FinCEN révèle des transactions de pétrole sale d'Istanbul vers la Syrie

Le navire de forage turc, Fatih, traverse le Bosphore en direction de la mer Noire sur cette photo d'archive, à Istanbul. (Photo, AP)
Le navire de forage turc, Fatih, traverse le Bosphore en direction de la mer Noire sur cette photo d'archive, à Istanbul. (Photo, AP)
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Publié le Jeudi 24 septembre 2020

FinCEN révèle des transactions de pétrole sale d'Istanbul vers la Syrie

  • L'implication de la Turquie dans les transactions pétrolières illégales a commencé par un accident naval mortel en janvier 2019
  • Le département américain du Trésor a adopté de nouvelles sanctions contre toutes les personnes et entreprises fournissant des produits énergétiques utilisés par le régime d’Al-Assad

ISTANBUL: Malgré l'embargo sur les transactions pétrolières avec la Syrie, certaines entreprises turques contournent les sanctions via un réseau offshore.
Des documents du Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) récemment publiés ont révélé que la principale société pétrochimique turque, Petkim, est impliquée dans des activités pétrolières illégales avec le régime d'Al-Assad, et ce par l'intermédiaire de son associé PetroKim. Elle aurait également collaboré avec deux autres sociétés, Milenyum et Blue Energy, entre mars 2010 et janvier 2016.
L'implication de la Turquie dans les transactions pétrolières illégales a commencé par un accident naval mortel en janvier 2019 dans le détroit de Kertch au large de la côte de Crimée. 20 personnes ont été tuées par une explosion ce jour-là, lorsque les équipages de deux pétroliers ont échangé du gaz de pétrole liquéfié en pleine mer.
Les équipes de recherche et de sauvetage n'ont pu localiser que 14 des marins, car les deux navires, chargés de marchandises illicites, avaient désactivé leurs systèmes de repérage pour éviter d'être détectés par les autorités. La plupart des 20 victimes étaient des citoyens turcs et indiens.
Unité de régulation relevant du Département du Trésor américain, le FinCEN est chargé de lutter contre le blanchiment d'argent. Depuis 2011, les États-Unis et l'UE ont imposé des sanctions sur toutes les activités d'importation, d'achat et de transport de pétrole et de produits pétroliers à destination et en provenance de la Syrie.
En août 2015, le département américain du Trésor a adopté de nouvelles sanctions contre toutes les personnes et entreprises qui fournissent des produits pétroliers au régime d’Al-Assad.
Ces dernières « transactions suspectes », d’une valeur de 90 millions de dollars, ont eu lieu entre mars 2010 et janvier 2016, et elles impliquent la plus grande entreprise turque. Les documents en question font partie des dossiers de FinCEN révélés dans le but d’exposer les transactions d'argent sale opérées par certaines banques internationales majeures afin d’éviter les sanctions, et ce à travers plus de 2500 documents.
La société turque Milenyum Energy a récemment été ajoutée à la liste noire des États-Unis pour violation de sanctions contre la Syrie, à la suite de ses expéditions régulières de produits pétroliers vers le port syrien de Baniyas. Son directeur, certains hauts responsables, ainsi qu'un autre employé, font l'objet de sanctions individuelles de la part des États-Unis, mais ses pétroliers sanctionnés naviguent toujours, quoique sous des noms différents pour éviter d'être détectés.
Sa société partenaire, Blue Energy, est également enregistrée aux Caraïbes, et agit en tant qu'intermédiaire pour la réception des paiements des expéditions.
Les pétroliers tanzaniens impliqués dans l'accident naval étaient tous deux la propriété de Milenyum - une société opérant en Turquie mais enregistrée au Panama- auraient été en route vers la Syrie au moment de l’incident.
Petkim aurait également été impliqué dans ces opérations illégales par le biais de sa société maltaise Petrokim, qui a effectué plus de 224 millions de dollars de transactions financières suspectes entre mars 2010 et juillet 2016, transactions qui violeraient les sanctions imposées à la Syrie.
Les dossiers ont révélé que Petrokim « utilisait une adresse identique à celle de nombreuses entités désignées comme des ressortissants spécialement désignés (SDN), c'est-à-dire des personnes inscrites sur la liste noire, sous les sanctions de l'Iran ». Les SDN ne peuvent effectuer aucune transaction avec des ressortissants américains, alors que Petkim a transigé pour plus de 13 millions de dollars avec Blue Energy.

« Paradise Papers »
Ce réseau corrompu avait déjà été exposé dans les « Paradise Papers ». Samir Karimov, vice-président de SOCAR Turquie à l'époque, avait été directeur et représentant légal de Petrokim, alors même que SOCAR était le propriétaire majoritaire de Petkim.
Le producteur de produits chimiques affiche actuellement le volume des opérations le plus élevé en Turquie, selon les données de la bourse, tandis que sa note est de -B2 selon le score de Moody's Investors Service.
La prochaine audience sur l'accident naval de la mer Noire devrait avoir lieu à Istanbul le 20 novembre, et les fuites en provenance des États-Unis sont susceptibles d'apporter une nouvelle dimension à l'enquête en cours.
En attendant, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont convenu lundi de sanctionner deux personnes et trois entreprises pour avoir violé l’embargo sur les armes contre la Libye. L’une d’entre elles est la société turque Avrasya Shipping, qui nie les allégations portées contre elle et affirme qu’elle transportait de l’aide humanitaire.

Ce texte est une traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Explosion près d'un navire au large du Yémen 

Début septembre, les Houthis avaient affirmé avoir tiré un missile en direction d'un pétrolier israélien en mer Rouge, qui n'a pas été touché selon UKMTO. (AFP)
Début septembre, les Houthis avaient affirmé avoir tiré un missile en direction d'un pétrolier israélien en mer Rouge, qui n'a pas été touché selon UKMTO. (AFP)
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  • Le capitaine a signalé une giclée d'eau et un bruit d'explosion à proximité du navire, a indiqué United Kingdom Maritime Trade Operations (UKMTO)
  • L'incident s'est produit à 120 milles nautiques à l'est d'Aden, ville du sud du Yémen, et a été classifié par UKMTO comme une "attaque", qui n'a pas été revendiquée dans l'immédiat

DUBAI: Une agence de sécurité maritime britannique a fait état mardi d'une explosion près d'un navire au large du Yémen, où les rebelles houthis mènent régulièrement des attaques contre des navires liés à Israël.

Le capitaine a signalé une giclée d'eau et un bruit d'explosion à proximité du navire, a indiqué United Kingdom Maritime Trade Operations (UKMTO).

Cette agence a précisé que les membres d'équipage étaient sains et saufs et que le navire se dirigeait vers le prochain port d'escale.

L'incident s'est produit à 120 milles nautiques à l'est d'Aden, ville du sud du Yémen, et a été classifié par UKMTO comme une "attaque", qui n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les rebelles Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l'aéroport international de Sanaa.

Début septembre, les Houthis avaient affirmé avoir tiré un missile en direction d'un pétrolier israélien en mer Rouge, qui n'a pas été touché selon UKMTO.

 


Egypte: gracié, le militant Alaa Abdel-Fattah fête sa libération

La famille qui s'était précipitée à la prison de Wadi Natroun où il était détenu -à quelque 80 km du Caire- pour attendre sa sortie a eu ensuite la surprise de le retrouver à la maison, comme l'a expliqué sa soeur. (AFP)
La famille qui s'était précipitée à la prison de Wadi Natroun où il était détenu -à quelque 80 km du Caire- pour attendre sa sortie a eu ensuite la surprise de le retrouver à la maison, comme l'a expliqué sa soeur. (AFP)
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  • Figure emblématique du soulèvement de 2011 contre le pouvoir de Hosni Moubarak en Egypte, Alaa Abdel-Fattah, 43 ans, a passé la majeure partie de la dernière décennie derrière les barreaux
  • La grâce accordée par le président Abdel Fattah al-Sissi a été annoncée lundi après de longs mois d'attente et de mobilisation intense

LE CAIRE: Le défenseur des droits humains égypto-britannique Alaa Abdel-Fattah, figure du militantisme en Egypte, a retrouvé la liberté dans la nuit de lundi à mardi et rejoint sa famille après avoir été gracié au terme de plusieurs années en prison.

"La vie est revenue chez nous! J'espère que ce nous vivons ne se répètera pas et que la libération d'Alaa est un signe d'ouverture", a déclaré à la presse sa soeur Sanaa Seif, qui a elle aussi connu la prison pour ses activités militantes.

Figure emblématique du soulèvement de 2011 contre le pouvoir de Hosni Moubarak en Egypte, Alaa Abdel-Fattah, 43 ans, a passé la majeure partie de la dernière décennie derrière les barreaux.

La grâce accordée par le président Abdel Fattah al-Sissi a été annoncée lundi après de longs mois d'attente et de mobilisation intense.

La famille qui s'était précipitée à la prison de Wadi Natroun où il était détenu -à quelque 80 km du Caire- pour attendre sa sortie a eu ensuite la surprise de le retrouver à la maison, comme l'a expliqué sa soeur.

Ses proches ont posté tôt mardi des images sur les réseaux sociaux montrant les retrouvailles, avec pour commentaires "Alaa est libre" et "Home" (à la maison).

"Je n'arrive pas à croire qu'Alaa soit parmi nous maintenant. C'est un immense soulagement et il nous faudra du temps pour le digérer", a déclaré Sanaa Seif.

"J'espère que d'autres familles de militants vivront cet instant, que ce sera la fin des difficultés, qu'Alaa sera autorisé à voyager pour retrouver son fils qui vit à l'étranger", a ajouté sa soeur. Le petit Khaled, 10 ans, a surtout connu son père à travers les parloirs.

Elle a néanmoins souligné que son frère était "sur la liste des personnes interdites de voyager".

"Reconnaissante" 

Opposé aux pouvoirs en place ayant succédé à Hosni Moubarak, Alaa Abdel-Fattah avait été arrêté pour la dernière fois en 2019 pour avoir publié sur Facebook un message évoquant des violences policières, puis condamné à cinq ans de prison en 2021 pour "fausses informations", une accusation fréquemment utilisée en Egypte contre les voix dissidentes.

La cheffe de la diplomatie britannique, Yvette Cooper, a dit sa joie à l'annonce de cette grâce. "Je suis reconnaissante au président Sissi" et j'espère "qu'Alaa pourra bientôt rentrer au Royaume-Uni", a-t-elle dit sur X.

Le gouvernement britannique a régulièrement intercédé auprès des autorités égyptiennes et un groupe d'experts de l'ONU a également appelé à sa libération immédiate, qualifiant sa détention d'"arbitraire".

Le militant avait obtenu la nationalité britannique en 2022 par le biais de sa mère, elle-même naturalisée.

M. Sissi avait ordonné le lancement de la procédure d'examen de grâce en faveur de détenus, dont M. Abdel-Fattah. En juillet, la justice avait ordonné son retrait de la liste des personnes accusées de terrorisme.

Sa mère, la militante et universitaire Laila Soueif, a récemment mis fin à une grève de la faim partielle de dix mois menée pour réclamer sa libération.

Le militant observait lui-même une grève de la faim depuis début septembre, après une grève de la faim partielle en mars par solidarité avec sa mère, alors hospitalisée.

 Espoirs d'un "tournant" 

Saluant cette grâce, l'ONG Human Rights Watch a rappelé dans un communiqué que "des milliers de personnes comme Alaa croupissent encore dans les prisons égyptiennes simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression".

Amr Magdi, chercheur de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a espéré que "sa libération marque un tournant et offre au gouvernement de Sissi l'occasion de mettre fin à la détention abusive de milliers de critiques pacifiques".

La libération d'Alaa Abdel-Fattah est "un pas nécessaire et important mais il n'aurait jamais dû être emprisonné", a déclaré à l'AFP le militant Ahmed Douma, qui s'était rendu devant la prison bouclée. "Cela donne de l'espoir mais il y a encore des dizaines de milliers d'autres en prison."

En août, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a exhorté les autorités égyptiennes à mettre fin aux pratiques de détention arbitraire prolongée et appelé à "libérer toutes les personnes qui en ont été victimes".

En 2022, M. Sissi avait relancé un comité de grâce présidentielle qui a permis la libération de plusieurs prisonniers politiques, dont un avocat de M. Abdel-Fattah, Mohamed al-Baqer.

Mais selon les défenseurs des droits humains, "trois fois plus de personnes" ont été arrêtées durant la même période.

 


L'Arabie saoudite appelle à la reconnaissance mondiale de la Palestine et à la fin de l'agression israélienne à Gaza

 Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors d'une réunion de haut niveau à l'ONU visant à galvaniser le soutien en faveur d'une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien. (AP)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors d'une réunion de haut niveau à l'ONU visant à galvaniser le soutien en faveur d'une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien. (AP)
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  • Lors d'un sommet historique de l'ONU coprésidé par le Royaume et la France, le ministre saoudien des Affaires étrangères condamne les "attaques répétées" contre la souveraineté des pays arabes et musulmans
  • Le prince Faisal ben Farhane déclare que les actions d'Israël "menacent la paix et la stabilité régionales et internationales et sapent les efforts de paix dans la région

NEW YORK : L'Arabie saoudite a réaffirmé son soutien à une solution à deux États pour le conflit entre Israéliens et Palestiniens, lors d'une conférence de paix coprésidée par le Royaume et la France à l'Assemblée générale de l'ONU à New York lundi.

Les autorités saoudiennes ont également appelé à la reconnaissance mondiale de l'État de Palestine et à la fin de l'agression israélienne à Gaza et en Cisjordanie.

Prenant la parole au nom du prince héritier Mohammed ben Salmane, le ministre des Affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal ben Farhane, a commencé par partager les salutations du roi Salmane, ainsi que les meilleurs vœux du prince héritier pour le succès de la conférence.

Il a également remercié le président français, Emmanuel Macron, pour la déclaration officielle de reconnaissance de l'État de Palestine par la France.

La conférence franco-saoudienne d'une journée s'est déroulée dans un contexte d'escalade de la violence au Moyen-Orient. Le prince Faisal a condamné l'agression continue d'Israël à Gaza, en Cisjordanie et à Al-Quds Al-Sharif (Jérusalem), y compris ce qu'il a décrit comme des "crimes brutaux", ainsi que les "attaques répétées contre la souveraineté des pays arabes et musulmans", citant en particulier la récente frappe israélienne sur Doha.

"Ces actions soulignent l'insistance d'Israël à poursuivre ses pratiques agressives qui menacent la paix et la stabilité régionales et internationales et sapent les efforts de paix dans la région", a-t-il déclaré.

Seule la mise en œuvre d'une solution à deux États peut apporter une paix durable, a-t-il ajouté.

Le prince Faisal a également salué le récent vote de l'Assemblée générale des Nations unies sur la "Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États", dans laquelle 142 États membres sur 193 ont voté en faveur de la déclaration.

"Cela reflète la volonté de la communauté internationale de rendre justice au peuple palestinien et de consolider ses droits légaux et historiques conformément aux cadres internationaux, aux résolutions pertinentes des Nations unies et à l'initiative de paix arabe", a-t-il ajouté.

Il a déclaré que l'Arabie saoudite était prête à travailler avec la France et d'autres pays en quête de paix pour donner suite aux résultats de la conférence de lundi, contribuer à mettre fin à la guerre à Gaza, cesser les actions unilatérales qui portent atteinte à la souveraineté palestinienne et établir un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Dans son discours de clôture, le prince Fayçal a remercié les États qui ont déjà reconnu officiellement l'État de Palestine ou qui prévoient de le faire, et il a exhorté les autres à prendre "une mesure historique similaire".

Il a ajouté : "Une telle action aura un impact considérable sur le soutien des efforts visant à mettre en œuvre la solution à deux États, à parvenir à une paix permanente et globale au Moyen-Orient et à trouver une nouvelle réalité qui permettra à la région de jouir de la paix, de la stabilité et de la prospérité".