Afghanistan: sous les pieds des talibans, un potentiel eldorado minéral

Exploités officiellement, les gisements de pierres précieuses font aussi l'objet de trafics illégaux à plus ou moins grande échelle entre le pays et le Pakistan voisin, dénoncés dans le dernier rapport de l'USGS. (AFP)
Exploités officiellement, les gisements de pierres précieuses font aussi l'objet de trafics illégaux à plus ou moins grande échelle entre le pays et le Pakistan voisin, dénoncés dans le dernier rapport de l'USGS. (AFP)
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Publié le Jeudi 19 août 2021

Afghanistan: sous les pieds des talibans, un potentiel eldorado minéral

  • Alors que le monde essaie de se passer d'énergies fossiles comme le pétrole et le gaz, cuivre, lithium, terres rares sont de plus en plus recherchés pour transporter ou stocker l'électricité
  • Globalement, le potentiel de toutes les ressources souterraines du pays était estimé à mille milliards de dollars

PARIS: Cuivre, lithium, terres rares: le sous-sol de l'Afghanistan regorge de minéraux jugés critiques pour la transition énergétique et climatique, soulignent les experts, une manne non exploitée à ce jour, et désormais aux mains du régime taliban au pouvoir dans le pays.


"L'Afghanistan a des gisements de bauxite, de cuivre, de fer, de lithium et de terres rares", indique le dernier rapport annuel sur les ressources minières en Afghanistan publié en janvier 2021 par l'Institut d'études géologiques des Etats-Unis (USGS).


Alors que le monde essaie de se passer d'énergies fossiles comme le pétrole et le gaz, ces métaux sont de plus en plus recherchés pour transporter ou stocker l'électricité.


Le cuivre, essentiel pour la fabrication de fils électriques, a ainsi battu son record historique cette année sur les marchés mondiaux, en cotant plus de 10 000 dollars la tonne.


Le lithium est une ressource essentielle à la transition énergétique. Il est utilisé pour le stockage de l'énergie dans des batteries ou des fermes solaires ou éoliennes.


En 2020, il a rejoint la liste officielle des 30 matières premières jugées "critiques" pour son indépendance énergétique par l'Union européenne, aux côtés du cobalt, du graphite, du silicium ou du tantale notamment.

«Un stock immense de lithium»
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a de son côté estimé en mai que la demande mondiale de lithium allait être multipliée par 40 d'ici 2040.


Or, l'Afghanistan "est assis sur un stock immense de lithium, pas exploité à ce jour", indique à l'AFP Guillaume Pitron, auteur du livre "La guerre des métaux rares" (Les liens qui libèrent, 2018).


Et les terres rares comme le néodyme, le praséodyme ou le dysprosium, que l'on trouve aussi en Afghanistan, sont cruciales dans la fabrication d'aimants utilisés dans des industries d'avenir que sont l'éolien ou la voiture électrique.


Globalement, le potentiel de toutes les ressources souterraines du pays était estimé à mille milliards de dollars par un rapport commun de l'ONU et de l'Union européenne datant de 2013.


Le pays, dont la richesse du sous-sol est légendaire, était jusqu'à présent surtout connu pour ses pierres précieuses (lapis-lazuli, émeraudes, rubis, tourmaline), son talc ou même son marbre. Il produit aussi du charbon, et des métaux traditionnels comme le fer.


Exploités officiellement, les gisements de pierres précieuses font aussi l'objet de trafics illégaux à plus ou moins grande échelle entre le pays et le Pakistan voisin, dénoncés dans le dernier rapport de l'USGS.

Besoin de stabilité 
Dès avant la victoire des talibans en Afghanistan, la Chine, qui produit déjà 40% du cuivre mondial, près de 60% du lithium, et plus de 80% des terres rares (source AIE), avait "soutenu un certain nombre de factions talibanes en vue de faciliter leur accès à certains gisements particulièrement prometteurs", souligne M. Pitron.


"Les Chinois ne conditionnent pas leurs contrats d'affaires à des principes démocratiques" explique-t-il.


En matière de cuivre, Pékin, qui avait obtenu en 2008 une concession pour exploiter la mine géante d'Aynak à 35 kilomètres de Kaboul, discutait avec le gouvernement déchu depuis 2015 pour tenter d'obtenir des amendements permettant une exploitation effective du gisement, "bloquée pour différentes raisons", selon l'USGS qui ne détaillait pas les problèmes rencontrés. 


Aujourd'hui, les experts font néanmoins valoir qu'il n'est "pas du tout certain" que l'Afghanistan devienne un eldorado des minéraux et le terrain de jeu géopolitique de la transition énergétique mondiale, en raison des incertitudes politiques pesant sur la gestion du régime des talibans.


"Pour cela, il faut un climat politique très stable" souligne M. Pitron.


En matière minière, il peut se passer 10 ou 20 ans entre la découverte d'un gisement et son exploitation: "aucune entreprise ne voudra investir s'il n'y a pas un cadre politique et juridique stable", ajoute M. Pitron, en soulignant que certains investisseurs préféreront peut-être choisir des sources d'approvisionnement "un peu plus chères, mais plus stables".


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.