Procès Hyper Cacher: Mutisme et consternation pour les survivants de l’attaque

Michel Catalano, l’un des survivants du drame, s’exprimait mercredi lors du procès des attentats de l’Hyper Cacher (Photo, Benoit PEYRUCQ/AFP).
Michel Catalano, l’un des survivants du drame, s’exprimait mercredi lors du procès des attentats de l’Hyper Cacher (Photo, Benoit PEYRUCQ/AFP).
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Publié le Dimanche 20 septembre 2020

Procès Hyper Cacher: Mutisme et consternation pour les survivants de l’attaque

  • « Ce sont des gens brisés », qui « ont eu le sentiment d'avoir subi, à ce stade, l'injustice de l'oubli », explique Me Patrick Klugman
  • Les otages de l'Hyper cacher restèrent un peu plus de quatre heures sous la menace du fusil d'assaut du jihadiste Amédy Coulibaly, qui a abattu un employé et trois des clients juifs du magasin

PARIS: Les survivants juifs de l'attentat contre la supérette Hyper Cacher se feront rares la semaine prochaine aux assises à Paris. Le procès des attentats de janvier 2015 en France a beau être présenté comme historique, la plupart préfèrent garder le silence par peur, méfiance et pour certains par amertume. 

« Ce sont des gens brisés », qui « ont eu le sentiment d'avoir subi, à ce stade, l'injustice de l'oubli », explique Me Patrick Klugman, un des avocats des parties civiles, alors que s'ouvre lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris la séquence de la meurtrière prise d'otages dans la supérette casher de la Porte de Vincennes.

« Des ex-otages à la barre, il n'y en n'aura pas beaucoup », affirme un de ses confrères Elie Korchia, qui représente Zarie Sibony, une des deux caissières revenue spécialement d'Israël.

Son témoignage, mardi, fera figure d'exception, comme ceux d'Alain Couanon, ancien diplomate, et Lassana Bathily, l'ancien magasinier, eux aussi survivants mais qui ne sont pas de confession juive.

Sur la vingtaine de parties civiles qu'il représente, Me Klugman ne produira ainsi que trois témoins à la barre.

La discrétion des victimes de cet épisode des attentats qui semèrent la terreur en France en janvier 2015 contraste avec celle de la tuerie à Charlie Hebdo, deux jours plus tôt, qui ont témoigné en nombre au procès des 14 personnes accusées de soutien logistique aux auteurs des attaques, tués par les forces de sécurité.

Pourquoi ce mutisme ? D'abord parce que « c'est très dur, elles ne veulent pas revivre ces moments-là », explique Me Korchia.

« Plus rien à dire »

Les otages de l'Hyper cacher restèrent un peu plus de quatre heures sous la menace du fusil d'assaut du jihadiste Amédy Coulibaly, qui a abattu un employé et trois des clients juifs du magasin.

Après cette scène de terreur, elles se sont senties victimes « d'avoir été oubliées comme victimes » dans une France qui voulait « se rassurer » en se disant : « c'était des juifs », soulignait Me Klugman lors d'une conférence publique la veille de l'ouverture du procès.

Elles ont aussi subi la « bureaucratie infernale mise en place pour les secourir. Certains n'ont pas supporté les échanges avec le Fonds de garantie » et la longue procédure encore ouverte pour certains, selon lui.

Pour les victimes juives, « les institutions sont aujourd'hui décrédibilisées », abonde une autre avocate des parties civiles, Laurence Cechman.

Hay Krief, le rabbin de la synagogue de Vincennes (est de Paris), à la lisière du magasin attaqué, explique que des survivants de sa communauté ont préféré « rester dans l'anonymat, sont tombés dans une forme d'agoraphobie », considérant « qu'elles n'ont plus rien à dire ».

S'ajoute aussi la peur de s'exposer et la conviction que la menace antisémite les met toujours en danger. 

« Moi je ne suis pas Charlie Hebdo, pas un journaliste, je n'aurai pas une sécurité rapprochée, je ne suis qu'un petit citoyen qui n'a rien pour se protéger. Ils (les accusés, ndlr) vont prendre quoi ? Cinq ans ? Et après ? En plus, il y en a tellement dehors, y aller, donner mon nom, pas question ! », témoigne sous couvert d'anonymat un ex-otage caché dans la chambre froide de la supérette.

« Etablir les faits »

Lui ne s'est plus exprimé publiquement depuis 2016 et a choisi d'assister au procès, anonyme, dans la salle, pour écouter. 

« Je suis rentré dans cet endroit faire mes courses et cinq ans après, je n'en suis toujours pas sorti. Ca a foutu ma vie en l'air », dit-il.

Certains ex-otages ou ceux qui ont perdu un proche ce 9 janvier 2015 ont voulu s'éloigner géographiquement du drame en immigrant en Israël, loin de ce procès historique pour la France.

Malgré ces réticences, le procès est très suivi au sein des instances représentatives des communautés juives en France.

« Il faut qu'on soit capable de mettre un nom sur les complicités, petites et grandes » des terroristes, estime le grand rabbin de France, Haim Korsia. Ce n'est « pas du tout" un procès de lampistes, juge-t-il, « il y a des coupables, des responsables. Les victimes ont besoin qu'on établisse les faits ».

« Pour l'ensemble des Français juifs, c'est un traumatisme, une plaie qui n'est pas refermée », souligne pour sa part le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Francis Kalifat.

« Au-delà du procès de complices de terroristes », ajoute-t-il, « ce sera aussi le procès de l'antisémitisme, qui tue encore en France ».


Paris : les envoyés spéciaux américain, saoudien et français réaffirment leur soutien aux forces armées libanaises

Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
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  • Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises
  • Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite

PARIS: Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts internationaux visant à soutenir la stabilité du Liban et le renforcement de ses institutions sécuritaires.

Au cours de la réunion, le général Haykal a présenté aux trois envoyés l’état d’avancement de la mise en œuvre du plan « Bouclier de la Nation », une initiative destinée à renforcer les capacités opérationnelles des Forces armées libanaises et à consolider la sécurité nationale.

Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises, saluant leur engagement et les sacrifices consentis dans un contexte sécuritaire et économique particulièrement difficile. Ils ont réaffirmé l’importance du rôle central de l’armée libanaise dans la préservation de la stabilité du pays.

Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite. Celui-ci sera chargé de préparer une conférence internationale de soutien aux Forces armées libanaises et aux Forces de sécurité intérieure, prévue pour février 2026.

Cette initiative vise à mobiliser un appui politique, financier et opérationnel accru en faveur des institutions sécuritaires libanaises, considérées par la communauté internationale comme un pilier essentiel de la stabilité du Liban et de la sécurité régionale.


L’ambassadeur d’Arabie saoudite en France célèbre la journée internationale de solidarité

Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international. (Photo Arlette Khouri)
Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international. (Photo Arlette Khouri)
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  • Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2006, cette journée vise à promouvoir l’unité dans la diversité, à sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité
  • À Paris, cette journée a été marquée par une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en France, Fahd Al Ruwaily

PARIS: Célébrée chaque année le 20 décembre, la Journée internationale de la solidarité humaine rappelle une évidence, mise à l’épreuve par les crises contemporaines et pourtant toute simple : l’humanité partage un destin commun.

Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2006, cette journée vise à promouvoir l’unité dans la diversité, à sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité et à encourager des actions concrètes en faveur de la lutte contre la pauvreté et des Objectifs de développement durable.

Dans la Déclaration du Millénaire adoptée en 2000, la solidarité est d’ailleurs consacrée comme l’une des valeurs fondamentales devant structurer les relations internationales au XXIᵉ siècle, aux côtés de la liberté, de l’égalité et de la justice sociale.

C’est dans ce cadre que l’ONU a mis en place le Fonds de solidarité mondial, destiné à soutenir les populations les plus vulnérables et à lutter contre l’extrême pauvreté.

La Journée internationale de la solidarité humaine sert donc de rappel annuel du fait que les engagements pris lors des grandes conférences internationales ne doivent pas rester de simples déclarations d’intention, mais se traduire par des politiques et des initiatives tangibles.

Une solidarité au cœur de l’action internationale

À Paris, cette journée a été marquée par une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en France, Fahd Al Ruwaily.

Devant un parterre de diplomates, de responsables religieux et de parlementaires, l’ambassadeur a souligné la portée universelle de cette date symbolique : « C’est une journée qui nous rappelle que notre humanité est partagée et que notre avenir est commun », a-t-il déclaré, inscrivant son propos dans un contexte international marqué par les conflits, les crises humanitaires et les inégalités croissantes.

Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international.

Ces valeurs, a-t-il insisté, sont profondément enracinées dans la culture saoudienne, les principes de l’islam et la Vision 2030, feuille de route stratégique qui guide la transformation du pays.

Engagement humanitaire et dialogue interculturel

Sur le terrain humanitaire, l’Arabie saoudite déploie une aide « sans distinction d’origine ou de religion », notamment à travers le Centre Roi Salmane pour l’aide humanitaire et le secours, qui intervient dans de nombreux pays en fournissant une assistance alimentaire, des soins médicaux, une aide à l’éducation et des secours d’urgence lors de crises majeures.

À cet engagement s’ajoute l’action du Fonds saoudien pour le développement, qui finance plus de 700 projets dans 93 pays, contribuant au développement des infrastructures, de la santé et de l’éducation.

Le secteur privé et les fondations caritatives jouent également un rôle important, à l’image de la Fondation caritative du prince Sultan, active en Arabie saoudite, en France et dans de nombreux pays, notamment à travers un partenariat durable avec l’UNESCO.

Sur le plan du dialogue interculturel et interreligieux, l’ambassadeur a salué le rôle de la Ligue mondiale islamique, reconnue comme membre observateur du Conseil économique et social de l’ONU.

Depuis La Mecque, cette organisation œuvre à promouvoir les valeurs de tolérance de l’islam et à combattre l’extrémisme et le radicalisme. Son action s’inscrit dans une vision plus large de coexistence pacifique et de compréhension mutuelle entre les peuples.

Selon Fahd Al Ruwaily, le Fonds franco-saoudien pour le Liban, créé en 2022, illustre cette volonté commune d’agir concrètement pour soutenir des populations en détresse. De même, les efforts humanitaires du Royaume se déploient dans des zones de crise comme Gaza, la Syrie, l’Ukraine ou le Yémen.

En conclusion, Fahd Al Ruwaily a rappelé que, face aux défis mondiaux tels que les conflits armés, le terrorisme, les crises humanitaires, le changement climatique et les inégalités, la solidarité humaine n’est plus une option, mais une nécessité.

En cette Journée internationale de la solidarité humaine, son appel est clair : renouveler l’engagement collectif en faveur d’un monde plus juste, plus sûr et plus digne, où la coopération et le dialogue demeurent les meilleurs remparts contre les fractures contemporaines.


Enquête pour corruption et perquisitions chez la ministre de la Culture Rachida Dati

Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
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  • L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati"
  • Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles"

PARIS: Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP.

La ministre, par ailleurs candidate à la mairie de Paris, est soupçonnée d'avoir perçu 299.000 euros d'honoraires du groupe industriel français GDF Suez quand elle était députée européenne, sans en déclarer la provenance au Parlement européen.

L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati", a écrit le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, dans un communiqué.

Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles".

Ces perquisitions s'inscrivent dans le cadre d'une enquête ouverte le 14 octobre et confiée à deux juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris, toujours selon ce communiqué, confirmant des informations de presse.

Tout est parti d'une enquête préliminaire conduite depuis le 16 avril "sur la base, notamment, d'un signalement Tracfin (renseignement financier, ndlr) reçu par le PNF (Parquet national financier)", explique Jean-François Bohnert.

Me Olivier Pardo, un des avocats de Mme Dati, sondé par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire. Ses autres conseils Ses autres conseils n'ont pas donné suite.

Selon une enquête diffusée début juin sur la chaîne de télévision publique France 2, les fonds du géant français de l'énergie avaient transité par un cabinet d'avocats, STC Partners, avant d'être rebasculés sur les comptes de Mme Dati en 2010 et 2011. D'après Complément d'enquête, l'origine de ces revenus n'a pas été déclarée au Parlement européen comme cela est requis pour éviter les conflits d'intérêt.

La candidate à la mairie de Paris avait qualifié sur les radio Europe 1 et télévision CNews ces accusations de "diffamatoires", assurant que les documents évoqués dans cette émission ont déjà "été examinés par la justice" dans le cadre des investigations sur l'affaire Carlos Ghosn.

Car Mme Dati est déjà renvoyée devant le tribunal correctionnel dans un autre dossier, pour corruption et trafic d'influence, dans lequel elle devra comparaître aux côtés de l'ancien tout-puissant patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn.