Au Liban, le « Base Camp » n’a qu’une mission: reconstruire Beyrouth et soigner ses plaies

Une peinture murale sur une barrière érigée devant l'hôtel Le Gray, dans le quartier du centre-ville de Beyrouth, représentant la ville avec le mot «HOPE» inscrit dessus, le 4 septembre 2020, un mois après l'explosion massive du 4 août. (Joseph EID/AFP)
Une peinture murale sur une barrière érigée devant l'hôtel Le Gray, dans le quartier du centre-ville de Beyrouth, représentant la ville avec le mot «HOPE» inscrit dessus, le 4 septembre 2020, un mois après l'explosion massive du 4 août. (Joseph EID/AFP)
L'entrée du "Base Camp". (Mia EL KHAZEN)
L'entrée du "Base Camp". (Mia EL KHAZEN)
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Publié le Jeudi 10 septembre 2020

Au Liban, le « Base Camp » n’a qu’une mission: reconstruire Beyrouth et soigner ses plaies

  • Le « Base camp » de Beyrouth se compose de quatre organisations divisées en plusieurs entités interdépendantes, avec une gestion « horizontale »
  • « Je me suis rendu à Beyrouth le lendemain de l’explosion afin de voir comment je pouvais aider car je ne faisais partie d’aucune organisation ou association ; même dans nos pires cauchemars, aucun ne pouvait s’attendre à voir ce que nous avons vu »

PARIS: Vivre au Liban n’est pas chose facile. Vivre au Liban, ça s’apprend, par la force des choses. C’est une expérience douce et amère, dit-on, et l’amertume a malheureusement pris le dessus ces dernières années. « On ne naît pas Libanais, on le devient » sont-ils nombreux à scander, au pays du Cèdre, avec un mélange de fierté et de fatalisme. Parce que vivre au Liban, c’est prendre le risque d’y mourir d’une mort injuste et brutale. Et depuis l’explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth, vivre au Liban relève pour beaucoup de l’héroïsme. Poussés par la rage et la frustration mais aussi la colère éclatante qui les tient encore debout, les Libanais se sont vite mobilisés afin de répondre à l’urgence de la situation post-apocalyptique dans laquelle ils se sont retrouvés, tant physiquement que mentalement.

Avec l’espoir inoxydable de bâtir un Liban juste, et la fougue de leur jeunesse,  des bénévoles ont éprouvé le besoin de venir en aide à la capitale et à ses habitants, dès le lendemain de l’explosion, en se réunissant spontanément dans un « Base Camp ». En grande partie des jeunes, âgés de 18 à 35 ans, ils pallient depuis ce jour maudit, à l’absence de l’Etat. Conscients que vivre au Liban, c’est voguer entre un passé trop lourd à porter, et (sur)vivre dans l’attente d’un futur d’une incertitude consternante, éprouvante, voire révoltante. Pour Arab News en français, ces jeunes ont accepté de se confier sur l’expérience de leur bénévolat, qui a touché le monde entier.

Réagir face à la léthargie de l’Etat

« Au départ, nous n’étions pas organisés, confie Jacques Matta, bénévole en charge de la reconstruction des maisons et immeubles détruits. Je me suis rendu à Beyrouth le lendemain de l’explosion afin de voir comment je pouvais aider. Je ne faisais partie d’aucune organisation ou association. Je suis simplement arrivé avec des amis et ma voiture. Même dans nos pires cauchemars, aucun de nous ne pouvait s’attendre à voir ce que nous avons vu. »

Une équipe de de jeunes volontaire (Joseph Eid/AFP)
Une équipe de jeunes volontaires (Joseph Eid/AFP)

Si de nombreux jeunes se sont portés volontaires pour aider, beaucoup, comme Jacques, ne savaient pas comment faire, ni par où commencer. Samer El-Khoury, co-fondateur de « Minteshreen » explique ainsi que le « Base Camp » est « né de l’incompétence d’un état failli, incapable d’assurer le minimum de services requis aux citoyens ». « Nous avons appris à travailler ensemble sur le tas. Cette initiative nous a beaucoup rapprochés en tant que volontaires. Nous pouvons dire aujourd’hui que nous formons une vraie communauté d’entraide, capable de suppléer au pouvoir actuel. »

Ce qui à l’origine était un simple groupe WhatsApp, réunissant des partisans et les cercles de réflexion de la révolution, s’est transformé en un noyau solide d’activistes. « Minteshreen », fait référence au mois d’octobre, pendant lequel a éclos la révolution libanaise. [Min] signifie « de » et [Tishreen] « octobre », et l’expression « Minteshreen » veut également dire « répandu », à l’image du soulèvement populaire. Le parti politique en devenir joue aujourd’hui un rôle clef sur le camp, puisqu’il est chargé de la section alimentation. Les cofondateurs de ce parti, ainsi que toute leur équipe ont été parmi les premiers à se retrousser les manches et à se jeter dans le grand bain de ce chantier titanesque.

En effet, le « Base Camp » se compose aujourd’hui de quatre organisations divisées en plusieurs entités interdépendantes, avec une gestion « horizontale ». Chacun occupe un poste en fonction des demandes, mais aussi de l’expertise et de l’expérience qu’il a. Des responsables de pôles qui pilotent les actions se concertent avec les partenaires et donateurs.

« Embrace Lebanon », une ONG qui a initialement pour mission de sensibiliser le public à la santé mentale au Liban, se charge quant à elle de l’antenne médicale du camp. En plus des services d’écoute téléphonique, « Embrace Lebanon » assure un soutien psychologique sous  forme de thérapie de groupe. « Nous sommes 60 opérateurs bénévoles tous les jours sur écoute de 12h, à 5h du matin, et nous aspirons à être disponibles 24 h/ 24. Nous sommes formés à l'évaluation du risque de suicide, à l'écoute active, et à l'intervention en cas de crise. Avec l’explosion, les appels ont nettement augmenté », détaille sur ce plan une bénévole.

Tous les jours sur le camp, sont également présents un médecin et une infirmière chargés de soigner les blessés. « Ce qui au départ était destiné à être une clinique d’appoint pour les cas urgents, s’est transformé en dispensaire à ciel ouvert avec environ vingt patients par jour » témoigne une infirmière de garde. « En plus des blessés, aujourd’hui certaines personnes viennent consulter pour des maux de tête ou d’autres problèmes de santé qui ne sont pas directement liés à l’explosion. »

La tente des premiers soins (Mia El-Khazen)
La tente des premiers soins. (Mia EL-KHAZEN)

En effet, suite à l’explosion et aux dommages matériels qu’elle a entraînés, quatre hôpitaux et plusieurs cliniques de la capitale sont devenus hors service, ou partiellement opérationnels. En plus de cela, face à la recrudescence de la Covid-19, les places en soin sont devenues limitées, et les médecins et les infirmières débordés. Sans oublier que sans assurance médicale, se soigner reste très coûteux au Liban. Avec la crise économique inédite qui sévit, et plus de 50% de la population qui vit sous le seuil de la pauvreté, l’argent est un réel obstacle.

« Nous redoutons l’hiver avec beaucoup d’angoisse »

« Nous voulons nous assurer qu’il y aura des portes et des fenêtres dans toutes les maisons sinistrées avant l’hiver », affirme pour sa part Maroun Karam, fondateur de « Baytna Baytak » [Notre maison est la tienne].

Initialement fondée pour loger le personnel médical en première ligne au début de la pandémie, « Baytna Baytak » s’assure aujourd’hui de trouver un toit à chaque individu qui a perdu son habitat. Grâce à la générosité des Libanais, et à une culture qui prône la solidarité mécanique, les 300 000 personnes qui se sont retrouvées sans domicile après l’explosion sont désormais logées. « Les débris de verre, ont été triés et envoyés dans des centres de refonte spécialisés, précise Maroun. Nous avons construit et installé des portes et des fenêtres d’appoint pour empêcher les vols, et permettre aux personnes de rester chez elles malgré les différents dégâts matériels. Aujourd’hui, nous sommes dans une course contre la montre, et nous redoutons l’hiver avec beaucoup d’angoisse. Il faudra des constructions plus solides et une véritable isolation. »

Des bénévoles chargés de la reconstruction des bâtisses endommagées (Joseph Eid/AFP)
Des bénévoles chargés de la reconstruction des bâtisses endommagées. (Joseph EID/AFP)

Pour sa part, un bénévole sur le camp crie sa détresse : « Avez-vous vu déjà vu des gens morts de soifs ? Assoiffés à en crever ? Ça vous fend le cœur. Ils étaient nombreux à faire la queue devant le « Base Camp » afin de recevoir des bouteilles d’eau potable. Oui. Nous en sommes arrivés là. Ce n’est pas seulement la faim qui nous guette, mais aussi la soif. »

Au Liban, l’eau potable n’est en effet pas en libre-service. Il n’est donc pas possible de boire l’eau du robinet. En finissant à la rue, les sinistrés se sont retrouvés, les mains ballantes, le corps blessé, et l’âme mutilée, sans avoir de quoi se nourrir, mais aussi sans pouvoir s’hydrater. Aujourd’hui, grâce aux dons financiers et matériels, l’aile chargée de la distribution des denrées alimentaires nourrit heureusement plus de 200 familles. Si certaines victimes n’ont plus de cuisine, ni même de quoi cuire ou réchauffer leurs aliments, des plats cuisinés par une équipe de citoyens au grand cœur, ainsi que des conserves sont distribués.

« Oui. Il y a évidemment des gens qui profitent de la structure d’entraide que nous avons mise en place, explique Jacques Matta. Par exemple, il est déjà arrivé qu’une seule et même famille, par le biais de différentes personnes du ménage, nous demande de l’aide. Il y a même des personnes qui habitent très loin de Beyrouth qui nous interpellent. Cela illustre le malaise économique persistant, mais nous faisons en sorte d’aider au maximum. »

Afin d’éviter des situations inéquitables, et d’aider de la façon la plus utile, un questionnaire en ligne permettant de détailler les besoins des foyers nécessiteux est automatiquement utilisé. Une carte précise les différentes régions touchées par l’explosion (« Open Map Lebanon »), permettant également aux volontaires de cibler leurs actions. Grâce au travail des éclaireurs bénévoles, les quartiers ont été divisés en plusieurs zones : les zones rouge, orange, jaune et vert, dépendamment de l’ampleur des dégâts.

Une dimension politico-sociale et civique

De leur côté, les bénévoles de « Muwatin Lebnene », [citoyen libanais] qui depuis les prémices de la révolution d’octobre veillent au respect de l’espace public, et au maintien de sa propreté en promouvant le recyclage et la responsabilité civique, n’ont pas hésité une seule seconde à se retrousser les manches, et à venir en renfort au « Base Camp ».

« Notre objectif est d’être des citoyens modèles. Au lendemain de la première protestation populaire, en octobre 2019, plusieurs personnes se sont rendues dans les rues de la capitale pour la nettoyer, confie Peter Mouracade, fondateur de l’organisation, à Arab News. Ces manifestations étaient en fait un cri de haine, de rage, de trop-plein tout à fait compréhensible. Nous voulions tout nettoyer afin de montrer une image civique et constructive de cette révolution dont nous soutenons la cause, sachant que le gouvernement libanais n’allait pas le faire. »

Au départ, Peter déblayait seul les rues de Beyrouth. Petit à petit, deux, puis trois, puis une centaine de personnes se sont jointes à lui. Ce mouvement qui avait commencé Place Riad el-Solh dans la capitale s’est alors propagé dans diverses régions du Liban, jusqu'à devenir une organisation communautaire à part entière. « Faire partie du ‘Base Camp’ était une évidence. Nous devions faire quelque chose ! C’est notre peuple qui se meurt. C’est notre devoir civique. Je garde toujours en mémoire cette illustre citation de Gebran Khalil Gebran et reprise par Kennedy ‘Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays’. J’en ai fait mon mantra. Au lieu de chercher à blâmer le gouvernement, en tant que citoyen libanais, je suis devenu acteur de l’alternative, sans pour autant vouloir prendre une dimension politique, ajoute Mr. Mouracade. J’estime que parler d’équilibre, ou de confort personnel est déplacé au vu des circonstances. Il faut que l’on s’active, pour notre terre et notre peuple. »

Membre de l'équipe de "Muwatin Lebnene" (Instagram/Muwatin Lebnene)
Un membre de l'équipe "Muwatin Lebnene". (Instagram/Muwatin Lebnene)

Si la révolution d’octobre 2019 a été le déclic, l’étincelle qu’ils attendaient, les volontaires savent que le chemin est semé d’embûches et que la route sera longue. Ils ne perdent pas espoir pour autant. Tous n’ont qu’un mot à la bouche : Liban. « Aujourd’hui, c’est mon ‘travail’ à temps plein. Depuis le début de la révolution, je me dédie entièrement au Liban et aux libanais » assure Samer El-Khoury.

« J’aimerais au moins que l’on installe de vraies portes et fenêtres avant de reprendre ma vie professionnelle. J’ai tout laissé en plan. Je crois qu’il y a des priorités dans la vie. Venir en aide à mon peuple en est une », affirme pour sa part Jacques.

Alors que les associations « Embrace Lebanon », « Muwatin Lebnene » et « Baytna Baytak » œuvrent pour avoir des locaux et des bureaux communs à partir desquels ils organiseront différents projets, le groupe « Minteshreen » a quant à lui la vocation à devenir un parti politique à part entière, avec un agenda politique et un programme précis qui seront dévoilés au public à travers un manifeste pensé par des experts. Une manière de survivre dans un pays où l’ethos et le thanatos flirtent incessamment. Un pays qui n’en finit pas d’enterrer ses morts, et de panser ses blessés.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.