Tête-à-tête avec le pape, face-à-face avec Macron : Biden à Rome vendredi pour le G20

Le président américain Joe Biden (à gauche) et la première dame américaine Jill Biden débarquent d'Air Force One à leur arrivée à l'aéroport international de Rome Fiumicino, tôt le 29 octobre 2021, à Rome, en Italie. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
Le président américain Joe Biden (à gauche) et la première dame américaine Jill Biden débarquent d'Air Force One à leur arrivée à l'aéroport international de Rome Fiumicino, tôt le 29 octobre 2021, à Rome, en Italie. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
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Publié le Vendredi 29 octobre 2021

Tête-à-tête avec le pape, face-à-face avec Macron : Biden à Rome vendredi pour le G20

  • Joe Biden va vendredi au Vatican, où il rencontrera le pape François, pour la quatrième fois de sa vie, mais pour la première fois en tant que président des Etats-Unis
  • Le président américain, qui rappelle volontiers avoir sillonné le monde comme sénateur puis vice-président, veut rallumer la flamme avec ses alliés

ROME : La rencontre s'annonce "chaleureuse" avec le pape, un tantinet moins avec Emmanuel Macron: Joe Biden est vendredi à Rome, en chauffeur de salle avant le sommet du G20, et après avoir promis un plan "historique" pour l'économie américaine.

Le président américain a atterri vers 02H25 locales (00H25 GMT) en Italie.

Juste avant de monter dans Air Force One, il a présenté à Washington un plan "historique" engageant des milliers de milliards de dépenses dans les infrastructures, la transition énergétique et les prestations sociales. 

Mais le projet attend encore le feu vert des parlementaires américains, sur fond de dissensions dans le camp démocrate.

Après des semaines de négociations tortueuses et de déconvenues, avec une cote de confiance qui s'enfonce, Joe Biden voudrait lors de son séjour européen - dans la foulée du G20 de Rome, il ira à Glasgow pour la grande conférence COP26 sur le climat - prendre un peu de hauteur, lui qui se voit en porte-parole des démocraties face aux régimes autoritaires, Chine en tête.

Mais il commencera son voyage sur une note plus intime.

Joe Biden va vendredi au Vatican, où il rencontrera le pape François, pour la quatrième fois de sa vie, mais pour la première fois en tant que président des Etats-Unis - il est le deuxième catholique jamais élu à cette fonction.

La Maison Blanche s'attend à ce que cette entrevue, à laquelle assistera aussi la Première dame Jill Biden, soit "chaleureuse", selon sa porte-parole Jen Psaki.

Joe Biden ne manque presque jamais la messe et évoque souvent le réconfort trouvé dans la foi, face à une série de deuils - la mort dans un accident de sa première épouse et de leur fille encore bébé, puis celle de son fils Beau, d'un cancer.

Officiellement, le président et le pape vont discuter vendredi de leurs préoccupations communes: la pauvreté, le changement climatique et la pandémie.

Mais les deux hommes, dont la rencontre se tiendra loin des yeux et des oreilles des journalistes, aborderont-ils aussi la question bien moins consensuelle du droit à l'avortement?

Joe Biden le défend fermement, le pape considère que l'interruption volontaire de grossesse est "un meurtre". Mais le souverain pontife a pris ses distances avec les évêques américains, qui voudraient interdire la communion aux politiciens soutenant le droit à l'avortement.

Joe Biden doit ensuite s'entretenir avec le chef du gouvernement italien Mario Draghi. 

Hôte du sommet du G20 qui se tient samedi et dimanche, l'ancien patron de la Banque centrale européenne suscite bien de l'intérêt aux Etats-Unis et ailleurs avec ses projets de réforme à marche forcée. 

Certains commentateurs peignent Mario Draghi, passé par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology et par la banque américaine Goldman Sachs, des noms familiers pour les élites américaines, en nouvelle star de la scène politique européenne.

En Europe, Biden veut rencontrer Erdogan et consulter ses alliés sur l'Iran

Le président américain Joe Biden, qui s'est envolé pour des sommets internationaux à Rome puis à Glasgow, veut rencontrer son homologue turc et consulter ses alliés sur la reprise des négociations avec l'Iran, deux dossiers chauds du moment, selon la Maison Blanche.

"Je prévois que (Joe Biden) rencontre le président de Turquie à Glasgow", où se tient un grand sommet sur le climat la semaine prochaine, "je n'ai pas de confirmation mais c'est ce que nous prévoyons en ce moment", a dit le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche.

Jake Sullivan s'exprimait depuis l'avion présidentiel américain Air Force One, alors que Joe Biden est en route pour Rome où il assistera, avant la COP26, au sommet du G20 samedi et dimanche.

"Il semble que nous nous rencontrerons à Glasgow plutôt qu'à Rome", avait déjà déclaré M. Erdogan à la presse turque.

Le président turc vient de renoncer à l'expulsion de dix ambassadeurs occidentaux, dont celui des Etats-Unis.

Les relations sont tendues entre les deux chefs d'Etat, notamment en raison de l'acquisition par Ankara d'un système de défense russe malgré son appartenance à l'Otan.

Joe Biden participe à deux rendez-vous internationaux majeurs en fin de semaine, le sommet des 20 pays les plus industrialisés (G20) qui s'ouvre samedi à Rome, puis la conférence des Nations unies sur le changement climatique à partir de dimanche à Glasgow en Ecosse (Royaume-Uni).

Le président américain en profitera pour sonder ses alliés sur une reprise des négociations sur le programme nucléaire iranien.

Samedi, en marge du G20, Joe Biden "aura l'occasion de rencontrer les chefs d'Etat et de gouvernement d'Allemagne, de France et du Royaume-Uni à propos de l'Iran, pour faire le point sur les tentatives de reprendre les négociations pour un retour" à l'accord sur le nucléaire iranien, a dit Jake Sullivan. 

Cette rencontre à quatre aura pour objectif de "se concentrer autour d'une stratégie partagée" marquée par "l'unité et la solidarité" entre Américains et Européens, a-t-il encore déclaré.

L'Iran s'est dit prêt mercredi à reprendre en novembre les négociations pour sauver l'accord sur son programme nucléaire après cinq mois d'impasse, suscitant pour l'instant une réaction prudente des Occidentaux, de plus en plus impatients.

Enfin, dimanche, à Rome, le président américain entend organiser, en plus du programme officiel du G20, une réunion sur la désorganisation des chaînes de production et de distribution à l'échelle mondiale, synonyme de livraisons retardées, d'usines bloquées et de ports engorgés.

Raviver la flamme

Alors que Joe Biden, lui, a perdu de son aura. Au G20 comme à la COP26, le président américain devra montrer qu'il n'a pas seulement rompu avec les outrances verbales de Donald Trump, mais aussi avec les tentations de repli et d'unilatéralisme.

Le retrait chaotique d'Afghanistan en août a perturbé les alliés des Etats-Unis.

Joe Biden vantera sans doute abondamment ses réformes, lui qui promet "le plus grand investissement jamais réalisé pour faire face à une crise climatique": 550 milliards de dollars pour tailler dans les émissions de gaz à effet de serre.

Mais ses partenaires internationaux l'ont vu embourbé dans la procédure parlementaire, qui n'est pas bouclée. Ils ont noté que Joe Biden a dû réduire de moitié ses promesses de dépenses sociales - qui restent, avec 1.750 milliards de dollars, gargantuesques. 

Le président américain, qui rappelle volontiers avoir sillonné le monde comme sénateur puis vice-président, veut rallumer la flamme avec ses alliés. A commencer par le président français Emmanuel Macron.

Les deux hommes doivent se voir vendredi à Rome - horaire et lieu ne sont pas encore connus - pour sceller leur réconciliation, après une très grave crise diplomatique autour d'un contrat de sous-marins australiens, que les Etats-Unis ont soufflé à la France. 

Macron et Biden se retrouvent vendredi pour surmonter la brouille

Un tête-à-tête très attendu pour remettre sur les rails la relation transatlantique: Emmanuel Macron et Joe Biden se retrouvent vendredi à Rome pour la première fois depuis la crise des sous-marins australiens qui avait provoqué la colère de Paris.

A la veille du sommet du G20, les présidents français et américains se réuniront en fin de journée soit à l'ambassade de France, dans le prestigieux palais Farnèse, soit dans une autre emprise française de Rome comme la villa Médicis. 

"C'est donc que le président Macron recevra la visite du président Biden", ce qui a "un caractère politique important", souligne l'Elysée.

Pour Paris, c'est un signe de plus qu'envoie l'administration américaine pour se rabibocher avec la France après avoir déjà fait amende honorable en reconnaissant une certaine responsabilité dans la brouille.

Washington avait été visiblement surpris par la très vive réaction française à l'annonce mi-septembre d'une nouvelle alliance, baptisée "Aukus", entre les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni dans la zone indopacifique. 

Outre le fait de ne pas avoir été consulté, Paris avait été très dépité par la première conséquence de ce partenariat: l'abandon par l'Australie d'un mégacontrat de sous-marins français.

Mécontent, Emmanuel Macron avait attendu une semaine avant de s'entretenir avec Joe Biden le 22 septembre, une discussion téléphonique qui avait permis d'amorcer la détente. Les deux dirigeants avaient alors lancé un "processus de consultations approfondies" pour rétablir la confiance durement éprouvée entre les deux alliés.

La rencontre de Rome arrive à point nommé pour "démontrer que nous avons su négocier ensemble des éléments de coopération significatifs" qui "nous permettent de cadrer la relation franco-américaine pour la suite", affirme un conseiller du président français.

Selon l'expert Pierre Morcos, du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, "Aukus va laisser des marques" mais "les deux pays semblent désireux d'avancer et de transformer cette crise diplomatique en une opportunité pour renforcer le partenariat bilatéral et rééquilibrer les liens transatlantiques".

Vertueux

Pour Paris, l'important est, au delà des promesses, d'obtenir des engagements concrets de la part de Washington.

Il cherche en particulier à obtenir la bénédiction des Américains à la création d'une véritable défense européenne, un projet cher aux Français, mais qui peine à prendre forme 30 ans après son lancement.

"L'essentiel", explique l'Elysée, est "de mettre tout le monde d'accord sur le fait qu'il n'y a pas de contradiction entre défense européenne et Alliance atlantique". "Il est vertueux de pouvoir distribuer les rôles d'une telle manière que les Européens soient des acteurs collectivement plus capables, plus engagés, plus robustes, et que les Américains soient de leur côté des alliés toujours aussi fiables".

Pour Paris, il est temps que l'ensemble des pays européens prennent la mesure du pivot stratégique opéré par les Etats-Unis vers l'Indo-Pacifique et la Chine, au détriment d'autres régions dont l'Europe ou le Moyen-Orient.

Le concept de "souveraineté européenne" cher à Emmanuel Macron suscite cependant une certaine méfiance dans plusieurs pays de l'UE, mais aussi aux Etats-Unis, où l'industrie de la défense cherche à défendre ses parts de marché sur le "Vieux continent".

Un autre souhait d'Emmanuel Macron est d'obtenir de Joe Biden un renforcement de son appui dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel. "Le soutien américain est critique" car "il nous permet d'opérer dans de meilleures conditions", souligne un conseiller du président.

Jusqu'à présent, les Etats-Unis n'ont pas publiquement détaillé comment ils entendaient "renforcer leur appui aux opérations antiterroristes", selon les termes du communiqué commun publié le 22 septembre après l'entretien Biden-Macron.

Depuis plusieurs années, les forces américaines agissent dans la discrétion au Sahel, laissant les pays de la région et la France en première ligne. Elles leur apportent surtout une aide précieuse à partir d'une importante base de drones implantée dans le nord du Niger.

Pour réchauffer les relations avec la France, l'administration Biden compte aussi sur la vice-présidente Kamala Harris, qui est attendue les 11 et 12 novembre à Paris, à l'occasion du Forum de Paris sur la paix et de la Conférence internationale sur la Libye. Elle sera reçue par Emmanuel Macron à l'Elysée.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.