Birmanie et Afghanistan sans voix lors d'une Assemblée générale de l'ONU pleine de curiosités

Session de l’Assemblée générale de l’ONU, le 25 septembre à New York (Photo, AFP).
Session de l’Assemblée générale de l’ONU, le 25 septembre à New York (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 27 septembre 2021

Birmanie et Afghanistan sans voix lors d'une Assemblée générale de l'ONU pleine de curiosités

  • Au programme initial de l'ONU, le débat général devait s'achever par successivement la Birmanie, la Guinée et l'Afghanistan
  • Les talibans ont nommé un ambassadeur pour remplacer le représentant afghan qui officiait jusqu'alors, Ghulam Isaczai, membre du cabinet du président déchu Ashraf Ghani

NATIONS UNIES: Au dernier jour lundi des discours de dirigeants à l'Assemblée générale de l'ONU, la Birmanie et l'Afghanistan ne s'exprimeront pas. Une curiosité parmi d'autres du marathon diplomatique qui aura vu venir à New York une centaine de dirigeants et des dizaines de ministres en dépit de la pandémie.  

Au programme initial de l'ONU, le débat général devait s'achever par successivement la Birmanie, la Guinée et l'Afghanistan, ce dernier pays étant encore prévu dans la nuit de dimanche à lundi avec l'ambassadeur Ghulam Isaczai, membre du cabinet du président déchu Ashraf Ghani, bien qu'il ait été révoqué par les talibans.  

Mais au début de la reprise des discours, surprise, l'Afghanistan n'est plus inscrite. "Ce pays a retiré sa participation au débat général", a annoncé à l'AFP la porte-parole du président de l'Assemblée générale, Monica Grayley, en précisant qu'"aucune raison n'avait été donnée" sur cette décision in extremis.  

Conakry, où une junte a pris le pouvoir, sera bien représenté par l'ambassadeur à l'ONU, Aly Diane, nommé par l'exécutif déchu.  

Mais Ghulam Isaczai n'apparaîtra pas à la prestigieuse tribune internationale.  

Les talibans, au pouvoir depuis août, avaient demandé il y a une semaine à l'ONU que le nouveau ministre des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, nommé par eux puisse intervenir à l'ONU. Mais leur demande a été trop tardive pour être prise en compte, a indiqué à l'AFP un responsable de l'ONU sous couvert d'anonymat.  

La double demande d'intervention contradictoire concernant l'Afghanistan a-t-elle fait l'objet d'une entente entre Washington, Pékin et Moscou, similaire à celle survenue pour la Birmanie?   

"Un accord est intervenu entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine" pour que le représentant birman rebelle Kyaw Moe Tun ne s'exprime pas, avait confié récemment sous couvert d'anonymat un ambassadeur issu de l'une de ces trois puissances.  

"Profil bas", a confirmé à l'AFP Kyaw Moe Tun, cible récemment d'un complot présumé visant à le faire démissionner, quitte à le tuer s'il refusait.  

Depuis le coup d'Etat militaire du 1er février, cet ambassadeur choisi par l'ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a conservé son siège auprès de l'ONU, soutenu par la communauté internationale. En mai, la junte a nommé un ex-militaire pour le remplacer mais non entériné à ce jour par l'ONU.  

Sa nomination comme celle d'un nouveau représentant pour l'Afghanistan passe par une commission onusienne formée notamment des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine. Le consensus est la règle et pour les deux pays "il n'en y a pas, donc il y aura un vote" dans les mois qui viennent de l'Assemblée générale, indique un responsable de l'ONU. 

Absence énigmatique  

"Comme c'est encourageant de voir l'Assemblée générale se réunir à nouveau en personne", s'était réjoui vendredi le Premier ministre belge, Alexander De Croo, alors que l'an dernier elle s'était rassemblée principalement de manière virtuelle. "N'aspirons-nous pas tous à 'revenir à la normale'?", a-t-il demandé.  

Tous les Européens n'ont cependant pas suivi son exemple.  

Le président français Emmanuel Macron a successivement annoncé à l'ONU qu'il viendrait à New York, puis qu'il s'exprimerait par vidéo le premier jour après l'Américain Joe Biden, pour finalement laisser la voix de la France à son chef de la diplomatie qui s'exprimera ce lundi.  

Par vidéo alors qu'il a été physiquement présent à l'ONU pendant cinq jours.  

"C'est rare pour l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité d'intervenir le dernier jour", souligne un diplomate européen. "C'est surprenant, je n'ai jamais vu cela", abonde un ambassadeur membre du Conseil de sécurité. Enigmatique, la France s'est bornée à évoquer les conditions sanitaires.  

Si Washington, craignant un foyer de pandémie, a tout fait pour dissuader les dirigeants de venir à New York, avec des règles strictes - masques, distanciation, sept personnes par délégation à l'ONU -, leur application est restée aléatoire.  

Mercredi, ironie de l'histoire, c'est le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, qui arpentait les couloirs de l'ONU flanqué d'une vingtaine de personnes, a constaté l'AFP.  

Au final, quatre cas de Covid ont été officiellement recensés, tous dans la délégation du Brésil, pays dont le président Jair Bolsonaro reste anti-vaccin même si sa femme a profité de sa visite à New York pour recevoir une dose.  

Mais sans obligation de révéler sa contamination, de test avant d'entrer à l'ONU ou de prouver sa vaccination, combien de cas réellement?  

Les restrictions onusiennes ont été dissuasives. Au premier jour du débat, seulement 1.929 personnes ont franchi les portiques de sécurité contre 26.000 en 2019, selon l'Organisation.   

Au total, quelque 200 discours auront été prononcés. Des centaines de bilatérales ont aussi été organisées dans un "speed-dating" effréné dans et hors de l'ONU, parfois de manière improvisée sur les trottoirs près de l'Organisation pour des ONG interdites d'entrée comme l'a expérimenté le Comité international de la Croix-Rouge. 

 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».