Hamid Karzai, l'ancien président sorti de l'ombre

Après les attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis, M. Karzai, toujours coiffé d'un caracul gris, avait incarné le nouveau visage de l'Afghanistan. Son aura de modernisateur, son anglais parfait, son appartenance à une vieille famille pachtoune, ses liens avec les tribus afghanes en faisait l'homme à même de transformer la nation paralysée. (Photo, Archives/AFP)
Après les attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis, M. Karzai, toujours coiffé d'un caracul gris, avait incarné le nouveau visage de l'Afghanistan. Son aura de modernisateur, son anglais parfait, son appartenance à une vieille famille pachtoune, ses liens avec les tribus afghanes en faisait l'homme à même de transformer la nation paralysée. (Photo, Archives/AFP)
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Publié le Vendredi 20 août 2021

Hamid Karzai, l'ancien président sorti de l'ombre

  • Après le 11/9, il avait incarné le nouveau visage de l'Afghanistan avec son aura de modernisateur et sa figure unificatrice à bien des égards
  • Il a en vain supplié Washington de concentrer ses efforts sur le Pakistan, pour convaincre Islamabad de cesser d'apporter son soutien aux dirigeants talibans

KABOUL : Quand les talibans sont entrés dans Kaboul, le président afghan, Ashraf Ghani, s'est enfui en catimini. Mais son prédécesseur, Hamid Karzai, aujourd'hui âgé de 63 ans, est alors sorti de l'ombre, fort de son expérience en matière d'accords tribaux traditionnels.

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Mercredi, Karzai s'est assis avec une délégation de talibans, dont un de leurs négociateurs, Anas Haqqani, frère cadet de Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau éponyme, qualifié de terroriste par Washington et qui avait mené des attentats suicides et de brutales attaques à Kaboul sous sa présidence. (Photo, AFP)

Après les attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis, M. Karzai, toujours coiffé d'un caracul gris, avait incarné le nouveau visage de l'Afghanistan. Son aura de modernisateur, son anglais parfait, son appartenance à une vieille famille pachtoune, ses liens avec les tribus afghanes en faisait l'homme à même de transformer la nation paralysée.

En décembre 2001, après l'éviction des talibans, il avait été nommé président d'une administration transitoire au cours de pourparlers parrainés par les Nations unies à Bonn, en Allemagne. Elle s'était engagée à œuvrer en faveur de la démocratie.

Une assemblée afghane traditionnelle avait ensuite confirmé le président Karzai dans sa fonction, soufflant l'espoir d'une nouvelle ère en Afghanistan.

Mais les critiques n'ont pas tardé à éclipser les éloges de ses débuts qui lui avaient même valu une nomination pour le prix Nobel de la Paix en 2002.

Malgré des allégations de fraude, M. Karzai a remporté la deuxième élection présidentielle afghane, son adversaire Abdullah Abdullah ayant renoncé à un second tour.

Après l'élection de Barack Obama en 2008 et le départ de George Bush, les États-Unis ont déclenché une opération massive et déployé plus de 100000 soldats en Afghanistan pour repousser les talibans.

Pendant des années, M. Karzai a prévenu que la contre-insurrection musclée américaine dans les bastions méridionaux des talibans ne faisait que galvaniser le mouvement.

Il a en vain supplié Washington de concentrer ses efforts sur le Pakistan, pour convaincre Islamabad de cesser d'apporter son soutien aux dirigeants talibans exilés sur son sol.

Alors même que les insurgés menaient des attentats dans sa capitale, M. Karzaï a insisté sur la nécessité de les faire rentrer dans le rang, s'attirant de vives critiques en les qualifiant de "frères".

M. Karzai a fini par perdre le soutien de l'Occident. Les responsables et les médias américains l'ont régulièrement cloué au pilori, l'accusant de corruption, pendant que les États-Unis déversaient des milliards de dollars dans une économie afghane ruinée, rendant les malversations quasi-inévitables.

Il est finalement tombé en disgrâce à Washington, au profit de son ancien ministre des Finances, Ashraf Ghani, qui a tenu les rênes du pays à partir de 2014 jusqu'à sa fuite aux Émirats arabes unis la semaine dernière.

Et lorsque les talibans ont repris le contrôle du pays la semaine dernière, Karzai a aussitôt endossé un rôle familier, courant de réunions en réunions, en quête d'alliés, pour tenter d'aboutir, dans un cadre très serré, à une sorte d'accord avec ses vieux ennemis.

Dimanche, il est apparu, flanqué de ses filles, dans une vidéo qui a amplement circulé sur les réseaux sociaux pour affirmer sa mobilisation et celle de sa famille pour le pays.

"J'espère que les problèmes du pays seront résolus par des pourparlers et des négociations", a-t-il déclaré, renouant avec le ton pragmatique qui a caractérisé ses années au pouvoir.

"Je demande également à toutes les forces de sécurité et aux talibans, où qu'ils se trouvent, d'épargner les vies et les biens de la population, de se concentrer sur la sécurité des personnes", a-t-il ajouté.

Puis, mercredi, Karzai s'est assis avec une délégation de talibans, dont un de leurs négociateurs, Anas Haqqani, frère cadet de Sirajuddin Haqqani, le chef du réseau éponyme, qualifié de terroriste par Washington et qui avait mené des attentats suicides et de brutales attaques à Kaboul sous sa présidence.

"Si nous voulons voir une solution politique, Hamid Karzai va devoir y jouer un rôle clé", estime Ibraheem Thurial Bahiss, consultant auprès de l'International Crisis Group.

"C'est une figure unificatrice à bien des égards", a-t-il poursuivi, rappelant que Karzai avait la réputation d'avoir su rassembler des "factions diverses" du temps de sa présidence.


Séisme de magnitude 4,4 près de Naples, ni blessés ni dégâts

Les pompiers contrôlent la tour de l'église Sant'Anna à Bagnoli près de Naples, suite à un tremblement de terre de magnitude 4,4, le 13 mars 2025. (AFP)
Les pompiers contrôlent la tour de l'église Sant'Anna à Bagnoli près de Naples, suite à un tremblement de terre de magnitude 4,4, le 13 mars 2025. (AFP)
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  • Dans cette région, les Champs Plégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79
  • Les Champs Phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma

ROME: Un séisme de magnitude 4,4 a frappé mardi à la mi-journée la zone des Champs Phlégréens, près de Naples, où il a été ressenti dans le centre historique de cette métropole portuaire du sud de l'Italie mais sans faire de blessés ou causer de dégâts.

La secousse a été enregistrée à 12H07 (10H07 GMT), à trois kilomètres de profondeur, selon l'Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV).

Elle a été ressentie dans les quartiers de Pozzuoli et du Vomero du centre de Naples, faisant sortir des habitants dans la rue. Deux lignes de métro ont été suspendues, selon RaiNews.

Cette secousse a été précédée et suivie de secousses de moindre ampleur, notamment un tremblement de terre de magnitude 3,5 un quart d'heure après le séisme principal.

La zone volcanique des Champs Phlégréens, où résident quelque 500.000 personnes, a déjà été touchée par plusieurs séismes ces dernières années. Le dernier épisode majeur en date, le 13 mars, était déjà de magnitude 4,4, de même qu'une autre secousse en mai 2024.

Le volcan, qui s'étend sur un périmètre de 15 km sur 12, présente la dépression typique à fond plat laissée après une éruption. Il s'agit de la caldera ("chaudière" en espagnol) en activité la plus vaste d'Europe, située aux confins des communes de Naples et de Pouzzoles en bord de mer.

Dans cette région, les Champs Plégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79.

Les Champs Phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma et qui font pression sur la surface en fissurant le sol.

Le scénario catastrophe, à savoir l'expulsion de lave, de cendres et de pierres, est cependant improbable dans un futur proche, selon les spécialistes.


Trump arrive en Arabie saoudite pour entamer une tournée dans le Golfe

 Donald Trump s'est envolé lundi pour l'Arabie saoudite dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir. (AFP)
Donald Trump s'est envolé lundi pour l'Arabie saoudite dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir. (AFP)
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  • Dans une concomittance quasi orchestrée, le président américain a décollé à destination de Ryad depuis la base militaire Andrews, dans la banlieue de Washington, à peu près au moment où était annoncée par le Hamas la libération de l'otage Edan Alexander
  • Lors de cette tournée majeure, Donald Trump doit aussi se rendre au Qatar et aux Emirats arabes unis

JOINT BASE ANDREWS: L'avion présidentiel de Donald Trump s'est posé peu avant 9h50 (6h50 GMT) mardi à Ryad, première étape d'une tournée dans le Golfe pendant laquelle il entend surtout récolter d'énormes contrats et promesses d'investissements.

Après l'Arabie saoudite, le président américain doit se rendre au Qatar et aux Emirats arabes unis.

Donald Trump s'est envolé lundi pour l'Arabie saoudite dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir, qu'il espère riche en contrats économiques mais qui sera également dominée par les conflits et tensions dans une région en pleine effervescence.

Dans une concomitance quasi orchestrée, le président américain a décollé à destination de Ryad depuis la base militaire Andrews, dans la banlieue de Washington, à peu près au moment où était annoncée par le Hamas la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander, retenu dans la bande de Gaza depuis les attaques sanglantes du 7 octobre 2023 en Israël.

Lors de cette tournée majeure, Donald Trump doit aussi se rendre au Qatar et aux Emirats arabes unis.

Mais il pourrait ajouter une étape car il a évoqué lundi la possibilité d'aller en Turquie jeudi pour des discussions entre l'Ukraine et la Russie à Istanbul, qui restent cependant à confirmer.

"Je pense que la réunion de jeudi en Turquie entre la Russie et l'Ukraine pourrait déboucher sur un bon résultat, et je pense que les deux dirigeants devraient être présents", a-t-il dit en référence aux présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ce dernier a dit qu'il y sera mais le maître du Kremlin n'a pas pour l'instant répondu.

"Beau geste" du Qatar 

Le voyage de M. Trump dans le Golfe s'annonce intense.

L'ancien promoteur immobilier "espère décrocher des promesses d'investissement", analyse Anna Jacobs, chercheuse à l'Arab Gulf States Institute à Washington, à un moment où sa politique protectionniste déstabilise l'économie américaine et inquiète l'opinion publique.

Ryad, Doha et Abou Dhabi déploieront tout leur faste pour un dirigeant très sensible à la pompe monarchique, en plus d'annoncer d'énormes contrats et commandes, qui pourraient aller de la défense à l'aviation en passant par l'énergie ou l'intelligence artificielle.

Le déplacement est cependant déjà entaché d'une polémique, alors que la famille royale qatarie escompte faire cadeau aux Etats-Unis d'un luxueux Boeing 747-8 Jumbo, estimé à 400 millions de dollars par des experts et que le président américain compte utiliser comme son prochain Air Force One.

"Je pense que c'est un beau geste venant du Qatar. Je suis très reconnaissant", a déclaré Donald Trump. L'opposition démocrate crie, elle, à la "corruption".

L'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont par ailleurs décidé, avec les autres pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+), d'augmenter fortement leur offre de pétrole. De quoi mettre Donald Trump, que toute baisse du cours du brut enchante, dans les meilleures dispositions.

Le président américain rencontrera à Ryad les dirigeants des six pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn, Qatar, Koweït et Oman), dont l'influence diplomatique ne cesse de croître, comme en témoigne le rôle de médiation joué par certains d'entre eux dans la guerre en Ukraine ou le conflit à Gaza.

Il sera question des grands sujets régionaux allant des discussions entre les Etats-Unis et l'Iran sur le nucléaire, dont une nouvelle session s'est achevée dimanche à Oman, aux attaques des Houthis du Yémen, avec lesquels Washington vient de conclure un cessez-le-feu. La Syrie et bien sûr Gaza, où les Américains ont annoncé une initiative humanitaire, seront également à l'agenda.

Les spécialistes de la région jugent par contre qu'une normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et Israël, projet un temps cher à Donald Trump, n'est plus d'actualité à l'heure où la bande de Gaza, assiégée et pilonnée par les forces israéliennes, vit une catastrophe humanitaire.

Certains experts imaginent plutôt des tractations américano-saoudiennes dans lesquelles Israël serait laissé de côté, par exemple sur le nucléaire civil.

L'une des inconnues du voyage concerne une éventuelle décision du président américain sur la manière dont les Etats-Unis désignent le Golfe.

Des articles de presse lui prêtent l'intention de le nommer "Golfe d'Arabie" ou "Golfe arabique", et non plus "Golfe persique", au risque de braquer les Iraniens.

 


Ukraine: Paris appelle Poutine à rencontrer Zelensky jeudi à Istanbul

 Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou. (AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou. (AFP)
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  • Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou
  • "On a assisté ce week-end à Kiev à une démonstration de force et d'unité européenne avec l'appel unanime à un cessez-le-feu de 30 jours sans condition avec le soutien des Etats-Unis", a rappelé le chef de la diplomatie française

PONT-L'EVEQUE: Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou.

"On a assisté ce week-end à Kiev à une démonstration de force et d'unité européenne avec l'appel unanime à un cessez-le-feu de 30 jours sans condition avec le soutien des Etats-Unis", a rappelé le chef de la diplomatie française lors d'un point presse en marge d'une visite à Pont-L'Evêque (Calvados).

"Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a saisi la balle au bond et il a proposé de se rendre lui-même à Istanbul. C'est désormais ce à quoi nous appelons Vladimir Poutine à consentir également", a-t-il ajouté, alors que se tient à Londres une réunion entre plusieurs ministres des Affaires étrangères de pays européens sur la guerre en Ukraine.

Le ministre français a réaffirmé qu'un cessez-le-feu était un préalable à toute discussion de paix en Ukraine.

"Evidemment il n'y aura de négociation sur une paix juste et durable qu'avec un cessez-le-feu parce qu'on ne peut pas négocier sereinement sous les bombes et sous les attaques de drones", a-t-il insisté.

La Russie a ignoré l'ultimatum des alliés de Kiev en lançant plus d'une centaine de drones dans la nuit de dimanche à lundi sur l'Ukraine, qui attend une réponse du Kremlin à la proposition de Volodymyr Zelensky de rencontrer "en personne" Vladimir Poutine jeudi à Istanbul.

Kiev et ses alliés européens ont réclamé pendant le week-end un cessez-le-feu "complet et inconditionnel" de 30 jours à partir de lundi, condition préalable selon eux pour l'ouverture de discussions de paix directes entre Russes et Ukrainiens en Turquie, comme l'a proposé le président russe Vladimir Poutine.

A ce stade, la Russie n'a répondu ni à l'offre faite dimanche par le président ukrainien Volodymyr Zelensky d'échanger directement "en personne" avec Vladimir Poutine, ni à cet ultimatum d'arrêt des combats pendant un mois, alors que le président américain Donald Trump a exhorté les deux camps à se rencontrer sans délai.