La COVID-19 tue l’espoir des jeunes turcs d’intégrer le marché du travail 

Des jeunes Turcs marchent sur le pont de Galata à côté d'un géant drapeau national turc à Istanbul (Photo, AFP).
Des jeunes Turcs marchent sur le pont de Galata à côté d'un géant drapeau national turc à Istanbul (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 11 septembre 2020

La COVID-19 tue l’espoir des jeunes turcs d’intégrer le marché du travail 

  • Les statistiques de jeudi ont révélé que 4,5 millions de personnes ont renoncé à chercher un emploi alors qu'elles peuvent travailler
  • Avec 4,1 millions de chômeurs, la Turquie détient l'un des taux de chômage les plus élevés d'Europe occidentale et cela ne fait qu’augmenter

ANKARA: Le nombre officiel de chômeurs en Turquie a augmenté de 136 000 à 4,1 millions de personnes, selon les dernières données officielles annoncées jeudi par l'Institut turc de statistique (TUIK).
Dans un contexte de pandémie difficile, le taux d'emploi non enregistré de ceux qui travaillent sans aucune sécurité sociale s'est établi à 31,3%. Le chômage parmi les jeunes s'élève également à 26,1%, selon les chiffres officiels.
Avec ces chiffres, la Turquie affiche l'un des taux de chômage les plus élevés d'Europe occidentale - le taux de chômage corrigé des variations saisonnières a atteint un niveau record de 14,3% à la fin du mois avec l’augmentation du nombre de chômeurs de 2 millions de personnes. Le chômage en Turquie devrait monter en flèche au dernier trimestre de 2020, une fois que l'interdiction de licenciement d'un mois sera levée et que de plus en plus d'entreprises annoncent leur faillite.
Avec environ 1 600 cas dans la capitale Ankara, la pandémie COVID-19, réduit davantage les plans d'investissement et de recrutement des entreprises.
Selva Demiralp, professeure d’économie à l’université Koc d’Istanbul, pense que ce qui est le plus dramatique dans les données de jeudi sur le marché du travail, c’est la forte baisse du taux d’activité de 4 points en raison des travailleurs découragés.
« Par définition, vous devez rechercher activement un emploi pour être considéré comme chômeur. Lorsque vous perdez tout simplement espoir et que vous ne cherchez plus efficacement d’emploi, vous ne faites plus partie de la population active. C'est un facteur important qui cache le taux de chômage officiel », a-t-elle déclaré à Arab News.
D’après Demiralp, étant donné que le taux de chômage est maintenu bas en raison de l'interdiction de licenciement, les chiffres actuels sont tirés du nombre de travailleurs non enregistrés qui ont perdu leur emploi pendant la pandémie.

Les statistiques de jeudi ont révélé que 4,5 millions de personnes ont renoncé à chercher un emploi alors qu'elles peuvent travailler, et qu'elles ne sont pas considérées comme « sans emploi » selon les normes du TUIK.
« L'interdiction de licenciement ne s'applique pas aux travailleurs non enregistrés », a déclaré Demiralp, ajoutant qu'il existe des défis supplémentaires pour une reprise en forme de V tels que les risques d'une deuxième vague, le resserrement inévitable des marchés financiers qui limitera les politiques accommodantes et impliquera inévitablement la dépréciation de la livre turque.
Une reprise en V signifie que l'économie qui subit une forte dégradation suite à une crise, rebondit rapidement à son niveau d'avant la crise une fois cette dernière passée.

Rythme alarmant
« Le potentiel de faible croissance au quatrième trimestre aurait malheureusement un impact négatif sur le taux de chômage», a révélé Demiralp.
Le professeur d'économie à l'Université technique d'Istanbul, Oner Guncavdi, est d'accord sur ce fait.
« Le pourcentage de personnes ayant perdu espoir de faire partie de la population active augmente à un rythme alarmant. D'autre part, ceux qui ont un travail temporaire, comme les employés de projet, constituent près de 40 pour cent de toutes les personnes sans emploi, avec environ 1,8 million de personnes. Ce groupe de la population active peut perdre son emploi soudainement », a-t-il déclaré à Arab News.
Le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, devait annoncer son nouveau programme économique en septembre, mais comme il n'y a toujours pas de date précise pour l'annonce, les entreprises privées restent prudentes dans leurs décisions en matière d'emploi car elles ne peuvent pas prévoir ce que le futur leur cache.
« Il n'y a aucun espoir pour le quatrième trimestre. Comme aucun plan gouvernemental n'a encore été annoncé, les entreprises ne peuvent pas prendre de décisions. Je m'attends à ce que davantage d'entreprises fassent faillite dans un proche avenir, ce qui augmentera encore les taux de chômage, en particulier après la levée de l'interdiction des licenciements. Le secteur privé turc a désespérément besoin de plus de ressources financières », a déclaré Guncavdi.
Les experts conviennent que l'économie turque, et l'emploi en particulier, ne semblent pas prometteurs dans un avenir proche.
Le Dr Ilhan Dogus, chercheur spécialisé en macroéconomie, a déclaré que le taux plus élevé de chômage des jeunes accentuait l'impact négatif du chômage sur la demande, car les jeunes avaient une plus forte tendance à consommer.

Impôts indirects et inflation
« Une baisse des dépenses de consommation en raison de l'augmentation du chômage des jeunes peut déclencher d'autres licenciements dans un proche avenir, surtout si l'on pense aux faibles allocations de chômage en Turquie », a-t-il affirmé à Arab News.
Dans un contexte de série de mesures économique anti-coronavirus, le gouvernement turc a payé quelque 2,4 millions de travailleurs depuis la mi-mars dans le cadre d'un programme d'emploi à court terme pour alléger le fardeau des entreprises, mais cela constitue un moyen d’épuiser les ressources du Trésor encore et encore.

Selon Dogus, le nombre plus élevé de travailleurs non enregistrés limite la capacité du gouvernement à contrôler l’économie, en particulier à générer des recettes fiscales directes qui seraient utilisées pour financer les dépenses publiques destinées à stimuler l’économie.
« Par conséquent, le gouvernement dépend principalement des impôts indirects, et ceux-ci accélèrent l'inflation en Turquie. Suite à une telle formule de recettes fiscales, les politiques fiscales non inflationnistes et favorables à l'emploi ne sont pas facilement applicables en Turquie », a-t-il déclaré.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.