Maghreb: le règne des ministres est plus court dans la Tunisie post-Ben Ali

Après la chute du précédent régime, le pays a connu treize gouvernements – y compris le dernier, dirigé par Mme Najla Bouden, entrée en fonction le 12 octobre 2021 –, dix chefs de gouvernements et plus de deux cent cinquante ministres et secrétaires d’État en seulement onze ans. (AFP).
Après la chute du précédent régime, le pays a connu treize gouvernements – y compris le dernier, dirigé par Mme Najla Bouden, entrée en fonction le 12 octobre 2021 –, dix chefs de gouvernements et plus de deux cent cinquante ministres et secrétaires d’État en seulement onze ans. (AFP).
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Publié le Mardi 23 novembre 2021

Maghreb: le règne des ministres est plus court dans la Tunisie post-Ben Ali

  • Avec un gouvernement tous les ans en moyenne, la longévité du personnel gouvernemental n’est plus ce qu’elle était avant le 14 janvier 2011
  • Le pays est aujourd’hui une démocratie, même si elle est très imparfaite, et cela se traduit par une stricte limitation des pouvoirs du président

TUNIS: Avec un gouvernement tous les ans en moyenne, la longévité du personnel gouvernemental n’est plus ce qu’elle était avant le 14 janvier 2011. Entre le 7 novembre 1987, date de l’arrivée de Zine el-Abidine ben Ali au pouvoir, et le 14 janvier 2011, la Tunisie a vu défiler cinq gouvernements, trois Premiers ministres et plus de trois cents ministres et secrétaires d’État.

Après la chute du précédent régime, le pays a connu treize gouvernements – y compris le dernier, dirigé par Mme Najla Bouden, entrée en fonction le 12 octobre 2021 –, dix chefs de gouvernements et plus de deux cent cinquante ministres et secrétaires d’État en seulement onze ans. Ce qui signifie que, sous Ben Ali, la longévité des gouvernements et de leurs membres était très largement supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui.

Dans la Tunisie d’aujourd’hui, rares sont les ministres qui réussissent à rester au gouvernement plus de deux ans.

D’ailleurs, au fil des ans, l’ancien président a pu se constituer une sorte de commando fort d’une douzaine de personnalités. Rien de semblable n’existe dans la Tunisie d’aujourd’hui, pour deux raisons. D’abord, le pays est aujourd’hui une démocratie, même si elle est très imparfaite, et cela se traduit par une stricte limitation des pouvoirs du président – sauf depuis le coup de force du 25 juillet dernier. Ensuite, alors qu’il n’a connu que deux présidents en cinquante-trois ans (1957-1987), il en a vu se succéder cinq depuis 2011; aucun d’entre eux n’a donc régné aussi longtemps que Ben Ali.

De ce fait, dans la Tunisie d’aujourd’hui, rares sont les ministres qui réussissent à rester au gouvernement plus de deux ans. Sur les deux cent cinquante ministres et secrétaires d’État depuis le 14 janvier 2011, en effet, seuls trente-deux ont réussi cette performance.

Le recordman est un ministre du mouvement Ennahdha qui a appartenu à deux gouvernements distincts pendant cinq ans et neuf mois. Il s’agit de Ridha Saïdi, qui a fait partie des deux gouvernements de la troïka.

Vingt d’entre eux faisaient partie du gouvernement de coalition appelé «troïka», composé d’Ennahdha et de deux autres formations, qui a gouverné durant deux ans (entre les mois de décembre 2011 et janvier 2014). Ils sont restés au gouvernement entre deux et trois ans. Les douze autres, durant les onze dernières années, sont les champions de la longévité. Parmi ces derniers figure un «top six» des personnalités qui sont restées au pouvoir pendant plus de quatre ans.

tunisie
Ici, cette photo du 2 septembre 2020 montre le Premier ministre d'alors Hichem Mechichi et son gouvernement. (AFP). 

Dans cette catégorie, le recordman est un ministre du mouvement Ennahdha qui a appartenu à deux gouvernements distincts pendant cinq ans et neuf mois. Il s’agit de Ridha Saïdi, qui a fait partie des deux gouvernements de la troïka – menés respectivement par Hamadi Jebali et par Ali Larayedh – comme ministre auprès de la présidence du gouvernement chargé du dossier économique. Youssef Chahed l’a intégré à son équipe au mois d’août 2016 comme conseiller économique.

Ridha Saïdi est précisément talonné par M. Chahed (cinq ans et trois mois). Avant d’être chargé, en août 2016, de former un nouveau gouvernement, il a fait partie du précédent, dirigé par Habib Essid, successivement en tant que secrétaire d’État chargé de la pêche auprès du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, puis comme ministre des Affaires locales. Youssef Chahed est ex-aequo avec Mohamed Salah Arfaoui, qui a été son ministre de l’Équipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, puis son conseiller, après avoir été celui de Habib Essid.

Si l’on prend en compte les fonctions qu’il a assumées au sein de l’État, mais en dehors du gouvernement, le champion de la longévité politique est Mohamed Ennaceur, président de l’ARP pendant cinq ans après avoir été ministre des Affaires sociales dans le gouvernement de Béji Caïd Essebsi.

Après ce tandem, place à un autre ministre nadhdhaoui, Zied Ladhari, qui fut ministre – de l’Emploi et de la Formation professionnelle, de l’Industrie et du Commerce, puis du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale – pendant quatre ans et onze mois. L’ancien chef du gouvernement Habib Essid a été ministre de l’Intérieur dans le gouvernement du futur président de la république Béji Caïd Essebsi (de décembre 2011 à décembre 2012). Il fut ensuite nommé conseiller en sécurité des deux chefs de gouvernements de la troïka, Hamadi Jebali et Ali Larayedh.

Mme Samira Meraï, vice-présidente dans l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), suspendue le 25 juillet 2021 par le président Kaïs Saïed, avait été ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance dans le gouvernement Essid, et ministre de la Santé dans celui de M. Chahed, ferme la marche (quatre ans et sept mois).

Deux autres anciens ministres font également partie de ce club: Salma Elloumi Rekik et Mongi Marzouk. La première est restée trois ans et onze mois au gouvernement en tant que ministre du Tourisme et de l’Artisanat. Le second a pris à trois reprises et pendant un total de quarante-neuf mois ses fonctions à Orange pour se mettre au service du gouvernement de la troïka (ministère des Technologies de l’information et des Communications), de celui d’Essid (Énergie et Mines) et de celui de Fakhfakh (Énergie, Mines et Transition énergétique).

Cependant, si l’on prend en compte les fonctions qu’il a assumées au sein de l’État, mais en dehors du gouvernement, le champion de la longévité politique est Mohamed Ennaceur, président de l’ARP pendant cinq ans après avoir été ministre des Affaires sociales dans le gouvernement de Béji Caïd Essebsi.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.