L'entrée dans l'inconnu pour les médias afghans sous les talibans

Avant le retour au pouvoir des talibans, des attentats ciblaient déjà des journalistes afghans (Photo, AFP).
Avant le retour au pouvoir des talibans, des attentats ciblaient déjà des journalistes afghans (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 24 août 2021

L'entrée dans l'inconnu pour les médias afghans sous les talibans

  • Le monde médiatique afghan, qui s'était beaucoup développé après la chute du précédent régime des talibans en 2001, craint pour son avenir
  • Ces dernières semaines, des dizaines de chaînes de télévision et de radios ont cessé de diffuser, ou sont tombées sous le contrôle des talibans

KABOUL: Parmi les dizaines de milliers d'Afghans qui ont fui leur pays après la prise du pouvoir par les talibans figuraient de nombreux journalistes, terrifiés à l'idée d'être victimes de représailles de la part des nouveaux maîtres du pays.

Même si les islamistes n'ont de cesse de répéter qu'ils sont plus tolérants que par le passé, le monde médiatique afghan, qui s'était beaucoup développé après la chute de leur précédent régime en 2001, craint pour son avenir.

Qu'en était-il de la scène médiatique sous les talibans ?

Lorsque les talibans dirigeaient l'Afghanistan, entre 1996 et 2001, il n'existait aucun média à proprement parler.

Appliquant une lecture ultra-rigoriste de la loi islamique, ils avaient interdit la télévision, le cinéma et toutes les formes de divertissement jugées immorales.

Les gens surpris en train de regarder la télévision étaient punis et leur équipement détruit. Etre en possession d'un magnétoscope était passible de flagellation publique.

Pendant un temps, il était même possible de voir dans la capitale Kaboul des bandes magnétiques noires venant de cassettes détruites accrochées aux branches des arbres ou des téléviseurs pendus à des lampadaires.

L'unique station de radio autorisée, "La voix de la Charia", diffusait en permanence des émissions de propagande islamiste.

Que s'est-il passé après 2001 ?

Après le renversement des talibans par une coalition internationale emmenée par les États-Unis, le secteur des médias a explosé, avec la multiplication de radios et télévisions privées.

L'Afghanistan compte désormais plus de 50 chaînes de télévision différentes, 165 stations de radio et des dizaines de publications papier, a indiqué ce mois-ci Reporters sans frontières (RSF).

L'accès à internet et aux réseaux sociaux s'est aussi beaucoup amélioré, avec la prolifération des téléphones portables.

Les progrès de la liberté de la presse sont considérés comme l'un des principaux acquis des deux dernières décennies.

A l'exception du Kirghizstan, l'Afghanistan (122e) est le mieux placé des pays de la région au classement de la liberté de la presse de RSF, devant ses imposants voisins tels que l'Inde (142e), le Pakistan (145e), la Russie (150e), l'Iran (174e) ou la Chine (177e).

Surtout, l'ouverture de l'espace médiatique a offert des opportunités nouvelles aux femmes, qui n'avaient pas le droit de travailler ni d'étudier sous le précédent régime taliban.

Des centaines d'entre elles sont maintenant employées par des organismes de presse, comme présentatrices, journalistes ou productrices.

Des dizaines de journalistes afghans travaillent aussi pour des médias étrangers.

Quels sont les engagements formulés par les talibans ?

Après leur prise de Kaboul et du pouvoir, le 15 août, les talibans ont affirmé qu'ils laisseraient les médias travailler librement, et que les journalistes n'avaient rien à craindre d'eux.

Ils ont tenu une conférence de presse à Kaboul, durant laquelle un de leurs porte-parole, Zabihullah Mujahid, a répondu à des questions franches et directes. Un autre responsable taliban a même joint le geste à la parole en s'asseyant avec une femme journaliste pour une interview en face-à-face.

Mais malgré leurs promesses d'amnistie à l'égard des anciens responsables gouvernementaux et de respect des droits des femmes, peu de journalistes leur accordent leur confiance.

Ces dernières semaines, des dizaines de chaînes de télévision et de radios ont cessé de diffuser, ou sont tombées sous le contrôle des talibans, au fur et à mesure de leur progression militaire.

En dépit de toutes leurs assurances, leurs combattants feraient du porte-à-porte pour débusquer des opposants, dont des journalistes.

Dans la province de Jawzjan (Nord), la station de radio Salam Watandar a indiqué lundi qu'elle ne serait autorisée à diffuser qu'après que le contenu de ses émissions aura été vérifié par les autorités talibanes.

Qu'en pensent les journalistes afghans ?

La peur et la défiance à l'égard des talibans sont fortement ancrées parmi les journalistes afghans et pour de bonnes raisons. 

L'Afghanistan reste l'un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes. Au moins 53 d'entre eux ont été tués depuis 2001, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

Les journalistes ont largement été victimes ces derniers mois de la campagne d'assassinats ciblés de membres de la société civile, que le gouvernement déchu a attribuée aux talibans.

Shabnam Dawran, une présentatrice pour la télévision publique RTA, a affirmé la semaine dernière qu'elle n'avait pas été autorisée à aller travailler car, lui avait-on dit, "le système a changé".

De nombreux journalistes afghans ont ainsi fui le pays dans les vols d'évacuation, ou continuent à se cacher. Bilal Sarwary, un vétéran de la profession, ex-correspondant de la BBC, est parti dimanche, estimant que la situation était devenue incontrôlable. "Un massacre de mes rêves et aspirations" et "un jour tragique dans ma vie", a-t-il tweeté.


Vatican: la cheminée sur la chapelle Sixtine installée en vue du conclave

Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
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  • Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans
  • À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle

CITE DU VATICAN: Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai, a constaté une journaliste de l'AFP.

À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle. La cheminée, visible depuis la place Saint-Pierre, émet alors une fumée noire si aucun pape n'a été élu, ou une fumée blanche en cas d'élection, par ajout de produits chimiques.

Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans.

Les 133 "Princes de l'Eglise" âgés de moins de 80 ans et donc habilités à élire son successeur - il y en a 135 mais deux se sont fait porter pâle - se réuniront à partir du 7 mai pour commencer à voter en secret, au cours d'un processus qui devrait durer plusieurs jours.

Le premier jour, ils voteront une fois, puis deux fois le matin et deux fois l'après-midi.

Pour qu'un cardinal soit élu, il doit obtenir la majorité des deux tiers requise, soit au moins 89 voix.

Si aucun candidat n'obtient suffisamment de voix lors du premier vote du matin, les cardinaux procéderont à un second vote, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il y aura de la fumée.

Il en va de même pour la session de l'après-midi : si un pape est élu lors du premier vote, il y aura de la fumée blanche, mais si ce n'est pas le cas, les cardinaux procéderont à un second vote sans brûler les bulletins.

Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée de prières. Puis d'autres séries de scrutins sont organisées jusqu'à l'élection définitive.


Washington condamne les violences contre les Druzes en Syrie

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
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  • Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, de Bachar al-Assadr
  • Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont condamné jeudi les violences contre la communauté druze en Syrie, parlant d'actes "répréhensibles et inacceptables".

"Les violences récentes et la rhétorique incendiaire visant les membres de la communauté druze en Syrie sont répréhensibles et inacceptables", a déclaré Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat, dans un communiqué.

"Les autorités intérimaires doivent faire cesser les combats, tenir les auteurs de violences et de dommages aux civils responsables de leurs actes et assurer la sécurité de tous les Syriens", a-t-elle ajouté.

Le plus influent chef religieux druze en Syrie s'en est pris au pouvoir du président Ahmad al-Chareh jeudi, dénonçant une "campagne génocidaire" contre sa communauté, après que des affrontements confessionnels ont fait plus de 100 morts en début de semaine selon une ONG.

Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence.

Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, du dirigeant de longue date Bachar al-Assad.

La porte-parole du département d'Etat a confirmé que des représentants américains avaient rencontré la délégation syrienne à New York mardi.

Elle a indiqué que les Etats-Unis ont exhorté les autorités post-Assad à "choisir des politiques qui renforcent la stabilité", sans fournir d'évaluation sur les progrès accomplis.

 


Le Royaume-Uni, la France et l'Arabie saoudite discutent de la création d'un État palestinien

Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
Un garçon palestinien tient un livre alors qu'il est assis dans les décombres d'une maison, suite aux frappes israéliennes de la nuit. (AFP)
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  • David Lammy, ministre des affaires étrangères : des discussions sont en cours avant la conférence de l'ONU en juin
  • "Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, ait vécu sans État pendant plus longtemps que je n'ai vécu"

LONDRES : Le gouvernement britannique est en pourparlers avec ses homologues français et saoudien au sujet de la reconnaissance officielle d'un État palestinien, a révélé le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy.

Les discussions devraient avoir lieu lors d'une conférence aux Nations unies en juin, a rapporté The Guardian.

Jusqu'à présent, 160 pays reconnaissent la Palestine, dont récemment l'Espagne, la Norvège et l'Irlande. Si un accord peut être conclu, cela signifierait l'ajout de deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - et alliés clés d'Israël - à cette liste.

M. Lammy a déclaré à la commission des relations internationales de la Chambre des Lords que la reconnaissance de la Palestine par les pays de l'UE n'avait fait que peu ou pas de différence dans la progression vers la création d'un État, et que le Royaume-Uni souhaitait faire plus qu'un geste symbolique.

"Il est inacceptable qu'un groupe de personnes, quel qu'il soit, vive sans État depuis plus longtemps que moi", a-t-il déclaré à la commission.

"Nous avons toujours dit que la reconnaissance n'était pas une fin en soi et que nous préférerions qu'elle fasse partie d'un processus menant à deux États.

"Le président (français) Emmanuel Macron a eu beaucoup à dire à ce sujet, tout récemment, aux côtés des Saoudiens, et nous sommes bien sûr en discussion avec eux en ce moment".

M. Lammy a déclaré qu'un État viable ne pouvait pas inclure le maintien du Hamas au pouvoir à Gaza, et qu'un processus de démilitarisation complète de l'enclave devrait être entrepris.

Il a ajouté que l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie constituait une menace pour une solution à deux États et que la violence des colons contre les Palestiniens était "choquante".

Il s'en est également pris à Israël qui continue d'empêcher l'aide d'entrer dans la bande de Gaza : "Le blocus de l'aide nécessaire à Gaza est épouvantable, les souffrances sont terribles, les besoins sont immenses, les pertes en vies humaines sont extrêmes.

Le 9 avril, M. Macron a déclaré que la France reconnaîtrait probablement un État palestinien lors de la conférence de juin, à la suite d'une visite officielle en Égypte.

Il a ensuite déclaré que cette décision, qui serait le premier acte de reconnaissance d'un État du G7, visait à "déclencher une série d'autres reconnaissances [...], y compris la reconnaissance d'Israël par des États qui ne le font pas actuellement".

Michel Duclos, conseiller spécial à l'Institut Montaigne, un groupe de réflexion basé à Paris, a déclaré au Guardian que le résultat de la conférence de juin "pourrait n'être rien de plus qu'une feuille de route ou un ensemble de propositions".

Il a ajouté : "Le dilemme pour la France pourrait bientôt devenir plus difficile : peut-elle continuer à reporter sa reconnaissance de la Palestine en attendant une véritable dynamique de deux États ? Ou bien un nouveau report nuirait-il à sa crédibilité ?".

L'Arabie saoudite a clairement indiqué que la normalisation des liens avec Israël était subordonnée à la recherche d'une solution à deux États.