Israël rend officiellement «illégales» six ONG palestiniennes

Dimanche, le commandant Yehuda Fox, chef de l'armée israélienne pour la Cisjordanie a mis en oeuvre cette mesure par des décrets déclarant ces organisations «illégales» car «faisant partie» du FPLP et «mettant en péril la sécurité de l'Etat d'Israël». (AFP)
Dimanche, le commandant Yehuda Fox, chef de l'armée israélienne pour la Cisjordanie a mis en oeuvre cette mesure par des décrets déclarant ces organisations «illégales» car «faisant partie» du FPLP et «mettant en péril la sécurité de l'Etat d'Israël». (AFP)
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Publié le Dimanche 07 novembre 2021

Israël rend officiellement «illégales» six ONG palestiniennes

  • Le service secret intérieur israélien, le Shin Beth, avait accusé en mai ces organisations d'avoir détourné des fonds de «plusieurs pays européens» au profit du FPLP
  • Les six ONG, qui soutiennent ne pas avoir eu accès aux preuves à leur encontre, ont 14 jours pour interjeter appel de cette décision, soulignent les décrets

JERUSALEM: L'armée israélienne a signé dimanche une série de décrets rendant "illégales" jusqu'en Cisjordanie occupée six ONG palestiniennes placées récemment sur sa liste des "groupes terroristes", une mesure qui devrait encore compliquer le travail de ces organisations.


Le 22 octobre, le ministère de la Défense avait annoncé avoir placé six ONG palestiniennes, dont certaines oeuvrant pour la défense des droits humains et des prisonniers, sur sa liste noire en raison de liens supposés avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un groupe marxiste considéré comme "terroriste" par les Etats-Unis et l'Union européenne. 


Amnesty International, Human Rights Watch et de nombreuses organisations israéliennes avaient aussitôt déploré cette désignation qui pourrait avoir pour conséquence d'assécher le financement de ces ONG, dont certaines reçoivent des fonds européens, et de limiter les déplacements de leurs membres.


Dimanche, le commandant Yehuda Fox, chef de l'armée israélienne pour la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, a mis en oeuvre cette mesure par des décrets déclarant ces organisations "illégales" car "faisant partie" du FPLP et "mettant en péril la sécurité de l'Etat d'Israël".


Les six ONG, qui soutiennent ne pas avoir eu accès aux preuves à leur encontre, ont 14 jours pour interjeter appel de cette décision, soulignent les décrets.


Le service secret intérieur israélien, le Shin Beth, avait accusé en mai ces organisations d'avoir détourné des fonds de "plusieurs pays européens" au profit du FPLP, une source israélienne affirmant que "des dizaines de millions de dollars" avaient été transférés sans "qu'aucun des gouvernements ne sache où allait l'argent".


Mais un rapport de 74 pages du Shin Beth sur cette affaire --consulté ce weekend par l'AFP et dont le +972 magazine, un média palestinien indépendant, avait en premier lieu obtenu l'accès-- offre peu d'éléments pour étayer des relations entre le FPLP et les ONG.


Le dossier s'appuie sur des entretiens avec Saïd Abedat, un "membre actif" du FPLP licencié pour détournement de fonds par le "Health work committees", une organisation palestinienne pour laquelle il travaillait et qui ne fait pas partie des six ONG qualifiées de "terroristes".


Dans ses déclarations à la police israélienne, M. Abedat affirme que les employés de ces ONG sont pour la plupart des agents du FPLP. Mais le dossier n'offre aucune contre-vérification du témoignage de cet homme et des trois autres personnes interrogées. 


"Personne n'a fourni ne serait-ce que l'ombre d'une preuve. Le dossier révélé par le +972 magazine n'est fondé sur absolument rien qui pourrait, même de loin, justifier des désignations" pour terrorisme, a commenté auprès de l'AFP Michael Sfard, un avocat israélien spécialisé dans les droits humains et qui conseille notamment l'ONG al-Haq, rendue illégale. 


Contacté dimanche par l'AFP, un porte-parole du Shin Beth a indiqué ne pas avoir d'éléments à ajouter sur ce dossier. 


Les six ONG ont nié tout lien avec le FPLP. Et un dirigeant du FPLP a déclaré à l'AFP qu'il n'y avait "aucun lien" effectif entre ces organisations et son mouvement, malgré des positions communes comme l'opposition à l'occupation israélienne en Cisjordanie et le soutien au BDS, la campagne de boycottage d'Israël.


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.