Un accrochage perturbe la première réunion du nouveau gouvernement libanais

Le Premier ministre libanais Najib Mikati à sa sortie d'une réunion du Conseil des ministres au Grand Sérail (palais du gouvernement) dans la capitale Beyrouth. (Photo, AFP)
Le Premier ministre libanais Najib Mikati à sa sortie d'une réunion du Conseil des ministres au Grand Sérail (palais du gouvernement) dans la capitale Beyrouth. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 14 septembre 2021

Un accrochage perturbe la première réunion du nouveau gouvernement libanais

  • L'ancienne ministre libanaise des Affaires étrangères a ordonné à ses gardes d'attaquer le bureau du ministère
  • La passation des pouvoirs entre les nouveaux ministres et ceux du gouvernement intérimaire devrait avoir lieu d'ici mercredi

BEYROUTH : Le premier jour du nouveau gouvernement libanais, un accrochage a eu lieu entre l'ancienne ministre des Affaires étrangères par intérim, Zeina Akar, et le directeur général du même ministère, Hani Shmaitly.

Shmaitly a été attaqué et son bureau endommagé après avoir refusé de remettre à Akar le courrier du ministère, puisque cette dernière n'a plus le droit d'y accéder selon la Constitution libanaise.

Une source du ministère a déclaré qu'Akar est arrivée au bâtiment du ministère, accompagnée de gardes de sécurité de l'armée libanaise. Elle était également ministre de la Défense avant la démission du gouvernement précédent. Akar a demandé l'accès au courrier du ministère sous prétexte qu'elle n'avait pas encore transmis ses tâches au nouveau ministre. Lorsque Shmaitly a refusé sa demande, ses gardes du corps ont défoncé la porte de son bureau et causé des dégâts à l'intérieur. Akar a ensuite tenté d'accéder au courrier du ministère.

Les employés du ministère ont protesté contre l'incident.

Des sources proches d'Akar ont déclaré qu'elle s'était rendue au ministère pour achever la passation des pouvoirs et pour remercier les employés et leur faire ses adieux. « Mais Shmaitly lui a demandé de ne pas parler aux employés en son absence car cela va à l'encontre de la Constitution, sur quoi Akar lui a donné l'ordre d'ouvrir la porte. »

Lors de la première session ministérielle depuis la formation du gouvernement lundi, le président Michel Aoun a exhorté le nouveau gouvernement « à ne pas perdre de temps ».

Il a déclaré : « Les Libanais ainsi que les pays étrangers comptent sur nous pour faire face aux crises qui s'accumulent et s’enchevêtrent au Liban. Plus nous ferons preuve de sérieux et de détermination, plus ces pays nous soutiendrons. »

Le gouvernement du Premier ministre Najib Mikati, qui a été formé après des mois de dispute sur les portefeuilles ministériels, a mis en place un comité pour préparer la déclaration ministérielle sur la base de laquelle le gouvernement sollicitera un vote de confiance.

Aoun a déclaré au cours de la session : « Il s’agit du quatrième gouvernement formé sous ma présidence. Il a été mis en place treize mois après la démission du gouvernement intérimaire. Durant cette période, la situation s'est aggravée sur le plan économique, financier et social et les conditions de vie des Libanais se sont dégradées de manière inédite. Nous sommes confrontés à des responsabilités historiques et nationales considérables pour réactiver le rôle et restaurer la confiance dans l'État et ses institutions. Nous n'avons plus le luxe de la tergiversation. Ce qu'il faut, c'est trouver des solutions rapides pour améliorer les conditions de vie et permettre le sauvetage du Liban. »

Mikati a déclaré que « la situation exigeait des mesures exceptionnelles ». Il a ajouté : « Il est vrai que nous n'avons pas de baguette magique. La situation est extrêmement critique. Mais avec une volonté ferme, une détermination et une planification solides, nous pouvons concrétiser les espoirs de notre peuple qui souffre. »

Il a déclaré que son gouvernement « œuvrera pour tous les Libanais, sans discrimination entre les partisans et les opposants du gouvernement, entre ceux qui nous ont manifesté leur soutien et ceux qui ne l'ont pas fait, ou ceux qui accorderont la confiance au gouvernement dans quelques jours et ceux qui ne le feront pas. »

Le gouvernement de Mikati est censé rester en place huit mois, jusqu'en mai 2022, date prévue pour les élections législatives. Le gouvernement est né dans une période critique, où les crises émergent quotidiennement, la pire étant la crise du carburant, où les sociétés d'importation ont récemment annoncé que les réserves de carburant en baisse ont atteint des niveaux critiques.

Le ministre de l'Environnement, le Dr Nasser Yassine, a déclaré à Arab News : « L'objectif du gouvernement est d'éteindre les incendies, notamment ceux liés aux subventions sur le carburant, l'électricité et les médicaments. »

Selon lui, la prochaine étape consiste à « mieux gérer la crise et à s'ouvrir à la communauté internationale. »

« Le gouvernement agira en une même équipe, et les réunions tenues ce week-end ont montré que tout le monde est prêt à coopérer pour mener à bien la mission du gouvernement. Le pays est dans un état d'urgence et nous avons besoin d'actions urgentes pour faire face aux problèmes cruciaux. »

La passation des pouvoirs entre les nouveaux ministres et les ministres du gouvernement intérimaire devrait avoir lieu d'ici mercredi.


Iran: deux « terroristes  » tués dans une frappe de drone

Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
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  • La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche
  • Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone

TEHERAN: Les forces iraniennes ont tué jeudi soir deux "terroristes" dans une frappe de drone dans la région du Sistan-Baloutchistan (sud-est) qui abrite une minorité ethnique, a annoncé un média officiel.

"Une attaque de drone menée par des forces de sécurité contre une voiture transportant des terroristes à proximité de Zahedan a entraîné la mort de deux terroristes", a indiqué l'agence Irna, sans fournir des détails.

La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l'islam sunnite plutôt qu'à la branche chiite prédominante en Iran.

Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone. Formé en 2012, il est considéré comme une "organisation terroriste" par l'Iran, ainsi que par les Etats-Unis.

Le 9 avril, le groupe avait revendiqué une attaque contre un véhicule de la police, qui avait coûté la vie à cinq policiers.

Jaish al-Adl avait déjà revendiqué une double attaque le 4 avril contre une base des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, à Rask, et un poste de police à Chabahar, dans la même région. Seize membres des forces de l'ordre et 18 assaillants avaient été tués, selon un bilan des autorités.


Tensions Israël-Hezbollah, discussions pour une trêve à Gaza

Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué
  • De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière

JERUSALEM: L'armée israélienne et le Hezbollah libanais ont échangé des tirs de missiles dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu'une délégation égyptienne est attendue en Israël, dans l'espoir de faire avancer les pourparlers pour une trêve et la libération d'otages à Gaza.

L'armée israélienne a fait état de "deux tirs de missiles anti-chars" ayant touché le nord d'Israël depuis le Liban dans la nuit et dit avoir ciblé les "sources de ces frappes" avec des tirs d'artillerie.

Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué.

De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière.

L'armée israélienne avait annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, d'où le Hezbollah mène des attaques contre l'armée israélienne qui frappe, elle, des positions du mouvement chiite allié du Hamas palestinien.

Le Hamas et Israël sont engagés depuis plus de six mois dans une guerre dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, "dernier" bastion du mouvement islamiste située dans le sud du territoire.

Détruire ou libérer 

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d'offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza frontalière avec l'Egypte, refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu estime qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour "vaincre" le Hamas et libérer les plus de cent otages toujours retenus à Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a annoncé jeudi que le cabinet de guerre s'était réuni "pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas".

Mais selon des médias israéliens, le cabinet a discuté d'un nouveau projet de trêve associée à une libération d'otages, avant une visite prévue vendredi d'une délégation égyptienne, pays médiateur à l'instar du Qatar et des Etats-Unis.

D'après le site Walla, qui cite un haut responsable israélien sans le nommer, les discussions portent plus précisément sur une proposition pour libérer dans un premier temps 20 otages considérés comme des cas "humanitaires".

Un responsable politique du Hamas, Ghazi Hamad, a de son côté assuré à l'AFP depuis le Qatar qu'un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut", soit d"éliminer le Hamas ou récupérer" les otages.

Un « accord maintenant »

Jeudi, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv, pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il obtienne leur libération.

Certains avaient les mains liées et teintées de rouge, la bouche couverte d'un sparadrap marqué du chiffre "202", le nombre de jours écoulés depuis le 7 octobre, ou portaient une pancarte avec les mots "Un accord sur les otages maintenant".

Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo de l'otage Hersh Goldberg-Polin, un geste considéré par la presse locale comme visant entre autres à faire pression sur Israël dans les pourparlers.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, cet Israélo-américain âgé de 23 ans accuse dans cette vidéo M. Netanyahu et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

Les dirigeants de 18 pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Brésil, ont appelé jeudi le Hamas à "la libération immédiate de tous les otages". "L'accord sur la table pour libérer les otages permettrait un cessez-le-feu immédiat et prolongé à Gaza", poursuit le texte.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une opération militaire à Gaza ayant fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

« C'est allé trop loin »

Dans la nuit de jeudi à vendredi des témoins ont fait état de bombardements à Gaza, notamment dans le secteur de Rafah où des rescapés ont tenté jeudi de récupérer des objets dans les décombres après des frappes.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", a lancé l'un d'eux, Samir Daban, au milieu des gravats.

Alors que les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé sont confrontés à un désastre humanitaire, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, qui permettra à des navires militaires ou civils de déposer leurs cargaisons d'aide.

Washington avait annoncé début mars la construction de ce port artificiel face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par voie terrestre depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël.

Ces développement interviennent alors qu'aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise.

De Los Angeles à Atlanta, d'Austin à Boston, le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens grossit d'heure en heure après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.


Soudan: Washington s'alarme d'une possible offensive «  imminente  » des paramilitaires au Darfour

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
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  • "Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué
  • "Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté

WASHINGTON: La diplomatie américaine a alerté mercredi d'une possible offensive "imminente" de paramilitaires au Soudan sur la ville d'el-Facher, au Darfour, un carrefour pour l'aide humanitaire dans ce pays ravagé par plus d'un an de guerre et au bord de la famine.

"Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué.

"Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté.

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire.

El-Facher fait office de hub humanitaire pour le Darfour, région où vivent environ un quart des 48 millions d'habitants du Soudan. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville avait jusque là été relativement épargnée par les combats.

Mais depuis mi-avril, des bombardements et des affrontements ont été rapportés dans les villages environnants.

"Les Etats-Unis sont extrêmement troublés par les informations crédibles selon lesquelles les FSR et ses milices affiliées ont rasé de nombreux villages à l'ouest d'el-Facher", a relevé Matthew Miller, ajoutant qu'une offensive sur la ville "mettrait les habitants dans une situation de danger extrême".

El-Facher est la seule capitale des cinq Etats du Darfour que les FSR ne contrôlent pas.

Vendredi, l'ONU avait déjà alerté sur ce "nouveau front" du conflit. Il pourrait "entraîner un conflit intercommunautaire sanglant à travers le Darfour" et freiner encore plus la distribution de l'aide humanitaire dans une région "déjà au bord de la famine", selon la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo.

La région a déjà été ravagée il y a plus de 20 ans par la politique de la terre brûlée menée par les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR-- sous le président de l'époque Omar el-Béchir.

Le nouveau conflit au Soudan, qui a débuté le 15 avril 2023 a déjà fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l'ONU.