de Rabih Kayrouz

  • Tout d’un coup un grondement «qu’on a cru être dû à un avion, puis une immense explosion, puis plus rien»
  • Pas facile pour le couturier de revenir sur un moment si bref qui a fait basculer tant de vies et qui en a ôté des centaines

PARIS: Non, ce n’était pas un accident. Ce n’était pas non plus une catastrophe naturelle. C’est un acte de négligence criminelle qui a provoqué l’explosion du port de Beyrouth. Une indolente négligence, érigée en méthode de gouvernance par les responsables libanais, qui est à l’origine de l’immense déflagration qui a pulvérisé le cœur de la ville devenu, en l’espace de quelques secondes, un amoncellement de gravats et de vitres brisées, mélangés à la chair et le sang.

Ce jour-là, le grand couturier de renommée internationale Rabih Kayrouz se relève de terre et constate qu’il est au milieu des décombres de son atelier, raconte-t-il à Arab News en français. Une somptueuse maison du XIXe siècle dans le quartier de Gemmayzé pulvérisée, comme tous les autres bâtiments du quartier.

Kayrouz se souvient de son incompréhension totale, de ce moment très étrange: «Mes souvenirs sont liés à un moment de tranquillité en fin de journée ou je prenais le thé avec une amie.» Tout d’un coup un grondement «qu’on a cru être dû à un avion, puis une immense explosion, puis plus rien».

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La voix empreinte d’une grande émotion, il dit se voir marcher dans l’atelier détruit, enjambant des robes, des mannequins, des portants: «Je ne comprenais pas», «je ne trouvais pas d’explication».

Pas facile pour le couturier de revenir sur un moment si bref qui a fait basculer tant de vies et qui en a ôté des centaines.

«Ça y est, c’est la malchance»

Il décrit un mélange d’absence et d’incompréhension, mais surtout «un sentiment de colère» qui l’a poussé spontanément à poster sur les réseaux sociaux une insulte «contre les instigateurs de cet acte».

«Sans rien savoir encore de ce qui s’est réellement passé, j’avais la conviction qu’il s’agissait d’un acte délibéré», se rappelle-t-il. Des images décousues défilent dans sa tête, il se retrouve dans la rue où il se sent assailli par un silence étrange, «pourtant rien n’était silencieux, bien au contraire: c’était le tumulte et le chaos».

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Son regard se fige sur un arbre centenaire qui était à terre, il pense au temps qu’il faut pour le faire repousser. Il se projette dans l’avenir et réfléchit à la durée qui sera nécessaire à la reconstruction des habitations détruites. Puis une épaisse tristesse lui glisse dessus, à la vue de sa plante porte-bonheur qui l’a accompagné dans ses différents ateliers, complètement terrassée. Il ne peut alors s’empêcher de se dire «ça y est, c’est la malchance».

Il ne sent rien – «c’était moi sans être moi» –, car il ne réalise pas encore qu’il est gravement blessé à la tête. Ce n’est que plus tard qu’il prend conscience de la gravité de son état, de cette blessure qui lui a valu de longs mois de convalescence. C’est également beaucoup plus tard qu’il va le réaliser: «Tous les lieux que j’ai connus, où j’ai vécu et travaillé, ont été soufflés en quelques secondes.»

Submergé par «une colère sourde»

La blessure physique est aujourd’hui guérie, mais Beyrouth et le Liban vont mal, très mal, ce qui empêche la blessure morale de se cicatriser.

Celle-ci est ravivée à chaque aller-retour qu’il fait entre Paris où il réside, et Beyrouth. L’appréhension est insurmontable dès que ses pieds foulent le sol de l’aéroport.

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Avec le recul, il se rend compte bien sûr qu’il a eu la chance d’avoir été bien soigné et de n’avoir gardé aucune séquelle physique, contrairement à beaucoup d’autres moins chanceux. Mais comment ne pas succomber au désarroi en voyant que tout ce qui a été détruit est toujours à terre, un an après l’explosion? Comment accepter que le Liban s’enfonce jour après jour dans sa crise à multiples visages? Comment pardonner à ceux qui sont responsables du saccage d’une ville qu’il a toujours adulée pour son élan positif, une ville où il a créé, initié des projets et construit à sa manière, dans son domaine?

«Difficile d’oublier», confie-t-il, difficile «d’accepter qu’on continue d’être dirigés par des criminels qui n’ont fait que démolir tout ce qu’une catégorie de Libanais a décidé d’ériger».

Depuis qu’il a décidé de sortir de son silence et de parler de l’explosion, il est submergé «par une colère sourde»: «Je ne suis pas du tout apaisé, mais très en colère contre ceux qui nous ont menés à cela», assure-t-il. Cette colère est si violente qu’elle suscite à l’égard de ceux qui, par leur négligence criminelle, ont permis à cette tragédie de se produire «des envies de meurtres jamais ressenties auparavant à l’égard de quiconque», martèle-t-il. «Je souhaite tout le mal possible à ces gens-là» dit-il, «ils nous ont anéantis à un point qu’on continue à les laisser faire», alors «qu’ils sont capables du pire».

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Alors oui, affirme Kayrouz, «je ne serai en paix que lorsque le Liban le sera» et «je ne pourrai aller vraiment bien que lorsque ce qui m’entoure et ceux qui m’entourent iront bien».

En attendant, il s’adonne à sa passion de toujours: créer des vêtements en optant pour un style plus urbain, loin des fioritures et du superflu…


Israël approuve la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie

Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
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  • Israël a approuvé l’installation de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à 69 le nombre de colonies validées en trois ans, dans une démarche visant selon le gouvernement à empêcher la création d’un État palestinien
  • Cette décision, critiquée par l’ONU et de nombreux pays, intervient dans un contexte d’intensification de la colonisation et de fortes violences depuis le 7 octobre 2023

JÉRUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre.

Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.

"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de M. Smotrich.

Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien.

"Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.

Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes.

Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.

- "Expansion implacable" -

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain".

"Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et viole le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.

L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".

Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien.

Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".


L’Arabie saoudite salue la décision des États-Unis de lever les sanctions contre la Syrie

L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
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  • L’Arabie saoudite estime que la levée des sanctions américaines contre la Syrie soutiendra la stabilité et le développement du pay
  • Riyad salue le rôle des États-Unis et les mesures prises par Damas pour favoriser la reconstruction et le retour des déplacés

RIYAD : L’Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu du Caesar Act, estimant que cette mesure soutiendra la stabilité, la prospérité et le développement du pays, et contribuera à répondre aux aspirations du peuple syrien.

Dans un communiqué publié vendredi, le Royaume a salué le rôle positif joué par le président américain Donald Trump dans ce processus, depuis l’annonce faite lors de sa visite à Riyad en mai 2025 de la décision de lever l’ensemble des sanctions contre la Syrie, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le communiqué précise que le processus a abouti à la signature par le président Trump de la loi d’autorisation de la défense nationale pour l’exercice 2026, laquelle inclut l’abrogation du Caesar Act, a ajouté la SPA.

L’Arabie saoudite a également félicité les dirigeants, le gouvernement et le peuple syriens à l’occasion de la levée des sanctions, tout en exprimant sa reconnaissance pour les mesures prises par Damas afin de rétablir la stabilité dans l’ensemble du pays.

Le Royaume a souligné que ces efforts contribueront à créer des conditions favorables à la reconstruction de l’État syrien et de son économie, ainsi qu’à faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées syriennes dans leurs foyers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une fondation caritative saoudienne célèbre la Journée mondiale de la langue arabe avec l’UNESCO à Paris

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
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  • Une célébration à l’UNESCO à Paris a mis en lumière le rôle mondial de la langue arabe et son apport au dialogue interculturel
  • Le partenariat entre l’UNESCO et la fondation saoudienne prévoit plusieurs projets clés pour renforcer la promotion de l’arabe

RIYAD : La fondation caritative Sultan bin Abdulaziz Al-Saud et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont célébré cette semaine à Paris la Journée mondiale de la langue arabe lors d’un événement placé sous le thème : « Des voies innovantes pour l’arabe : politiques et pratiques pour un avenir linguistique plus inclusif ».

Organisée en collaboration avec la délégation permanente du Royaume auprès de l’UNESCO, la rencontre a réuni, selon les organisateurs, un groupe distingué de dirigeants internationaux, de décideurs politiques, d’experts, d’intellectuels et de spécialistes des affaires linguistiques et culturelles venus du monde entier, afin de souligner le rayonnement mondial de la langue arabe et son rôle central dans la promotion de la diversité culturelle et du dialogue entre les civilisations.

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l’UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’organisation, ainsi que Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation.

Dans son discours, El-Enany a mis en avant l’importance du partenariat entre l’UNESCO et la fondation, estimant qu’il permet à l’organisation d’élargir l’ampleur de ses ambitions. Plusieurs projets majeurs sont prévus dans le cadre de cette collaboration, a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com