Les Libanais trouvent refuge dans l’ironie pour évoquer leurs «séduisants» nouveaux ministres

Amin Salam.
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Publié le Lundi 13 septembre 2021

Les Libanais trouvent refuge dans l’ironie pour évoquer leurs «séduisants» nouveaux ministres

  • La chanteuse libanaise Nawal al-Zoghbi est allée jusqu'à faire l'éloge de la beauté de Salam, espérant qu'il serait «à la hauteur de la tâche qui lui est confiée»
  • «Les réseaux sociaux proposent un espace dans lequel peuvent s'exprimer des personnes jusque-là ignorées par les autorités» affirme Dr Ragheb Jaber

BEYROUTH: Leur beauté a affolé les réseaux sociaux, en particulier du côté des Libanaises. Il s’agit d'Amin Salam, ministre de l'Économie, et de Walid Fayad, ministre de l'Énergie. À peine publiées, leurs biographies et leurs photos ont envahi la Toile.

La chanteuse libanaise Nawal al-Zoghbi est allée jusqu'à faire l'éloge de la beauté de Salam, espérant qu'il serait «à la hauteur de la tâche qui lui est confiée».

Par ailleurs, ces commentaires élogieux ne tiennent pas compte de l'appartenance politique des ministres ni du débat sur leur prétendue autonomie par rapport au pouvoir en place. Ils ne cherchent pas davantage à savoir si ces gens possèdent des compétences qui leur permettraient de mener des réformes et de gagner la confiance de la communauté internationale.

Certains ont promis de pardonner à MM. Salam et Fayad les erreurs qu'ils commettraient dans le contexte de cette crise économique accablante. «Qu'il fasse ce qu'il veut du prix du pain», peut-on lire dans un commentaire rédigé par une femme sous une photo de Salam.

Une autre s’exprime ainsi: «Mais comment insulter ces deux hommes si beaux chaque fois que le courant est coupé et que le prix du pain augmente?». Une troisième loue la beauté des yeux bleus de Fayad: «On ne demande pas mieux que tes beaux yeux; l'électricité, on s'en passe. Je vous préviens, tous: dorénavant, il est interdit d'insulter ce ministre.»

 

photo
Walid Fayad.

Certains ont partagé la photo de Fayad en ajoutant cette légende: «L'espace d'une seconde, le ministre Fayad m'a semblé être James Bond.»

«Pourquoi nos ministres ont-ils de gros ventres, alors que les Libanais ont de si beaux ministres?», s’interroge une Égyptienne.

Certains commentaires sont particulièrement narquois: «Ils pourront toujours se présenter à la compétition de Mister Liban», écrit ainsi un homme sous une photo qui représente quatre ministres séduisants.

Dans un contexte difficile sur le plan de l’économie, du niveau de vie et de la sécurité, les Libanais semblent trouver dans l'ironie un refuge pour alléger la réalité traumatisante de leur vie. «Plus besoin de postuler pour l'immigration, il nous suffit d’admirer la beauté de nos ministres», lance un homme légèrement moqueur.

 

EN BREF

Dans un contexte difficile sur le plan de l’économie, du niveau de vie et de la sécurité, les Libanais semblent trouver dans l'ironie un refuge pour alléger la réalité traumatisante dans laquelle ils vivent.

Pour le Dr Ragheb Jaber, un universitaire spécialiste des médias, «les réseaux sociaux proposent un espace dans lequel peuvent s'exprimer des personnes jusque-là ignorées par les autorités. Même si ces plates-formes n’entraînent pas de changement radical dans la façon de gouverner, les sarcasmes qui y circulent permettent aux gens de s'exprimer par le biais de messages masqués».

Le célèbre présentateur de télévision George Kordahi, nommé ministre de l'Information, a lui aussi fait l’objet de réflexions ironiques. Il est particulièrement connu pour avoir animé la version arabe de l'émission Qui veut gagner des millions? et certains ont écrit que cette dernière serait rebaptisée «Qui veut voler des millions?» en référence à la corruption du pouvoir.

D'autres ont attaqué les photos retouchées des ministres: «La retouche sur Photoshop ne tardera pas à se muer en fraude dans le travail politique», plaisante l’un d’eux.

Dans le même temps, une interview du ministre des Affaires sociales, Hector Hajjar, a soulevé une controverse. Les actions qu’il pourrait entreprendre ont en effet suscité des moqueries et du ressentiment. M. Hajjar, affilié au Courant patriotique libre (CPL), avait en effet déclaré que «la crise, dans son ensemble, n'est qu'une conspiration étrangère contre le Liban qui vise à affaiblir son économie».

Il avait également dit: «Peu importe si les gens ne trouvent pas de couches dans les supermarchés: ils n'ont qu'à les remplacer par des morceaux de tissu. Je viens de rentrer de Chine. Là-bas, les gens n'utilisent ni couches ni mouchoirs en papier; ils préfèrent remplacer tout cela par des chiffons lavables. Pourquoi ne pas suivre le modèle chinois?»

L'interview de M. Hajjar a provoqué une tempête de commentaires furieux, parmi lesquels ce Tweet cinglant de la chanteuse Elissa: «Un échantillon de notre nouveau gouvernement».

Le député Wehbe Katicha a quant à lui publié sur Twitter: «Après la déclaration du “ministre des Couches”, j'ai compris qu'il allait nous envoyer en enfer, et plus loin encore. Parle-t-il sérieusement?»

Quand les nouveaux ministres rentreront de l'étranger, le gouvernement est censé élaborer la déclaration ministérielle grâce à laquelle il espère obtenir un vote de confiance du Parlement.

En attendant, les interminables files d'attente devant les stations-service sont toujours là. Georges Brax, membre du syndicat des propriétaires de stations-service, met en garde: «Les stocks ne tarderont pas à s'épuiser, de nombreuses stations-service fermeront dans les jours qui viennent et le pays se retrouvera paralysé en milieu de semaine.»

De son côté, le président du Conseil des ministres libanais, Najib Mikati, avait prévenu, dans les minutes qui ont suivi la formation de son gouvernement, que les subventions aux carburants «seraient intégralement levées, puisque nos fonds se sont asséchés».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk