10e Festival du film franco-arabe: renouveau et Palestine à l'honneur!

Le réalisateur Costa-Gavras et l’actrice, scénariste et cinéaste Lina Soualem (Photo fournie).
Le réalisateur Costa-Gavras et l’actrice, scénariste et cinéaste Lina Soualem (Photo fournie).
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Publié le Mardi 19 octobre 2021

10e Festival du film franco-arabe: renouveau et Palestine à l'honneur!

  • «Parrainer le Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec, c’est lui donner ma caution, comme cinéaste et comme citoyen», déclare Costa-Gavras, le parrain de l’événement
  • Le FFFA présente des films qui «rendent compte de la multiplicité de points de vue des réalisateurs sur le monde arabe»

PARIS: Après une édition annulée en 2020 pour cause de pandémie de Covid-19, le Festival du film franco-arabe (FFFA) de Noisy-le-Sec célèbre, cette année, sa 10e édition. Elle se déroulera du 12 au 23 novembre 2021 sous la houlette du réalisateur Costa-Gavras, son parrain d’honneur, et de l’actrice, scénariste et cinéaste Lina Soualem.

«Parrainer le Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec, c’est lui donner ma caution, comme cinéaste et comme citoyen. Le monde arabe, cette entité plurielle, diversifiée, a besoin de nous montrer des images éloignées des préjugés et des visions médiatiques stéréotypées. Les réalisateurs ont la lucidité et le recul nécessaires pour nous offrir une vision plus “objective” de ce monde en plein changement. Notre quotidien est noyé sous des informations qui nous divisent; aller au Festival du film franco-arabe, c’est une belle manière de voir ce qui nous unit», souligne Costa-Gavras.

Lina Soualem – fille de l’acteur Zinedine Soualem et de la réalisatrice palestinienne Hiam Abbass – présentera son documentaire, Leur Algérie. Sélectionné et primé dans de nombreux festivals, ce long métrage est sorti en salle depuis le 13 octobre.

«La Palestine à l’honneur»

«Nous avons le plaisir de poursuivre le FFFA de Noisy-le-Sec, qui fête ses 10 ans en 2021, dans un format redimensionné à l’échelle des villes de Noisy-le-Sec et de Romainville», confie à Arab News en français Wiam Berhouma, adjointe au maire de Noisy-le-Sec déléguée au développement et à la promotion de la culture, à l'éducation populaire et à la transmission de la mémoire. «C’est un festival de plus grande envergure, avec davantage d’ancrage local et toute une série d’événements musicaux, culinaires, des conférences et des spectacles.» Elle ajoute: «Sur le fond, cette édition met à l’honneur la Palestine, un pays sous occupation depuis des décennies. Sa situation, à laquelle nous sommes très attachés, relève du droit international et de la justice. Nous réaffirmons notre soutien au peuple palestinien à travers la culture, qui souffre d’une véritable invisibilité. Lors de cette édition, des produits palestiniens seront proposés à la vente», révèle-t-elle.

Au programme

Six films présentés au Festival de Cannes 2021 sont programmés lors de cette édition anniversaire: Face à la mer, du Libanais Ely Dagher, Feathers, fable grinçante de l’Égyptien Omar el-Zohairy (Grand prix de la Semaine internationale de la critique et qualifié de «diamant brut» par The Hollywood reporter), La Femme du fossoyeur, du Finlandais d’origine somalienne Khadar Ahmed, Mes frères et moi du Français Yohan Manca, un film solaire aux couleurs méditerranéennes, loin des caricatures et du misérabilisme.

«Multiplicité des points de vue»

Selon ses organisateurs, le Festival du film franco-arabe met en avant «les productions cinématographiques récentes des cinéastes originaires des pays arabes et des réalisateurs français dont le parcours et les préoccupations sont liés, en grande part, à ces régions du monde». Ce sont des films qui «rendent compte de la multiplicité de points de vue des réalisateurs sur le monde arabe», précise-t-on.

Vingt-neuf longs métrages, dont onze premières œuvres, six documentaires, deux films d’animation jeune public, un classique du cinéma mondial et des courts métrages seront à l’affiche de cette 10e édition.

L'affiche du festival (Photo, fournie).

Douze films en avant-première, cinq œuvres inédites et neuf productions récemment sorties en salle seront projetés au Trianon de Romainville en présence de nombreux invités, parmi lesquels des réalisateurs et des personnalités du cinéma.

Interrogée par Arab News en français, Annie Bichet, directrice artistique du FFFA, nous explique: «Comme à l’accoutumée, j’ai essayé de proposer un festival qui nous fasse voyager dans le monde arabe et en France, où des histoires se racontent entre la culture française et celle des personnes d’origine arabe ou maghrébine; des histoires qui peuvent se dérouler dans notre France d’aujourd’hui, avec toutes les questions qui traversent notre pays et ce que vit la jeunesse.»

A découvrir

D’autres films sont à découvrir: Placés, de Nessim Chikhaoui, qui s’inspire de son expérience d’éducateur spécialisé, Liban 1982, qui représentait le Liban lors de l’édition 2020 des Oscars, basé sur la dernière journée d’école dans le pays du Cèdre du réalisateur Oualid Mouaness, ou encore Le monde après nous, de Louda ben Salah-Cazanas, qui brosse le portrait d’une génération en puisant dans son propre parcours. Citons encore De nos frères blessés, de Hélier Cisterne, adapté du roman de Joseph Andras – prix Goncourt du premier roman en 2016 – ; interprété par Vincent Lacoste et Vicky Krieps, dont l’histoire se déroule dans l’Algérie des années 1950.

«Cette année, il est important que l’on puisse donner à voir des films libanais, en raison de la situation que vit le pays. C’est le cas avec notre sélection. De nombreux films évoquent les traumatismes de la guerre, mais aussi la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui la jeunesse, qui croit en des perspectives nouvelles dans la construction de son pays», nous explique Annie Bichet.

Ismaël Ferroukhi, réalisateur franco-marocain, nous présente quant à lui Mica, un enfant issu d’un bidonville, qui fréquente la nomenklatura marocaine dans un club de tennis de Casablanca. Les personnages de ce film plébiscité par la critique sont interprétés par Zakaria Inan et Sabrina Ouazani.

«Des sujets difficiles»

«Il est essentiel, aujourd’hui, de montrer des films qui racontent des trajectoires, qui tentent de trouver des chemins, surtout pour la jeunesse», précise Annie Bichet. «Sans pour autant être bisounours: beaucoup de films évoquent des sujets difficiles, puissants. Dans le même temps, ils montrent les possibles, les manières de ne pas renoncer devant les obstacles, car les œuvres d’art sont là pour nous ouvrir des portes, nous faire rêver et ne pas laisser cantonner les gens dans les ghettos, les prisons, l’enfermement et les difficultés», indique-t-elle encore.

Il en va de même pour la réalisatrice franco-marocaine Simone Bitton, qui présente Ziyara, un documentaire. «C’est un road-movie au cœur du Maroc. La réalisatrice retrouve des lieux de culte juif dans la campagne marocaine entretenus et protégés par des musulmans», explique la directrice artistique du FFFA. «C’est une histoire très belle et émouvante qui rend hommage à cet ancien temps ou tout le monde cohabitait, où les villageois perpétuaient une tradition, un hommage également à ces lieux de mémoire et de culture auxquels ils sont attachés», nous confie-t-elle.


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi. 


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com