ONU: des violences communautaires «fractureraient» la société en Ethiopie

Le conflit en Ethiopie, s'il dégénérait en violences communautaires, pourrait fracturer la société, voire déclencher un exode rappelant les scènes d'évacuations chaotiques à l'aéroport de Kaboul en août, a déclaré à l'AFP le responsable de l'aide humanitaire des Nations unies. (Photo, AFP)
Le conflit en Ethiopie, s'il dégénérait en violences communautaires, pourrait fracturer la société, voire déclencher un exode rappelant les scènes d'évacuations chaotiques à l'aéroport de Kaboul en août, a déclaré à l'AFP le responsable de l'aide humanitaire des Nations unies. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 02 décembre 2021

ONU: des violences communautaires «fractureraient» la société en Ethiopie

  • Des combats dans la capitale Addis Abeba et une augmentation de la violence communautaire pourraient conduire à une aggravation « exponentielle » de la situation
  • Selon les estimations de l'ONU, la guerre a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d'autres personnes dans des conditions proches de la famine

GENEVE : Le conflit en Ethiopie, s'il dégénérait en violences communautaires, pourrait fracturer la société, voire déclencher un exode rappelant les scènes d'évacuations chaotiques à l'aéroport de Kaboul en août, a déclaré à l'AFP le responsable de l'aide humanitaire des Nations unies.

La guerre, qui fait rage depuis plus d'un an dans le nord de l'Ethiopie, a peut-être provoqué la crise humanitaire la plus inquiétante, a déclaré dans un entretien à l'AFP le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths.

Des combats dans la capitale Addis Abeba et une augmentation de la violence communautaire pourraient conduire à une aggravation "exponentielle" de la situation, a-t-il prévenu.

"Le pire d'un point de vue humanitaire (serait) qu'il y ait une bataille pour (le contrôle d') Addis ou des troubles autour de cette ville, entraînant une augmentation des violences communautaires dans tout le pays", a averti M. Griffiths.

"Si cela devait se produire, nous serions confrontés à quelque chose que nous n'avons pas connu depuis de très nombreuses années: nous serons confrontés à une fracture" du tissu social éthiopien, a-t-il ajouté.

« Inimaginable »

Un scénario qui verrait s'effondrer, dans ce pays de quelque 115 millions d'habitants, un système soigneusement élaboré pour assurer la cohésion nationale entre plus de 80 groupes ethniques et qui pourrait entraîner un chaos dépassant ce que l'Ethiopie a connu au cours des 13 derniers mois.

Selon les estimations de l'ONU, la guerre a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d'autres personnes dans des conditions proches de la famine depuis que le conflit a éclaté en novembre 2020.

Le Premier ministre Abiy Ahmed avait alors envoyé des troupes dans la région du Tigré, la plus septentrionale, pour renverser le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) en réponse, selon lui, aux attaques des rebelles contre les camps de l'armée.

Les rebelles ont effectué un retour en force en reprenant la majeure partie du Tigré en juin, avant de rejoindre les régions voisines d'Amhara et d'Afar. Le conflit a pris un nouveau tournant il y a un mois, lorsque le TPLF a affirmé avoir capturé des villes stratégiques sur une autoroute clé menant à la capitale.

Mercredi, l'Ethiopie a toutefois annoncé la reprise par les forces progouvernementales du site de Lalibela, classé par l'Unesco au patrimoine mondial, qui était passé en août sous le contrôle des rebelles du Tigré.

« Malheur »

Martin Griffiths a appelé à la fin des violences. Il a cependant averti que si les combats atteignaient la capitale éthiopienne, "les principales cibles devaient être évitées", notamment l'aéroport et la ville elle-même, qui compte plus de cinq millions d'habitants et "où il est inimaginable d'envisager une telle bataille."

Selon lui, les diplomates et autres expatriés à Addis Abeba craignent que le pays ne soit le théâtre de scènes rappelant l'évacuation chaotique de l'aéroport de Kaboul après la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans en août.

A la question de savoir s'il pensait qu'un tel scénario pourrait se produire, il a répondu: "Je pense que cela pourrait, mais j'espère que ce ne sera pas le cas."

S'adressant à l'AFP en amont de l'appel global annuel pour l'aide humanitaire d'urgence, M. Griffiths a souligné que le montant de près de 3 milliards de dollars demandé pour l'Ethiopie l'année prochaine était considérablement plus élevé qu'auparavant "en raison de la probabilité que les besoins (d'aide) augmentent."  

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies a annoncé la semaine dernière que le nombre de personnes ayant besoin d'une aide alimentaire dans le nord de l'Ethiopie avait grimpé à plus de neuf millions, tandis que la sécheresse a aggravé l'insécurité alimentaire dans d'autres régions.

Quelque 400 000 personnes dans le nord du pays sont menacées de famine, un chiffre sans doute sous-estimé selon M. Griffiths en raison des difficultés pour se rendre sur le terrain.

Toutefois, les conditions s'étant améliorées, les agences de l'ONU sont désormais en mesure d'évaluer la situation dans les semaines qui viennent.

Interrogé sur le risque d'un retour de la famine qui a tué plus d'un million de personnes en Ethiopie au milieu des années 1980, M. Griffiths a répondu : "J'espère simplement devant Dieu que nous ne verrons pas ce genre de malheur".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.