Omar Yaghi est la preuve vivante qu’il faut suivre ses rêves

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Publié le Dimanche 21 novembre 2021

Omar Yaghi est la preuve vivante qu’il faut suivre ses rêves

Omar Yaghi est la preuve vivante qu’il faut suivre ses rêves
  • Lorsqu’il était enfant, Omar Yaghi a vu des représentations de molécules dans certaines publications. Elles l’ont fasciné au point qu'il a décidé de se lancer dans une carrière de chimiste
  • Yaghi a désormais pour ambition de récolter l'eau potable des atmosphères les plus arides de la planète afin que l'humanité puisse avancer et survivre

Dans une interview qu’il a donnée cette semaine, Omar Yaghi explique qu’il a consacré sa vie à sa passion: la chimie. Même si toutes les subtilités des principes et des équations m’échappent, j’ai compris que ce chercheur proposait un processus destiné à récupérer l'eau de l'atmosphère.

Yaghi est un scientifique jordanien de renommée mondiale qui vient d'obtenir la nationalité saoudienne. Il explique que ce processus est déjà en cours, principalement dans des environnements humides, où l'eau est abondante. Mais le fait de récolter de l'eau propre et utilisable dans l'atmosphère d'un désert devrait un jour changer la façon dont les humains survivent sur cette planète.

Je sais de quoi il parle. Chaque année, pendant la saison des pluies, ma femme utilise un système similaire qu'elle achète dans un magasin de proximité: une petite boîte en plastique qui recueille l'eau de l'air lorsque l'humidité est élevée. Toutes les deux semaines, le conteneur est rempli de près d'un gallon (3,78 litres, NDLR) d'eau extraite de l'air de notre maison. Si cette eau ne semble guère potable, elle pourrait être traitée pour le devenir.

Yaghi, qui enseigne à l'université de Californie, à Berkeley, pousse ce processus encore plus loin. Lorsque nous avons réalisé cette interview pour Arab News, nous avons évoqué les progrès que l'humanité a réalisés dans le domaine des communications.

Quand j'étais jeune, dans les années 1950, mon père a acheté le premier téléphone de notre famille: une grande machine, lourde et encombrante, qui était posée sur une table et se trouvait connectée à une ligne fixe dans notre maison de Chicago. Elle permettait aux frères et sœurs de mes parents de les appeler de Palestine. Au fil des ans, les gens ont rêvé de rendre cette technologie mobile, tandis que l'industrie des loisirs a même imaginé un petit écran vidéo que vous pourriez porter au poignet pour communiquer avec n'importe qui dans le monde, à tout moment et où que vous soyez.

Aujourd'hui, la technologie cellulaire est si sophistiquée que j'ai une montre au poignet qui se connecte à mon téléphone portable; je peux non seulement parler à des amis et à des collègues du monde entier, mais les voir en direct, et à moindre coût. Cette technologie a permis aux gens d'étendre leur travail et leurs énergies pour construire des réseaux de connaissances et de collaboration qui font progresser tous les domaines.

Selon Omar Yaghi, les parents devraient permettre à leurs enfants d’écouter leur imagination et leurs rêves en les laissant choisir la carrière qu'ils souhaitent.

Ray Hanania

Alors que Yaghi expliquait son concept, je me suis souvenu d’un autre fantasme véhiculé par l'industrie des loisirs à travers Dune. À l’origine, il s’agit d'un roman écrit par Frank Herbert publié en 1965; il a été adapté au cinéma en 1984. Ce récit de science-fiction décrit la manière dont les gens peuvent se déplacer presque instantanément d’une planète à l’autre à travers l'univers grâce à un produit chimique appelé «épice», qui sert à alimenter leur voyage. Cette précieuse denrée a été trouvée puis récoltée sur une seule planète, sur laquelle les habitants portent ce que l'on appelle des «combinaisons» qui recyclent l'humidité du corps pour créer aussitôt de l'eau potable. Le film a fait l’objet d’un remake et cette nouvelle version, plus avancée sur le plan technologique, est sortie cette année.

Imaginez des êtres humains dans le désert qui se promènent avec de petits appareils de type cellulaire au poignet pour récupérer l'eau d’une atmosphère sèche et aride et qui créent de l'eau potable chaque fois que cela est nécessaire. Personne ne mourrait de soif. Et le processus ferait littéralement «fleurir le désert» – une expression utilisée dans le passé pour alimenter les guerres.

Yaghi m’a confié avoir rêvé de tout cela. Mais ces rêves n’étaient guère du goût de ses parents, qui désiraient qu'il soit médecin ou ingénieur. Lorsqu’il était enfant, il a vu des représentations de molécules dans certaines publications. Elles l’ont fasciné au point qu'il a décidé de se lancer dans une carrière de chimiste.

Après notre entretien, il m'a parlé de la tendance qu’ont certains parents du Moyen-Orient de pousser de manière excessive les enfants à opter pour des carrières qui ne les intéressent pas forcément. Selon lui, les parents devraient permettre à leurs enfants d’écouter leur imagination et leurs rêves en les laissant choisir la carrière qu'ils souhaitent.

C’est justement en suivant ses rêves, qui allaient à l’encontre des ambitions de ses parents, que Yaghi s’est révélé dans le domaine de la chimie. Il a désormais pour ambition de récolter l'eau potable des atmosphères les plus arides de la planète afin que l'humanité puisse avancer et survivre.

C’est pourquoi cet immigrant né en Jordanie de parents palestiniens s'est vu offrir cette semaine, en compagnie de plusieurs autres visionnaires de talent, la citoyenneté saoudienne par décret royal.

L'histoire de Yaghi n’est seulement celle d’un visionnaire particulièrement doué: c'est aussi l'histoire de l'humanité et de sa quête de survie. C’est encore celle d'un jeune Arabe qui a eu la liberté d’écouter ses rêves, et non ceux qui sont parfois mis en avant par notre belle culture.

 

Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Internet personnel à l'adresse www.Hanania.com.
Twitter: @RayHanania

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.