L’UE et l’Arabie saoudite «d’accord sur la voie à suivre» dans la Corne de l’Afrique, affirme Annette Weber à Arab News

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Publié le Jeudi 25 novembre 2021

L’UE et l’Arabie saoudite «d’accord sur la voie à suivre» dans la Corne de l’Afrique, affirme Annette Weber à Arab News

  • Annette Weber, représentante spéciale de l’UE, qualifie de «très fructueux» les entretiens avec les ministres et les responsables humanitaires saoudiens
  • Sa visite à Riyad avait pour but de mieux comprendre la position saoudienne sur la mer Rouge et d’échanger sur la situation au Soudan et en Éthiopie

RIYAD: Avec ses ressources naturelles, ses marchés de consommation lucratifs et sa situation maritime stratégique, la Corne de l’Afrique est un lieu attrayant pour les investissements et un espace géostratégique important. En même temps, la région, y compris la mer Rouge, est confrontée à des défis qui dépassent les frontières nationales, notamment les conflits, l’extrémisme violent, la traite des êtres humains, les déplacements forcés, la pandémie de Covid-19 et les contraintes environnementales. 

En tant que représentante spéciale de l’UE pour la Corne de l’Afrique, la mission d’Annette Weber est de promouvoir les politiques et les intérêts européens dans la région, dont la mer Rouge, et dans les différents pays qui en font partie. Les représentants spéciaux jouent un rôle actif dans les efforts de consolidation de la paix, de la stabilité et de l’Etat de droit, et soutiennent le travail du bureau du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. 

Lors de sa visite en Arabie saoudite cette semaine, sa première dans le pays depuis qu’elle a pris ses fonctions le 1er juillet, Mme Weber a eu des «entretiens très fructueux» avec le ministre d’État aux Affaires étrangères, Adel al-Joubeir, le ministre d’État aux Affaires africaines, Ahmed ben Abdelaziz Kattan, le superviseur général du Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane (KSrelief), Abdallah al-Rabeeah, et le PDG du Fonds saoudien pour le développement, Sultan al-Marshad. 

«La raison de ma venue dans le pays est de mieux comprendre la position saoudienne sur la mer Rouge et d’échanger des points de vue sur la situation actuelle au Soudan et en Éthiopie», précise Mme Weber lors d’une interview exclusive accordée à Arab News

«Je pense que nous sommes alignés sur quasiment tout. Nous partageons les mêmes préoccupations, sommes  d’accord sur la voie à suivre et sur la manière de nous impliquer. Nous avons eu des entretiens très fructueux, très positifs», explique-t-elle. 

Mais l’Arabie saoudite, pilier du Conseil de coopération du Golfe (CCG), joue-t-elle un rôle dans la poursuite des objectifs de l’UE en mer Rouge et dans la Corne de l’Afrique? 

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Lors de sa visite en Arabie saoudite cette semaine, sa première dans le pays depuis qu’elle a pris ses fonctions le 1er juillet, Mme Weber a eu des «entretiens très fructueux» avec le ministre d’État aux Affaires étrangères, Adel al-Joubeir. (Photo, Ministère saoudien des Affaires étrangères) 

«Absolument», répond Mme Weber, citant le Conseil des États arabes et africains bordant la mer Rouge et le Golfe d’Aden, fondé en janvier 2020 avec pour objectif de protéger les voies navigables. Le Conseil, qui comprend, outre l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie, l’Érythrée, le Yémen, le Soudan, Djibouti et la Somalie, vise à renforcer la coopération entre les pays dans la lutte contre la piraterie, la contrebande et les autres menaces auxquelles sont exposées les routes maritimes internationales. 

«Le Conseil est un organe essentiel et j’espère que nous pourrons y trouver un intérêt commun», déclare Mme Weber. «Pour nous, en Europe, il s’agit de la principale route commerciale vers l’Asie, qui achemine 23 à 30% de nos échanges commerciaux. Nous avons un intérêt commun à assurer la sécurité maritime, à contrôler la piraterie et à combattre les djihadistes qui mènent leurs opérations depuis les côtes.» 

«Nous avons plus d’un intérêt commun. La mer Rouge nous connecte beaucoup plus qu’elle ne divise. Il est très intéressant de le constater dans les relations entre les pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, et la Corne de l’Afrique», assure-t-elle. 

Avant de se rendre à Riyad, Mme Weber s’est arrêtée à Bahreïn pour participer au dialogue de Manama organisé par l’Institut international d’études stratégiques (IISS), un forum annuel de haut niveau où sont discutés les défis les plus pressants en matière de sécurité au Moyen-Orient. 

Elle s’est exprimée lors d’une conférence intitulée «Dynamique de la sécurité en mer Rouge et en Méditerranée», un sujet d’une importance considérable maintenant que le Conseil de l’UE entend renforcer son partenariat avec la Corne de l’Afrique et établir une nouvelle stratégie pour la région. «Ma mission comme représentante spéciale de l’UE est d’établir des liens entre les pays de la Corne de l’Afrique et de la région de la mer Rouge», indique Mme Weber. «Il ne s’agit pas seulement de diplomatie de crise, mais plutôt de développer le potentiel de la région et de réunir les principaux pays de la Corne et ceux du Golfe.» 

«Cela dépend du type de questions que nous traitons. Lorsqu’il s’agit de négocier un cessez-le-feu, par exemple, nous travaillons en étroite collaboration avec les Américains, mais aussi avec les États du Golfe, l’Union africaine et l’ONU. Le multilatéralisme est donc dynamique dans cette région.» 

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Des manifestants soudanais passent devant des pneus enflammés lors d’une manifestation réclamant le retour à un régime civil dans la 40ᵉ rue d’Omdurman, ville jumelle de la capitale Khartoum. (Photo, AFP) 

Depuis 2011, l’UE est l’un des plus grands fournisseurs d’aide humanitaire au monde dans la Corne de l’Afrique, versant des millions d’euros dans des projets dans cinq pays, outre le Soudan. Selon Mme Weber, les Européens préfèrent cependant passer de l’humanitaire aux projets de développement. «En ce qui concerne l’Éthiopie, il n’y a aucune raison pour qu’elle bénéficie d’une aide humanitaire, car elle dispose d’un secteur éducatif de qualité», dit-elle. «Le pays a un fort potentiel. Nous avons investi dans les réformes. S’il n’y avait pas de guerre,  de conflit, nous serions extrêmement heureux de passer de l’aide humanitaire à l’investissement et d’offrir un avenir à la population.» 

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Annette Weber pose pour une photo avec l’équipe du Fonds saoudien pour le développement. (Photo fournie) 

«Nous ne sommes pas heureux qu’il y ait autant de personnes ayant besoin d’aide humanitaire. Mais nous constatons, par exemple en Somalie, voire dans toute la région de la Corne de l’Afrique, un changement climatique, une invasion de criquets et plusieurs autres facteurs qui qui ne sont pas dus à l’homme, mais spécifiquement liés à un conflit.» 

«C’est à ce niveau que nous ne sommes pas satisfaits. Il s’agit d’une famine créée par l’homme, de besoins créés par l’homme qui ne devraient pas exister et pour lesquels nous serions heureux d’investir. Nous sommes heureux que l’argent soit utilisé, mais nous serions vraiment heureux qu’il serve à quelque chose pour l’avenir. À la lumière des entretiens que j’ai eus aujourd’hui, je constate que mes homologues saoudiens partagent ce sentiment: nous aimerions tous investir dans l’énergie verte et dans une meilleure économie», affirme Mme Weber. 

«À l’avenir, l’économie reposera sur les technologies intelligentes et sur la gestion efficace de l’eau, plutôt que sur l’aide humanitaire. Mais nous ne pouvons pas juger les personnes qui ont été déplacées par la guerre. C’est donc à ce niveau que nous devons intervenir et apporter notre aide.» 

EN BREF

  • Au Soudan, plus de 13,4 millions de personnes ont besoin de recevoir une aide humanitaire, dont un million de demandeurs d’asile et de réfugiés enregistrés. 
  • Depuis novembre 2020, le conflit du Tigré en Éthiopie et les tensions frontalières à Al-Fashaga ont entraîné l’arrivée de milliers de nouveaux réfugiés. 

Concernant la guerre en Éthiopie, Mme Weber considère qu’une résolution pacifique est la seule issue souhaitable. «Si cela ne se produit pas, nous assisterons à une guerre civile qui entraînera la chute de toute la région», estime-t-elle. «Il y a un sentiment d’urgence en Éthiopie: si les parties belligérantes ne parviennent pas à négocier un cessez-le-feu, si elles ne cessent pas d’espérer pouvoir gagner militairement, le plus grand pays de la région risque de se désintégrer», déplore-t-elle. «Les répercussions se feront sentir dans toute la région de la mer Rouge, ainsi qu’en Europe et en Arabie saoudite. La dimension politique du dialogue en Éthiopie doit être gérée par les Éthiopiens. Nous devons tous nous engager dans le cessez-le-feu.»  

Sur une note plus positive, Mme Weber se dit «très heureuse que l’Union africaine ait nommé un médiateur en chef» pour faciliter la résolution du conflit et «très optimiste par l’engagement régional». Néanmoins, elle souligne que l’UE, les États-Unis et l’Arabie saoudite devaient rester engagés dans le processus. Si le conflit se poursuit, avertit-elle, «nous observerons une désintégration selon des critères ethniques qui prendra des décennies à guérir». 

Le Soudan, où une crise a été désamorcée par un accord conclu dimanche, qui ouvre la voie à la formation d’un gouvernement civil de transition, figurait également parmi les priorités de Mme Weber lors de ses entretiens à Riyad. Les militaires ont rétabli le Premier ministre Abdallah Hamdok dans ses fonctions et ont promis de libérer tous les détenus politiques après des semaines de troubles meurtriers déclenchés par un coup d’État en octobre. 

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Mme Weber s’est entretenue avec le KSrelief au sujet des préoccupations mutuelles concernant les effets du conflit dans la Corne de l’Afrique et a discuté des possibilités de poursuivre la coopération entre l’Arabie saoudite et l’UE dans la région. (Photo, @KSRelief_EN) 

«C’est une étape très positive», affirme Mme Weber. «Notre compréhension, en Europe, est claire dès le début: nous avons vu la stabilité dans la coopération entre les deux parties et dans la prise en compte de l’opinion de la rue lors des manifestations de 2019. Nous l’avons vue également dans le fait que la jeune génération soit pour la première fois prise en compte dans l’avenir du pays. Nous avons vu enfin la stabilité dans un gouvernement mixte comprenant Hamdok et les militaires. Que l’armée prenne ses propres décisions sans la société civile ne pouvait pas permettre un avenir stable pour le Soudan, absolument pas», poursuit la représentante spéciale de l’UE pour la Corne de l’Afrique. 

«Nous ne devons pas confondre le Soudan avec d’autres pays de la région. Ce n’est pas la première fois que la population descendait dans la rue. Les manifestants ont toujours été très clairs sur leurs positions politiques. Il était absolument inconcevable qu’ils acceptent sans broncher un coup d’État militaire», ajoute Mme Weber. «Maintenant, le travail recommence à zéro, les militaires doivent convaincre les civils dans la rue qu’il ne s’agit pas d’une boucle, où, chaque fois qu’ils estiment qu’ils sont un peu fatigués des civils, ils peuvent simplement avancer sans eux.» 

Les puissances extérieures, telles que l’UE, ont-elles un quelconque pouvoir ou une quelconque influence sur les forces politiques et militaires impliquées au Soudan? «Nous devons avoir une compréhension beaucoup plus consensuelle car les autres pays de la région ont plus de poids. C’est à ce niveau que nous devons avoir une vision commune», répond Mme Weber. 

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L’ONU a mis en garde contre le risque croissant de décès massifs dus à la famine pour les personnes vivant dans les zones de conflit et de sécheresse de la Corne de l’Afrique. (Photo, AFP) 

«Nous avons tous différents canaux et moyens de communication. Si nous ne sommes pas les plus forts lorsque nous nous engageons avec une partie, nous pouvons l’être lorsque nous parlons avec l’autre partie. C’est pourquoi il est important d’avoir une compréhension commune de l’objectif que nous voulons atteindre, et d’utiliser tous nos outils d’engagement». 

Annette Weber, de nationalité allemande, a plus de vingt-cinq ans d’expérience dans la Corne de l’Afrique et la région de la mer Rouge. Elle a facilité les pourparlers de paix aux plus hauts niveaux politiques. Elle a conseillé l’ONU, l’UE et le gouvernement allemand sur la région et s’est exprimée sur les questions régionales lors de la Conférence de Munich sur la sécurité. 

Compte tenu de son expérience, pense-t-elle que l’UE peut réellement faire la différence, étant donné l’éventail impressionnant de défis auxquels la Corne de l’Afrique est confrontée? 

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Annette Weber avec la rédactrice en chef adjointe d’Arab News, Noor Nugali. (Photo AN) 

«Les pays de la Corne de l'Afrique sont confrontés à de tels défis depuis des décennies, voire des siècles, mais nous ne devons pas oublier que nous avons connu deux transitions dans cette région au cours des deux dernières années», note Mme Weber. «Nous en avons eu un changement au Soudan et une transition très prometteuse en Éthiopie. Donc tout est possible. C’est dans cette hypothèse que nous sommes favorables au changement, lorsque nous voyons un renforcement durable de la coopération, que les personnes ont le sentiment de pouvoir façonner leur avenir et que nous pouvons faire la différence. Mais nous avons également l’obligation de soulager la douleur des personnes qui sont touchées par les conflits», souligne représentante spéciale de l’UE pour la Corne de l’Afrique. 

«J’aimerais que nous puissions apporter plus d’engagement positif, d’investissement et d’énergie à ces transitions plutôt que de simplement soulager la douleur des gens. Ce sont les habitants des pays de la Corne de l’Afrique qui ont intérêt à ce que leur avenir soit assuré, à ce que la région soit stabilisée et renforcée et à ce qu’elle soit interconnectée. Il ne s’agit pas de jouer les uns contre les autres, mais de tisser des liens économiques, politiques et culturels. Ce n’est pas à nous de le faire, mais nous pouvons apporter notre soutien. C’est là notre rôle.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'ambassadeur du Liban en Arabie saoudite achève son mandat par une visite au journal Arab News

L'ambassadeur du Liban en Arabie saoudite, le Dr Fawzi Kabbara, a visité le siège d'Arab News à Riyad, dimanche. (Photo AN de Huda Bashatah)
L'ambassadeur du Liban en Arabie saoudite, le Dr Fawzi Kabbara, a visité le siège d'Arab News à Riyad, dimanche. (Photo AN de Huda Bashatah)
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  • M. Kabbara a reconnu les relations de longue date entre l'Arabie saoudite et le Liban et a fait l'éloge d'Arab News pour la promotion de la compréhension entre les deux pays.
  • M. Kabbara a également souligné le rôle essentiel joué par les médias dans la formation de l'opinion publique et la promotion du dialogue interculturel.

RIYAD : L'ambassadeur du Liban en Arabie saoudite, le Dr Fawzi Kabbara, a terminé dimanche son mandat par une visite au rédacteur en chef d'Arab News, Faisal J. Abbas, au siège du journal à Riyad.

Au cours de la réunion, M. Kabbara a reconnu les relations de longue date entre l'Arabie saoudite et le Liban et a fait l'éloge d'Arab News pour avoir favorisé la compréhension entre les deux pays grâce à ses "reportages perspicaces".

"C'est un honneur de célébrer les liens durables entre le Liban et l'Arabie saoudite pendant une période de changement significatif dans le Royaume sous la direction du roi Salman et du prince héritier Mohammed bin Salman", a-t-il déclaré.

Il a souligné l'engagement de la publication en faveur de l'intégrité journalistique et a déclaré qu'elle enrichissait le paysage médiatique et soutenait les relations diplomatiques en tenant les diplomates informés des nouvelles locales et régionales. 

M. Kabbara a également souligné le rôle essentiel joué par les médias dans la formation de l'opinion publique et la promotion du dialogue interculturel.

Au cours de sa visite du siège du journal, l'envoyé a vu des éditions remontant à sa création en 1975, y compris sa première couverture de Noël, la transformation sous la direction d'Abbas en 2016 et des dessins éditoriaux primés illustrant des moments clés de l'histoire mondiale.

En ce qui concerne l'avenir, M. Kabbara a déclaré que son séjour dans le Royaume n'était pas terminé. Il s'est dit impatient de revenir "avec une autre casquette" afin d'être témoin de la croissance des relations libano-saoudiennes et de l'évolution du rôle d'Arab News.

Il a conclu en exprimant sa sincère gratitude à Arab News et à M. Abbas. Pour sa part, M. Abbas a remercié l'ambassadeur pour sa visite et lui a souhaité beaucoup de succès dans ses projets futurs. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: la Défense civile annonce un bilan de 43 morts dont des enfants, près d'un point de distribution d'eau potable

A Nousseirat, dans le centre de Gaza, 20 personnes ont été tuées, dont dix y compris des enfants près d'un point de distribution d'eau potable, a ajouté M. Bassal. (AFP)
A Nousseirat, dans le centre de Gaza, 20 personnes ont été tuées, dont dix y compris des enfants près d'un point de distribution d'eau potable, a ajouté M. Bassal. (AFP)
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  • Dans le territoire assiégé, 43 Palestiniens ont été tués dimanche par des bombardements israéliens, a déclaré le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal
  • Parmi eux, 11 Palestiniens dont des femmes et des enfants ont péri dans des frappes sur un marché à Gaza-ville, dans le nord du territoire, et trois autres dans le camp de déplacés d'Al-Mawassi, dans le sud, selon lui

GAZA: La Défense civile a annoncé dimanche que des frappes israéliennes avaient tué 43 Palestiniens dans la bande de Gaza où Donald Trump espère que la situation sera "réglée" la semaine prochaine malgré le blocage des discussions sur un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Les deux camps s'accusent mutuellement d'enrayer ces négociations lancées le 6 juillet à Doha par l'intermédiaire du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, pour mettre fin à 21 mois de guerre déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

"Sur Gaza, nous discutons et nous espérons que ce sera réglé la semaine prochaine", a dit M. Trump dimanche soir, réitérant ses déclarations optimistes du 4 juillet.

La veille, sept agences de l'ONU avaient mis en garde contre le "niveau critique" de la pénurie de carburant à Gaza, qui constituait un "nouveau fardeau insupportable" pour "une population au bord de la famine".

"Seulement 150.000 litres de carburant ont pu entrer ces derniers jours", a déclaré dimanche à l'AFP le chef du réseau d'ONG palestiniennes à Gaza, Amjad Shawa, selon qui il faudrait "275.000 litres par jour pour répondre aux besoins essentiels".

Dans le territoire assiégé, 43 Palestiniens ont été tués dimanche par des bombardements israéliens, a déclaré le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

Parmi eux, 11 Palestiniens dont des femmes et des enfants ont péri dans des frappes sur un marché à Gaza-ville, dans le nord du territoire, et trois autres dans le camp de déplacés d'Al-Mawassi, dans le sud, selon lui.

A Nousseirat, dans le centre de Gaza, 20 personnes ont été tuées, dont dix y compris des enfants près d'un point de distribution d'eau potable, a ajouté M. Bassal.

L'armée israélienne a déclaré avoir visé un membre du Jihad islamique, un groupe armé allié du Hamas, mais a reconnu que "la munition était tombée à des dizaines de mètres de sa cible" en raison d'une "erreur technique".

"L'incident est en cours d'examen", a ajouté l'armée.

Elle a affirmé que son aviation avait, en 24 heures, "frappé plus de 150 cibles terroristes à Gaza".

"Ça suffit" 

A l'hôpital al-Aqsa de Deir al-Balah, des Palestiniens pleuraient la mort de proches tués à Nousseirat, près des dépouilles enveloppées dans des linceuls en plastique, selon des images de l'AFP.

"Notre message au monde: arrêtez la guerre. Ça suffit (...) Ils tuent des civils, il ne nous reste plus rien", a lancé Mahmoud al-Chami, un habitant de Nousseirat.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.

L'attaque du 7 octobre 2023 a fait 1.219 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Au moins 58.026 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Dimanche, un bateau transportant des militants propalestiniens et de l'aide humanitaire a quitté la Sicile à destination de Gaza, un peu plus d'un mois après l'interception par Israël d'un précédent navire.

"Déplacement forcé" 

Une source palestinienne avait affirmé samedi que les négociations en vue d'une trêve rencontraient "des obstacles" et que le Hamas rejetait "totalement" un plan d'Israël prévoyant le maintien de ses forces "sur plus de 40% de la superficie de Gaza".

Selon cette source, l'objectif d'Israël est "d'entasser des centaines de milliers de déplacés" dans le sud de Gaza, "en préparation d'un déplacement forcé de la population vers l'Egypte ou d'autres pays".

Une deuxième source palestinienne a néanmoins fait état de "progrès" sur les questions liées à l'entrée de l'aide humanitaire et l'échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens.

"Israël a démontré sa volonté de faire preuve de flexibilité dans les négociations", a rétorqué un responsable israélien, en accusant le Hamas de chercher "à saboter les négociations".

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réaffirmé ces derniers jours les objectifs d'Israël: libérer les otages, désarmer le Hamas et le chasser de Gaza, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Dimanche, des proches d'otages ont à nouveau manifesté à proximité du bureau de M. Netanyahu à Jérusalem, pour réclamer leur retour, et ont projeté sur des immeubles voisins des portraits géants des captifs.

"La majorité absolue des gens (...) veut ramener tous les otages et mettre fin à la guerre", a affirmé à l'AFP Yotam Cohen, dont le frère Nimrod fait partie des otages.


Syrie: des affrontements dans une ville à majorité druze font 37 morts

Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
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  • Des affrontements entre tribus bédouines et combattants locaux dans la ville à majorité druze de Soueïda, dans le sud de la Syrie, ont fait 37 morts, dont 27 druzes dont deux enfants et 10 bédouins, ainsi qu'une cinquantaine de blessés.
  • Le ministère a annoncé l'intervention d'unités de police, « en coordination avec le ministère de la Défense, pour résoudre le conflit, arrêter les affrontements, rétablir la sécurité, poursuivre les responsables de ces incidents

DAMAS : Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais disposant d'un large réseau de sources en Syrie, des affrontements entre tribus bédouines et combattants locaux dans la ville à majorité druze de Soueïda, dans le sud de la Syrie, ont fait 37 morts, dont 27 druzes dont deux enfants et 10 bédouins, ainsi qu'une cinquantaine de blessés.

Basé au Royaume-Uni, mais disposant d'un large réseau de sources en Syrie, l'OSDH a revu à la hausse son bilan des affrontements, qui s'élève désormais à 37 morts, dont 27 druzes (dont deux enfants) et 10 bédouins, ainsi qu'à une cinquantaine de blessés.

Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a exprimé sa « profonde inquiétude » après les heurts qui ont fait, selon lui, « plus de 30 morts et près de 100 blessés » dans le quartier d'al-Makous, dans l'est de Soueïda.

Le ministère a annoncé l'intervention d'unités de police, « en coordination avec le ministère de la Défense, pour résoudre le conflit, arrêter les affrontements, rétablir la sécurité, poursuivre les responsables de ces incidents et les déférer devant la justice compétente ».

Ces affrontements sont survenus « sur fond de tensions accumulées lors de périodes précédentes », a-t-il précisé.

Il s'agit des premiers affrontements meurtriers entre les deux communautés depuis les violences d'avril et de mai, qui avaient opposé les forces de sécurité syriennes à des combattants druzes, faisant plusieurs dizaines de morts.

Selon le site d'information local Sweida 24, qui cite des sources médicales, des « affrontements armés et des échanges de tirs d'obus » ont éclaté, et la route reliant Damas à Soueïda a été fermée en raison des violences.

Le gouverneur de Soueïda, Moustapha al-Bakour, a appelé les habitants à « faire preuve de retenue ». Plusieurs notables druzes ont également appelé au calme et demandé une intervention des autorités.

Avec quelque 700 000 habitants, la province de Soueïda abrite la plus importante communauté druze du pays, une minorité religieuse issue de la branche ismaélienne du chiisme. 

Les tensions entre les factions druzes et bédouines sont anciennes et des violences éclatent sporadiquement entre les deux groupes, notamment lorsque les Bédouins font paître leurs troupeaux sur des terres agricoles appartenant aux Druzes.

Après la chute du président Bachar al-Assad en décembre, qui a mis fin à 14 ans de guerre civile, les violences de début mars contre la communauté alaouite, plus de 1 700 morts puis contre les druzes ont ébranlé la confiance dans la capacité des nouvelles autorités, dirigées par le nouvel homme fort Ahmad al-Chareh, à protéger les minorités en Syrie.

En avril et en mai, des affrontements entre les nouvelles forces de sécurité et des combattants druzes ont fait plusieurs dizaines de morts, avant que des accords ne soient conclus entre des chefs locaux et religieux pour contenir l'escalade et intégrer les combattants druzes aux nouvelles structures de pouvoir. 

À la suite de ces affrontements, Israël, qui occupe le plateau du Golan depuis 1967 (annexé depuis 1981), a invoqué la protection des Druzes pour justifier plusieurs frappes, dont une début mai près du palais présidentiel à Damas.

Les Druzes sont surtout présents en Syrie, au Liban et en Israël, où l'on dénombre quelque 152 000 d'entre eux, selon les dernières données disponibles. Ce chiffre inclut les 24 000 Druzes qui habitent la partie annexée du Golan, dont moins de 5 % ont la nationalité israélienne.