Désarmée, la Turquie à la merci des crises environnementales

Vue aérienne des vastes feux de forêt qui embrasent le pays cet été (Photo, AFP).
Vue aérienne des vastes feux de forêt qui embrasent le pays cet été (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 10 août 2021

Désarmée, la Turquie à la merci des crises environnementales

  • Pour les experts, la Turquie risque d'être régulièrement confronté à des épisodes climatiques extrêmes et multiformes s'il ne prend pas des mesures radicales dès aujourd'hui
  • De violents incendies dans le sud du pays ont fait huit morts et cruellement mis en lumière l'insuffisance des moyens de lutte aérienne contre les feux, suscitant une vague d'indignation.

ANKARA: Invasion de "morve de mer", sécheresse et feux de forêt meurtriers: la Turquie subit de plein fouet cette année les conséquences du réchauffement climatique, un casse-tête pour le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan accusé d'impréparation.

Pour les experts, ce pays au relief et au climat variés risque d'être régulièrement confronté à des épisodes climatiques extrêmes et multiformes s'il ne prend pas des mesures radicales dès aujourd'hui.

La question est aussi très politique. Les sondages montrent que les sept millions de Turcs qui pourront voter pour la première fois lors des prochaines élections en 2023 sont de plus en plus sensibles aux questions environnementales.

Signe de l'urgence, les calamités provoquées ou aggravées selon les experts par le réchauffement climatique se sont multipliées ces derniers mois.

De violents incendies dans le sud du pays ont fait huit morts et cruellement mis en lumière l'insuffisance des moyens de lutte aérienne contre les feux, suscitant une vague d'indignation. 

Cette crise a éclaté alors que le littoral occidental de la Turquie se remettait à peine de la prolifération sans précédent de mucilage, une substance visqueuse surnommée "morve de mer" qui a plongé les secteurs de la pêche et du tourisme dans la crise.

Plus tôt cette année, le nord-est de la Turquie avait été endeuillé par des inondations soudaines. Et dans le sud, de gigantesques trous sont subitement apparus dans le sol, conséquence de la sécheresse.

Face à ces crises, les défenseurs de l'environnement appellent à un sursaut et fixent comme priorité la ratification de l'accord de Paris de 2015 sur le climat.

"C'est la première étape. Nous devons prendre part à la lutte mondiale contre le changement climatique", exhorte Emine Ozkan, porte-parole du Parti des Verts en Turquie. "Il n'y a plus de temps à perdre."

"Pas de plan"

La Turquie est l'un des six pays qui n'ont pas approuvé formellement ce traité, malgré une prise de conscience croissante dans le monde des dangers liés au réchauffement.

Un nouveau rapport des experts climat de l'ONU (Giec), dévoilé lundi, montre ainsi que le climat change plus vite que prévu.

Mais la Turquie soutient que l'Accord de Paris la classe injustement dans la catégorie des pays "développés" au lieu de celle des pays "en développement" qui ouvre la voie à des aides financières.

L'Agence internationale de l'énergie a bien salué cette année les efforts de la Turquie pour développer l'énergie renouvelable, les qualifiant d'"impressionnants".

Mais les défenseurs de l'environnement s'alarment de la volonté d'Ankara de renforcer sa production énergétique à base de charbon, alors qu'il projette officiellement de réduire de 21% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.

"Je ne vois pas la Turquie porter de plan détaillé et global pour affronter" le réchauffement climatique, souligne Gökçe Sencan, chercheuse en politique environnementale.

Climate Action Tracker, un groupe de réflexion qui analyse les plans de réduction des gaz à effet de serre des différents pays, estime que les efforts fournis par la Turquie pour réduire ses émissions sont "extrêmement insuffisants".

Guerre de l'eau ?

La sécheresse s'impose comme le principal risque climatique pour la Turquie, qui a enregistré en juillet un record de température depuis 1961, avec 49,1°C à Cizre (sud-est).

Pour les experts, les épisodes de plus en plus fréquents de sécheresse risquent, en plus de poser des problèmes pour l'agriculture, de renforcer les tensions liées au partage des eaux des fleuves Tigre et Euphrate entre la Turquie et ses voisins, l'Irak et la Syrie.

Située en amont, la Turquie a construit plusieurs barrages sur ces cours d'eau essentiels à l'économie des trois pays, et Bagdad proteste déjà épisodiquement auprès d'Ankara contre le débit trop faible à son goût du Tigre.

"Si nous n'avons plus assez d'eau, ils n'auront plus assez d'eau non plus et cela se transformera en problème de relations internationales", relève Levent Kurnaz, directeur du centre d'études sur la politique environnementale à l'Université Bogazici à Istanbul.

Pour M. Kurnaz, il est temps pour les autorités de tirer des leçons des catastrophes à répétition.

"Si on n'apprend rien et que quelque chose de plus grave encore survient, alors on ne sera pas plus préparé", dit-il.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.


Turquie: le principal parti d'opposition dans l'attente d'une décision judiciaire cruciale

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  • "Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !"
  • "Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes"

ANKARA: Le principal parti d'opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan, le CHP, attend lundi une décision judiciaire cruciale qui pourrait chambouler sa direction en raison d'une accusation de fraudes.

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche à Ankara à la veille de cette audience pour soutenir le CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) qui rejette les accusations et estime que les autorités tentent de l'affaiblir par un "procès politique".

"Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !".

"Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes. Quiconque représente une menace démocratique pour lui est désormais sa cible", a affirmé M. Özel.

"Ce procès est politique, les allégations sont calomnieuses. C'est un coup d'État et nous résisterons", a-t-il martelé.

"Il ne s'agit pas du CHP mais de l'existence ou de l'absence de démocratie en Turquie", a déclaré pour sa part Ekrem Imamoglu aux journalistes vendredi, après avoir comparu devant un tribunal pour des accusations sans lien avec cette affaire.

Lorsque Özgür Özel a pris sa direction en novembre 2023, le CHP était en crise mais, en mars 2024, il a conduit le parti à une éclatante victoire aux élections locales.

Depuis l'arrestation du maire d'Istanbul en mars dernier, M. Özel a su galvaniser les foules, s'attirant les foudres du pouvoir en organisant chaque semaine des rassemblements, jusque dans des villes longtemps considérées comme des bastions du président Erdogan.

Peines de prison 

L'audience doit débuter à 10H00 (07H00 GMT), devant le 42e tribunal civil de première instance de la capitale turque. Elle doit statuer sur la possible annulation des résultats du congrès du CHP en novembre 2023.

Pendant ce congrès, les délégués avaient évincé le président de longue date du parti, Kemal Kilicdaroglu, tombé en disgrâce, et élu Özgür Özel.

L'acte d'accusation désigne M. Kilicdaroglu comme étant la partie lésée et réclame des peines de prison pouvant aller jusqu'à trois ans pour M. Imamoglu et dix autres maires et responsables du CHP, accusés de "fraude électorale".

Si la justice le décidait, M. Özel pourrait donc se voir démettre de ses fonctions à la tête de cette formation.

Le 2 septembre, un tribunal a destitué la direction de la branche d'Istanbul du CHP en raison d'accusations d'achats de votes au cours de son congrès provincial et nommé un administrateur pour prendre le relais.

Cette décision, qui a été largement perçue comme pouvant faire jurisprudence, a déclenché de vives protestations et entraîné une chute de 5,5% de la Bourse, faisant craindre que le résultat de lundi ne nuise également à la fragile économie de la Turquie.

Si le tribunal d'Ankara déclarait les résultats du congrès du CHP nuls et non avenus, cela pourrait annoncer le retour de son ancien leader Kemal Kilicdaroglu, qui a accumulé une série de défaites électorales ayant plongé le parti dans une crise.

Selon certains observateurs, l'affaire s'apparente à une tentative des autorités de saper le plus ancien parti politique de Turquie, qui a remporté une énorme victoire contre l'AKP (Parti de la justice et du développement, conservateur) du président Erdogan aux élections locales de 2024 et gagne en popularité dans les sondages.

Sa popularité a augmenté depuis qu'il a organisé les plus grandes manifestations de rue de Turquie en une décennie, déclenchées par l'emprisonnement en mars de son candidat à la présidence de la République, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Dans une tentative de protéger sa direction, le CHP a convoqué un congrès extraordinaire le 21 septembre. Si le tribunal destituait M. Özel et rétablissait M. Kilicdaroglu, les membres du parti pourraient donc tout simplement réélire Özgür Özel six jours plus tard.