Présidentielle: Le flou domine encore à gauche, LR et LREM s'activent

Pas de primaire à gauche, rétorque Jadot à Hidalgo. (AFP).
Pas de primaire à gauche, rétorque Jadot à Hidalgo. (AFP).
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Publié le Jeudi 09 décembre 2021

Présidentielle: Le flou domine encore à gauche, LR et LREM s'activent

  • Du côté de la droite, les LR font actuellement le ménage puisque le parti, aussitôt Valérie Pécresse élue, s'est empressé de radier  Guillaume Peltier et Gaël Perdriau
  • A gauche, c'est encore le flou puisqu'à l'appel d'Anne Hidalgo d'organiser des primaires à gauche, le candidat Yannick Jadot a d'ores et déjà riposté en répondant par la négative 

ATHENES: Les choses se précisent de jour en jour à Paris pour ce qui est de la présidentielle de 2022. Car même si le président actuellement en exercice Emmanuel Macron n'a toujours pas fait officiellement état de sa candidature, il n'en reste pas moins que les mécanismes qui se mettent en place ne laissent plus que très peu de place au doute. Ainsi, du côté de la République en marche, Bruno Le Maire se frottera au candidat déclaré Eric Zemmour lors d'un débat télévisé organisé ce soir par France 2. Du côté de la droite, les LR font actuellement le ménage puisque le parti, aussitôt Valérie Pécresse élue, s'est empressé de radier  Guillaume Peltier (de sa fonction de vice-président) et le maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau (qui lui avait tenu des propos critiques vis-à-vis d'Eric Ciotti).

 

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A gauche, c'est encore le flou puisqu'à l'appel d'Anne Hidalgo d'organiser des primaires à gauche, le candidat Yannick Jadot a d'ores et déjà riposté en répondant par la négative. 

"Non, je ne participerai pas à une primaire de la gauche", a répondu jeudi le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot à sa concurrente socialiste Anne Hidalgo qui l'a proposée la veille, "un tour de passe passe" selon lui.


Chez la maire de Paris, créditée d'entre 3 et 7% des intentions de vote dans les sondages, "il y a la volonté de sortir de l'impasse par une idée surprise", a raillé Yannick Jadot sur Europe 1. Donné lui-même dans une fourchette de 6 à 9% des intentions de vote, il a souligné avoir "déjà fait une primaire" en septembre.

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Le candidat écologiste Yannick Jadot. (AFP). 


"Quand les écologistes ont retiré leur candidature en 2017 (lui-même au profit de Benoît Hamon, NDLR), ils n'ont pas essayé de trouver un tour de passe passe", a-t-il dénoncé.


Une nouvelle primaire, portée notamment par le mouvement citoyen "Primaire populaire", "ce n'est pas le choix des écologistes, qui est de rassembler très largement autour d'idées fortes" résumées dans "l'écologie", a déclaré l'eurodéputé.


Renonce-t-il donc à l'idée de rassemblement? "Pas du tout", a rétorqué Yannick Jadot. "Je m'adresse aux électeurs socialistes, aux progressistes et aux humanistes: la dynamique qui peut gagner cette élection présidentielle, qui reprend les idées progressistes en ajoutant les enjeux essentiels de l'écologie, c'est le programme que nous portons".


Anne Hidalgo a proposé mercredi l'organisation d'une primaire à gauche pour désigner un candidat unique pour la présidentielle, invitation aussitôt déclinée par les communistes et les Insoumis qui moquent une "proposition de la dernière chance".

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Le refus de Yannick Jadot, "ce n'est pas responsable", "il veut continuer à désespérer un peu plus les électeurs de gauche et écologistes?", a dénoncé sur Public Sénat le porte-parole d'Anne Hidalgo Stéphane Troussel.


"Qu’est ce qui a fait nos victoires dans les élections locales ? C’est le rassemblement", a-t-il ajouté.


La gauche est actuellement donnée à un étiage historiquement bas par plusieurs sondages, et est fragmentée en sept candidatures dont deux à l'extrême gauche.

 

Droit de vote à 16 ans: les sénateurs PS engagent le débat

Le Sénat examine jeudi une proposition de loi PS visant à abaisser de 18 à 16 ans le droit de vote, qui n'a guère de chance d'aboutir, mais qui doit permettre "d'installer dans le débat la question de la jeunesse", selon son auteure Martine Filleul.


Le texte n'a pas été adopté par les sénateurs en commission et devrait subir le même sort dans l'hémicycle de la Haute assemblée, à majorité de droite. Il est examiné dans le cadre d'une "niche" réservée au groupe PS.


A quatre mois de l'élection présidentielle, cette proposition de loi est pour Mme Filleul "à la fois une réponse parmi d'autres à la question de l'abstention, mais aussi un geste, un symbole, une manière de montrer aux jeunes qu'ils font partie de notre République".


L'abstention des moins de 35 ans a atteint 82% aux dernières élections régionales et départementales.


L'abaissement de la majorité électorale à 16 ans est portée par la candidate socialiste à l'élection présidentielle Anne Hidalgo.


Outre la question de l'âge du droit de vote, le texte de Mme Filleul propose l'introduction au collège d'une enseignement obligatoire aux sciences politiques, sanctionné par une évaluation. Pour la sénatrice du Nord, l'objectif est "de fabriquer à nouveau des citoyens à l'école".


Elle souhaite encore rendre obligatoire la création d'un conseil de jeunes pour les communes de plus de 5.000 habitants et les départements. "Ces conseils municipaux de jeunes proposent des travaux pratiques dans l'accompagnement du vote à 16 ans et permettent aux jeunes de s'initier à la démocratie locale", estime-t-elle.


Pour la rapporteure du texte, Nadine Bellurot (LR), si la nécessité de lutter contre l'abstention des jeunes ne fait pas de doute, "la solution proposée ne semble pas opportune, pour des raisons à la fois juridiques et sociologiques".


Elle avance notamment l'argument, discuté, selon lequel majorité électorale et majorité civile "ne peuvent être dissociées".               

Premier grand débat pour le candidat Zemmour, face à Bruno Le Maire

Après son meeting électoral émaillé de violences, Éric Zemmour se plie à l'exercice de sa première grande émission politique depuis l'annonce de sa candidature jeudi soir sur France 2 (21H05), avec un duel face au ministre de l'Économie Bruno Le Maire. Ce dernier semble endosser le rôle d'éclaireur en attendant qu'Emmanuel Macron ne se décide à annoncer formellement sa candidature à la course présidentielle.

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Mardi, le candidat d'extrême droite à l'Elysée avait expliqué avoir annulé un déplacement en région lyonnaise en partie pour préparer ce rendez-vous médiatique. "J'ai une émission importante jeudi soir, il faut que je travaille. Moi, vous savez, je prépare les choses, je suis un laborieux", disait-il sur BFMTV.

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Eric Zemmour a été empoigné par un individu avant de monter sur scène. L'homme suspecté vient d'être mis en examen. (AFP).


Cette émission "Elysée 2022" aura pour principale attraction le débat face à Bruno Le Maire.


"Plusieurs ministres étaient candidats" pour débattre avec Éric Zemmour, indique un cadre de la majorité. "Le Maire est un bon choix car il a une capacité de recul et de théorisation, mais qu'il saura aussi l'emmener sur des sujets plus concrets et techniques" sur le plan économique. "Jusqu'ici, Zemmour ne s'est pas emmerdé avec les détails", commente ce marcheur.

Durant son premier meeting, dimanche à Villepinte (Seine-Saint-Denis), Eric Zemmour a listé quelques propositions économiques comme la baisse des impôts de production, sa volonté de "contraindre la commande publique à privilégier les entreprises françaises" ou de réduire les cotisations pour "redonner du pouvoir d'achat" aux salariés modestes, avec "100 euros de plus" par mois. 

Mais son meeting a été parasité par des tensions et des scènes de violence. Des journalistes de l'émission Quotidien (TMC-TF1) ont été hués et mis brièvement à l'abri.

Le candidat a été empoigné par un individu avant de monter sur scène. L'homme suspecté vient d'être mis en examen

Au début de son discours, des militants de SOS racisme venus mener une action se voulant "non violente" ont été agressés par des partisans d'Éric Zemmour. Une journaliste de l'AFP a vu une cinquantaine de personnes identifiées par les forces de l'ordre comme appartenant aux Zouaves - un groupuscule d'ultra droite -  qui ont pris la pose à la sortie du meeting, en scandant: "on est chez nous".

Une enquête a été ouverte par le parquet de Bobigny.

le maire


Eric Zemmour a condamné mardi "toutes les violences", tout en qualifiant les militants de SOS Racisme de "provocateurs", de "chiens truffiers des subventions", et les médias de "complaisants".

L'ancien éditorialiste devrait à nouveau être interrogé sur le sujet, tout comme sur son rapport aux médias.

La semaine dernière, il était apparu tendu lors de son premier entretien de candidat au JT de 20h de TF1, puis avait tenu des propos insultants à l'endroit du journaliste Gilles Bouleau après l'interview.

Fin septembre Eric Zemmour, qui n'avait alors pas encore annoncé sa candidature, avait débattu avec le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon sur BFM-TV devant 3,8 millions de téléspectateurs, un carton d'audience pour la chaîne qui réalisait là le deuxième meilleurs score de son histoire.     

candidats         

Pour son 120ème anniversaire, le Parti radical souffle ses bougies avec Macron

Le Parti radical, qui fête ses 120 ans, doit officialiser ce week-end son soutien à Emmanuel Macron pour la présidentielle et son intégration à la "maison commune" de la majorité, en appelant à une "plateforme de gouvernement" pour le prochain quinquennat.


Une exposition retraçant ses heures glorieuses dans son siège parisien et un colloque à l'Assemblée nationale: le "plus vieux parti de France" fête cette semaine son anniversaire en grande pompe.


Point d'orgue: son congrès, vendredi et samedi, lors duquel il doit entériner son soutien au futur candidat Macron à la présidentielle, si tant est que les militants adoptent la résolution en ce sens proposée par leur président, Laurent Hénart.


L'ancien maire de Nancy dont le parti "radicalement républicain" situé au centre de l'échiquier politique fut autrefois compagnon de route de l'UDF et de l'UMP, plaide pour une future "plateforme de gouvernement", avec "dix ou quinze propositions identifiables".


"La logique, c'est donc qu'on puisse entrer dans la campagne pour préparer une nouvelle majorité, avec de nouvelles formations, de nouvelles personnalités", poursuit celui qui estime que "la recomposition politique n'a pas encore eu lieu".


Son parti en a d'ailleurs fait l'expérience après l'élection d'Emmanuel Macron: après une tentative de rabibochage avec le Parti radical de gauche - lui-même issu d'un schisme en 1973 et historiquement proche du PS - , les Radicaux réunifiés s'étaient rebaptisés Mouvement radical social-libéral en 2017. 


Las: une partie des troupes de l'ex-PRG, généralement des proches de Jean-Michel Baylet, ont claqué la porte de la colocation à peine quelques mois plus tard.


Redevenu "Parti radical", ses élus sont éparpillés dans plusieurs groupes à l'Assemblée nationale - certains avec LREM, d'autres chez "Libertés et territoires".


Toujours plus compliqué: nombre de figures du parti sont restées fidèles aux majorités régionales auxquelles elles appartenaient historiquement, contre La République en marche. 


Ainsi par exemple dans le Grand-Est (à majorité LR), le Centre-Val-de-Loire (à majorité de gauche plurielle), mais aussi en Île-de-France, présidée par... Valérie Pécresse.


Le congrès des 120 ans se veut ainsi celui de la clarification, alors que - ultime paradoxe - le parti compte depuis 2017 un ministre dans ses rangs: Annick Girardin, titulaire du portefeuille de la Mer.


"L'objectif, c'est être plus fort, plus visible, avec plus de parlementaires", plaide Laurent Hénart, qui entend également intégrer la "maison commune" de la majorité lancée la semaine dernière, baptisée "Ensemble citoyens!".


Ce choix a cependant été contesté mercredi par Bertrand Pancher, membre du bureau national et patron du groupe Libertés et territoires à l'Assemblée, souvent en opposition à la majorité lors des votes. Dans une "lettre ouverte aux radicaux" que l'AFP a pu consulter, il indique se "mettre en retrait" du parti, contestant une "vassalisation précipitée". 


Pour le député de la Meuse, "l'indépendance est une exigence". Et de lancer: "Je me désespère de la dilution de notre formation dans une maison commune qui nous relèguerait à la cave". 


La France rapatrie treize femmes et enfants depuis les camps en Syrie, une première depuis deux ans

La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
La Française Emilie Konig marche dans le camp Al-Roj, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021, où elle est détenue avec d'autres personnes soupçonnées d'être des proches de membres présumés du groupe Daesh. (AFP)
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  • La France a rapatrié dix enfants et trois femmes détenus dans des camps jihadistes en Syrie, marquant la première opération du genre depuis deux ans
  • Deux femmes ont été placées en garde à vue, et une troisième présentée à un juge antiterroriste

PARIS: La France a rapatrié tôt mardi matin dix enfants et trois femmes âgées de 18 à 34 ans qui étaient détenus dans des camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie, une première depuis deux ans.

Parmi les femmes, "deux ont été placées en garde à vue, sur commission rogatoire du juge d'instruction", a annoncé le Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un communiqué.

"Une autre femme, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt, sera présentée à un juge d'instruction dans la journée" en vue d'une possible mise en examen, a-t-il ajouté.

"Les mineurs sont pris en charge dans le cadre de procédures d'assistance éducative sous la responsabilité du parquet" de Versailles, a indiqué le Pnat, qui "assurera le suivi centralisé des mineurs concernés, en lien avec les parquets territoriaux".

"La France remercie les autorités syriennes de transition ainsi que l'administration locale du Nord-Est syrien qui a rendu possible cette opération", a déclaré de son coté le porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

Cette opération est une première depuis juillet 2023 en France, où ces retours restent une question sensible, dix ans après la vague d'attentats jihadistes sur le sol national.

Au total, 179 enfants et 60 femmes adultes ont été rapatriées depuis 2019, précise une source diplomatique.

Mais ces opérations avaient cessé à l'été 2023, faute de volontaires selon les autorités, et ce malgré des condamnations internationales dont celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en 2022.

- "Arbitraire" -

"Pour les familles qui attendaient leurs petits-enfants, neveux et nièces depuis plus de six ans, c'est un immense et indescriptible soulagement", a déclaré l'avocate des femmes rapatriées, Marie Dosé, dans un communiqué transmis à l'AFP.

Mais "la France laisse derrière elle 110 autres enfants français, toujours détenus dans le camp Roj", l'un des camps contrôlés comme d'autres centres et prisons par les forces kurdes, depuis plus de six ans, dénonce-t-elle.

Des dizaines de milliers de personnes, d'une cinquantaine de nationalités et soupçonnées de liens avec l'organisation jihadiste État islamique, sont retenues dans ces camps.

En juin, quelque 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises y étaient encore retenus, selon le Collectif des Familles unies, qui rassemble leurs proches.

Après ce rapatriement nocturne, ce collectif a rediffusé sur X mardi matin son message habituel dénonçant la détention sur place d'enfants "coupables de rien" dans "des conditions indignes".

Car pour ces familles, rien n'est encore réglé. "Une nouvelle fois, la France fait le choix de l'arbitraire", regrette Marie Dosé.

"La France, qui refusait de rapatrier des enfants tant que leurs mères n'avaient pas donné leur accord, refuse aujourd'hui leur retour alors qu'ils sont devenus majeurs. Ce faisant et plus que jamais, la France décide donc de faire payer à ces enfants le choix de leurs parents", estime-t-elle aussi.

Elle dénonce également le sort de femmes sans enfant ou dont les enfants sont décédés, et que la France refuse désormais de rapatrier, ainsi que d'enfants nés en France et "conduits de force en Syrie" avant de pouvoir acquérir la nationalité, ou de jeunes majeurs enfermés dans d'autres lieux de détention syriens.

Pour Matthieu Bagard, responsable du pôle expertise Syrie de l'ONG Avocats sans frontières France, "ce rapatriement démontre une nouvelle fois que la France a la possibilité d'organiser ces opérations". Mais il déplore lui aussi la situation des femmes et jeunes majeurs toujours "illégalement détenus".

En février, l'administration kurde a annoncé, en coordination avec l'ONU, son intention de vider d'ici fin 2025 les camps du nord-est de la Syrie des déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de jihadistes.


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
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  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.