L'insoutenable attente des déboutés syriens au Danemark

Le réfugié syrien Bilal Alkale et sa fille Rawan sont photographiés à leur domicile de Lundby dans la municipalité de Vordingborg, au Danemark, le 17 novembre 2021. (AFP)
Le réfugié syrien Bilal Alkale et sa fille Rawan sont photographiés à leur domicile de Lundby dans la municipalité de Vordingborg, au Danemark, le 17 novembre 2021. (AFP)
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Publié le Vendredi 03 décembre 2021

L'insoutenable attente des déboutés syriens au Danemark

  • C'est en mars que ce chef d'une petite entreprise de transports, originaire de Damas, a appris qu'il ne pourrait pas rester dans le pays scandinave où il est réfugié depuis 2014.
  • Malgré des critiques internationales et une mobilisation locale en faveur des quelques Syriens déboutés en première instance, le gouvernement social-démocrate de Mette Frederiksen, parmi les plus durs en Europe en matière d'immigration, a maintenu sa lign

VORDINGBORG : Il n'a plus de permis de séjour, mais les autorités danoises ne le déportent pas pour autant: Bilal Alkale et sa famille font partie de la centaine de Syriens, hier réfugiés au Danemark, aujourd'hui privés de droits, condamnés à une sempiternelle attente.

C'est en mars que ce chef d'une petite entreprise de transports, originaire de Damas, a appris qu'il ne pourrait pas rester dans le pays scandinave où il est réfugié depuis 2014. Sa femme et trois de ses quatre enfants, mineurs, sont aussi concernés.

Le dossier de Bilal ressemble à de nombreux autres: une fois la décision confirmée en appel fin septembre - comme dans 40% des quelque 200 cas examinés - il a été sommé de quitter le pays avec les siens, sous peine d'être placés dans un centre administratif de rétention, l'absence de relations diplomatiques entre Copenhague et Damas rendant impossibles les expulsions.

Les jours, les semaines passent mais aucune information n'a été fournie à la famille, qui se languit. Il n'en dort plus, les yeux perpétuellement rivés à son téléphone pour ne pas manquer un message.

"Qu'est-ce que je vais devenir maintenant ? (...) Tout est arrêté. Les enfants ne vont pas à l'école, et je n'ai pas de travail. Tout ça pour que les gens perdent patience et quittent le Danemark", se désespère-t-il dans le salon propret de la maison qu'il a entièrement retapée à Lundby, un village de 800 âmes, à une heure trente au sud de Copenhague.

Pour le quinquagénaire aux traits tirés, rentrer en Syrie, c'est la mort assurée. 

 Recherché 

"Je ne peux pas y retourner, je suis recherché", explique-t-il à l'AFP. Alors il attend, sans aucune possibilité de gagner sa vie.

"En tant qu'étranger restant illégalement au Danemark, vos droits sont très limités", note son avocat, Niels-Erik Hansen, qui a déposé une nouvelle demande de permis de séjour.

A l'été 2020, le Danemark est devenu le premier pays de l'Union européenne à réexaminer des centaines de dossiers de réfugiés syriens au motif que "la situation actuelle à Damas n'est plus de nature à justifier un permis de séjour ou son extension". Une mesure ensuite étendue à la région environnante de Rif Dimaq.

Malgré des critiques internationales et une mobilisation locale en faveur des quelques Syriens déboutés en première instance, le gouvernement social-démocrate de Mette Frederiksen, parmi les plus durs en Europe en matière d'immigration, a maintenu sa ligne.

En permanence sur le qui-vive, la famille Alkale envisage de quitter le royaume scandinave, pour un autre pays européen, mais ils risquent d'être renvoyés au Danemark où ils sont enregistrés. 

De leurs trois enfants mineurs - l'aînée était déjà majeure à son arrivée au Danemark et a son propre titre de séjour, seule Rawan, avec toute la pétulance de ses 10 ans, a conservé son insouciance.

Majed, 14 ans, se dit "abattu" et Saïd, de trois ans son aîné, ne réussit plus à entrevoir l'avenir alors qu'il étudiait dans un lycée professionnel pour devenir chef.

Peu de Syriens ont pour l'heure été placés dans un centre de rétention, dont les conditions d'hygiène sont régulièrement pointées du doigt.

«Otages»

Asmaa al Natour et son mari Omar en font partie. Ils vivent dans le camp de Sjaelmark, d'anciennes baraques cernées par les barbelés et gérées par l'administration pénitentiaire depuis fin octobre.

"Ce centre, il devrait disparaître, il n'est ni bon pour les hommes, ni pour les animaux. On y croise même des rats!", dit-elle.

Le couple, dont les deux fils de 21 et 25 ans ne sont pas concernés par la perte du permis de séjour, est arrivé au Danemark en décembre 2014.

"Avec mon mari, on a ouvert une boutique de produits arabes, ça marchait bien. Puis, j'ai repris des études mais là, tout s'est arrêté", déplore la quinquagénaire qui veut "simplement retrouver (s)a vie". 

"Aller en Syrie, ça signifie la prison, la mort sans doute car nous sommes opposés à Bachar al-Assad. C'est un criminel".

Pour Niels-Erik Hansen, qui la représente également, l'ensemble de ses clients "est otage des autorités danoises".

Selon lui, l'idée du gouvernement "est simplement de propager le message: au Danemark, on expulse presque vers la Syrie".

Dans un récent rapport, Amnesty International a dénoncé des exactions perpétrées par les services de sécurité du régime syrien sur des dizaines de réfugiés ayant dû rentrer dans leur pays.

Une analyse réfutée par les autorités danoises.

"Si vous n'êtes pas personnellement persécuté, (...) il n'y a plus de guerre à Damas depuis plusieurs années maintenant. C'est pourquoi il est possible pour certains de rentrer", affirme à l'AFP le porte-parole des sociaux-démocrates sur les questions migratoires, Rasmus Stoklund.

Quelque 35.500 Syriens vivent aujourd'hui dans le royaume scandinave, dont plus de la moitié sont arrivés en 2015, selon l'institut statistique national.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.