Dix ans après la mort de Kadhafi, la Libye toujours en quête de stabilité

Tripoli le 30 août 2011, des milliers de Libyens se sont rassemblés sur la place pour célébrer le succès des combattants rebelles contre les forces du colonel Kadhafi. (AFP)
Tripoli le 30 août 2011, des milliers de Libyens se sont rassemblés sur la place pour célébrer le succès des combattants rebelles contre les forces du colonel Kadhafi. (AFP)
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Publié le Mardi 19 octobre 2021

Dix ans après la mort de Kadhafi, la Libye toujours en quête de stabilité

  • La Libye, qui a sombré dans le chaos après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, tente de s'extraire d'une décennie de violences et de luttes pour le pouvoir
  • Le règne de Kadhafi a été surtout marqué par une implacable répression de toute velléité contestataire, mais les Libyens ont connu une certaine prospérité pendant ses années au pouvoir grâce à une formidable manne pétrolière

TRIPOLI: Dix ans après la mort de Mouammar Kadhafi, emporté par une révolte qui a plongé la Libye dans un chaos inextricable, le pays peine à achever sa transition vers la démocratie, des désaccords entre camps rivaux menaçant de saborder l'élection présidentielle de décembre. 


Il y a dix ans, le "Guide" Kadhafi était traqué jusque dans son fief de Syrte (nord), lynché par des combattants avant d'être exécuté le même jour et son corps exposé dans un marché.


Après 42 ans d'un règne autoritaire, le "chef de la révolution" qui renversa la monarchie était ainsi emporté par le vent du Printemps arabe. Une intervention internationale controversée, lancée en 2011 sous l'égide de l'Otan, avait contribué à sa chute. 


Mais loin de répondre aux aspirations des manifestants, l'intervention plonge le pays d'Afrique du Nord dans une spirale de violences et divisions internes, alimentées par les ingérences étrangères.

La Libye depuis la chute de Kadhafi: une décennie de chaos

La Libye, qui a sombré dans le chaos après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, tente de s'extraire d'une décennie de violences et de luttes pour le pouvoir.

Kadhafi tué 
Le 20 octobre 2011, Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, est capturé puis tué près de Syrte, sa région d'origine, dans le nord de la Libye.


Confronté, dans le sillage du Printemps arabe, à un soulèvement transformé en un conflit armé, il était en fuite depuis août.


Le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, proclame la "libération" du pays.

Premier scrutin libre 
Le 7 juillet 2012, les Libyens élisent la première Assemblée nationale, un scrutin émaillé d'actes de sabotage et de violences dans l'Est. Un mois plus tard, le CNT remet ses pouvoirs au Congrès général national (CGN, Parlement).

Missions diplomatiques attaquées 
Après une attaque contre le consulat américain à Benghazi (est), qui a coûté la vie à l'ambassadeur américain Christopher Stevens, en septembre 2012, et un attentat contre l'ambassade de France à Tripoli (ouest), en avril 2013, la plupart des missions diplomatiques étrangères ferment.

Autorités rivales 
En juin 2014, à la suite de nouvelles élections, le Congrès général national, dominé par les islamistes et de plus en plus contesté, est remplacé par un Parlement contrôlé par les anti-islamistes.


Mais fin août, après des semaines de combats meurtriers, une coalition de milices, en majorité islamistes, s'empare de Tripoli. Elle réinstalle le CGN et un gouvernement.


Le gouvernement en place jusque-là et le Parlement tout juste élu s'exilent dans l'Est. Le pays se retrouve avec deux gouvernements et deux Parlements.

L'EI profite du chaos 
En décembre 2014, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) s'implante en Libye. En juin 2015, il s'empare de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli. Il sera chassé de la ville fin 2016.

Accord de Skhirat 
Le 17 décembre 2015, des représentants de la société civile et des députés signent à Skhirat, au Maroc, un accord parrainé par l'ONU. Un Gouvernement d'union nationale (GNA) est proclamé.


Son chef Fayez al-Sarraj s'installe à Tripoli en mars 2016, mais dans l'Est, le cabinet parallèle et le Parlement rejettent le GNA.

Offensive de Haftar sur Tripoli 
Le 4 avril 2019, Khalifa Haftar, qui contrôle l'Est et une partie du sud du pays, ordonne à ses forces d'"avancer" en direction de Tripoli, siège du GNA.


En juin 2020, les forces progouvernementales, aidées par la Turquie, reprennent le contrôle de l'ensemble de l'Ouest, en chassant les combattants de Haftar, soutenu notamment par la Russie, l'Egypte et les Emirats arabes unis.

Cessez-le-feu 
Le 23 octobre 2020, les parties en conflit signent un cessez-le-feu sous l'égide de l'ONU.


Des délégués libyens réunis en Tunisie parviennent ensuite à un accord prévoyant "des élections nationales" le 24 décembre 2021.

Gouvernement unifié 
Le 5 février 2021, 75 délégués libyens réunis sous les auspices de l'ONU en Suisse désignent l'ingénieur et homme d'affaires Abdelhamid Dbeibah comme Premier ministre de transition.


Mais de profondes divisions subsistent entre l'Ouest et l'Est, ce dernier étant toujours contrôlé par Haftar, alors qu'on dénombre quelque 20.000 mercenaires et combattants étrangers dans le pays.

Un scrutin hypothétique 
Le 4 octobre, le Parlement installé dans l'Est, adopte la loi gouvernant les législatives, un peu plus de trois semaines après la ratification du texte encadrant le volet présidentiel du scrutin, taillé sur mesure pour Khalifa Haftar. 


Le Haut Conseil d'Etat (HCE), instance faisant office de Sénat et basée à Tripoli, conteste les deux lois.


Le Parlement a modifié le calendrier du scrutin: la présidentielle est maintenue le 24 décembre mais les législatives se tiendront un mois plus tard.

Après des années d'affrontements entre camps ennemis, un gouvernement de transition a finalement été mis sur pied en mars, sous l'égide de l'ONU, pour mener le pays vers une élection présidentielle prévue le 24 décembre.


"La situation s'est nettement améliorée. Le cessez-le-feu convenu en octobre 2020 est toujours en vigueur et le gouvernement d'unité nationale (GNU) s'accroche en tant que seul gouvernement libyen", décrypte pour l'AFP le chercheur Hamish Kinnear, de l'institut Verisk Maplecroft.


"Mais la stabilité politique est de plus en plus précaire. Les six prochains mois nous diront si la période de calme ayant suivi le cessez-le-feu n'était qu'une opportunité pour les factions armées de panser leurs plaies, ou s'il s'agit de réels progrès vers une solution politique", poursuit-il. 

«Manque d'expérience»
Pour l'universitaire libyen Mahmoud Khalfallah, le scrutin à lui seul "ne suffit pas à apporter une solution définitive".


"Le pays manque d'expérience et la route vers le changement est longue", estime-t-il, en énumérant les conditions à même de pacifier le pays: "fin des ingérences, maturité des électeurs dans le choix de leurs représentants loin de tout tribalisme ou régionalisme, acceptation des résultats par tous". 


Et les divisions font toujours rage. En témoigne la récente polémique autour de la promulgation d'une loi régissant le scrutin présidentiel, taillée sur mesure pour permettre à l'homme fort de l'Est, le maréchal Khalifa Haftar, de se présenter. 


Le texte, ratifié par le Parlement siégeant à Tobrouk (est), a été rejeté par le Haut conseil d'Etat, l'équivalent d'un Sénat, basé à Tripoli (ouest). Le Parlement a également reporté d'un mois les législatives qui devaient se tenir le même jour.


En Tripolitaine, Haftar suscite une profonde animosité depuis qu'il a tenté, en vain, de conquérir militairement la capitale entre avril 2019 et juin 2020. Son portrait, frappé d'une croix rouge, couvre les façades de plusieurs bâtiments officiels. 


"Si les élections se déroulent sur la base décrite par la Chambre des représentants sans un soutien plus large des factions politiques à l'Ouest, cela pourrait provoquer une nouvelle division de la Libye en deux gouvernements concurrents", prévient M. Kinnear. 


"Le risque serait accru si Khalifa Haftar remportait la présidence, car il est une figure toxique pour les factions armées qui ont défendu Tripoli lors de son offensive ratée", poursuit-il.

Libye: Bani Walid, la ville nostalgique de Kadhafi

Un portrait de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi entouré de deux drapeaux verts de sa "Jamahiriya", ou "Etat des masses", accueille le visiteur à Bani Walid, dans l'ouest de la Libye. Dans cette ville située aux portes du désert, les habitants cultivent encore la nostalgie du "Guide", dix ans après sa mort. 


Des constructions cubiques inachevées se succèdent dans un paysage lunaire, dominé au loin par des collines rocailleuses. D'innombrables bâtiments sont couverts d'impacts de balles et d'obus. Partout, la ville porte les stigmates de la guerre.


Bani Walid, qui abrite quelque 100.000 habitants, est un fief de la puissante tribu des Werfalla, restée fidèle au dirigeant déchu en 2011, opposant une farouche résistance aux rebelles qui l'ont finalement conquise en octobre 2012. 


Sur une place publique balayée par le vent et la poussière, une fontaine asséchée se dresse face à un vieux char rouillé. Des restes d'obus et des tubes de mortiers s'amoncellent dans un amas de ferrailles. Un grand panneau constellé des portraits des "martyrs" de la ville domine ce mémorial.


"Mouammar restera à jamais dans nos coeurs!", lance un badaud en voyant les journalistes de l'AFP. Et il n'est pas le seul à éprouver de la nostalgie pour l'ancien dirigeant, capturé il y a dix ans par des combattants révolutionnaires avant d'être exécuté. 


"Mouammar Kadhafi est un symbole. Nous serons toujours ses partisans", clame le quinquagénaire Mohamed Dairi, chemise blanche sous un gilet traditionnel brodé.

«Conspiration»
Le temps semble figé à Bani Walid, vaste oasis au relief accidenté à 170 km au sud-est de Tripoli, comme si la révolte de 2011 n'avait jamais eu lieu. Le drapeau rouge, noir et vert de l'ancien Royaume de Libye, repris après la révolte, ne flotte nulle part. C'est l'étendard vert instauré par Kadhafi, symbole de sa "révolution verte", qui est hissé çà et là.


"Avant 2011, les Libyens étaient souverains et maîtres de leur destin. Ces dix dernières années, ils n'ont connu que bombardements, injustices, meurtres et enlèvements", lâche Mohamed Abi Hamra, la mine grave, une montre à l'effigie de Kadhafi au poignet.


"La révolution est par définition un changement pour le mieux. Ce qui s'est passé en 2011 n'était pas une révolution, mais une conspiration contre la Libye", juge-t-il.  


Pourquoi cet attachement au passé? "Il suffit de comparer 42 ans (de règne de Kadhafi, NDLR) au dix dernières années", élude l'indéfectible partisan du dirigeant déchu.


Si la Libye s'est enlisée dans le chaos après le soulèvement de 2011, elle pourrait clore ce chapitre mouvementé à la faveur d'un processus politique, initié en novembre sous l'égide de l'ONU et dont l'aboutissement doit être l'élection présidentielle du 24 décembre.


Mais Bani Walid ne semble pas prête à tourner la page, elle qui ne s'est rendue aux forces rebelles progouvernementales qu'après une résistance acharnée. "C'était une première dans l'histoire: un Etat avait décidé d'attaquer une de ses villes, ses propres habitants", se souvient avec amertume Mohamed Dairi.

«Fidèles»
L'ingénieur Fathi al-Ahmar partage les mêmes rancoeurs: "Si nous sommes restés attachés à l'ancien régime, c'est que les événements de février 2011 (date de début de la révolte, NDLR) n'ont apporté que guerres, désolations, divisions et atteintes à la souveraineté de notre pays".


Le régime Kadhafi "nous garantissait la sécurité, qui manque aujourd'hui cruellement en Libye", estime-t-il. 


Mouammar Kadhafi fut, des décennies durant, taxé par l'Occident d'être à la tête d'un Etat "terroriste". 


En interne, son règne fut marqué par de multiples exactions. Pour Ahmed Abouhriba, un journaliste de 30 ans à Bani Walid, le colonel "n'était pas un dictateur, mais le garant de l'unité (...) il veillait sur les Libyens comme le ferait un père". 


Cet inconditionnel de Kadhafi vante la stabilité, la prospérité économique et les chantiers lancés sous l'ancien régime, comme pour comparer avec le quotidien actuel des Libyens, rythmé par l'insécurité, les pénuries et l'inflation.


"Tous les projets se sont arrêtés après 2011. Comment suivre les nouveaux courants politiques alors qu'ils n'ont rien construit depuis?", interroge-t-il.


Si l'ex-dictateur n'est plus, son fils Seif al-Islam Kadhafi, dont le portrait se dresse aussi à Bani Walid, a laissé entendre qu'il pourrait se présenter à l'élection de décembre. "Nous sommes restés fidèles à notre Guide Mouammar Kadhafi, nous le serons pour Seif al-Islam", promet M. Abouhriba.

«Une vie meilleure»
Pour la communauté internationale, la priorité est la tenue d'élections, malgré les travers du processus politique.


"Nous sommes conscients qu'il y a eu des irrégularités, voire des faits de corruption, mais nous continuons à croire que la solution réside dans ces élections", confie un diplomate européen à Tripoli.


Les Libyens, eux, aspirent à "une vie meilleure et à la stabilité à travers ces élections", estime l'analyste libyen Ahmed el-Rachrach.


Le règne de Kadhafi a été surtout marqué par une implacable répression de toute velléité contestataire, mais les Libyens ont connu une certaine prospérité pendant ses années au pouvoir grâce à une formidable manne pétrolière. 


Dans les années 2000, le PIB par habitant était ainsi le plus élevé du continent. La guerre a ensuite changé la donne: coupures chroniques d'électricité, infrastructures endommagées, inflation... les Libyens ont subi de plein fouet les affres de l'instabilité.


A Tripoli, une décennie de chaos a "affecté la vie des Libyens psychologiquement et économiquement", lâche Issam el-Mejri, un entrepreneur qui espère voir le futur gouvernement "désarmer" les milices et "lutter contre l'inflation". 


"Nous sommes dans un cercle vicieux à cause d'un processus politique raté", s'exaspère Abdelfattah Benour, un fonctionnaire.


Faraj Najib, commerçant à Benghazi (est), berceau de la révolte, veut rester optimiste: "les élections sont une lueur d'espoir pour les Libyens qui se sont fortement appauvris".


Lors d'une cérémonie en Irak, les premiers combattants kurdes du PKK ont brûlé leurs armes

Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
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  • Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak
  • Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé

SOULEIMANIYEH: Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences.

Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak.

Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé.

Le PKK a salué une "opération historique et démocratique".

Les combattants devaient ensuite regagner les montagnes proches où ils sont basés, avait indiqué précédemment à l'AFP un responsable du PKK.

Des représentants du gouvernement autonome du Kurdistan irakien et de son président Nechirvan Barzani ont assisté aux opérations, mais il n'a pas été précisé qui avait été dépêché par Ankara, hormis des membres des services de renseignements selon les médias turcs.

Les autorités locales kurdes avaient annoncé peu avant avoir abattu deux drones à proximité des positions des forces kurdes, quelques heures avant le début des opérations.

Un processus de paix initié depuis l'automne doit permettre de tourner la page de plus de quatre décennies de violences qui ont fait au moins 40.000 morts, et résoudre la question kurde tant au niveau national que régional, selon les experts.

"Responsabilité historique" 

Le 27 février, le chef du PKK Abdullah Öcalan, 76 ans dont vingt-six en prison, a appelé le mouvement à "déposer les armes et (...) à se dissoudre", affirmant "assumer la responsabilité historique de cet appel".

Parmi un nombre restreint d'invités conviés vendredi, officiellement pour des raisons de sécurité, figurent des élus du parti turc prokurde DEM, médiateur entre le PKK et le gouvernement turc.

Pour la Turquie, comme pour ses alliés occidentaux, le PKK est considéré comme un mouvement terroriste.

C'est paradoxalement l'allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti nationaliste MHP, Devlet Bahceli, qui a tendu la main à l'ennemi public, lui proposant d'appeler les combattants à renoncer à la lutte armée et à "venir s'exprimer devant le Parlement".

Mercredi, dans un message vidéo en turc, "Apo" (oncle) comme l'appellent ses fidèles, a confirmé l'imminence du désarmement.

"Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique", insistait-il dans cette longue adresse.

Le chef de l'Etat turc a récemment exprimé sa confiance de voir "une Turquie sans terroriste", espérant que "ce processus prometteur se conclurait avec succès le plus rapidement possible, sans obstacle, ni risque de sabotage".

"Geste de bonne volonté" 

Selon un commandant du PKK, cette première cérémonie était un "geste de bonne volonté".

Abdullah Öcalan, lui, est toujours détenu sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul, et ne réclame pas d'en sortir, alors que ses commandants faisaient de sa libération un des termes de l'équation.

"La situation de notre chef, Apo, affecte le processus et le ralentit", jugeait la semaine dernière un haut responsable du PKK, Mustafa Karasu.

En refusant de lier son sort personnel à l'avenir du processus de paix, M. Öcalan "contredit les conditions posées par le Parti qui demandait son élargissement afin qu'il puisse mener à bien le processus de paix", note l'historien des mouvements kurdes Boris James.

Le chercheur relève par ailleurs l'absence "d'acteur tiers pour garantir la probité du processus" et insiste: "Une très forte défiance subsiste entre le PKK et l'Etat turc, or l'Etat a donné peu de gages" aux combattants kurdes.

Ces derniers ont régulièrement dénoncé la poursuite des bombardements turcs sur leurs positions en Irak malgré le processus en cours.

Depuis les derniers violents combats qui avaient ensanglanté la ville turque à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est) en 2015, les combattants du PKK sont principalement restés cantonnés dans les montagnes de Qandil, en Irak, soumis également aux opérations de ratissage de l'armée turque.

 


Dix personnes secourues après l'attaque meurtrière d'un navire en mer Rouge

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
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  • Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments
  • Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X

DUBAI: Dix personnes ont été secourues après l'attaque d'un navire en mer Rouge par les rebelles houthis du Yémen, tandis que trois autres ont été tuées et douze sont toujours portées disparues, selon la mission européenne Aspides déployée dans la zone.

Cette attaque, l'une des plus meurtrières menées par les Houthis contre la marine marchande, marque une escalade dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, menaçant une trêve conclue en mai avec les Etats-Unis censée préserver la liberté de navigation.

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments.

Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X.

Au total, 25 personnes se trouvaient à bord de ce vraquier battant pavillon libérien.

Mardi, Aspides avait déclaré à l'AFP que trois personnes avaient été tuées et au moins deux blessées, parmi lesquelles un électricien russe qui a perdu une jambe, lors de l'attaque menée par les rebelles yéménites.

Le sort des autres membres de l'équipage reste incertain.

Mercredi, les Houthis ont affirmé avoir "secouru" un nombre indéterminé de personnes à bord du navire et les avoir emmenés dans un " lieu sûr". L'ambassade des Etats-Unis au Yémen les a accusés d'avoir enlevé les survivants.

Les insurgés ont également diffusé une vidéo montrant une puissante explosion sur le pont du cargo, qui a ensuite coulé.

"Profonde inquiétude" 

Depuis fin 2023, les Houthis ont attaqué des dizaines de navires qu'ils estiment liés à Israël, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en proie aux bombardements israéliens depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.

Ces attaques ont contraint de nombreux armateurs à éviter la mer Rouge, par où transite 12% du commerce mondial, d'après la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).

Les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du Yémen, en proie à une guerre civile depuis 2014, avaient interrompu leurs attaques maritimes cette année après un cessez-le-feu à Gaza conclu en janvier et qui a pris fin deux mois plus tard.

En mai, ces rebelles proches de l'Iran avaient averti qu'ils continueraient à s'en prendre aux navires israéliens ou liés à Israël, malgré une trêve avec les Etats-Unis qui a mis fin à des semaines de bombardements américains des cibles rebelles au Yémen.

Leur chef, Abdel Malek al-Houthi, a répété jeudi que ces opérations se poursuivront "tant que l'agression et le siège de Gaza perdureront", en affirmant que les navires visés appartiennent à des compagnies "violant l'interdiction" de se rendre en Israël.

Selon le Centre conjoint d'information maritime, géré par une coalition navale occidentale, le Magic Seas et l'Eternity C ont probablement été attaqués "en raison de précédents passages dans des ports israéliens ou de liens entre leurs propriétaires ou gestionnaires et d'autres navires ayant fréquenté Israël".

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a fait part de sa "profonde inquiétude", en déplorant des "pertes civiles, des blessés, ainsi qu'un risque potentiel de dommages environnementaux".

L'attaque contre l'Eternity C est la plus meurtrière depuis l'attaque de missile contre le navire marchand True Confidence en mars de l'année dernière, qui avait fait trois morts.

Les Houthis ont également capturé le Galaxy Leader en novembre 2023 et coulé le Rubymar, qui transportait 21.000 tonnes d'engrais, en février 2024.


Gaza: la Défense civile annonce 66 morts dont des enfants devant une clinique

La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
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  • La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes
  • "Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition"

GAZA: La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas.

Un raid aérien a touché en matinée un groupe de personnes qui patientaient devant un établissement médical de Deir al-Balah, a indiqué à l'AFP Mohammad al-Moughayyir, un responsable de l'organisation de premiers secours. Parmi les 17 morts figurent huit enfants au moins, selon lui.

L'armée israélienne a indiqué à l'AFP avoir ciblé à Deir al-Balah un membre d'une unité d'élite du mouvement islamiste palestinien Hamas, la Noukhba, ayant participé selon elle "au massacre du 7 octobre" 2023, à l'origine de la guerre à Gaza.

Elle a dit regretter "tout dommage causé à des personnes non impliquées" et oeuvrer "autant que possible à limiter les atteintes aux civils".

"Il n'y a eu aucun avertissement, juste une frappe directe au milieu des civils", a raconté à l'AFP Mohamed Abou Ouda, qui était dans la file d'attente devant la clinique. "Qu'avons-nous fait et qu'ont fait nos enfants pour mériter cela?"

"Nous étions des dizaines à attendre", a déclaré un autre témoin, Youssef Al-Aydi. "Soudain, nous avons entendu le bruit d'un avion s'approcher, puis l'explosion a retenti. Le sol a tremblé sous nos pieds et autour de nous ce n'était que sang et cris déchirants".

"Familles innocentes" 

La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes.

"Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition", a commenté dans un communiqué le responsable de l'ONG, Rabih Torbay.

"Pourtant, ce matin, des familles innocentes ont été attaquées sans pitié alors qu'elles faisaient la queue en attendant l'ouverture des portes", a-t-il ajouté, appelant à un cessez-le-feu immédiat.

Selon l'Unicef, l'un des enfants tués devant la clinique avait tout juste un an et venait de prononcer ses premiers mots quelques heures plus tôt d'après sa mère.

"Aucun parent ne devrait avoir à faire face à une telle tragédie", a commenté la directrice de l'agence onusienne Catherine Russell. "Tuer des familles qui tentent d'avoir accès à une aide vitale est quelque chose d'inconcevable".

L'armée israélienne n'a pas commenté les autres incidents rapportés par la Défense civile, dont l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les affirmations compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Au moins 57.762 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.