Les appels se multiplient pour la libération par Israël des Palestiniens en grève de la faim

Un manifestant palestinien hisse un drapeau national lors d'une manifestation vendredi alors qu'il fait face aux forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie occupée. (Photo, AFP)
Un manifestant palestinien hisse un drapeau national lors d'une manifestation vendredi alors qu'il fait face aux forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie occupée. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 13 novembre 2021

Les appels se multiplient pour la libération par Israël des Palestiniens en grève de la faim

  • ​​​​​​​Les Palestiniens ont organisé des rassemblements à travers la Cisjordanie et Gaza, occupées par Israël en solidarité avec la grève de la faim et pour protester contre la détention administrative
  • «La détention administrative est une mesure qu'Israël a utilisée presque exclusivement pour les Palestiniens et presque jamais pour les Juifs»

JÉRUSALEM : Israël fait face à des appels croissants pour libérer cinq Palestiniens qui sont en grève de la faim depuis des semaines pour protester contre une politique controversée qui consiste à les détenir indéfiniment sans inculpation. L’un des cinq prisonniers est en grève de la faim depuis 120 jours et est dans un état critique.

Israël juge que la politique, connue sous le nom de «détention administrative», est nécessaire pour garder des suspects sans divulguer des renseignements sensibles, tandis que les Palestiniens et les groupes de défense des droits de l’homme affirment que cette politique refuse aux inculpés une procédure régulière. Les suspects peuvent être détenus pendant des mois ou des années sans voir les preuves contre eux.

Les Palestiniens ont organisé des rassemblements à travers la Cisjordanie et Gaza occupées par Israël en solidarité avec la grève de la faim et pour protester contre la détention administrative. Les détenus ont mené plusieurs grèves de la faim ces dernières années afin de protester contre cette politique et faire campagne pour de meilleures conditions carcérales, mais la dernière semble être l'une des plus graves.

L'armée israélienne n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Les cinq Palestiniens, âgés de 28 à 45 ans, sont en grève de la faim depuis au moins 32 jours. Un sixième prisonnier a mis fin à sa grève de la faim de 113 jours jeudi après avoir appris qu'il sera libéré dans trois mois, a indiqué son avocat.

Kayed Fasfous, 32 ans, est en grève de la faim depuis au moins 120 jours et il est hospitalisé en Israël. Son poids est passé de 95 à 45 kilogrammes, selon une récente évaluation du Dr Amit Tirosh, un médecin israélien, de la part de Physicians for Human Rights-Israel. Fasfous boit environ 1,5 litre d'eau par jour et prend quelques grains de sucre à la fois, mais a arrêté de consommer du sel car cela lui fait mal à l'estomac et refuse les perfusions. Il a des difficultés à parler, souffre de pertes de mémoire à court terme, de difficultés auditives et de maux de tête permanents, ce qui fait craindre des dommages cognitifs, selon le rapport.

Tirosh a averti que l’état Fasfous met sa vie en danger et que même s'il arrête sa grève de la faim, il devra encore passer plusieurs semaines à l'hôpital.

Tirosh a souligné qu'une grève de la faim peut causer des dommages cérébraux et cognitifs «graves, prolongés et irréparables».

La détention de Fasfous a été suspendue pour des raisons de santé, mais Israël a refusé sa demande d'être transféré dans un hôpital de Cisjordanie occupée, où il confie qu'il mettrait un terme à sa grève de la faim.

«L'hôpital devient une sorte de prison», a signalé Ran Goldstein, directeur exécutif de Physicians for Human Rights-Israël. « le prisonnier n'est plus en état d’arrestation, cependant, il ne peut pas quitter Israël».

Fasfous ferait également l'objet d'une nouvelle arrestation une fois rétabli. Israël détient régulièrement des suspects palestiniens de toute la Cisjordanie occupée, notamment dans les zones gouvernées par l'Autorité palestinienne internationalement reconnue.

Des centaines de Palestiniens, dont le frère de Fasfous, ont participé jeudi à une manifestation dans la ville cisjordanienne de Dhahiriya en solidarité avec les grévistes de la faim.

«La seule revendication de Kayed est la liberté», a déclaré son frère, Khalid Fasfous. Il a affirmé que son frère avait dit à la famille «qu'il sera victorieux s'il est libéré ou s'il est mort en martyr».

Un responsable de l’administration pénitentiaire israélienne a déclaré que trois des grévistes de la faim sont dans un état stable sous surveillance médicale 24 heures sur 24 dans un établissement médical pénitentiaire, tandis qu'un autre, qui fait la grève de la faim depuis 30 jours, n'a pas besoin de ce niveau de soins.

Miqdad Qawasmeh, 24 ans, qui était en grève de la faim depuis 113 jours, a mis fin à sa grève jeudi matin après avoir appris qu'il sera libéré en février, a révélé son avocat, Jawad Boulos.

L’administration pénitentiaire israélienne a reconnu qu'elle détenait au moins 488 personnes en détention administrative.

Roy Yellin, du groupe israélien de défense des droits humains B'Tselem, a déclaré que les détenus administratifs sont détenus dans «une réalité juridique kafkaïenne qu'Israël a créée spécifiquement pour les Palestiniens sous laquelle ils sont gardés pour une durée indéterminée sans recours juridique réel de manière à prouver leur innocence».

Il a affirmé que les détenus administratifs sont souvent maintenus parce qu'ils sont soupçonnés de commettre une attaque, les juges militaires leurs accordent une approbation automatique.

«La détention administrative est une mesure qu'Israël a utilisée presque exclusivement pour les Palestiniens et presque jamais pour les Juifs», a témoigné Yellin, la qualifiant d’une partie de la «réalité de l'apartheid» adopté par la domination israélienne.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Croix-Rouge met en garde contre l'évacuation de Gaza-ville, Israël durcit le siège

Alors que la bande de Gaza est dévastée par près de 23 mois de guerre, la Défense civile, organisation de premiers secours, a fait état de 66 morts samedi dans plusieurs frappes israéliennes dans le territoire palestinien, notamment à Gaza-ville. (AFP)
Alors que la bande de Gaza est dévastée par près de 23 mois de guerre, la Défense civile, organisation de premiers secours, a fait état de 66 morts samedi dans plusieurs frappes israéliennes dans le territoire palestinien, notamment à Gaza-ville. (AFP)
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  • "Il est impossible que l'évacuation massive de la ville de Gaza puisse être menée à bien de manière sûre et digne dans les conditions actuelles", a réagi la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric dans un communiqué
  • Des milliers d'habitants ont déjà fui la ville, située dans le nord du territoire. Selon l'ONU, près d'un million de personnes vivent dans le gouvernorat de Gaza, qui comprend la ville et ses environs

GAZA: La Croix-Rouge internationale a mis en garde samedi contre une évacuation massive de la population de Gaza-ville, à l'heure où l'armée israélienne durcit le siège de l'agglomération en vue d'une offensive annoncée comme majeure contre le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Alors que la bande de Gaza est dévastée par près de 23 mois de guerre, la Défense civile, organisation de premiers secours, a fait état de 66 morts samedi dans plusieurs frappes israéliennes dans le territoire palestinien, notamment à Gaza-ville.

Malgré des pressions croissantes, tant à l'étranger qu'en Israël, pour mettre fin à la guerre, le gouvernement de Benjamin Netanyahu affirme vouloir poursuivre l'offensive et l'armée se prépare à un assaut généralisé sur Gaza-ville. L'armée a jugé "inévitable" l'évacuation de l'agglomération.

"Il est impossible que l'évacuation massive de la ville de Gaza puisse être menée à bien de manière sûre et digne dans les conditions actuelles", a réagi la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric dans un communiqué.

Des milliers d'habitants ont déjà fui la ville, située dans le nord du territoire. Selon l'ONU, près d'un million de personnes vivent dans le gouvernorat de Gaza, qui comprend la ville et ses environs.

"Les gens criaient" 

Avec l'offensive sur Gaza-ville, M. Netanyahu et ses alliés d'extrême droite disent vouloir en finir avec le Hamas, dont l'attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre, et ramener les otages enlevés ce jour-là et toujours retenus là-bas.

Le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que 66 Palestiniens  avaient été tués dans des frappes israéliennes, dont 12 personnes lors d'un raid contre des tentes abritant des déplacés dans le quartier d'al-Nasr, à Gaza-ville.

Selon Oum Imad Kahil, qui se trouvait à proximité, des enfants figurent parmi les victimes de cette frappe qui a "fait trembler la terre".

"Les gens criaient, tout le monde courait, essayant de sauver les blessés et de récupérer les martyrs gisant au sol", a déclaré cette femme de 36 ans à l'AFP.

La Défense civile, opérant sous l'autorité du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a fait état samedi matin de frappes israéliennes intenses sur Gaza-ville.

"Les bombardements étaient insensés, ils n'ont pas cessé une seconde, et nous n'avons pas dormi", a déclaré Abou Mohammad Kishko, un habitant du quartier Zeitoun, joint par téléphone.

Il dit ne pas avoir évacué la ville parce qu'"il n'y a aucun endroit sûr" dans la bande de Gaza.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante le bilan de la Défense civile.

"Inculpé de meurtre" 

Samedi en fin de journée, l'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste clé du Hamas dans la zone de la ville de Gaza", sans donner plus de détails sur son identité.

Selon des médias israéliens citant des sources de sécurité anonymes, il s'agirait du porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Obeida.

En Israël, ceux qui s'opposent à l'offensive prévue à Gaza-ville craignent qu'elle ne coûte la vie à davantage de soldats et mette en danger la sécurité des otages enlevés le 7-Octobre et encore vivants.

Des milliers de personnes ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv et dans d'autres villes pour réclamer la libération des otages et la fin de la guerre.

"Netanyahu, si mon Matan revient dans un cercueil (...), je veillerai personnellement à ce que vous soyez inculpé de meurtre", a lancé la figure de proue du Forum des familles d'otages, Einav Zangauker, en parlant de son fils.

Israël a annoncé avoir identifié les restes d'un des deux corps d'otages que l'armée avait récemment ramenés de Gaza. Il s'agit de Idan Shtivi, un jeune homme qui avait été enlevé au festival de musique Tribe of Nova.

Par ailleurs, une flottille chargée d'aide humanitaire, menée notamment par la militante suédoise Greta Thunberg, doit appareiller dimanche depuis Barcelone pour tenter de rompre le blocus de Gaza, selon ses organisateurs.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 restent retenues à Gaza dont 25 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Les représailles militaires israéliennes ont fait au moins 63.371 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé placé sous l'autorité du Hamas.


Yémen: l'ONU annonce l'arrestation d'au moins onze de ses employés par les Houthis

Une source de sécurité à Sanaa a pour sa part indiqué à l'AFP que sept employés du PAM et trois de l'Unicef avaient été arrêtés dimanche après une descente dans leurs bureaux. (AFP)
Une source de sécurité à Sanaa a pour sa part indiqué à l'AFP que sept employés du PAM et trois de l'Unicef avaient été arrêtés dimanche après une descente dans leurs bureaux. (AFP)
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  • L'annonce de la mort du chef du gouvernement des Houthis, Ahmad Ghaleb al-Rawhi et de plusieurs de ses ministres, a suscité la colère du chef des rebelles au Yémen, qui a menacé dimanche d'intensifier les attaques contre Israël
  • "Au moins 11 membres du personnel des Nations Unies ont été arrêtés", a indiqué dans un communiqué l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, "condamnant la nouvelle vague d'arrestations arbitraires de membres du personnel des Nations Unies"

SANAA: L'ONU a annoncé dimanche la détention d'au moins onze de ses employés au Yémen par les rebelles houthis, qui mènent une campagne d'arrestations après la mort jeudi de leur Premier ministre dans des frappes israéliennes.

L'annonce de la mort du chef du gouvernement des Houthis, Ahmad Ghaleb al-Rawhi et de plusieurs de ses ministres, a suscité la colère du chef des rebelles au Yémen, qui a menacé dimanche d'intensifier les attaques contre Israël.

"Au moins 11 membres du personnel des Nations Unies ont été arrêtés", a indiqué dans un communiqué l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, "condamnant la nouvelle vague d'arrestations arbitraires de membres du personnel des Nations Unies aujourd'hui à Sanaa et à Hodeïda par Ansar Allah" (nom officiel des Houthis, ndlr).

Il a dénoncé "l'entrée par effraction dans les locaux des Nations unies et la saisie de biens appartenant à l'organisation".

Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait annoncé plus tôt l'arrestation d'un de ses employés à Sanaa par les rebelles houthis qui se sont emparés de la capitale yéménite en 2014 et contrôlent aujourd'hui une grande partie du pays.

Le pouvoir yéménite internationalement reconnu, chassé de Sanaa, a lui son siège à Aden, la grande ville du Sud.

"La détention arbitraire de personnel humanitaire est inacceptable. La sûreté et la sécurité du personnel sont essentielles à la réalisation d'un travail humanitaire vital", a ajouté le PAM.

Une source de sécurité à Sanaa a pour sa part indiqué à l'AFP que sept employés du PAM et trois de l'Unicef avaient été arrêtés dimanche après une descente dans leurs bureaux.

M. Rawhi est le plus haut responsable politique connu des Houthis à avoir été tué dans des raids israéliens depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas en octobre 2023.

"Viser une réunion ministérielle avec plusieurs missiles est à la fois lâche et brutal", s'est emportée auprès de l'AFP une habitante de Sanaa qui a requis l'anonymat.

"Souveraineté" 

"Je suis effarée que certains célèbrent une telle violence, malgré nos différences, nous sommes tous les enfants du même pays", a-t-elle ajouté.

Ali, un autre habitant qui a demandé à être identifié par son seul prénom, a dénoncé "une attaque flagrante, pas seulement contre des individus, mais contre la souveraineté de tout un pays".

L'assassinat de M. Rahwi a déclenché une vague d'arrestations dans les territoires sous contrôle des Houthis.

Samedi, une source de sécurité yéménite a déclaré à l'AFP que les Houthis avaient arrêté à Sanaa, Amran (nord) et Dhamar (sud-ouest) des dizaines de personnes, "soupçonnées de collaboration avec Israël".

L'ONU avait annoncé fin janvier que huit de ses salariés au Yémen avaient été arrêtés par les rebelles houthis, qui détiennent déjà des dizaines d'employés des Nations unies et de plusieurs organisations humanitaires depuis juin 2024.

"Honte absolue" 

En juin, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exigé "leur libération immédiate et inconditionnelle" et a déploré la "tragédie déplorable" de la mort en détention d'un employé du PAM plus tôt cette année.

"Je condamne avec force les détentions arbitraires, le 31 août, d'au moins 11 membres du personnel des Nations unies par les autorités houthies de facto au Yémen dans les zones sous leur contrôle", a-t-il déclaré dans un communiqué dimanche.

Le responsable de l'ONU a appelé à la "libération immédiate et inconditionnelle" des 11 employés ainsi qu'à celle "de tous les autres employés des Nations unies, d'ONG internationales et nationales, de la société civile et de missions diplomatiques qui sont arbitrairement détenus".

Les Houthis avaient justifié les arrestations de juin par la découverte d'un "réseau d'espionnage américano-israélien" opérant sous couvert d'organisations humanitaires, des accusations fermement rejetées par l'ONU.

Dix ans de guerre civile ont plongé le Yémen dans l'une des pires crises humanitaires mondiales, selon l'ONU.

Morcelé, le pays est profondément divisé. Un comédien yéménite a ainsi suscité la controverse en publiant une vidéo se réjouissant de la mort de M. Rahwi.

Mohammed al-Adrei, qui se présente comme conseiller au ministère de l'Information du gouvernement reconnu internationalement, s'est filmé en tenue traditionnelle yéménite, poignard à la ceinture, dansant sur une musique festive.

Il a posté la vidéo quelques heures après l'annonce de l'assassinat du Premier ministre houthi.

L'écrivain Khaled al-Rowaishan s'est insurgé sur Facebook: "C'est une honte absolue de se réjouir de la mort d'un Yéménite, quel qu'il soit, tué par des missiles israéliens."

 


Israël annonce avoir tué le porte-parole de la branche armée du Hamas

Porte-parole des Brigades Ezzedine al-Qassam depuis 2002, Abou Obeida avait été l'un des chefs du Hamas à annoncer dans une vidéo l'attaque du 7-Octobre. (AFP)
Porte-parole des Brigades Ezzedine al-Qassam depuis 2002, Abou Obeida avait été l'un des chefs du Hamas à annoncer dans une vidéo l'attaque du 7-Octobre. (AFP)
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  • "Nous avons désormais peur de la nuit et de dormir dans nos tentes", affirme Iman Rajab, une habitante de Gaza, après des raids israéliens intenses ayant fait au moins 63 morts dimanche selon la Défense civile
  • "Le porte-parole terroriste du Hamas, Abou Obeida, a été éliminé à Gaza et a rejoint les autres (personnes) éliminées de l'axe du mal d'Iran, du Liban et du Yémen au fond de l'enfer", a affirmé le ministre de la Défense israélien, Israël Katz

GAZA: Israël a annoncé dimanche avoir tué le porte-parole de la branche armée du mouvement islamiste Hamas dans la bande de Gaza, à l'heure où son armée poursuit son offensive dans le territoire palestinien affamé et ravagé par la guerre.

"Nous avons désormais peur de la nuit et de dormir dans nos tentes", affirme Iman Rajab, une habitante de Gaza, après des raids israéliens intenses ayant fait au moins 63 morts dimanche selon la Défense civile.

"Le porte-parole terroriste du Hamas, Abou Obeida, a été éliminé à Gaza et a rejoint les autres (personnes) éliminées de l'axe du mal d'Iran, du Liban et du Yémen au fond de l'enfer", a affirmé le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, sur son compte X.

L'armée israélienne a également fait état de la mort de "Houdhayfa al-Kahlout, alias Abou Obeida".

Le Hamas, dont l'attaque sans précédent le 7 octobre 2023 contre Israël a déclenché la guerre à Gaza, n'a pas réagi dans l'immédiat à cette annonce.

"Ce n'est pas fini, la plupart des dirigeants du Hamas se trouvent à l'étranger, et nous les atteindrons également", a déclaré le chef d'état-major de l'armée israélienne, Eyal Zamir.

Porte-parole des Brigades Ezzedine al-Qassam depuis 2002, Abou Obeida avait été l'un des chefs du Hamas à annoncer dans une vidéo l'attaque du 7-Octobre.

Depuis le début de la guerre, il a fait des dizaines de discours télévisés et publié des messages audio, ainsi que des communiqués de presse et des tweets sur les réseaux sociaux du mouvement. Il apparaît toujours en uniforme militaire et son visage couvert d'un keffieh.

Une nouvelle vague de bombardements israéliens nocturnes a ciblé plusieurs secteurs de la bande de Gaza, dont la ville éponyme contre laquelle l'armée s'apprête à lancer une offensive d'envergure pour en finir avec le Hamas.

Au lever du jour dimanche, de la fumée s'élevait dans le ciel au-dessus de Gaza-ville, dans le nord du territoire, selon des images de l'AFP. Devant une tente détruite, des couvertures tâchées de sang se mêlent aux décombres.

"Horreur" 

"Nous prions Dieu pour que la guerre cesse car nous sommes fatigués des déplacements, nous avons peur et nous avons faim", affirme à l'AFP Iman Rajab, qui vit dans un camp de déplacés ciblé par une frappe dans le quartier de Maqousi.

"Horreur, peur et destruction. Le feu s'est déclaré dans toutes les tentes, seul Dieu nous a protégés du feu", indique Achraf Abou Amsha, habitant dans une tente plus loin.

Dans la morgue de l'hôpital Al-Chifa de Gaza-ville, des proches pleurent près de corps alignés par terre.

Dimanche, la Défense civile de Gaza a fait état de 63 personnes tuées au cours d'opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien, dont 24 près de sites de distribution d'aide.

Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait tout en rappelant qu'il lui était très difficile de réunir des informations sans l'horaire et les coordonnées précises des faits rapportés.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les informations des différentes parties.

Selon l'ONU, l'immense majorité des habitants ont été déplacés plusieurs fois par la guerre à Gaza, où les quelque deux millions d'habitants sont assiégés par Israël depuis près de 23 mois.

L'ONU a déclaré la famine dans ce petit territoire pauvre, mais Israël dément.

Fuite des habitants 

Samedi, la Croix-Rouge internationale a mis en garde contre une évacuation massive de la population de Gaza-ville, après que l'armée a jugé "inévitable" une telle évacuation en prévision de son offensive.

Des milliers d'habitants ont déjà fui la ville. Selon l'ONU, près d'un million de personnes vivent dans le gouvernorat de Gaza, incluant la ville et ses environs.

Avec l'offensive annoncée sur Gaza-ville, M. Netanyahu et ses alliés d'extrême droite disent vouloir en finir avec le Hamas et ramener les otages toujours retenus à Gaza.

Le Hamas a confirmé dimanche la mort de l'un de ses chefs, Mohammed Sinouar, trois mois après que l’armée israélienne a annoncé l'avoir tué dans une frappe à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza.

Cette attaque a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 restent retenues à Gaza dont 25 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 63.459 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.