En Tunisie, le président Saied a réussi à séduire l'armée

Le président tunisien Kaïs Saïed devant un véhicule blindé de l'armée. (AFP PHOTO / HO / PRESIDENCY FACEBOOK PAGE)
Le président tunisien Kaïs Saïed devant un véhicule blindé de l'armée. (AFP PHOTO / HO / PRESIDENCY FACEBOOK PAGE)
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Publié le Mercredi 04 août 2021

En Tunisie, le président Saied a réussi à séduire l'armée

  • Le président Kais Saied a réalisé son coup de force en s'appuyant sur l'armée, une institution traditionnellement à l'écart du jeu politique en Tunisie, mais cette alliance reste conjoncturelle, contrairement au cas égyptien par exemple
  • Depuis son élection à la tête du pays en octobre 2019, M. Saied, évitant les responsables de partis, s'est en revanche largement affiché avec l'armée, rare institution au capital symbolique encore intact, se plaçant ainsi au-dessus de la mêlée politique

TUNIS : Le président Kais Saied a réalisé son coup de force en s'appuyant sur l'armée, une institution traditionnellement à l'écart du jeu politique en Tunisie, mais cette alliance reste conjoncturelle, contrairement au cas égyptien par exemple, soulignent des experts.

Depuis son élection à la tête du pays en octobre 2019, M. Saied, évitant les responsables de partis, s'est en revanche largement affiché avec l'armée, rare institution au capital symbolique encore intact, se plaçant ainsi au-dessus de la mêlée politique, comme une incarnation de l'Etat.

En décembre, il a confié aux services de santé militaire la gestion d'un hôpital flambant neuf construit par la Chine à Sfax (centre-est). Le 25 juillet, c'est en présence de hauts responsables militaires que M. Saied a annoncé la suspension des activités du Parlement pour un mois et le limogeage du Premier ministre.

Depuis cette annonce, un char empêche l'accès au Parlement, et des unités de l'armée ont également été déployées au siège du gouvernement à la Kasbah, et devant quelques institutions clés de l'Etat.

Le président a ensuite nommé un officier à la tête d'une cellule interministérielle de lutte contre le Covid-19. Et parmi les premiers députés arrêtés figure un élu condamné en 2018 par un tribunal militaire pour avoir critiqué l'armée. Cette proximité a mené certains adversaires à qualifier le régime exceptionnel décrété le 25 juillet par M. Saied de "dictature militaire".

«Limites»

Selon Hatem M'rad, professeur de Science politique et président de l'Association tunisienne d'Etudes politiques, le chef de l'Etat ne peut s'imposer "sans l'appui de l'armée". "Et pour le moment", celle-ci "soutient le président, qui a préparé tout cela avec son aide".

Mais, avance l'expert, les militaires vont "le suivre dans les limites des objectifs fixés", à savoir remettre sur les rails l'Etat de droit. "Kais Saied a gagné la confiance de hauts responsables militaires", renchérit le politologue Slaheddine Jourchi: Il "a réussi à convaincre l'armée que la Tunisie était devant un danger imminent".

Mais si l'armée "est sortie un peu de sa réserve, cela ne veut pas dire que nous avons un pouvoir militaire depuis le 25 juillet", poursuit M. Jourchi.  "L'armée ne gouverne pas, elle encadre, protège le président et soutient ses décisions mais sans être dans le pouvoir d'une façon directe", d'après lui.

Dans un régime où le chef de l'Etat a également le "haut commandement des forces armées", elle "est la force légitime dans la main du président pour protéger l'Etat et le peuple de tout danger", argue Mokhtar Ben Nasr, officier retraité. Aussi, pour Agnès Levallois, de l'Institut de recherche Méditerranée Proche-Orient (Iremmo), l'armée tunisienne "ne jouera pas un rôle comme elle a pu en jouer en Egypte" ou en Algérie. "Pour l'instant, cela fonctionne en négociations avec le président de la République", un civil démocratiquement élu.

«Stabiliser les institutions»

En Algérie, l'armée est accusée de manipuler dans les coulisses un pouvoir discrédité et secoué par une contestation populaire depuis plus de deux ans. En Egypte, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, qui dirigeait l'armée, est devenu président en 2014 après avoir destitué le président islamiste Mohamed Morsi.

Lors des soulèvements du Printemps arabe en 2011, place Tahrir au Caire, l'armée égyptienne avait joué un rôle central là où son homologue tunisienne avait refusé d'intervenir, y compris à l'encontre des manifestants contre le régime Ben Ali.

"A la différence de l'Algérie ou de l'Egypte, où elle a des intérêts vitaux à la survie du régime, l'armée en Tunisie préfère, dans les moments de crise aiguë, inciter les politiques à agir pour stabiliser les institutions", résume le journaliste et chercheur, Thierry Brésillon.

Il rappelle que, fin mai, des généraux en retraite avaient adressé une lettre ouverte au président pour l'appeler à faire des concessions, en plein bras de fer entre Kais Saied et les partis parlementaires, au premier rang desquels les conservateurs d'Ennahdha.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".