« Les quatre heures les plus horribles de toute ma vie » raconte Zarie Sibony, survivante de l’Hyper Cacher

Capture d’écran d’une vidéo montrant l’intervention de la police française lors de la prise d’otages à l’Hyper Cacher, en janvier 2015 (Photo, Gabrielle CHATELAIN/AFPTV/AFP).
Capture d’écran d’une vidéo montrant l’intervention de la police française lors de la prise d’otages à l’Hyper Cacher, en janvier 2015 (Photo, Gabrielle CHATELAIN/AFPTV/AFP).
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Publié le Lundi 21 septembre 2020

« Les quatre heures les plus horribles de toute ma vie » raconte Zarie Sibony, survivante de l’Hyper Cacher

  • Zarie Sibony, 28 ans, est l'une des rares survivantes de confession juive à déposer au procès des attentats de janvier 2015
  • Vers 13h15, « une première détonation, des gens qui courent ». « Une autre détonation », un client qui s'effondre. Tapie sous sa caisse, elle se remémore le premier face-à-face avec le jihadiste

PARIS: « C'était les quatre heures les plus horribles de toute ma vie ». Zarie Sibony, une des deux caissières de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, viendra raconter mardi à la barre des assises de Paris la glaçante prise d'otages dont elle a réchappé il y a plus de cinq ans.

La jeune femme « a failli ne pas venir » : d'Israël où elle réside désormais, elle a attendu les résultats d'un test de dépistage du Covid, raté son premier avion, puis fini par trouver un autre vol pour Paris, raconte-t-elle lors d'un entretien en fin de semaine dernière.

Zarie Sibony, 28 ans, est l'une des rares survivantes de confession juive à déposer au procès des attentats de janvier 2015.

Une « étape très importante » pour la jeune femme, qui veut y « représenter la voix » de François-Michel Saada, Philippe Braham, Yohan Cohen et Yoav Hattab, les quatre personnes décédées sous les balles du preneur d'otages jihadiste Amédy Coulibaly.

« Enfermée avec un fou pendant quatre heures et quatre minutes », ce vendredi 9 janvier, elle a longtemps eu en tête « les bruits des détonations, les images des corps, l'odeur de la poudre, du sang coagulé ». Maintenant, elle assure aller « beaucoup mieux ».

Elle n'hésite pas à décrire le déroulé de cet après-midi terrible, dans le magasin où elle travaillait en CDD dans « une ambiance sympa » depuis plusieurs mois.

Vers 13h15, « une première détonation, des gens qui courent ». « Une autre détonation », un client qui s'effondre. Tapie sous sa caisse, elle se remémore le premier face-à-face avec le jihadiste, « deux kalachnikovs dans chaque main », et sa phrase : « ah, t'es pas encore morte ! »

Seule interlocutrice

Il ouvre le feu, la balle la frôle. « Je ne comprends toujours pas comment il m'a ratée », témoigne-t-elle.

Zarie Sibony décrit aujourd'hui Amédy Coulibaly comme un homme « très musclé », qui « savait se servir de ses armes », à la « nonchalance » choquante.

« Je lui ai demandé : vous voulez l'argent des caisses ?. Il a rigolé. Tu as vraiment cru que j'étais venu pour de l'argent ? », se souvient-elle.

« Il m'a expliqué que les frères Kouachi et lui faisaient partie d'une même équipe, qu'ils s'étaient scindés en deux, eux étaient responsables de Charlie Hebdo, lui de la police et de nous. J'ai bien compris qu'il en avait après nous parce qu'on était juifs et français ».

« Il a aussi expliqué : je suis venu venger le prophète Mahomet et je suis venu pour mourir en martyr », dit-elle.

Parmi la vingtaine d'otages retenus à côté d'elle, la vendeuse sera quasiment sa seule interlocutrice. Sous la menace, il lui demande plusieurs fois de descendre chercher les clients réfugiés au sous-sol. De bloquer la porte de secours. De fermer le rideau du magasin. « Je me suis dit que je nous enterrais tous vivants ».

A son grand désarroi, elle ne parviendra pas à dissuader un client de rentrer. L'issue pour lui sera fatale.

Longs cheveux noirs, grand sourire triste, Zarie Sibony ne peut réprimer ses larmes en évoquant les gémissements et les trois heures d'agonie de son collègue Yohan, blessé.

« Tellement coupable »

Le preneur d'otages leur demande « est-ce que vous voulez que je l'achève ? Parce que ses bruits me dérangent ». « On a dit : non, non, laissez-le tranquille. Après je m'en suis énormément voulue, peut-être qu'on aurait dû mettre fin à ses souffrances ».

Puis c'est le dénouement : l'assaut des forces de l'ordre, « les tirs » dans tous les sens, les « otages à plat ventre » et enfin le rideau qui remonte, mais si lentement !

Sa vie maintenant est en Israël, où elle est puéricultrice et vient d'obtenir un diplôme d'infirmière, dont elle se dit « très fière ».

Faire son « aliyah », elle y pensait, avant. Zarie Sibony, qui se décrit comme une « fille religieuse de base » avait « l'habitude », dans sa banlieue parisienne, de « se faire traiter de sale juive », de se faire « cracher dessus ».

Elle a franchi le pas il y a un an. Et ne s'est « jamais autant sentie en sécurité que là-bas ». « Ils sont plus aptes à me comprendre, moi qui ait aussi vécu un acte terroriste ».

La jeune femme appréhende son témoignage mardi. Y verra-t-elle les familles des victimes décédées ? « Je me sens tellement coupable de me dire que je suis restée là-bas quatre heures et que je vais bien », quand d'autres ont été abattus au bout de deux minutes...

Dans ses moments d'angoisse trotte aussi dans sa tête « l'option que ça peut se reproduire ». « Et que cette fois-ci, je ne sortirai pas vivante ».


Troisième jour de grève au Louvre, le musée partiellement ouvert

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre. (AFP)
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  • "On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications"
  • En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants

PARIS: Les agents du Louvre ont reconduit leur mouvement de grève jeudi au troisième jour de leur mobilisation contre leurs conditions de travail, contraignant de nouveau le musée à n'ouvrir qu'une partie de ses espaces, a-t-on appris de sources concordantes.

Une délégation d'agents est par ailleurs reçue au ministère de la Culture pour tenter de trouver une issue à ce conflit qui avait conduit le Louvre à garder ses portes closes lundi, a appris l'AFP auprès du ministère. Cette mobilisation intervient alors que le musée peine à sortir de la crise provoquée par le cambriolage du 19 octobre.

De nouveau réunis en assemblée générale jeudi matin, les salariés ont approuvé la poursuite de leur mobilisation contre les problèmes de sous-effectifs, la hausse des tarifs pour les non-Européens ou la dégradation du bâtiment, ont indiqué la CFDT et la CGT.

"On est déterminés mais en tant que syndicalistes responsables on a envie d'un apaisement. Il y a eu des avancées mais ça ne répond pas à nos revendications", a déclaré à l'AFP la déléguée CFDT Valérie Baud.

En première ligne dans ce dossier, le ministère de la Culture a jusqu'à présent notamment promis l'annulation d'une baisse de 5,7 millions d'euros des dotations publiques au Louvre et des recrutements que les syndicats jugent insuffisants.

Jeudi, avec quelques heures de retard liées à la mobilisation, le musée a, comme mercredi, ouvert partiellement ses espaces aux visiteurs qui ont notamment accès au "parcours chefs d’œuvre" incluant la Joconde, la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace, a indiqué la direction à l'AFP.

"Ce n'est pas un message positif par rapport aux grévistes", a réagi la CFDT.

Parallèlement à ce conflit social, la présidente du Louvre s'est de nouveau défendue jeudi matin, au lendemain d'une audition au Sénat où sa gestion de la sécurité du musée a été durement critiquée.

Interrogée sur France Inter, Laurence des Cars a affirmé disposer encore du crédit suffisant pour se maintenir à la tête du Louvre, qu'elle dirige depuis fin 2021.

"Je suis à la manoeuvre, je dirige ce musée dans une tempête, c'est très clair, mais je suis calme, déterminée pour accompagner les 2.300 agents du Louvre", a-t-elle assuré, ajoutant prendre sa "part quotidienne" de responsabilité dans les dysfonctionnements du musée.

 


«Marseille doit continuer à être debout», appelle Amine Kessaci, invité du conseil municipal

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire. (AFP)
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  • Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes"
  • "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers"

MARSEILLE: "Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue", a appelé jeudi le militant écologiste Amine Kessaci, après le meurtre de son frère Mehdi en novembre, invité du dernier conseil municipal de la ville avant les prochaines élections municipales.

"Marseille a été debout, Marseille doit continuer à être debout face à la guerre de la drogue, face à celles et ceux qui veulent semer la terreur dans nos rues, qui veulent faire taire", a déclaré Amine Kessaci, 22 ans, endeuillé par la mort de deux de ses frères, dont un assassiné le 13 novembre sans doute pour le faire taire.

Accueilli par des applaudissements nourris, le jeune homme a réclamé "des actions concrètes". "Sans la rénovation des écoles, sans la création de services publics, sans l'action des centres sociaux, on ne pourra jamais sortir ces enfants des quartiers".

Pour le militant écologiste, "attaquer les petits jeunes au pied d'immeuble ne va pas stopper ces trafics internationaux". Il faut "exiger des pays comme l'Arabie Saoudite, comme le Qatar, comme la Thaïlande" d'extrader "les têtes de réseau qui vivent très bien de l'argent de la drogue, vivent loin du territoire et font couler le sang ici chez nous et nos enfants se retrouvent assassinés".

Mardi, lors de son déplacement à Marseille, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé sa détermination à mener la "guerre" contre le narcotrafic.

Il a affiché sa volonté d'aller "chercher dans les pays où sont les têtes de réseau de la coopération, pour pouvoir saisir leurs biens, pour pouvoir arrêter les têtes de réseau, nous les restituer".

Le chef de l’Etat doit se rendre dimanche pour le Noël aux troupes aux Emirats arabes unis, où d'importants narcotrafiquants ont trouvé refuge, selon la justice française.


Pour le Noël des armées, Macron fait cette année le choix des Emirats

La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
La ministre française de la Défense, Catherine Vautrin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 17 décembre 2025. (AFP)
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  • En se rendant aux Émirats arabes unis pour le Noël des armées, Emmanuel Macron adresse un message de soutien aux militaires français tout en réaffirmant l’engagement stratégique de la France dans une région marquée par de fortes tensions géopolitiques
  • Ce déplacement met en lumière la solidité du partenariat de défense franco-émirien, pilier de la présence militaire française dans le Golfe et vecteur de stabilité régionale

En choisissant les Émirats arabes unis pour célébrer, les 21 et 22 décembre, le traditionnel Noël des armées françaises, le président Emmanuel Macron a voulu adresser un message clair à ses militaires engagés loin de leurs familles, mais aussi aux partenaires de la France dans une région marquée par de fortes turbulences géopolitiques.

Ce déplacement présidentiel, à la fois militaire et diplomatique, illustre la solidité d’un partenariat stratégique noué de longue date entre Paris et Abou Dhabi.

Comme le veut la tradition, le président de la République partagera un moment privilégié avec les forces françaises déployées sur place, après une séquence bilatérale avec les autorités émiriennes.

Selon le palais de l’Élysée, Emmanuel Macron se rendra directement auprès des militaires : il dînera avec eux, avant de consacrer la matinée suivante à des échanges de terrain et à des démonstrations opérationnelles, au plus près de la réalité de leur engagement en période de fêtes.

Si le choix des Émirats arabes unis n’a rien d’anodin, c’est parce que la région concentre aujourd’hui un grand nombre de crises majeures : conflits persistants au Moyen-Orient, tensions maritimes affectant le commerce mondial, instabilité chronique de plusieurs États.

Un déplacement stratégique dans une région sous tension

Le Golfe est devenu un carrefour stratégique où se croisent enjeux sécuritaires, diplomatiques et économiques et, en s’y rendant, le chef de l’État entend rappeler que la France demeure un acteur militaire et diplomatique engagé à l’échelle mondiale.

Mais ce déplacement est aussi l’occasion d’incarner la relation de confiance qui lie Paris et Abou Dhabi depuis plus de trente ans.

Le partenariat de défense franco-émirien, formalisé et renforcé par un accord signé en 2009, s’est progressivement imposé comme l’un des piliers de la présence française dans la région. Il repose sur une coopération étroite, une interopérabilité accrue des forces et un partage d’objectifs communs en matière de stabilité régionale.

Les Émirats arabes unis accueillent en effet un dispositif militaire français structurant. À Abou Dhabi se trouve un état-major interarmées, à la tête duquel est placé un amiral commandant à la fois les Forces françaises aux Émirats arabes unis (FFAU) et les forces françaises déployées dans l’océan Indien.

Cette implantation est complétée par une base navale française, ainsi que par une base aérienne située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, où sont notamment stationnés des avions de combat Rafale.

À environ 70 kilomètres à l’ouest d’Abou Dhabi, dans une zone désertique, est également déployé le 5ᵉ régiment de cuirassiers, équipé de matériels de dernière génération, dont des chars Leclerc et des véhicules blindés de combat.

C’est sur ce site que se déroulera l’essentiel de la séquence militaire du déplacement présidentiel, avec une démonstration interarmées illustrant les capacités opérationnelles françaises.

Au total, près de 900 militaires français sont stationnés aux Émirats arabes unis. Ils jouent un rôle clé dans plusieurs opérations majeures.

Un partenariat militaire franco-émirien au cœur de la présence française dans le Golfe

Les moyens aériens basés aux Émirats contribuent notamment à l’opération Chammal de lutte contre le terrorisme, tandis que les capacités maritimes participent à l’opération européenne Aspides, destinée à sécuriser le trafic international en mer Rouge, récemment menacé par des attaques visant la navigation commerciale.

Au-delà de la dimension opérationnelle, la présence française aux Émirats arabes unis constitue un symbole fort de coopération stratégique et traduit la volonté partagée de renforcer la stabilité régionale, de sécuriser les grandes routes maritimes internationales et de soutenir les efforts de paix dans des zones fragilisées comme l’Irak, le Yémen, la Libye ou encore le Soudan.

Tous ces sujets pourraient être abordés lors des échanges entre le président français et le président émirien, Cheikh Mohamed ben Zayed.

En se rendant auprès des forces françaises à Noël, accompagné de la ministre des Armées, Emmanuel Macron entend surtout témoigner de son attachement personnel aux militaires engagés loin de la métropole.

Le message qu’il veut leur adresser est autant humain que politique, puisqu’il s’agit d’exprimer la reconnaissance de leur engagement et d’affirmer la crédibilité militaire française.

Dans un contexte international tendu, le choix des Émirats arabes unis pour le Noël des armées apparaît ainsi comme un signal fort : celui d’une France fidèle à ses alliances, pleinement investie dans la sécurité internationale et consciente que sa présence militaire est indissociable de relations diplomatiques durables et de partenariats stratégiques solides.