En France, l’enseignement de la langue arabe suscite toujours des polémiques

Abdellatif Idrissi explique, le 29 mai à des élèves du collège Madame de Sévigné de Roubaix, classé en ZEP, le sens d'un mot dérivé de l'arabe. Un lexique de vocabulaire courant a été élaboré par des élèves de l'établissement afin que les professeurs puissent comprendre le sens de certains mots. (Philippe HUGUEN/AFP)
Abdellatif Idrissi explique, le 29 mai à des élèves du collège Madame de Sévigné de Roubaix, classé en ZEP, le sens d'un mot dérivé de l'arabe. Un lexique de vocabulaire courant a été élaboré par des élèves de l'établissement afin que les professeurs puissent comprendre le sens de certains mots. (Philippe HUGUEN/AFP)
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Publié le Lundi 14 septembre 2020

En France, l’enseignement de la langue arabe suscite toujours des polémiques

  • Le nombre d’élèves apprenant l’arabe littéraire en France reste marginal : seul un enfant sur mille étudie l’arabe à l’école primaire, et deux sur mille au collège
  • « Beaucoup de personnes estiment qu’il est indispensable d’intégrer les populations étrangères vivant en France et pensent donc que l’arabe et l’Islam sont un frein puissant à cette intégration »

PARIS: Le 30 avril 2020, le président français Emmanuel Macron, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, signaient le décret n°2020-498 et validaient l’accord passé entre la Tunisie et la très controversée ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem, sous le mandat Hollande. Depuis la parution du décret, les indignations se sont multipliées, notamment de la part de l'élite politique, le président de « Debout la France », Nicolas Dupont-Aignan considérant qu'apprendre la langue arabe menait à l'islamisme et même au terrorisme.

Cet accord, passé en mars 2017, prévoit en effet l'enseignement de la langue arabe dans le primaire, en CM1 et CM2, dans le cadre des cours de langues vivantes à l’école, obligatoires du CP au CM2. Cet enseignement sera accessible à tous les élèves volontaires, en accord avec leur famille et dans la limite des places disponibles. Il vise, évidemment, les enfants d’origine arabe. Pour les plus motivés, les cours pourront même se poursuivre jusqu’au collège. Un enseignement qui restera facultatif, même si le décret précise tout de même que  les résultats obtenus par les élèves dans le cadre de cet enseignement seront pris en compte dans l'appréciation générale de leur travail scolaire. 

Pourquoi donc ce décret, et par la même l’enseignement de la langue arabe, divise-t-il autant en France ? Pour le Dr. Jamil Rahmani, chef du service d’anesthésie-réanimation de l’hôpital franco-britannique de Levallois, né à Alger, « une partie de l’opinion publique française est profondément anti-arabe et antimusulmane. »

« Beaucoup de personnes estiment qu’il est indispensable d’intégrer les populations étrangères vivant en France et pensent donc que l’arabe et l’Islam sont un frein puissant à cette intégration. Auparavant, on parlait d’assimilation, explique-t-il. L’enseignement de l’arabe maintient le lien avec la culture d’origine des maghrébins, africains et moyen-orientaux, incompatible avec la culture occidentale et la laïcité, mais pour certains, la langue arabe a forcément pour objectif de faire la propagande de l’Islam et d’idées rétrogrades, notamment sur la femme et les libertés individuelles. »

« Un décret inutile et dangereux »

Pour le Dr. Charles Saint-Prot, directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques, l’opposition à ce décret est tout à fait naturelle, et est nécessaire pour une « meilleure intégration ». « Il faut être clair et expliquer que le décret signé en avril n’organise nullement l’étude de la langue arabe dans des conditions normales. De surcroit, il ne favorisera pas l’expansion de l’enseignement de cette langue en France, dit-il. Outre le fait qu’il a été promulgué en catimini en pleine crise sanitaire, il faut dire que ce décret est d’abord inouï parce qu’il résulte d’un traité avec un État étranger. »

Pour le politologue, « ce décret ne peut que compromettre la nécessaire intégration en encourageant le communautarisme, qui est un fléau, sans parler du jeu des extrémistes politico-religieux. L'apprentissage d'une langue étrangère est incontestablement un atout pour les élèves mais l’idée même d’enseigner l’arabe, ou d’ailleurs n’importe quelle autre langue étrangère, à de très jeunes enfants dans les classes élémentaires, pose problème. »

Selon l’article 4 de l’accord, l’enseignement de la langue arabe doit être toutefois assuré dans le respect des principes généraux de l'Éducation nationale française et conformément à la législation française en vigueur. Cette nouvelle matière aurait également pour objectif d’étudier les civilisations et les cultures gravitant autour de l’arabe, notamment des éléments de la culture tunisienne. L’État français fait également, conformément au décret, appel à des professeurs tunisiens sélectionnés et rémunérés par leur gouvernement, pour assurer le bon déroulement de ces cours de langue et de civilisation.

Le Dr. Charles Saint-Prot estime cependant que cet apprentissage ne peut intervenir, comme pour les autres langues, qu’après l’acquisition des savoirs fondamentaux, notamment l'assimilation de la culture française, « que le président français Macron semble ignorer », la connaissance et la bonne maîtrise de la langue française, qui doit demeurer la priorité de l'école élémentaire.

Il confie à Arab News en français qu'il fait partie de ceux qui refusent le « tout anglais » et militent pour l’étude des grandes langues de communication dont l’arabe, parlé par 429 millions d’Arabes et une partie des musulmans, selon les chiffres de la Ligue arabe, mais que cela doit se faire « dans le cadre de l’enseignement public. »

« L’arabe est une grande langue de communication qui ne doit pas seulement être apprise par les personnes d’origine arabe, mais par tous les Français qui le désirent, poursuit St-Prot. Une fois de plus, le gouvernement Macron a agi sans réfléchir et a commis une bévue, qui ne pouvait que provoquer des réactions hostiles de la part du peuple français, qui entretient une véritable aversion à l’égard du communautarisme, et bien entendu chez les antimusulmans fanatiques qui confondent l’Islam et la déviance d’un petit nombre d’égarés. Il vaut mieux faire une véritable proposition de façon à permettre à chacun d’apprendre la langue de son choix, que ce soit l’allemand, l’espagnol, le portugais, le chinois, ou l’arabe. Décidément la présidence Macron fait tout pour dresser les gens les uns contre les autres ! »,  martèle-t-il.

Un enfant sur mille étudie l’arabe à l’école primaire

Aujourd’hui, le nombre d’élèves apprenant l’arabe littéraire en France reste marginal en primaire: 567 dans l’Hexagone à la rentrée 2017/2018 au primaire, contre 1 483 pour le chinois. Sur un peu plus de 3,3 millions de collégiens, 4 573 ont choisi d’apprendre l’arabe. Au lycée, ils sont 6 601 sur un peu moins de 2,3 millions de lycéens. Ainsi, seul un enfant sur mille étudie l’arabe à l’école primaire, et deux sur mille au collège. Ils sont moins nombreux que les élèves étudiant le russe et le chinois alors que plus de trois millions de personnes pratiquent quotidiennement l’arabe en France, selon le ministère de la Culture.

Omar Safi, professeur à l'université Paul-Cézanne à Marseille, estime que l'apprentissage de l'arabe est, en premier lieu, pour que l’enfant d’origine arabe « marche sur ses deux pieds ». « Ce qui est en jeu, c’est l’équilibre affectif et culturel de l’enfant, par la reconnaissance et l’exploitation de ses composantes identitaires et de sa communauté familiale et sociale. »

« Si par ces enseignements on peut former nos enfants au bilinguisme, ou tout au moins construire de solides fondations pour un bilinguisme futur, c’est une entreprise importante qu’il faut poursuivre », ajoute Omar Safi. « Former ces enfants à l’apprentissage d’une langue - dont ils ont au mieux une connaissance passive parce qu’elle est utilisée, dans sa forme parlée, dans leur entourage familial - en même temps qu’ils accèdent à une maîtrise du français oral et écrit, est à même de développer chez ces enfants une compétence méta langagière de nature à conforter les deux apprentissages simultanément », souligne-t-il.

Pour rappel, l'organisation de l’enseignement de la langue arabe aux enfants émigrés remonte à 1967, année au cours de laquelle l’Amicale des Algériens en Europe a commencé par encourager les initiatives personnelles et collectives de la communauté émigrée. Cette organisation avait notamment pour but de recruter des enseignants plus qualifiés, choisis parmi les étudiants, en les dotant de moyens didactiques conformes aux programmes en vigueur dans l’école algérienne. Un enseignement alors dispensé en dehors de l’horaire scolaire.


France: l'adoption d'un budget compromise après le rejet des députés

Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale a rejeté massivement en première lecture le budget 2026, renvoyant le texte au Sénat et illustrant l’extrême fragmentation politique depuis la dissolution de 2024
  • Le gouvernement minoritaire, sous pression pour réduire un déficit public record, peine à trouver une majorité, malgré l’espoir d’un compromis sur fond de tensions entre blocs politiques

PARIS: Les députés français ont rejeté à la quasi-unanimité en première lecture le budget de l'État pour 2026, dans la nuit de vendredi à samedi, un vote inédit depuis des décennies qui augure mal d'une adoption avant la fin de l'année.

Après des semaines de débats parfois houleux sur la fiscalité du patrimoine, ou celle des grandes entreprises, 404 députés ont rejeté la partie "recettes" du texte (un seul a voté pour), emportant ainsi l'ensemble du projet de loi, sans même étudier la partie "dépenses".

En vertu des procédures parlementaires françaises, ce vote renvoie le texte initial du gouvernement à la chambre haute du Parlement, qui s'en saisira la semaine prochaine.

Dans un paysage politique très facturé depuis la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron en 2024, la difficulté à adopter un budget de l'Etat constitue le sujet majeur à l'origine de la chute des derniers Premier ministres.

Le gouvernement minoritaire de Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, se trouve pourtant sous forte pression pour réduire le déficit public, le plus élevé de la zone euro, dont l'ampleur inquiète les marchés financiers.

L'Assemblée avait déjà rejeté en 2024 le budget de l'État, de manière inédite depuis l'adoption de la Ve République en 1958. Mais c'est une première qu'il le soit avec une telle ampleur.

Les groupes de gauche et l'extrême droite ont voté contre, ceux du camp gouvernemental se sont divisés entre votes contre et abstentions. Seul un député centriste a voté en faveur du texte.

- Compromis? -

Si l'exécutif espère toujours une adoption avant la fin de l'année, cela apparaît comme une gageure, en terme de délais comme en terme de majorité pour le voter.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, avait promis de laisser le dernier mot au Parlement pour éviter une censure.

Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

Si elle a vu dans le "plus long débat budgétaire" de la Ve République, un "travail utile", la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a aussi déploré un "certain nombre de mesures inconstitutionnelles, irréalistes ou inapplicables".

Dans le viseur du camp gouvernemental, plusieurs hausses d'impôts, dont un "impôt universel" sur les multinationales, une hausse de taxe sur les rachats d'action, ou une contribution sur les dividendes.

Avec elles, le déficit passerait à "4,1%" du PIB (contre un objectif à 4,7% dans le texte initial), sans elles il serait de "5,3%", a estimé Amélie de Montchalin.

Sur X, elle a dénoncé l'"attitude cynique" des "extrêmes", se disant cependant "convaincue" de la possibilité d'un compromis.

"Le compte n'y est pas", a lancé le chef de files des élus socialistes, Boris Vallaud, estimant les "recettes" insuffisantes pour "effacer" des économies irritantes sur les politiques publiques.

Le PS continuera toutefois à "chercher le compromis", a-t-il assuré.

Les socialistes, qui avaient accepté de ne pas censurer le Premier ministre en échange notamment de la suspension de la réforme des retraites, espéraient que les débats permettent d'arracher une taxe sur le patrimoine des ultra-riches. Mais les propositions en ce sens ont été rejetées.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.


Narcobanditisme: la porte-parole du gouvernement sera à la marche blanche samedi à Marseille

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
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  • "Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement
  • "Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi

PARIS: La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat".

Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto, et la justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" lié au militantisme de son frère.

"Le gouvernement sera présent et je me rendrai samedi à Marseille en compagnie de mon collègue Vincent Jeanbrun, qui est ministre de la Ville et du Logement", a déclaré Maud Bregeon sur TF1 vendredi, ajoutant que ce drame avait "profondément choqué tous nos concitoyens".

La porte-parole a assuré que son déplacement serait fait "humblement, avec la modestie et la pudeur que cet événement nécessite, sans communication sur place".

Il s'agit, selon elle, de "marquer l'engagement total du gouvernement et le soutien de l'État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci".

"Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement où habitants, élus locaux et nationaux feront bloc contre le narcotrafic", a précisé l'entourage de Maud Bregeon à l'AFP.

La porte-parole retrouvera à Marseille de nombreuses autres personnalités politiques, dont beaucoup issues de gauche, comme Olivier Faure (PS) ou Marine Tondelier (les Ecologistes).

"Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi.

Si les courants politiques s'accordent sur le constat, ils s'opposent sur les voies à suivre pour contrer le narcotrafic.

Le député LFI du Nord Ugo Bernalicis a ainsi affirmé sur franceinfo que "ce qu'on demande au gouvernement, c'est pas tant la participation à cette marche, c'est de faire en sorte que les moyens soient à la hauteur des enjeux". Et "le compte n'y est pas", a-t-il dit.

Il a notamment appelé à s'attaquer au "cœur du problème" en légalisant le cannabis, dont la vente est "le moteur financier" des trafiquants, selon lui.

Le député insoumis des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, qui sera présent samedi, a exhorté à un "changement de doctrine complet", demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.

"Plutôt que d'envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu'il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée", a-t-il dit.

Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d'engager l'armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n'était "pas les prérogatives de l'armée" et "qu'on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française".


Une centaine de personnes en soutien à un directeur d'école menacé de mort

Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
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  • Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte
  • "On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement

RENNES: Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme.

Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte.

Selon des sources syndicales, la famille n'aurait pas toléré que l'instituteur accompagne la fillette aux toilettes.

"On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement.

"Il n'y a pas d'aspect religieux derrière tout ça" a insisté Fabrice Lerestif, un autre représentant de ce syndicat à l'échelle départementale, reprenant les termes du ministre français de l'Éducation, Édouard Geffray, en marge d’un déplacement la veille près de Lyon (centre-est).

Environ 150 personnes, dont des enseignants d'écoles voisines et une trentaine de parents d'élèves, étaient présents devant l'école, fermée pour la journée. "Soutien à notre collègue", "Parents unis! Respect et soutien total à nos enseignants", clamaient deux pancartes accrochées aux grilles.

Parmi les parents d'élèves, Pierre Yacger est venu avec ses enfants soutenir l'équipe éducative "en qui on a pleinement confiance". Concernant le directeur, "on n'a jamais eu de retour négatif", a-t-il affirmé.

Choqué, l'enseignant est depuis en arrêt de travail. Il est "meurtri par la situation" qui a "eu un impact fort sur l'ensemble de l'école", alors qu'il s'agit d'un établissement "où tout se passe bien", a précisé Mickaël Bézard.

Le corps enseignant demande que la fillette, toujours scolarisée dans cette école, soit changée d'établissement, "pour retrouver aussi un climat serein", a-t-il poursuivi.

"Cette enfant, peut-être, va être scolarisée ailleurs", a estimé Gaëlle Rougier, adjointe à l'éducation à la municipalité de Rennes. "Il va bien falloir poursuivre une médiation avec la famille", a-t-elle ajouté.