A Khartoum, appels au calme avant une cruciale journée de manifestation

Se détachant du canal historique FLC --qui continue de revendiquer un transfert complet du pouvoir aux civils--, une faction mobilise depuis samedi ses partisans et organise un sit-in annoncé comme "illimité" devant le palais présidentiel de Khartoum.
Se détachant du canal historique FLC --qui continue de revendiquer un transfert complet du pouvoir aux civils--, une faction mobilise depuis samedi ses partisans et organise un sit-in annoncé comme "illimité" devant le palais présidentiel de Khartoum.
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Publié le Vendredi 22 octobre 2021

A Khartoum, appels au calme avant une cruciale journée de manifestation

  • Le FLC - canal historique - prévoit une "manifestation d'un million de personnes", à Khartoum et dans les autres villes du Soudan, afin de réclamer la poursuite de la transition censée mener à des élections fin 2023
  • Se détachant du canal historique, une faction mobilise depuis samedi ses partisans et organise un sit-in annoncé comme "illimité" devant le palais présidentiel de Khartoum

KHARTOUM: Les organisateurs de manifestations rivales, pro et anti-militaires, ont appelé mercredi leurs partisans au calme, à la veille d'une journée déterminante pour la transition soudanaise à laquelle le militaire à la tête des autorités intérimaires s'est redit attaché.


Insistant pour la première fois sur "le partenariat entre civils et militaires", le général Abdel Fattah al-Burhane a semblé mercredi soir vouloir rassurer la Britannique Vicky Ford, en charge de l'Afrique pour la diplomatie de la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale toujours influente au Soudan.


Car si en 2019, quand les Soudanais se sont soulevés contre Omar el-Béchir, l'union sacrée avait prévalu, elle semble aujourd'hui avoir fait long feu. 


Réunis au sein d'une coalition appelées les Forces pour la liberté et le changement (FLC), civils, partis, groupes rebelles et syndicats sont parvenus à pousser l'armée à démettre l'autocrate après 30 ans de dictature.


Aujourd'hui, les FLC sont divisées. 


Se détachant du canal historique --qui continue de revendiquer un transfert complet du pouvoir aux civils--, une faction mobilise depuis samedi ses partisans et organise un sit-in annoncé comme "illimité" devant le palais présidentiel de Khartoum.


Forte de milliers de partisans qui réclament "un gouvernement militaire", la faction comporte aussi des militants qui appellent à une reprise en main totale par le général Burhane.


Et les manifestants sont bien décidés à rester devant le palais présidentiel, jeudi y compris.


Or, jeudi également, le canal historique des FLC prévoit de son côté une "manifestation d'un million de personnes", à Khartoum et dans les autres villes du Soudan, afin de réclamer la poursuite de la transition censée mener à des élections fin 2023 pour former un gouvernement civil.


Ces deux démonstrations de force rivales font redouter des tensions dans un pays englué dans le marasme politique et économique, et déstabilisé par une tentative de putsch le 21 septembre.


Signe que la rivalité ne faiblit pas, les deux camps ont tenu mercredi des conférences de presse simultanées.


Le chef du Mouvement de libération du Soudan (MLS), Minni Minawi, désormais gouverneur du Darfour (ouest), l'un des chefs des pro-armée, a appelé à faire du "21 octobre une journée de tolérance et non d'incitation à la violence".


"Nous refusons fermement les attaques ou le recours à toute forme de violence", a renchéri le ministre des Finances Jibril Ibrahim, lui aussi chef des pro-armée.

Eviter l'affrontement 

Au même moment, Ali Ammar, porte-parole des Comités de résistance des quartiers résidentiels, une organisation qui a joué un rôle-clé dans la "révolution" de 2019, a annoncé le choix d'un itinéraire pour la manifestation pro-civils afin d'éviter les heurts.


"Nous n'irons ni aux abords du palais présidentiel ni près du bâtiment du gouvernement", où la police a récemment dispersé des pro-armée, "pour éviter tout affrontement avec le sit-in comme certains (le) voudraient", a-t-il dit.


Alors que le gouvernement soudanais a déjà mis en garde contre toute "escalade" lundi, l'ambassade américaine à Khartoum a dit mercredi "encourager les manifestants au pacifisme".


Sur Twitter, elle a également "rappelé le soutien ferme des Etats-Unis à la transition démocratique au Soudan".


Depuis plusieurs jours, Khartoum --dont la transition semble de plus en plus fragilisée-- connaît un véritable ballet diplomatique.


Mercredi, le haut diplomate américain Payton Knopf a rencontré le Premier ministre Abdallah Hamdok qui lui a redit vouloir "aller au bout des objectifs de la révolution", selon un communiqué.


Et cela avant une visite en fin de semaine de l'émissaire des Etats-Unis pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman, selon l'agence officielle Suna.


A Mme Ford, comme avant elle à d'autres diplomates, le général Burhane, chef du Conseil de souveraineté qui dirige la transition, a redit vouloir "le succès de la transition vers un gouvernement civil élu".


C'est actuellement ce Conseil de souveraineté composé de militaires et de civils qui supervise la transition avec le gouvernement emmené par le technocrate Abdallah Hamdok, un ancien économiste de l'ONU.


Si au début les slogans l'épargnaient, mercredi, entre les tentes du sit-in pro-armée son immense portrait a été déployé... barré d'une immense croix rouge.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.