En Tunisie, des citoyens en révolte contre la pollution marine

Des Tunisiens forment une chaîne humaine le long des plages de la banlieue sud près de Tunis le 12 septembre 2021, pour dénoncer la pollution croissante de la mer. (Photo, AFP)
Des Tunisiens forment une chaîne humaine le long des plages de la banlieue sud près de Tunis le 12 septembre 2021, pour dénoncer la pollution croissante de la mer. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 13 septembre 2021

En Tunisie, des citoyens en révolte contre la pollution marine

  • La mobilisation vise à «dénoncer l'état dégradant de notre mer, qui est polluée bactériologiquement et devenue un danger pour la santé»
  • Avec 3 500 participants revendiqués par les organisateurs, cette mobilisation a représenté «la plus grande chaîne humaine de l'histoire de la Tunisie»

EZZAHRA: "Il y a des coquillages morts et des poissons morts", "on ne peut plus nager": pour protester contre la pollution de la mer, des centaines de citoyens ont formé une impressionnante chaîne humaine sur cinq plages de la banlieue sud de Tunis.

Sur le sable de Radès, Ezzahra, Hammam Lif, Hammam Chott et Borj Cedria, une bande côtière de 13 km où vivent 300 000 personnes, de nombreux Tunisiens ont répondu dimanche à l'appel d'Action citoyenne. 

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(Photo, AFP)

Depuis deux ans, cette ONG se mobilise contre le déversement dans la mer – le plus souvent sans aucun traitement préalable – des eaux usées de ces villes côtières.

"Ce que subit la mer n'est pas bien. Elle est très sale. Il y a des coquillages morts et des poissons morts. Nous ne prenons pas soin de notre richesse environnementale", a dénoncé Maryam Chergui, une habitante de 37 ans d'Ezzahra.

Non loin d'elle, Tahar Jaouebi, un riverain de 47 ans, regarde les flots en se remémorant les années 90 quand il "nageait sur cette plage où l'eau était propre".

"Maintenant je ne peux plus nager et mon fils aussi ne peut pas nager", lance-t-il dépité, en disant s'être mobilisé pour "montrer que nous ne sommes pas heureux de ce qui est en train de se passer". 

La chaîne humaine vise à "dénoncer l'état dégradant de notre mer, qui est polluée bactériologiquement et devenue un danger pour la santé", explique Doniazed Tounsi, 45 ans, présidente d'Action citoyenne.

Avec 3 500 participants revendiqués par les organisateurs, cette mobilisation a représenté "la plus grande chaîne humaine de l'histoire de la Tunisie", affirme Inès Labiadh, responsable en justice environnementale au Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) qui apportait un soutien technique à l'organisation de cette action.

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(Photo, AFP)

Selon Mme Labiadh, "toutes les plages de Tunisie sont plus ou moins polluées" mais la pollution marine en banlieue sud est l'une des "plus graves de toute la Tunisie", pire encore que celles provoquées par le pôle pétrolier de Sfax ou le pôle chimique de phosphates de Gabès.

Catastrophe écologique

Parmi les plages polluées, celle d'Hammam Lif était autrefois "la plage des Beys", les gouverneurs de Tunisie sous l'empire ottoman, qui y avaient construit de magnifiques palais. 

"C'était sur ces plages facilement accessibles en train que se baignaient les classes moyennes et pauvres il y a 25 ans", rappelle Inès Labiadh. "Ces plages étaient très connues et très prisées", ajoute-t-elle, soulignant que ces populations doivent désormais aller jusqu'à Hammamet, 60 km plus au sud, pour faire trempette.

Les flots noirs et nauséabonds convoyés jusqu'à la mer par l'oued Meliane, réceptacle des eaux usées de cette bande côtière, découragent toute baignade.

"Par rapport aux normes internationales, il faut un nombre de bactéries inférieur à 500 bactéries par 100 ml. Et là, on parle de 1 800 bactéries par 100 ml. C'est une catastrophe écologique", détaille Doniazed Tounsi, en précisant, sur la base d'analyses commandées par Action citoyenne, qu'il s'agit de "bactéries, streptocoques et coliformes fécaux".

Mme Labiadh du FTDES cite trois causes à cette pollution massive: les nouvelles habitations non raccordées aux égouts de l'Office national de l'assainissement (ONAS), le "réseau défectueux" de cet organisme avec des pannes récurrentes et les déversements "sans passage par une station d'épuration" en provenance d'usines de cuir et de tomates à Ben Arous, proche du grand port de Radès. 

Élus locaux et organismes publics se renvoient la responsabilité de ces défaillances. Plusieurs municipalités ont annoncé des plaintes contre l'ONAS et Action citoyenne a constitué un dossier avec des avocats pour poursuivre l'État tunisien, avec le soutien du FTDES.

Présent à la manifestation, Badredine Zbidi, numéro deux du conseil municipal à Ezzahra, souligne les répercussions sur le commerce et l'économie locale. "Même le poisson, les gens ne le consomment pas", dit-il avant d'ajouter, dans un soupir: "la mer est un don de Dieu et nous sommes des victimes".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.