L’instabilité politique en Irak soulève les enjeux de la succession d’Al-Sistani

Un membre d'Al-Hachd al-Chaabi  (unités de la Mobilisation populaire) brandit le portrait du Grand Ayatollah chiite Ali Al-Sistani, dans une rue de la ville de Basra, au sud du pays (Photo, AFP).
Un membre d'Al-Hachd al-Chaabi (unités de la Mobilisation populaire) brandit le portrait du Grand Ayatollah chiite Ali Al-Sistani, dans une rue de la ville de Basra, au sud du pays (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 08 novembre 2021

L’instabilité politique en Irak soulève les enjeux de la succession d’Al-Sistani

  • Aujourd’hui, compte tenu de l’âge avancé d’Al-Sistani, la question de la succession devient de plus en plus pressante
  • La grandeur d’Al-Sistani va peser lourd sur son successeur, qui sera probablement imprégné par ses idées et qui aura fait partie de son équipe

DUBAÏ: Mis à part le Pape François et le Dalaï Lama, rares sont les chefs religieux qui, comme le Grand Ayatollah Ali Al-Sistani âgé de 91 ans et considéré comme la référence suprême des chiites du monde, sont respectés aussi bien par les musulmans que par les non-musulmans.

Al-Sistani était un disciple de l'ayatollah Abu al-Qasim al-Khoei, qui a été pendant des décennies le leader religieux le plus connu en Irak, dans la ville sanctuaire de Najaf, où il était connu comme le «professeur de jurisprudence».

Des centaines d’étudiants assistaient à ses conférences et beaucoup d’entre eux sont devenus des juristes chiites éminents en Irak, en Iran, au Liban, au Pakistan et dans le Golfe.

Après la mort d’Al-Khoei en 1992, des érudits religieux à Najaf se sont imposés comme des muftis. Sayyid Abd Al-Ala Al-Sabziwari, Sheikh Ali Al-Gharawi et Sayyid Ali Al-Sistani étaient parmi les plus influents.

Il y avait également un groupe de juristes dans le séminaire de Qom, en Iran, qui comprenait Sayyid Mohammed-Reza Golpaygani, Mohammed Ali Al-Araki, Sayyid Mohammed Al-Ruhani et Cheikh Mirza Jawad Al-Tabrizi.

Quand plusieurs de ces muftis sont décédés, Al-Sistani a été nommé «marjaa», ce qui signifie littéralement «source à suivre» ou «référence religieuse». Ce titre lui a ainsi accordé le pouvoir de prendre des décisions juridiques dans les limites du droit islamique, malgré la présence de personnalités populaires en Iran, comme «le guide de la révolution», l’Ayatollah Ali Khamenei, et Cheikh Nasser Makarem Shirazi, ou encore les personnalités de l’Irak, à savoir Sayyid Mohammed Saeed Al-Hakim et Cheikh Ishaq Al-Fayadh.

Un supporter irakien de la coalition paramilitaire d'Al-Hachd al-Chaabi tient la photo du Grand Ayatollah chiite Ali Al-Sistani, lors d’un rassemblement devant l’ambassade américaine à Bagdad (Photo, AFP).

Al-Sistani n’a pas tardé à devenir un chef religieux populaire et digne de confiance. Mais après la chute du dictateur irakien Saddam Hussein en 2003, sa notoriété grandit encore, au-delà du séminaire de Najaf et des frontières de l’Irak.

Son influence était si grande que les délégations internationales lui rendaient régulièrement visite dans son humble maison à Najaf. Les politiciens irakiens accouraient, eux aussi, vers Al-Sistani pour obtenir son soutien. Toutefois, déçu de la propagation de la corruption et du confessionnalisme en Irak, il mit fin à ces habitudes.

Aujourd’hui, compte tenu de l’âge avancé d’Al-Sistani, la question de la succession devient de plus en plus pressante.

Au cours des derniers vingt ans, il y a eu quatre grands juristes à Najaf: Al-Sistani, Mohammed Saeed Al-Hakim, Bashir Al-Najafi et Ishaq Al-Fayadh. Al-Hakim était considéré comme le successeur probable, mais son décès le 3 septembre dernier rend la question de la succession plus floue.

Cheikh Hussein Ali Al-Mustafa, un chercheur saoudien spécialisé dans les sciences islamiques, a déclaré que la mort inévitable d’Al-Sistani serait un coup dur que la communauté saurait cependant surmonter.

 «L’époque post-Sistani fera face à tous les problèmes et le séminaire de Najaf comblera le vide, même si l’absence d’Al-Sistani constituera une grande perte non seulement pour les musulmans chiites, mais aussi pour tous ceux qui croient en la modération, la tolérance et la coexistence», a-t-il révélé à Arab News.

 «Il existe des constantes fondamentales dans l’école de jurisprudence de Najaf qui ne vont pas changer, qu’Al-Sistani soit vivant ou mort. Ces constantes sont les suivantes : éviter l’action politique directe, refuser d’avoir affaire à des partis politiques, privilégier l’intérêt du peuple et apaiser sa souffrance à travers les services économiques et sociaux, fournir des réponses satisfaisantes aux questions jurisprudentielles des croyants.»

Le Grand Ayatollah chiite Ali Al-Sistani (Photo, AFP).

Mais pourquoi l’avenir du séminaire de Najaf est-il si important ?

 «Najaf a cinq caractéristiques importantes», a dit Jawad Al-Khoei, secrétaire général de l'Institut Al-Khoei à Najaf, à Arab News. C’est l’héritage académique le plus ancien des musulmans chiites qui ait survécu jusqu’à ce jour. Il existe depuis plus de mille ans et héberge le cercueil de l’Imam Ali bin Abi Talib.

 «Najaf bénéficie d’une indépendance économique – ce qui lui permet d’émettre des fatwas librement – , refuse de mélanger religion et politique, rejette l’appel à l’établissement d’un gouvernement islamique et jouit d’une certaine liberté de recherche scientifique.»

 «Tout cela a donné à Najaf un rôle qui dépasse ses devoirs religieux : celui de défendre les intérêts du peuple, de repousser le mal et de résoudre les difficultés de vie des citoyens ainsi que leurs problèmes culturels et sociaux, sachant que le peuple constitue la préoccupation principale du «marjaa», a-t-il ajouté.

L’autorité d’Al-Sistani a de loin dépassé le rôle traditionnel du «marjaa». Cela s’est d’ailleurs fait ressentir lorsqu’il a essayé d’améliorer les relations entre les musulmans chiites et sunnites. En 2007, il a dit qu’il était «au service de tous les Irakiens», en insistant sur le fait qu’il n’y avait «pas de véritables différences entre chiites et sunnites.»

Dans l’un des discours prononcés par son représentant, il a dit: «Les chiites doivent défendre les droits sociaux et politiques des sunnites avant même que les sunnites ne le fassent, et vice-versa.»

En Bref

*Ayatollah Al-Sistani apparaît dans toutes les éditions du livre «The Muslim 500: Les musulmans les plus influents du monde.»

*En 2005 et en 2014, Al-Sistani a été candidat au prix Nobel grâce aux efforts qu’il déploie pour établir la paix.

Le patriotisme d’Al-Sistani a fait de lui une sorte de gardien pour tous les Irakiens. Sa bonne foi a été davantage mise en valeur cette année lors de sa rencontre avec le Pape François, chef de l’Église catholique – une rencontre qui a permis aux deux chefs religieux de parler de moyens de promouvoir la paix et la coexistence.

Bien sûr, la grandeur d’Al-Sistani va peser lourd sur son successeur, qui sera probablement imprégné par ses idées et qui aura fait partie de son équipe. Et la question se pose toujours : qui prendra sa place ? 

 «D’habitude, un juriste ne devient pas tout de suite «marjaa» après avoir été nommé au poste. Il doit passer par plusieurs étapes et la procédure peut durer de longues années», selon Al-Khoei.

 «Il devient «marjaa» si d’autres juristes de même rang décèdent ou s’il est nommé par des experts du séminaire et par les meilleurs professeurs qui mènent des recherches pertinentes et spécialisées pour évaluer son niveau d’expertise et son nombre de disciples, sans oublier le nombre de témoignages d’ijtihad fait par les juristes expérimentés qui l’ont précédé.»

 «Ensuite il y a les livres du juriste, leur profondeur et leur précision scientifique, sans oublier l’élément primordial – la piété.»

Il y a actuellement plus de 40 érudits religieux qui offrent des cours de «recherches externes» au séminaire de Najaf. Ces hautes études spécialisées en sciences jurisprudentielles et religieuses sont équivalentes à un doctorat dans les universités ordinaires. Ceux qui réussissent cette étape

Le chef religieux chiite d’Irak lors de sa rencontre avec le Pape François (Photo, AFP).

Les juristes les plus susceptibles de faire partie de l'ère "post-Sistani" sont divisés en trois catégories, selon une hiérarchie basée sur l'âge, l'éducation et l'expérience.

La première catégorie comprend des juristes plus âgés, de haut niveau d'éducation, qui sont fidèles à Al-Sistani. Il s'agit notamment d'Al-Fayadh et d'Al-Najafi.

Toutefois, leur âge avancé et leur style classique les rendront moins attrayants pour la nouvelle génération de chiites, qui souhaite que les «marjaa» soient plus jeunes, plus modernes et capables de comprendre l’évolution rapide de notre époque.

Al-Fayadh et Al-Najafi sont maintenant maraji taqlid – ou une «source d'émulation». Si leur statut reste inchangé, il est possible qu'un petit nombre d'«émules» d'Al-Sistani, notamment les chiites d'Afghanistan et du Pakistan, les considèrent comme leur référence après la mort d’Al-Sitani.

La deuxième catégorie comprend des juristes très instruits comme le Cheikh Baqir Al-Irwani, le Cheikh Hadi Al-Radi, le Cheikh Hassan Al-Jawahiri, Sayyid Mohammed Baqir Al-Hakim et Sayyid Mohammed Jaafar Al-Hakim.

Étant donné l'âge avancé des frères Al-Hakim, leur mode de vie ascétique, la façon dont ils évitent les questions politiques et leur refus d'adresser des fatwas, il est peu probable qu'ils soient considérés pour le poste de «marjaa» après Al-Sistani.

Al-Radi, Al-Irwani et Al-Jawahri ont un grand nombre d'étudiants et sont très respectés au sein du séminaire.

«Ces trois noms ont le plus grand avantage dans l'étape post-Sistani, en raison de leur profondeur jurisprudentielle et de leur capacité de recherche», a déclaré l'islamologue Al-Mustafa.

"Ils ont de l'expérience et de la visibilité, donc la plupart des adeptes d'Al-Sistani se référeront probablement à eux, que ce soit en Irak, dans le Golfe arabe ou en Europe."

Un combattant chiite irakien de la coalition paramilitaire d'Al-Hachd al-Chaabi  est représenté avec une image de l'Ayatollah irakien Ali Husaini Al-Sistani sur sa veste (Photo, AFP).

La troisième catégorie comprend des érudits tels que Sayyid Mohammed Ridha Al-Sistani, Sayyid Mohammed Baqir Al-Sistani, Sayyid Riyadh Al-Hakim, Sayyid Ali Al-Sabziwari, et Sayyid Sadiq Al-Khorsan. Eux aussi jouissent de l'«ijtihad» et ont des étudiants répartis dans les séminaires internationaux.

Cependant, des sources proches du séminaire de Najaf ont déclaré à Arab News que les frères Al-Sistani ne prendront pas le poste de «marjaa» après la mort de leur père parce que «les traditions du séminaire interdisent l'héritage du poste de «marjaa» de père en fils.»

Par ailleurs, «malgré les connaissances avérées de Sayyid Mohammed Ridha Al-Sistani, celui-ci n'a aucun désir d'être «marjaa». Il se contente d'enseigner et de participer à la gestion des affaires de la référence religieuse qu’est son père.»

L'Ayatollah Riyadh Al-Hakim, qui est considéré comme un modernisateur, est le fils de feu Sayyid Mohammed Saeed Al-Hakim. Il habite à la fois en Iran et en Irak et «possède une très bonne expérience administrative ainsi que la capacité de comprendre les développements politiques, sociaux et culturels», a déclaré une source proche de la famille d'Al-Hakim à Arab News.

Tout porte à croire que Mohammed Baqir Al-Irwani, le Cheikh Hassan Al-Jawahiri et le Cheikh Hadi Al-Radi sont les trois candidats les plus probables pour assumer la charge d'Al-Sistani.

Mais le processus de sélection du «marjaa suprême» est si long que le successeur d'Al-Sistani ne sera probablement pas révélé de sitôt – ni même immédiatement après la fin du règne de ce dernier.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.


Syrie: 11 morts dans de nouveaux affrontements confessionnels près de Damas

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
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  • Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut
  • En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements à caractère confessionnel aux environs de Damas, a annoncé mercredi une ONG, au lendemain d'accrochages meurtriers dans une localité syrienne voisine à majorité druze qui ont fait 17 morts.

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus de mortier s'abattent sur nos maisons", a déclaré à l'AFP au téléphone Samer Rafaa, un habitant et militant actif de Sahnaya, où une partie de la population est druze.

Selon l'OSDH, basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, l'un des deux morts à Sahnaya est un combattant druze.

Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut à la localité.

En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements.

Ces violences ont réveillé le spectre des affrontements confessionnels, après des massacres qui ont visé en mars la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

L'attaque contre Jaramana a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message et les chefs spirituels de la minorité druze ont condamné toute atteinte au prophète.