Dix ans après la mort de Kadhafi, la Libye toujours en quête de stabilité

Tripoli le 30 août 2011, des milliers de Libyens se sont rassemblés sur la place pour célébrer le succès des combattants rebelles contre les forces du colonel Kadhafi. (AFP)
Tripoli le 30 août 2011, des milliers de Libyens se sont rassemblés sur la place pour célébrer le succès des combattants rebelles contre les forces du colonel Kadhafi. (AFP)
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Publié le Mardi 19 octobre 2021

Dix ans après la mort de Kadhafi, la Libye toujours en quête de stabilité

  • La Libye, qui a sombré dans le chaos après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, tente de s'extraire d'une décennie de violences et de luttes pour le pouvoir
  • Le règne de Kadhafi a été surtout marqué par une implacable répression de toute velléité contestataire, mais les Libyens ont connu une certaine prospérité pendant ses années au pouvoir grâce à une formidable manne pétrolière

TRIPOLI: Dix ans après la mort de Mouammar Kadhafi, emporté par une révolte qui a plongé la Libye dans un chaos inextricable, le pays peine à achever sa transition vers la démocratie, des désaccords entre camps rivaux menaçant de saborder l'élection présidentielle de décembre. 


Il y a dix ans, le "Guide" Kadhafi était traqué jusque dans son fief de Syrte (nord), lynché par des combattants avant d'être exécuté le même jour et son corps exposé dans un marché.


Après 42 ans d'un règne autoritaire, le "chef de la révolution" qui renversa la monarchie était ainsi emporté par le vent du Printemps arabe. Une intervention internationale controversée, lancée en 2011 sous l'égide de l'Otan, avait contribué à sa chute. 


Mais loin de répondre aux aspirations des manifestants, l'intervention plonge le pays d'Afrique du Nord dans une spirale de violences et divisions internes, alimentées par les ingérences étrangères.

La Libye depuis la chute de Kadhafi: une décennie de chaos

La Libye, qui a sombré dans le chaos après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, tente de s'extraire d'une décennie de violences et de luttes pour le pouvoir.

Kadhafi tué 
Le 20 octobre 2011, Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, est capturé puis tué près de Syrte, sa région d'origine, dans le nord de la Libye.


Confronté, dans le sillage du Printemps arabe, à un soulèvement transformé en un conflit armé, il était en fuite depuis août.


Le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, proclame la "libération" du pays.

Premier scrutin libre 
Le 7 juillet 2012, les Libyens élisent la première Assemblée nationale, un scrutin émaillé d'actes de sabotage et de violences dans l'Est. Un mois plus tard, le CNT remet ses pouvoirs au Congrès général national (CGN, Parlement).

Missions diplomatiques attaquées 
Après une attaque contre le consulat américain à Benghazi (est), qui a coûté la vie à l'ambassadeur américain Christopher Stevens, en septembre 2012, et un attentat contre l'ambassade de France à Tripoli (ouest), en avril 2013, la plupart des missions diplomatiques étrangères ferment.

Autorités rivales 
En juin 2014, à la suite de nouvelles élections, le Congrès général national, dominé par les islamistes et de plus en plus contesté, est remplacé par un Parlement contrôlé par les anti-islamistes.


Mais fin août, après des semaines de combats meurtriers, une coalition de milices, en majorité islamistes, s'empare de Tripoli. Elle réinstalle le CGN et un gouvernement.


Le gouvernement en place jusque-là et le Parlement tout juste élu s'exilent dans l'Est. Le pays se retrouve avec deux gouvernements et deux Parlements.

L'EI profite du chaos 
En décembre 2014, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) s'implante en Libye. En juin 2015, il s'empare de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli. Il sera chassé de la ville fin 2016.

Accord de Skhirat 
Le 17 décembre 2015, des représentants de la société civile et des députés signent à Skhirat, au Maroc, un accord parrainé par l'ONU. Un Gouvernement d'union nationale (GNA) est proclamé.


Son chef Fayez al-Sarraj s'installe à Tripoli en mars 2016, mais dans l'Est, le cabinet parallèle et le Parlement rejettent le GNA.

Offensive de Haftar sur Tripoli 
Le 4 avril 2019, Khalifa Haftar, qui contrôle l'Est et une partie du sud du pays, ordonne à ses forces d'"avancer" en direction de Tripoli, siège du GNA.


En juin 2020, les forces progouvernementales, aidées par la Turquie, reprennent le contrôle de l'ensemble de l'Ouest, en chassant les combattants de Haftar, soutenu notamment par la Russie, l'Egypte et les Emirats arabes unis.

Cessez-le-feu 
Le 23 octobre 2020, les parties en conflit signent un cessez-le-feu sous l'égide de l'ONU.


Des délégués libyens réunis en Tunisie parviennent ensuite à un accord prévoyant "des élections nationales" le 24 décembre 2021.

Gouvernement unifié 
Le 5 février 2021, 75 délégués libyens réunis sous les auspices de l'ONU en Suisse désignent l'ingénieur et homme d'affaires Abdelhamid Dbeibah comme Premier ministre de transition.


Mais de profondes divisions subsistent entre l'Ouest et l'Est, ce dernier étant toujours contrôlé par Haftar, alors qu'on dénombre quelque 20.000 mercenaires et combattants étrangers dans le pays.

Un scrutin hypothétique 
Le 4 octobre, le Parlement installé dans l'Est, adopte la loi gouvernant les législatives, un peu plus de trois semaines après la ratification du texte encadrant le volet présidentiel du scrutin, taillé sur mesure pour Khalifa Haftar. 


Le Haut Conseil d'Etat (HCE), instance faisant office de Sénat et basée à Tripoli, conteste les deux lois.


Le Parlement a modifié le calendrier du scrutin: la présidentielle est maintenue le 24 décembre mais les législatives se tiendront un mois plus tard.

Après des années d'affrontements entre camps ennemis, un gouvernement de transition a finalement été mis sur pied en mars, sous l'égide de l'ONU, pour mener le pays vers une élection présidentielle prévue le 24 décembre.


"La situation s'est nettement améliorée. Le cessez-le-feu convenu en octobre 2020 est toujours en vigueur et le gouvernement d'unité nationale (GNU) s'accroche en tant que seul gouvernement libyen", décrypte pour l'AFP le chercheur Hamish Kinnear, de l'institut Verisk Maplecroft.


"Mais la stabilité politique est de plus en plus précaire. Les six prochains mois nous diront si la période de calme ayant suivi le cessez-le-feu n'était qu'une opportunité pour les factions armées de panser leurs plaies, ou s'il s'agit de réels progrès vers une solution politique", poursuit-il. 

«Manque d'expérience»
Pour l'universitaire libyen Mahmoud Khalfallah, le scrutin à lui seul "ne suffit pas à apporter une solution définitive".


"Le pays manque d'expérience et la route vers le changement est longue", estime-t-il, en énumérant les conditions à même de pacifier le pays: "fin des ingérences, maturité des électeurs dans le choix de leurs représentants loin de tout tribalisme ou régionalisme, acceptation des résultats par tous". 


Et les divisions font toujours rage. En témoigne la récente polémique autour de la promulgation d'une loi régissant le scrutin présidentiel, taillée sur mesure pour permettre à l'homme fort de l'Est, le maréchal Khalifa Haftar, de se présenter. 


Le texte, ratifié par le Parlement siégeant à Tobrouk (est), a été rejeté par le Haut conseil d'Etat, l'équivalent d'un Sénat, basé à Tripoli (ouest). Le Parlement a également reporté d'un mois les législatives qui devaient se tenir le même jour.


En Tripolitaine, Haftar suscite une profonde animosité depuis qu'il a tenté, en vain, de conquérir militairement la capitale entre avril 2019 et juin 2020. Son portrait, frappé d'une croix rouge, couvre les façades de plusieurs bâtiments officiels. 


"Si les élections se déroulent sur la base décrite par la Chambre des représentants sans un soutien plus large des factions politiques à l'Ouest, cela pourrait provoquer une nouvelle division de la Libye en deux gouvernements concurrents", prévient M. Kinnear. 


"Le risque serait accru si Khalifa Haftar remportait la présidence, car il est une figure toxique pour les factions armées qui ont défendu Tripoli lors de son offensive ratée", poursuit-il.

Libye: Bani Walid, la ville nostalgique de Kadhafi

Un portrait de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi entouré de deux drapeaux verts de sa "Jamahiriya", ou "Etat des masses", accueille le visiteur à Bani Walid, dans l'ouest de la Libye. Dans cette ville située aux portes du désert, les habitants cultivent encore la nostalgie du "Guide", dix ans après sa mort. 


Des constructions cubiques inachevées se succèdent dans un paysage lunaire, dominé au loin par des collines rocailleuses. D'innombrables bâtiments sont couverts d'impacts de balles et d'obus. Partout, la ville porte les stigmates de la guerre.


Bani Walid, qui abrite quelque 100.000 habitants, est un fief de la puissante tribu des Werfalla, restée fidèle au dirigeant déchu en 2011, opposant une farouche résistance aux rebelles qui l'ont finalement conquise en octobre 2012. 


Sur une place publique balayée par le vent et la poussière, une fontaine asséchée se dresse face à un vieux char rouillé. Des restes d'obus et des tubes de mortiers s'amoncellent dans un amas de ferrailles. Un grand panneau constellé des portraits des "martyrs" de la ville domine ce mémorial.


"Mouammar restera à jamais dans nos coeurs!", lance un badaud en voyant les journalistes de l'AFP. Et il n'est pas le seul à éprouver de la nostalgie pour l'ancien dirigeant, capturé il y a dix ans par des combattants révolutionnaires avant d'être exécuté. 


"Mouammar Kadhafi est un symbole. Nous serons toujours ses partisans", clame le quinquagénaire Mohamed Dairi, chemise blanche sous un gilet traditionnel brodé.

«Conspiration»
Le temps semble figé à Bani Walid, vaste oasis au relief accidenté à 170 km au sud-est de Tripoli, comme si la révolte de 2011 n'avait jamais eu lieu. Le drapeau rouge, noir et vert de l'ancien Royaume de Libye, repris après la révolte, ne flotte nulle part. C'est l'étendard vert instauré par Kadhafi, symbole de sa "révolution verte", qui est hissé çà et là.


"Avant 2011, les Libyens étaient souverains et maîtres de leur destin. Ces dix dernières années, ils n'ont connu que bombardements, injustices, meurtres et enlèvements", lâche Mohamed Abi Hamra, la mine grave, une montre à l'effigie de Kadhafi au poignet.


"La révolution est par définition un changement pour le mieux. Ce qui s'est passé en 2011 n'était pas une révolution, mais une conspiration contre la Libye", juge-t-il.  


Pourquoi cet attachement au passé? "Il suffit de comparer 42 ans (de règne de Kadhafi, NDLR) au dix dernières années", élude l'indéfectible partisan du dirigeant déchu.


Si la Libye s'est enlisée dans le chaos après le soulèvement de 2011, elle pourrait clore ce chapitre mouvementé à la faveur d'un processus politique, initié en novembre sous l'égide de l'ONU et dont l'aboutissement doit être l'élection présidentielle du 24 décembre.


Mais Bani Walid ne semble pas prête à tourner la page, elle qui ne s'est rendue aux forces rebelles progouvernementales qu'après une résistance acharnée. "C'était une première dans l'histoire: un Etat avait décidé d'attaquer une de ses villes, ses propres habitants", se souvient avec amertume Mohamed Dairi.

«Fidèles»
L'ingénieur Fathi al-Ahmar partage les mêmes rancoeurs: "Si nous sommes restés attachés à l'ancien régime, c'est que les événements de février 2011 (date de début de la révolte, NDLR) n'ont apporté que guerres, désolations, divisions et atteintes à la souveraineté de notre pays".


Le régime Kadhafi "nous garantissait la sécurité, qui manque aujourd'hui cruellement en Libye", estime-t-il. 


Mouammar Kadhafi fut, des décennies durant, taxé par l'Occident d'être à la tête d'un Etat "terroriste". 


En interne, son règne fut marqué par de multiples exactions. Pour Ahmed Abouhriba, un journaliste de 30 ans à Bani Walid, le colonel "n'était pas un dictateur, mais le garant de l'unité (...) il veillait sur les Libyens comme le ferait un père". 


Cet inconditionnel de Kadhafi vante la stabilité, la prospérité économique et les chantiers lancés sous l'ancien régime, comme pour comparer avec le quotidien actuel des Libyens, rythmé par l'insécurité, les pénuries et l'inflation.


"Tous les projets se sont arrêtés après 2011. Comment suivre les nouveaux courants politiques alors qu'ils n'ont rien construit depuis?", interroge-t-il.


Si l'ex-dictateur n'est plus, son fils Seif al-Islam Kadhafi, dont le portrait se dresse aussi à Bani Walid, a laissé entendre qu'il pourrait se présenter à l'élection de décembre. "Nous sommes restés fidèles à notre Guide Mouammar Kadhafi, nous le serons pour Seif al-Islam", promet M. Abouhriba.

«Une vie meilleure»
Pour la communauté internationale, la priorité est la tenue d'élections, malgré les travers du processus politique.


"Nous sommes conscients qu'il y a eu des irrégularités, voire des faits de corruption, mais nous continuons à croire que la solution réside dans ces élections", confie un diplomate européen à Tripoli.


Les Libyens, eux, aspirent à "une vie meilleure et à la stabilité à travers ces élections", estime l'analyste libyen Ahmed el-Rachrach.


Le règne de Kadhafi a été surtout marqué par une implacable répression de toute velléité contestataire, mais les Libyens ont connu une certaine prospérité pendant ses années au pouvoir grâce à une formidable manne pétrolière. 


Dans les années 2000, le PIB par habitant était ainsi le plus élevé du continent. La guerre a ensuite changé la donne: coupures chroniques d'électricité, infrastructures endommagées, inflation... les Libyens ont subi de plein fouet les affres de l'instabilité.


A Tripoli, une décennie de chaos a "affecté la vie des Libyens psychologiquement et économiquement", lâche Issam el-Mejri, un entrepreneur qui espère voir le futur gouvernement "désarmer" les milices et "lutter contre l'inflation". 


"Nous sommes dans un cercle vicieux à cause d'un processus politique raté", s'exaspère Abdelfattah Benour, un fonctionnaire.


Faraj Najib, commerçant à Benghazi (est), berceau de la révolte, veut rester optimiste: "les élections sont une lueur d'espoir pour les Libyens qui se sont fortement appauvris".


Bethléem renoue avec l'esprit de Noël à la faveur de la trêve à Gaza

Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À Bethléem, Noël retrouve une dimension festive après deux ans de guerre, porté par un message de paix, de solidarité et de renouveau, malgré une crise humanitaire persistante à Gaza
  • Du Vatican au Moyen-Orient, les célébrations de Noël sont marquées par des appels forts à la justice, à la trêve et à l’espérance dans un monde traversé par les conflits

BETHLÉEM: Bethléem, ville de Cisjordanie occupée et berceau du christianisme, a célébré mercredi son premier Noël festif depuis le début de la guerre à Gaza, alors qu'à des milliers de kilomètres de là, le pape Léon XIV célébrait au Vatican la première messe de Noël de son pontificat.

Sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome, devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, le pape a délivré dans son homélie un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Le chef de l'Eglise catholique devrait renouveler jeudi, en prononçant sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) ses appels à la paix. Mardi soir, il avait demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

A Bethléem, des centaines de fidèles se sont massés à l'approche de minuit dans la basilique de la Nativité, comble au point qu'ils étaient nombreux à être assis à même le sol.

Les célébrations de Noël de ces deux dernières années y avaient été ternies par la guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

Par solidarité avec les Palestiniens du territoire, les festivités avaient été annulées mais cette année, avec la trêve entrée en vigueur à Gaza en octobre, l'immense sapin de Noël s'est de nouveau illuminé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.

- "Solidarité" et "justice" -

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, arrivé mercredi, y a délivré lors de la messe une homélie pour la paix, l'espoir et le renouveau, face aux décisions politiques et équilibres de pouvoirs qui "semblent souvent déterminer le destin des peuples".

"Noël, cependant, nous invite à regarder au-delà de la logique de la domination, à redécouvrir le pouvoir de l'amour, de la solidarité et de la justice", a dit le cardinal, qui avait célébré une messe à Gaza dimanche.

Le vice-président de l'Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, était présent à la messe de Bethléem.

Dans la journée, des centaines de personnes ont envahi les rues de la ville pour assister au défilé des scouts sur l'emblématique place de la Mangeoire, égrenant les chants traditionnels.

"C'est une journée pleine de joie, parce qu'avant on ne pouvait pas célébrer à cause de la guerre", dit à l'AFP Milagros Anstas, 17 ans, dans son uniforme bleu et jaune.

Des hommes déguisés en Père Noël vendaient des pommes d'amour et des jouets, tandis que des familles se faisaient photographier devant une crèche encadrée par une étoile géante.

"Je suis venue en Terre sainte pour réaliser le rêve de toute une vie : passer Noël ici", a déclaré Ursula Whalen, venue de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.

- Crise humanitaire -

Comme ailleurs au Moyen-Orient, les chrétiens représentent une minorité en Terre sainte, avec une communauté de 185.000 personnes en Israël et 47.000 dans les Territoires palestiniens.

Malgré l'esprit de fête qui règne dans la ville, la municipalité de Bethléem a tenu à tempérer le faste des célébrations. Car en dépit du cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza restent frappés par une grave crise humanitaire.

La grande majorité des plus de 2 millions de Gazaouis ont été déplacés par le conflit et vivent dans des conditions très difficiles. Des centaines de milliers d'entre eux sont encore sous des tentes, impuissants face aux pluies hivernales.

Carmelina Piedimonte, venue d'Italie avec un groupe catholique, a estimé qu'il était essentiel que les pèlerins et les touristes reviennent dans la ville sainte afin d'aider à relancer son économie en difficulté, qui dépend quasi exclusivement du tourisme.

En Syrie, la communauté chrétienne de Damas a fêté Noël sous haute surveillance dans la vieille ville, après un attentat suicide perpétré en juin dans une église de la capitale.

En Australie, les festivités sont particulièrement assombries par l'attentat antisémite survenu le 14 décembre sur la plage de Bondi, à Sydney.

"Noël sera différent cette année", a écrit sur X le Premier ministre Anthony Albanese, évoquant "une profonde tristesse".


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.