Tête-à-tête avec le pape, face-à-face avec Macron : Biden à Rome vendredi pour le G20

Le président américain Joe Biden (à gauche) et la première dame américaine Jill Biden débarquent d'Air Force One à leur arrivée à l'aéroport international de Rome Fiumicino, tôt le 29 octobre 2021, à Rome, en Italie. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
Le président américain Joe Biden (à gauche) et la première dame américaine Jill Biden débarquent d'Air Force One à leur arrivée à l'aéroport international de Rome Fiumicino, tôt le 29 octobre 2021, à Rome, en Italie. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
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Publié le Vendredi 29 octobre 2021

Tête-à-tête avec le pape, face-à-face avec Macron : Biden à Rome vendredi pour le G20

  • Joe Biden va vendredi au Vatican, où il rencontrera le pape François, pour la quatrième fois de sa vie, mais pour la première fois en tant que président des Etats-Unis
  • Le président américain, qui rappelle volontiers avoir sillonné le monde comme sénateur puis vice-président, veut rallumer la flamme avec ses alliés

ROME : La rencontre s'annonce "chaleureuse" avec le pape, un tantinet moins avec Emmanuel Macron: Joe Biden est vendredi à Rome, en chauffeur de salle avant le sommet du G20, et après avoir promis un plan "historique" pour l'économie américaine.

Le président américain a atterri vers 02H25 locales (00H25 GMT) en Italie.

Juste avant de monter dans Air Force One, il a présenté à Washington un plan "historique" engageant des milliers de milliards de dépenses dans les infrastructures, la transition énergétique et les prestations sociales. 

Mais le projet attend encore le feu vert des parlementaires américains, sur fond de dissensions dans le camp démocrate.

Après des semaines de négociations tortueuses et de déconvenues, avec une cote de confiance qui s'enfonce, Joe Biden voudrait lors de son séjour européen - dans la foulée du G20 de Rome, il ira à Glasgow pour la grande conférence COP26 sur le climat - prendre un peu de hauteur, lui qui se voit en porte-parole des démocraties face aux régimes autoritaires, Chine en tête.

Mais il commencera son voyage sur une note plus intime.

Joe Biden va vendredi au Vatican, où il rencontrera le pape François, pour la quatrième fois de sa vie, mais pour la première fois en tant que président des Etats-Unis - il est le deuxième catholique jamais élu à cette fonction.

La Maison Blanche s'attend à ce que cette entrevue, à laquelle assistera aussi la Première dame Jill Biden, soit "chaleureuse", selon sa porte-parole Jen Psaki.

Joe Biden ne manque presque jamais la messe et évoque souvent le réconfort trouvé dans la foi, face à une série de deuils - la mort dans un accident de sa première épouse et de leur fille encore bébé, puis celle de son fils Beau, d'un cancer.

Officiellement, le président et le pape vont discuter vendredi de leurs préoccupations communes: la pauvreté, le changement climatique et la pandémie.

Mais les deux hommes, dont la rencontre se tiendra loin des yeux et des oreilles des journalistes, aborderont-ils aussi la question bien moins consensuelle du droit à l'avortement?

Joe Biden le défend fermement, le pape considère que l'interruption volontaire de grossesse est "un meurtre". Mais le souverain pontife a pris ses distances avec les évêques américains, qui voudraient interdire la communion aux politiciens soutenant le droit à l'avortement.

Joe Biden doit ensuite s'entretenir avec le chef du gouvernement italien Mario Draghi. 

Hôte du sommet du G20 qui se tient samedi et dimanche, l'ancien patron de la Banque centrale européenne suscite bien de l'intérêt aux Etats-Unis et ailleurs avec ses projets de réforme à marche forcée. 

Certains commentateurs peignent Mario Draghi, passé par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology et par la banque américaine Goldman Sachs, des noms familiers pour les élites américaines, en nouvelle star de la scène politique européenne.

En Europe, Biden veut rencontrer Erdogan et consulter ses alliés sur l'Iran

Le président américain Joe Biden, qui s'est envolé pour des sommets internationaux à Rome puis à Glasgow, veut rencontrer son homologue turc et consulter ses alliés sur la reprise des négociations avec l'Iran, deux dossiers chauds du moment, selon la Maison Blanche.

"Je prévois que (Joe Biden) rencontre le président de Turquie à Glasgow", où se tient un grand sommet sur le climat la semaine prochaine, "je n'ai pas de confirmation mais c'est ce que nous prévoyons en ce moment", a dit le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche.

Jake Sullivan s'exprimait depuis l'avion présidentiel américain Air Force One, alors que Joe Biden est en route pour Rome où il assistera, avant la COP26, au sommet du G20 samedi et dimanche.

"Il semble que nous nous rencontrerons à Glasgow plutôt qu'à Rome", avait déjà déclaré M. Erdogan à la presse turque.

Le président turc vient de renoncer à l'expulsion de dix ambassadeurs occidentaux, dont celui des Etats-Unis.

Les relations sont tendues entre les deux chefs d'Etat, notamment en raison de l'acquisition par Ankara d'un système de défense russe malgré son appartenance à l'Otan.

Joe Biden participe à deux rendez-vous internationaux majeurs en fin de semaine, le sommet des 20 pays les plus industrialisés (G20) qui s'ouvre samedi à Rome, puis la conférence des Nations unies sur le changement climatique à partir de dimanche à Glasgow en Ecosse (Royaume-Uni).

Le président américain en profitera pour sonder ses alliés sur une reprise des négociations sur le programme nucléaire iranien.

Samedi, en marge du G20, Joe Biden "aura l'occasion de rencontrer les chefs d'Etat et de gouvernement d'Allemagne, de France et du Royaume-Uni à propos de l'Iran, pour faire le point sur les tentatives de reprendre les négociations pour un retour" à l'accord sur le nucléaire iranien, a dit Jake Sullivan. 

Cette rencontre à quatre aura pour objectif de "se concentrer autour d'une stratégie partagée" marquée par "l'unité et la solidarité" entre Américains et Européens, a-t-il encore déclaré.

L'Iran s'est dit prêt mercredi à reprendre en novembre les négociations pour sauver l'accord sur son programme nucléaire après cinq mois d'impasse, suscitant pour l'instant une réaction prudente des Occidentaux, de plus en plus impatients.

Enfin, dimanche, à Rome, le président américain entend organiser, en plus du programme officiel du G20, une réunion sur la désorganisation des chaînes de production et de distribution à l'échelle mondiale, synonyme de livraisons retardées, d'usines bloquées et de ports engorgés.

Raviver la flamme

Alors que Joe Biden, lui, a perdu de son aura. Au G20 comme à la COP26, le président américain devra montrer qu'il n'a pas seulement rompu avec les outrances verbales de Donald Trump, mais aussi avec les tentations de repli et d'unilatéralisme.

Le retrait chaotique d'Afghanistan en août a perturbé les alliés des Etats-Unis.

Joe Biden vantera sans doute abondamment ses réformes, lui qui promet "le plus grand investissement jamais réalisé pour faire face à une crise climatique": 550 milliards de dollars pour tailler dans les émissions de gaz à effet de serre.

Mais ses partenaires internationaux l'ont vu embourbé dans la procédure parlementaire, qui n'est pas bouclée. Ils ont noté que Joe Biden a dû réduire de moitié ses promesses de dépenses sociales - qui restent, avec 1.750 milliards de dollars, gargantuesques. 

Le président américain, qui rappelle volontiers avoir sillonné le monde comme sénateur puis vice-président, veut rallumer la flamme avec ses alliés. A commencer par le président français Emmanuel Macron.

Les deux hommes doivent se voir vendredi à Rome - horaire et lieu ne sont pas encore connus - pour sceller leur réconciliation, après une très grave crise diplomatique autour d'un contrat de sous-marins australiens, que les Etats-Unis ont soufflé à la France. 

Macron et Biden se retrouvent vendredi pour surmonter la brouille

Un tête-à-tête très attendu pour remettre sur les rails la relation transatlantique: Emmanuel Macron et Joe Biden se retrouvent vendredi à Rome pour la première fois depuis la crise des sous-marins australiens qui avait provoqué la colère de Paris.

A la veille du sommet du G20, les présidents français et américains se réuniront en fin de journée soit à l'ambassade de France, dans le prestigieux palais Farnèse, soit dans une autre emprise française de Rome comme la villa Médicis. 

"C'est donc que le président Macron recevra la visite du président Biden", ce qui a "un caractère politique important", souligne l'Elysée.

Pour Paris, c'est un signe de plus qu'envoie l'administration américaine pour se rabibocher avec la France après avoir déjà fait amende honorable en reconnaissant une certaine responsabilité dans la brouille.

Washington avait été visiblement surpris par la très vive réaction française à l'annonce mi-septembre d'une nouvelle alliance, baptisée "Aukus", entre les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni dans la zone indopacifique. 

Outre le fait de ne pas avoir été consulté, Paris avait été très dépité par la première conséquence de ce partenariat: l'abandon par l'Australie d'un mégacontrat de sous-marins français.

Mécontent, Emmanuel Macron avait attendu une semaine avant de s'entretenir avec Joe Biden le 22 septembre, une discussion téléphonique qui avait permis d'amorcer la détente. Les deux dirigeants avaient alors lancé un "processus de consultations approfondies" pour rétablir la confiance durement éprouvée entre les deux alliés.

La rencontre de Rome arrive à point nommé pour "démontrer que nous avons su négocier ensemble des éléments de coopération significatifs" qui "nous permettent de cadrer la relation franco-américaine pour la suite", affirme un conseiller du président français.

Selon l'expert Pierre Morcos, du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, "Aukus va laisser des marques" mais "les deux pays semblent désireux d'avancer et de transformer cette crise diplomatique en une opportunité pour renforcer le partenariat bilatéral et rééquilibrer les liens transatlantiques".

Vertueux

Pour Paris, l'important est, au delà des promesses, d'obtenir des engagements concrets de la part de Washington.

Il cherche en particulier à obtenir la bénédiction des Américains à la création d'une véritable défense européenne, un projet cher aux Français, mais qui peine à prendre forme 30 ans après son lancement.

"L'essentiel", explique l'Elysée, est "de mettre tout le monde d'accord sur le fait qu'il n'y a pas de contradiction entre défense européenne et Alliance atlantique". "Il est vertueux de pouvoir distribuer les rôles d'une telle manière que les Européens soient des acteurs collectivement plus capables, plus engagés, plus robustes, et que les Américains soient de leur côté des alliés toujours aussi fiables".

Pour Paris, il est temps que l'ensemble des pays européens prennent la mesure du pivot stratégique opéré par les Etats-Unis vers l'Indo-Pacifique et la Chine, au détriment d'autres régions dont l'Europe ou le Moyen-Orient.

Le concept de "souveraineté européenne" cher à Emmanuel Macron suscite cependant une certaine méfiance dans plusieurs pays de l'UE, mais aussi aux Etats-Unis, où l'industrie de la défense cherche à défendre ses parts de marché sur le "Vieux continent".

Un autre souhait d'Emmanuel Macron est d'obtenir de Joe Biden un renforcement de son appui dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel. "Le soutien américain est critique" car "il nous permet d'opérer dans de meilleures conditions", souligne un conseiller du président.

Jusqu'à présent, les Etats-Unis n'ont pas publiquement détaillé comment ils entendaient "renforcer leur appui aux opérations antiterroristes", selon les termes du communiqué commun publié le 22 septembre après l'entretien Biden-Macron.

Depuis plusieurs années, les forces américaines agissent dans la discrétion au Sahel, laissant les pays de la région et la France en première ligne. Elles leur apportent surtout une aide précieuse à partir d'une importante base de drones implantée dans le nord du Niger.

Pour réchauffer les relations avec la France, l'administration Biden compte aussi sur la vice-présidente Kamala Harris, qui est attendue les 11 et 12 novembre à Paris, à l'occasion du Forum de Paris sur la paix et de la Conférence internationale sur la Libye. Elle sera reçue par Emmanuel Macron à l'Elysée.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.