«Ce n'est pas de la comédie»: le théâtre français fait à son tour son #MeToo

Adèle Haenel est devenue un symbole de la lutte contre le harcèlement et les agressions sexuelles en France. (Photo, AFP)
Adèle Haenel est devenue un symbole de la lutte contre le harcèlement et les agressions sexuelles en France. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 19 octobre 2021

«Ce n'est pas de la comédie»: le théâtre français fait à son tour son #MeToo

  • Alice avait témoigné début octobre pour une enquête du quotidien Libération dans laquelle plusieurs femmes affirment avoir subi du harcèlement et des violences sexuelles de la part de Michel Didym
  • «Nous avons appris par nos professeurs à nous conformer au désir du metteur en scène, qu'il fallait absolument susciter pour déterminer notre embauche future. Nous avons tout appris. Sauf à dire non»

PARIS : Il a fallu huit ans à Alice pour avoir le courage de porter plainte contre un metteur en scène français de renom, qu'elle accuse de l'avoir violée à l'époque où elle était une élève comédienne de 20 ans.

"C'est arrivé en 2012. J'ai fait une amnésie post-traumatique", confie cette ex-comédienne aujourd'hui trentenaire. "Ce n'est qu'en 2016 que ça m'est revenu, et même aujourd'hui, des souvenirs continuent de me revenir".

Quatre ans après le début du mouvement #MeToo, la vague atteint le milieu théâtral en France pour "faire tomber les masques".

Alice avait témoigné début octobre pour une enquête du quotidien Libération dans laquelle plusieurs femmes affirment avoir subi du harcèlement et des violences sexuelles de la part de Michel Didym, comédien et ex-directeur du Centre dramatique national de Nancy (est), aujourd'hui âgé de 63 ans. 

Il conteste les faits et fait l'objet d'une enquête préliminaire.

Par la suite, un appel à témoignages sur Twitter d'une blogueuse de théâtre, qui avait accusé un acteur de la Comédie-Française de viol, a eu un effet boule de neige: un collectif #MeTooThéâtre voit le jour et une tribune appelant à une enquête nationale dans le milieu et à une charte déontologique dans les écoles d'arts vivants est signée par près de 1 500 personnes, dont l'actrice Adèle Haenel, devenue un symbole de la lutte contre le harcèlement et les agressions sexuelles en France, des comédiennes de la Comédie-Française comme Marina Hands, des femmes politiques et des militantes féministes.

«Il faut des actes»

"Nous avons appris par nos professeurs à nous conformer au +désir du metteur en scène+ (...) qu'il fallait absolument susciter pour déterminer notre embauche future. Nous avons tout appris. Sauf à dire non", souligne la tribune. 

Samedi, quelque 300 personnes ont manifesté à Paris pour dénoncer "l'omerta".

"Notre colère n'est pas une comédie française", indiquait une pancarte. "La colère est restée coincée trop longtemps", assure Alice, présente à la manifestation. 

C'est en novembre 2020 qu'elle dépose une plainte contre Michel Didym, après avoir écrit au procureur de Nancy. Et après avoir rassemblé pendant six mois une vingtaine de témoignages de ses anciennes camarades au Conservatoire de Nancy.

"Ça ne sert à rien de porter plainte et de se retrouver seule", déclare-t-elle, assurant que le harcèlement est "un problème systémique au théâtre". "Il y a la présomption d'innocence pour les agresseurs mais pas la présomption de vérité pour les victimes". Au-delà de la libération de la parole, elle veut "des actes".

La mobilisation a pour l'heure fait réagir deux théâtres: à Lyon (sud-est), le Théâtre des Célestins a décidé de reporter un spectacle de Michel Didym, et le Théâtre 14 à Paris s'est engagé à mettre en place des "outils" pour "protéger, écouter et accompagner".

L'élue écologiste au Conseil de Paris, Alice Coffin, appelle à cesser de financer "des structures qui ne proposent pas de plan de lutte".

«Nu dans son bain»

La blogueuse Marie Coquille-Chambel a lancé début octobre un appel à témoignages devenu viral. "J'ai été violée par un acteur de 45 ans alors que j'en avais 16", indique un témoignage. 

"J'ai 23 ans et rdv professionnel avec un metteur en scène de 60 ans. il est nu dans son bain quand j'arrive et m'invite à le rejoindre. je referme la porte humiliée", a tweeté la comédienne Céline Langlois, membre du collectif #MeTooThéâtre.

"On a eu peur de parler pendant longtemps. Mais il y a un ras-le-bol", affirme-t-elle à l'AFP. Un ras-le-bol de "la mythologie de la comédienne comme femme légère, de l'injonction d'être jeune et belle jusqu'à la mort, et de la sous-représentation des femmes dans les postes de direction".

"C'est un mouvement inclusif, il y a aussi des hommes victimes de violences sexuelles dans le milieu", ajoute-t-elle.

Pour la sociologue Laetitia César-Franquet, du Centre Emile Durkheim, le "retard du mouvement au théâtre vient de la précarité du milieu, avec cette peur de perdre des rôles" si on parle.

Elle pointe également du doigt "l'effet spectateur": "si je suis témoin d'une violence et que la majorité n'intervient pas, je vais faire comme les autres". Et dans ce milieu, "il y a une certaine norme qu'on peut faire du corps ce que l'on veut", développe cette spécialiste de la sociologie du genre et des violences faites aux femmes. 


Vers l’infini et au‑delà – Goldorak, 50 ans d’inspiration

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  •  50 ans après sa création, la série animée Goldorak continue de marquer l’imaginaire arabe
  • Arab News Japan s’entretient avec son créateur Go Nagai, des fans du Moyen-Orient, et revient sur l’histoire du robot OVNI chargé de protéger notre planète

​​​​​​LONDON: Peu d’importations culturelles ont franchi les frontières de manière aussi inattendue — et aussi puissante — que Goldorak, le robot géant japonais qui, il y a un demi-siècle, est devenu un héros de l’enfance à travers le monde arabe, et plus particulièrement en Arabie saoudite.

Créé au Japon au milieu des années 1970 par le mangaka Go Nagai, Goldorak s’inscrivait dans la tradition des « mecha », ces récits de robots géants. Le genre, façonné par l’expérience japonaise de la Seconde Guerre mondiale, explorait les thèmes de l’invasion, de la résistance et de la perte à travers le prisme de la science-fiction.

Si la série a rencontré un succès modéré au Japon, c’est à des milliers de kilomètres de là, au Moyen-Orient, que son véritable héritage s’est construit.

L’anime « UFO Robot Goldorak » est arrivé à la télévision dans la région en 1979, doublé en arabe et diffusé pour la première fois au Liban, en pleine guerre civile. L’histoire du courageux Actarus, prince exilé dont la planète a été détruite par des envahisseurs extraterrestres, a profondément résonné chez les enfants grandissant dans un contexte de conflits régionaux et d’occupation par Israël.

Ses thèmes — la défense de la patrie, la résistance à l’agression et la protection des innocents — faisaient douloureusement écho aux réalités de la région, transformant la série d’un simple divertissement en un véritable refuge émotionnel.

Une grande partie de l’impact de la série tenait à la réussite de son arabisation. Le doublage arabe puissant et le jeu vocal chargé d’émotion, notamment celui de l’acteur libanais Jihad El-Atrash dans le rôle d’Actarus, ont conféré à la série une gravité morale inégalée par les autres dessins animés de l'époque.

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Au début des années 1980, « Grendizer » s'était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. (Fourni)

Le générique de la série, interprété par Sami Clark, est devenu un hymne que le chanteur libanais a continué à interpréter lors de concerts et de festivals jusqu’à son décès en 2022.

Au début des années 1980, Goldorak s’était répandu à travers le Moyen-Orient, inspirant des communautés de fans en Arabie saoudite, au Koweït, en Irak et au-delà. Pour beaucoup, il s’agissait non seulement d’un premier contact avec les anime japonais, mais aussi d’une source d’enseignements sur des valeurs telles que la justice et l’honneur.

L’influence de Goldorak dans la région a été telle qu’il a fait l’objet de recherches universitaires, qui ont non seulement mis en lumière la manière dont le sort des personnages résonnait auprès du public du Moyen-Orient, mais ont aussi relié sa popularité aux souvenirs générationnels de l’exil, en particulier à la Nakba palestinienne.

Un demi-siècle plus tard, Goldorak demeure culturellement vivant et pertinent dans la région. En Arabie saoudite, qui avait pleinement adopté la version originale de la série, Manga Productions initie aujourd’hui une nouvelle génération de fans à une version modernisée du personnage, à travers un jeu vidéo, The Feast of The Wolves, disponible en arabe et en huit autres langues sur des plateformes telles que PlayStation, Xbox et Nintendo Switch, ainsi qu’une nouvelle série animée en langue arabe, «  Goldorak U », diffusée l’an dernier.

Cinquante ans après les débuts de la série, « Goldorak » est de retour — même si, pour toute une génération de fans de la série originale, dont les étagères regorgent encore de produits dérivés et de souvenirs, il n’est en réalité jamais vraiment parti.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com