Colombie: cinq ans de paix, moins de morts mais toujours la violence et la division

L’armée colombienne fait toujours face à 90 groupes armés, dont certains issus des anciennes FARC. (Photo, AFP)
L’armée colombienne fait toujours face à 90 groupes armés, dont certains issus des anciennes FARC. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 21 novembre 2021

Colombie: cinq ans de paix, moins de morts mais toujours la violence et la division

  • Quelques jours avant la signature, 50,21 % des Colombiens ont rejeté l'accord par référendum, douche froide obligeant à d'ultimes ajustements et plongeant le pays dans une polarisation toujours présente
  • L'accord de paix n'a pas mis fin aux violences, loin de là, mais il a permis d'épargner des vies. 262.000 personnes ont été tuées en soixante ans, dont 82% de civils

BOGOTA : En 2016, le monde applaudissait les accords de paix qui mettaient fin à la guerre en Colombie. Cinq ans plus tard, la guérilla la plus puissante d'Amérique Latine a effectivement rendu les armes, mais la paix reste fragile dans un pays toujours soumis à la violence et divisé.


Théâtre de Colon de Bogota, le 24 novembre 2016 : Juan Manuel Santos et Rodrigo Londoño, un président libéral face à un paysan marxiste à la tête de 13.000 combattants, signent un accord de 310 pages dans une ambiance crispée.


Leur accord, négocié à Cuba, prévoit des réformes politiques et agraires - la terre est la racine profonde du conflit - et la justice pour des centaines de milliers de victimes d'une guerre civile, sanglante et vaine, qui a fait en soixante ans plus de 9 millions de morts, blessés, disparus et déplacés.


Quelques jours avant la signature, 50,21 % des Colombiens ont rejeté l'accord par référendum, douche froide obligeant à d'ultimes ajustements et plongeant le pays dans une polarisation toujours présente. 


Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont depuis remis leurs armes aux observateurs de l'ONU. Devenue un parti politique (Comunes), l'ex-guérilla est désormais une force politique négligeable. 


L'accord de paix n'a pas mis fin aux violences, loin de là, mais il a permis d'épargner des vies. 262.000 personnes ont été tuées en soixante ans, dont 82% de civils. En 2017, elles étaient 78, selon le site Razon Publica.


Mais les homicides sont de nouveau à la hausse. Si le gros des FARC s'est démobilisé, il reste des dissidents qui étendent leur emprise, l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste) qui repasse à l'offensive après une tentative de paix ratée, et le trafic de drogue.

«Vide de pouvoir»

"Le désarmement des FARC a produit un vide de pouvoir et de gouvernance dont ont profité d'autres acteurs" armés, analyse Juan Carlos Garzon, chercheur à la Fondation des idées pour la paix, qui s'inquiète de l'incapacité de l'Etat à "offrir des garanties de protection" à la population. 


Les anciens combattants ont ainsi payé un lourd tribut depuis la signature de l'accord: 293 ont été assassinés. D'autres ont repris les armes, comme Ivan Marquez, ex-négociateur en chef de la guérilla.


Aujourd'hui, selon l'Institut d'études sur le développement et la paix (Indepaz), il existe 90 groupes armés comptant près de 10.000 membres. 


L'accord de paix, qui encourageait par ailleurs la substitution volontaire des cultures illégales -dont l'incontournable coca-, n'a pas entamé le juteux narcotrafic. La Colombie continue de produire et d'exporter de la cocaïne en quantités record.


Les FARC ont accepté de se soumettre à la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), créé par l'accord de paix, qui pourra également juger les paramilitaires (souvent liés à l'extrême droite) et agents de l'Etat impliqués dans des violations des droits humains.


En échange des aveux de leurs crimes, de réparations aux victimes et d'absence de récidive, ils peuvent bénéficier de peines alternatives à la prison.


Ce modèle colombien –qui comprend aussi une Commission vérité et une Unité de recherche des personnes disparues– entend placer les victimes au centre de la justice, visant à guérir les blessures de la société et instaurer une paix durable.

Gouvernement schizophrène?
"Le processus de paix a servi les coupables, alors qu'il n'a pas servi les victimes des FARC", accuse pourtant le général de police Luis Mendieta, otage des rebelles pendant 12 ans. 


Les juges s'apprêtent à prononcer les premières sentences contre les ex-chefs rebelles pour 21.000 enlèvements.


"Nous coopérons (...) mais c'était une guerre de plus de 50 ans et la résoudre en un, deux ou trois ans ne va pas être possible", prévient l'ex-guérillera et sénatrice Sandra Ramirez.


Le gouvernement du président conservateur Ivan Duque, élu en 2018, issu du parti de droite le plus opposé au processus de paix, se retrouve dans la situation schizophrène de mettre en oeuvre des accords contre lesquels il s'est longtemps battu.


"Nous n'étions pas contre la paix, mais pour réformer et corriger les choses qui pouvaient mal tourner", justifie-t-il aujourd'hui. Dans un entretien à l'AFP, il défend les "avancées" réalisées sur le cadastre ou la présence de l'Etat dans les zones isolées. 


La paix a aussi ouvert la voie à une transformation de la société, qui n'hésite plus à descendre dans les rues pour prendre la parole. En deux ans, des millions de personnes se sont mobilisées, malgré la répression policière, pour réclamer un pays moins inégalitaire et un Etat plus solidaire.


"Faire taire les armes a permis à la société colombienne de voir le bruit de tonnerre de la corruption et l'énorme inégalité" du pays, juge la sénatrice Ramirez. 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.