Séisme électoral au Maroc: les islamistes écartés du pouvoir par les urnes

Le ministre marocain de l'Intérieur Abdelouafi Laftit annonçe les résultats des élections législatives et locales du pays à Rabat le 9 septembre 2021. (Photo, AFP)
Le ministre marocain de l'Intérieur Abdelouafi Laftit annonçe les résultats des élections législatives et locales du pays à Rabat le 9 septembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 09 septembre 2021

Séisme électoral au Maroc: les islamistes écartés du pouvoir par les urnes

  • L'ampleur de la défaite des islamistes est inattendue dans la mesure où, malgré l'absence de sondages, médias et analystes pensaient que le PJD jouerait encore les premières places
  • Longtemps cantonné dans l'opposition, le PJD espérait briguer un troisième mandat consécutif à la tête du gouvernement

RABAT: Le parti islamiste PJD, à la tête du gouvernement marocain depuis une décennie, a essuyé une défaite historique lors des élections législatives au profit de partis considérés comme proches du palais royal.

À l'issue du scrutin de mercredi, le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste modéré) s'est effondré, passant de 125 sièges dans l'assemblée sortante à 12, a indiqué jeudi le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit.

Selon des résultats provisoires, après dépouillement de 96% des bulletins, le PJD arrive loin derrière ses principaux rivaux, le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti Authenticité et Modernité (PAM), tous deux de tendance libérale, et le vieux Parti de l'Istiqlal (centre-droit), qui ont totalisé respectivement 97, 82 et 78 sièges (sur 395).

Résultat: la direction du parti a pris "toute sa responsabilité politique" et présenté sa démission jeudi après-midi, y compris le secrétaire général et chef du gouvernement sortant, Saad Eddine El Othmani. Ce dernier n'a pas été réélu député dans sa circonscription à Rabat.

Le PJD va désormais basculer dans l'opposition, sa "position naturelle", selon un communiqué de cette formation.

"Une nouvelle séquence s'ouvre avec des partis qui ne contestent pas les fondements du pouvoir et ont une proximité avec le roi", a déclaré le politologue Mustapha Sehimi.

Ainsi, le RNI, qui appartenait à la coalition gouvernementale, est dirigé par un homme d'affaires fortuné, Aziz Akhannouch, décrit comme proche du palais.

Et le PAM, principale formation de l'opposition, a été fondé par l'actuel conseiller royal, Fouad Ali El Himma, en 2008, avant qu'il n'en démissionne en 2011.

L'ampleur de la défaite des islamistes est inattendue. Malgré l'absence de sondages, médias et analystes pensaient que le PJD figurerait dans le peloton de tête.

Longtemps cantonné dans l'opposition, le PJD espérait briguer un troisième mandat consécutif à la tête de l'exécutif.

Nouvelle ère

Il reviendra au roi Mohammed VI de nommer le nouveau chef du gouvernement, issu du parti arrivé en tête.

M. Akhannouch, président du RNI, est le favori pour succéder à Saad-Eddine El Othmani.

Les résultats définitifs devraient être connus dans les prochaines heures.

Le taux de participation a atteint 50,35% au niveau national, selon le ministère de l'Intérieur, contre seulement 43% lors des législatives de 2016. Aux dernières élections locales en 2015, il était de 53%.

C'est la première fois que les quelque 18 millions d'électeurs choisissaient leurs députés le même jour que leurs représentants communaux et régionaux. Ce qui a réduit l'abstention.

En 2011, le Maroc s'est doté d'une nouvelle Constitution accordant de larges prérogatives au Parlement et au gouvernement. Toutefois, les décisions dans des secteurs clés relèvent du roi.

Les islamistes ont fait état de "graves irrégularités" dans ce scrutin, citant "la distribution obscène d'argent" à proximité de bureaux de vote.

Les opérations de vote se sont déroulées "dans des circonstances normales", a assuré M. Laftit. 

La fin de la courte campagne électorale, marquée par l'absence de grands meetings pour cause de Covid-19, avait été empoisonnée par des accusations d'achat de voix.

«Incompréhensibles»

Ministre de l'Agriculture depuis 2007, M. Akhannouch, à la tête d'une des premières fortunes du Maroc, a déjà joué un rôle clé dans le précédent gouvernement, son parti du RNI occupant des portefeuilles importants comme l'Économie et les Finances ou l'Industrie.

Jeudi, il a salué "une victoire pour la démocratie" et "une expression explicite de la volonté populaire pour le changement".

Sonné, le PJD, a qualifié les résultats du scrutin d'"incompréhensibles, illogiques et ne reflétant pas la position du parti sur l'échiquier politique".

Autre aspect inédit: pour la première fois depuis les premières élections au Maroc (1960), la répartition des sièges à la Chambre des représentants était calculée sur la base du nombre d'électeurs inscrits et non de votants.

La compétition électorale a été caractérisée par l'absence de polarisation bien définie sur les choix politiques.

Après le scrutin, les partis politiques seront invités à adopter "un pacte" découlant d'un "nouveau modèle de développement", qui préfigure une "nouvelle génération de réformes et de projets", comme l'a promis récemment Mohammed VI.

Les Marocains votent, accusations d'irrégularités
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En images: jour de vote au Maroc
Par Arab News en français -

Yémen: Le cabinet saoudien espère que les forces des Émirats arabes unis se retireront dans les 24 heures

Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
Le roi Salman d'Arabie saoudite préside la session du cabinet de mardi. (SPA)
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  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au STC et à toute autre partie au Yémen
  • Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis

RIYAD: Le cabinet saoudien, présidé par le roi Salman, a exprimé mardi l'espoir que les forces émiraties se retireront du Yémen dans les 24 heures, conformément à la demande yéménite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le cabinet a également déclaré qu'il espérait que les Émirats arabes unis cesseraient tout soutien militaire ou financier au Conseil de transition du Sud et à toute autre partie au Yémen, a ajouté SPA.

Le cabinet a déclaré qu'il espérait également que les Émirats arabes unis prendraient les mesures nécessaires pour préserver les relations entre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, que le Royaume souhaite renforcer, et a déclaré qu'il se réjouissait de travailler ensemble à tout ce qui renforcerait la prospérité et la stabilité des pays de la région.

Le cabinet a exprimé son regret quant aux résultats des efforts de désescalade que le Royaume a voulu poursuivre et qui se sont heurtés à une escalade injustifiée qui contredit les principes sur lesquels la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen a été fondée, sape ses efforts pour parvenir à la sécurité et à la stabilité au Yémen et est incompatible avec toutes les promesses que le Royaume a reçues des Émirats arabes unis.

Le Cabinet apprécie le rôle de la Coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans la protection des civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d'Al-Mahra, en réponse à la demande du président du Conseil présidentiel yéménite Rashad Al-Alimi, et dans la réduction de l'escalade afin de parvenir à la sécurité et à la stabilité et d'empêcher l'expansion du conflit.

Le cabinet a réaffirmé que le Royaume n'hésitera pas à prendre les mesures nécessaires pour faire face à toute atteinte ou menace à sa sécurité nationale, ainsi que son engagement en faveur de la sécurité, de la stabilité et de la souveraineté du Yémen, et son soutien total à M. Al-Alimi et à son gouvernement.

En ce qui concerne les autres affaires régionales, le cabinet a réaffirmé le soutien du Royaume à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à la sécurité de la Somalie, et rejette la déclaration de reconnaissance mutuelle entre Israël et le Somaliland, car elle consacre des mesures séparatistes unilatérales qui violent le droit international.


Cisjordanie: Israël dit avoir tué un homme qui fonçait sur des soldats

 L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé"
  • Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré mardi avoir abattu un homme qui tentait de renverser avec son véhicule un groupe de soldats, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Un rapport a été reçu concernant un terroriste qui a tenté de renverser des soldats de Tsahal opérant dans la zone d'Einabus", a indiqué l'armée dans un communiqué. "En réponse, les soldats ont tiré sur le terroriste et l'ont neutralisé".

Le texte n'a pas fourni d'autres détails sur l'incident, survenu quelques jours après qu'un Palestinien a renversé avec son véhicule un Israélien sexagénaire, puis poignardé à mort une jeune femme de 18 ans dans le territoire occupé.

Il a également été tué lors de l'attaque. À la suite de cet incident survenu vendredi, l'armée a mené une opération de deux jours dans la ville cisjordanienne de Qabatiya, d'où provenait l'assaillant, arrêtant plusieurs de ses habitants, dont son père et ses frères.

De nombreuses attaques ont été perpétrées en Israël par des Palestiniens depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Les violences se sont également intensifiées en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des civils et des combattants, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, civils ou soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

 


La Coalition arabe annonce une frappe aérienne “limitée” contre deux navires ayant acheminé des armes au Yémen

Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
Sur cette photo prise le 29 novembre 2018, des forces pro-gouvernementales yéménites montent la garde près d'un navire amarré dans le port d'al-Mukalla, dans la province d'Hadramaout, au sud-ouest du Yémen. (AFP/Archives)
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  • La Coalition appelle à l’évacuation du port d'al-Mukalla, laissant présager une opération militaire majeure visant à contraindre le STC à se retirer
  • Le porte-parole indique que les deux navires ont transporté des armes depuis le port émirati de Fujairah vers al-Mukalla sans autorisation du commandement de la Coalition

Riyad : La Coalition de soutien à la légitimité au Yémen a annoncé mardi avoir mené une frappe aérienne « limitée » visant deux navires ayant introduit clandestinement des armes et d’autres équipements militaires dans le port d'al-Mukalla, dans le sud du Yémen.

Dans un communiqué relayé par l’Agence de presse saoudienne (SPA), le porte-parole des forces de la Coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que deux navires en provenance du port de Fujairah, aux Émirats arabes unis, étaient entrés dans le port d'al-Mukalla, dans le gouvernorat de Hadramaout, sans obtenir d’autorisations officielles du commandement des forces conjointes de la Coalition.

« Les équipages des deux navires ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat afin de soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (STC) dans les gouvernorats orientaux du Yémen (Hadramaout et Al-Mahra), dans le but d’alimenter le conflit. Il s’agit d’une violation flagrante de la trêve et des efforts visant à parvenir à une solution pacifique, ainsi que d’une violation de la résolution n° 2216 (2015) du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré le porte-parole.

La Coalition a exhorté les civils et les pêcheurs à évacuer le port d'al-Mukalla, indiquant qu’une opération militaire de grande ampleur visant à imposer le retrait du STC pourrait être imminente.

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Carte Google indiquant l'emplacement d'al-Mukalla dans le sud du Yémen.

Al-Maliki a précisé que les forces de la Coalition avaient agi à la demande de Rachad Al-Alimi, président du Conseil présidentiel de direction du Yémen, « afin de prendre toutes les mesures militaires nécessaires pour protéger les civils dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra ».

La semaine dernière, Al-Alimi avait averti que les actions unilatérales du STC poussaient le pays vers un seuil dangereux.

« Compte tenu du danger et de l’escalade représentés par ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat déchargés des deux navires au port d'al-Mukalla. L’opération a été menée après documentation du déchargement et conformément au droit international humanitaire et à ses règles coutumières, sans qu’aucun dommage collatéral ne soit enregistré », a déclaré mardi le général Al-Maliki.

Il a réaffirmé l’« engagement constant de la Coalition en faveur de la désescalade et du maintien du calme dans les gouvernorats de Hadramaout et d’Al-Mahra, ainsi que de la prévention de tout soutien militaire de la part de quelque pays que ce soit à une faction yéménite sans coordination avec le gouvernement yéménite légitime et la Coalition », afin d’assurer le succès des efforts du Royaume et de la Coalition pour instaurer la sécurité et la stabilité et empêcher l’extension du conflit.

Par ailleurs, le président du Conseil présidentiel yéménite a décrété mardi l’état d’urgence pour une durée de 90 jours, incluant un blocus aérien, maritime et terrestre de 72 heures.

Ignorant les accords précédents conclus avec la Coalition, le groupe se désignant sous le nom de Conseil de transition du Sud (STC) a lancé début décembre une vaste campagne militaire, prenant le contrôle du gouvernorat de Hadramaout, à la frontière saoudienne, ainsi que du gouvernorat oriental d’Al-Mahra, à la frontière avec Oman.

Les forces du STC, soutenues par les Émirats arabes unis, se sont emparées de la ville de Seiyoun, y compris de son aéroport international et du palais présidentiel. Elles ont également pris le contrôle des champs pétroliers stratégiques de PetroMasila, qui représentent une part majeure des ressources pétrolières restantes du Yémen.

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Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj, qui vivent le long de la bande entre le sud et le nord du pays, se rassemblent lors d'un rassemblement dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025, pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC), soutenu par les Émirats arabes unis, qui souhaite rétablir l'indépendance du Yémen du Sud. (AFP)

Cette situation a conduit l’Arabie saoudite à exiger fermement le retrait du STC et la remise des zones saisies aux Forces du Bouclier national, une unité soutenue par Riyad.

La Coalition a averti que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, selon l’Agence de presse saoudienne.

Le 26 décembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué saluant les efforts de l’Arabie saoudite en faveur de la sécurité et de la stabilité au Yémen.

Le communiqué, relayé par l’agence de presse officielle WAM, a loué le rôle constructif de l’Arabie saoudite dans la défense des intérêts du peuple yéménite et le soutien à ses aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com