Ethiopie: le conflit au Tigré marqué par «une brutalité extrême»

Des soldats éthiopiens en formation à Dabat, au sud du Tigré, le 15 septembre 2021 (Photo, AFP)
Des soldats éthiopiens en formation à Dabat, au sud du Tigré, le 15 septembre 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 04 novembre 2021

Ethiopie: le conflit au Tigré marqué par «une brutalité extrême»

  • «La gravité des violations et des atteintes que nous avons recensées souligne la nécessité de tenir leurs auteurs responsables, quel que soit leur camp»
  • S'il existe des «motifs raisonnables» de croire que des «crimes de guerre et des crimes contre l’humanité» ont été commis, l'accusation de génocide nécessite de pousser les investigations plus avant

GENEVE : Le conflit au Tigré est marqué par une "brutalité extrême", a dénoncé mercredi la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, s'inquiétant aussi de l'instauration de l'état d'urgence qui pourrait aggraver encore une situation humanitaire et des droits de l'homme déjà très grave.


Mme Bachelet présentait mercredi une enquête conjointe avec les Ethiopiens, qui conclut à de possibles crimes contre l'humanité commis par toutes les parties.


"La gravité des violations et des atteintes que nous avons recensées souligne la nécessité de tenir leurs auteurs responsables, quel que soit leur camp", a estimé à Genève l'ancienne présidente chilienne.


L'enquête a été menée conjointement par ses services et la Commission éthiopienne des droits de l'homme - créée par le gouvernement éthiopien - sur le conflit qui fait des ravages depuis un an.


S'il existe des "motifs raisonnables" de croire que toutes les parties au conflit commis des violations dont certaines "peuvent constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité", l'accusation de génocide nécessite de pousser les investigations plus avant a indiqué Mme Bachelet, lors d'un point de presse.


Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed juge que le document montre "clairement que les accusations de génocide sont fausses et elles n'ont absolument aucun fondement factuel", selon un communiqué du gouvernement. Il juge qu'il balaie aussi les accusations d'avoir affamé les populations civiles.


Le document  couvre la période du 3 novembre 2020 - quand le Premier ministre et prix Nobel de la paix avait déclenché l'offensive contre les autorités dissidentes du Tigré - au 28 juin, date à laquelle Addis Abeba avait déclaré un cessez-le-feu unilatéral. Sur cette période les troupes fédérales et érythréennes venues leur prêter main forte ont commis la majorité des violences dénoncées.


Mais la situation sur le terrain a depuis beaucoup évolué , y compris l'instauration mardi de l'Etat d'urgence dans tout le pays alors que le gouvernement craint que le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ne marche sur la capitale.


Mme Bachelet, qui a souligné que les exactions commises par le TPLF avaient nettement augmenté depuis le 28 juin, s'est dite "profondément inquiète" de la déclaration de l'état d'urgence, "qui risque d'aggraver encore la situation des droits de l'homme dans le pays", tandis que de nouvelles restrictions dans l'accès à l'aide internationale, "pourraient faire basculer, pour le pire, une situation humanitaire déjà extrêmement difficile", selon un communiqué.


Elle y dénonce aussi de nouvelles exactions commises depuis le 28 juin.

Ethiopie: les forces en présence au Tigré 

La guerre qui fait rage depuis un an dans le nord de l'Ethiopie s'est encore étendue ces derniers jours avec la prise de villes stratégiques revendiquée par les rebelles tigréens, qui menacent de marcher sur la capitale Addis Abeba.


Voici un aperçu des principales forces en présence dans le conflit.

  •  L'armée fédérale éthiopienne

Avec une force estimée à 140.000 soldats, l'armée éthiopienne est l'une des plus grandes armées permanentes d'Afrique. Elle dispose d'avions de combat et de drones armés, qui ont mené des frappes sur le Tigré ces dernières semaines.


Cette armée expérimentée a mené des guerres contre l'Érythrée voisine, réprimé des rébellions et affronté les islamistes shebab en Somalie. 


Le Premier ministre Abiy Ahmed l'a envoyée au Tigré le 4 novembre 2020 après avoir accusé le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), le parti qui dirigeait la région, d'avoir orchestré des attaques contre des bases militaires.


Lorsque la capitale régionale Mekele est tombée aux mains des troupes fédérales le 28 novembre, Abiy Ahmed a proclamé la victoire.


Mais en juin, les rebelles ont repris l'essentiel de la région, avant de poursuivre dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara.


Plusieurs régions éthiopiennes ont envoyé leurs troupes pour soutenir les forces gouvernementales contre le TPLF.


Aucune information n'est disponible sur les pertes de l'armée fédérale depuis le début des combats.

  • Les rebelles du Tigré

Le TPLF a dominé la coalition qui gouvernait l'Éthiopie pendant près de 30 ans jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'Abiy Ahmed en 2018. 


Au début du conflit, le TPLF disposait d'une importante force paramilitaire et d'une milice locale bien entraînée, représentant possiblement 250.000 combattants au total, selon l'International Crise Group (ICG). 


Ces troupes étaient aguerries, ayant mené la lutte qui a renversé l'autocrate Mengistu Haïlémariam en 1991, puis combattu l'Érythrée voisine entre 1998 et 2000.


Le gouvernement fédéral a accusé les rebelles d'atrocités et d'avoir enrôlé et drogué des enfants-soldats.


Fin juin, les rebelles ont fait un retour triomphal à Mekele, faisant défiler des milliers de soldats éthiopiens capturés.


Ils ont ensuite progressé notamment vers le sud et revendiqué fin octobre la prise de Dessie et Kombolcha, deux villes amhara situées à 400 kilomètres au nord d'Addis Abeba, sans exclure de marcher sur la capitale.

  • Les rebelles oromo

En août, le TPLF a annoncé avoir fait alliance avec l'Armée de libération oromo (OLA), groupe rebelle de la région de l'Oromia, la plus grande d'Ethiopie. Les deux organisations, classées "terroristes" par le gouvernement, disent s'entendre sur le fait que "la dictature (d'Abiy) doit être renversée".


Dimanche, alors que le TPLF revendiquait la prise de Dessie et Kombolcha, l'OLA annonçait s'être emparée de localités plus au sud, sur la route d'Addis Abeba.


L'OLA, qui compterait quelques milliers de membres, contrôle aussi des territoires en Oromia, faisant peser une menace sur les routes d'approvisionnement vers la capitale. Un porte-parole de l'OLA a estimé mercredi qu'Addis Abeba pourrait tomber en quelques mois, si ce n'est en "semaines".


L'OLA est une émanation du Front de libération oromo (OLF), parti d'opposition ayant renoncé à la lutte armée depuis le retour d'exil de ses dirigeants après l'arrivée au pouvoir d'Abiy Ahmed.


Ces nationalistes oromo revendiquent l'auto-détermination pour leur ethnie, la plus importante du pays. 


Ils nourrissent une rivalité de longue date avec les Amharas, deuxième ethnie du pays. Le gouvernement les a accusés régulièrement de massacres visant les Amhara, ce qu'ils nient.

  • L'Amhara

 Les combattants de l'Amhara sont un allié majeur des forces gouvernementales depuis le début du conflit.


Des forces de sécurité régionales et des milices ont pris le contrôle de terres fertiles dans le sud et l'ouest du Tigré, que les Amhara revendiquent depuis que le TPLF les a rattachées au Tigré en 1991.


Des populations amharas sont arrivées dans l'ouest du Tigré, occupant des maisons abandonnées et des terres agricoles dans le cadre d'une campagne qualifiée de "nettoyage ethnique" par les États-Unis. 


L'implication des forces amhara a attisé les rivalités interethniques. Ces derniers mois, les autorités régionales ont appelé la population à se mobiliser en masse, affirmant que l'avancée du TPLF menaçait l'existence des Amhara.

  • L'Érythrée

Le Tigré est limitrophe de l'Érythrée, dont le président Issaias Afeworki est un allié d'Abiy Ahmed et un ennemi juré du TPLF. 


Pendant des mois, Addis Abeba et Asmara ont nié la présence de troupes érythréennes au Tigré, malgré de nombreux témoignages faisant état de pillages, de viols et d'exécutions.


Abiy Ahmed a finalement reconnu en mars leur présence, assurant que leur départ était imminent. Mais leur retrait effectif reste difficile à évaluer.

Obstacles
L'enquête - qui a connu de nombreux obstacles sur le terrain - a aussi suscité des doutes sur son impartialité d'autant qu'un des enquêteurs du Haut-commissariat a été expulsé par les autorités en même temps que six autres responsables de l'ONU.


Réagissant avant la publication, le TPLF a parlé de "méthodologie biaisée qui salit la réputation" du Haut-commissariat.


Le gouvernement a vu dans la collaboration avec l'ONU la "démonstration du sérieux" avec lequel il aborde le respect des droits de l'homme.  


Le rapport dénonce, témoignages à l'appui, des "attaques aveugles" contre les civils, des exécutions extra-judiciaires, de la torture, des enlèvements et des détentions arbitraires ou encore des violences sexuelles et des pillages.


Les enquêteurs ont rencontré des survivantes, dont presque la moitié ont été victimes de viol collectif mais aussi des cas de violences sexuelles contre des hommes et ils rapportent le cas d'un garçon de 16 ans, violé par des soldats érythréens, qui s'est ensuite suicidé.


La torture est endémique et le rapport fait aussi état de massacres suivi de représailles qui ont coûté la vie à des centaines de civils. 


Il souligne également que toutes les parties au conflit ont directement ciblé des civils et des écoles, hôpitaux ou lieux de culte.


Le rapport met aussi en exergue le rôle et les violences des troupes érythréennes, notamment en obligeant des réfugiés au Tigré à rentrer en Erythrée. Mme Bachelet a aussi dénoncé le manque total de coopération des autorités érythréennes dans l'enquête.


Le rapport fait un certain nombre de recommandations, demandant notamment au gouvernement de poursuivre les auteurs de crimes. 


Le rapport note comme "une bonne chose" l'engagement des autorités à poursuivre les auteurs des exactions et estime que la communauté internationale doit s'assurer que les auteurs seront redevables de leurs actes, en mettant sur pied une commission internationale d'enquête en vue de poursuites.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.