Fraude fiscale: facture réduite à 1,8 milliard en appel pour la banque suisse UBS

Une photo prise le 13 décembre 2021 montre une pancarte du géant bancaire suisse UBS affichée devant leur succursale de Lausanne. (Photo, AFP)
Une photo prise le 13 décembre 2021 montre une pancarte du géant bancaire suisse UBS affichée devant leur succursale de Lausanne. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 14 décembre 2021

Fraude fiscale: facture réduite à 1,8 milliard en appel pour la banque suisse UBS

  • Le 20 février 2019, le poids-lourd mondial de la gestion de fortune, sa filiale française ainsi que trois de ses anciens cadres ont en outre été condamnés à verser 800 millions d'euros de dommages et intérêts à l'Etat français, partie civile
  • UBS avait aussitôt fait appel: elle a toujours affirmé avoir respecté le droit en vigueur à l'époque des faits. Dans ce dossier, ouvert il y a dix ans, le groupe a versé une caution d'1,1 milliard d'euros et provisionné 450 millions en 2019

PARIS : UBS a bien démarché illégalement des riches Français entre 2004 et 2012 afin qu'ils placent leur fortune à l'abri du fisc en Suisse, selon la cour d'appel de Paris, qui a condamné lundi la banque à payer un total d'1,8 milliard d'euros, une sanction néanmoins considérablement allégée par rapport à la première instance.

Pour la deuxième fois, UBS a été reconnue coupable de démarchage bancaire illégal et de blanchiment aggravé de fraude fiscale, pour avoir à l'époque envoyé des commerciaux suisses "chasser" des contribuables repérés lors de réceptions, concerts ou tournois de golf, afin de les convaincre d'ouvrir des comptes non-déclarés.

La cour d'appel a cependant choisi une sanction très différente de celle du tribunal en février 2019: elle a prononcé une amende de 3,75 millions d'euros, une confiscation de 1 milliard sur la caution de 1,1 milliard déjà versée par UBS et octroyé à l’État, partie civile, 800 millions d'euros de dommages et intérêts.

En première instance, la banque s'était vu infliger une amende mille fois supérieure, de 3,7 milliards d'euros, la plus lourde jamais prononcée en France dans une affaire d'évasion fiscale. Le tribunal n'avait pas prononcé de confiscation mais condamné UBS à payer le même montant de 800 millions à l’État.

Si elle est bien inférieure, la sanction prononcée lundi reste considérable à l'échelle de la France. En septembre 2019, Google a par exemple accepté de verser près d'un milliard pour solder ses contentieux fiscaux, évitant un procès. Fin janvier 2020, Airbus a réglé une amende record de 2 milliards dans le cadre d'une transaction judiciaire, pour des faits de corruption.

"UBS va étudier la décision et examiner toutes les options, y compris" un pourvoi auprès de la Cour de cassation, a réagi la banque dans un communiqué. 

Jugée à ses côtés, la filiale française d'UBS a été relaxée des poursuites pour complicité de blanchiment aggravé, mais condamnée pour complicité de démarchage bancaire illégal à 1,875 million d'euros d'amende - contre 15 millions en première instance.

Six anciens cadres étaient en outre poursuivis. Quatre ont été condamnés: Dieter Kiefer à un an d'emprisonnement avec sursis et 300 000 euros d'amende, Patrick de Fayet à un an de prison et 200 000 euros d'amende, Olivier Baudry et Philippe Wick à 6 mois avec sursis et 200 000 euros d'amende.

Deux autres hommes ont enfin été relaxés: Raoul Weil et Hervé d'Halluin, le premier ayant été déjà mis hors de cause par le tribunal.

Avant UBS, des exemples de banques internationales sanctionnées

Avant UBS, de nombreuses banques internationales ont été sanctionnées pour des soupçons de fraude fiscale, blanchiment, pratiques illicites dans l'immobilier, manipulation de taux ou violations d'embargo.

En voici quelques exemples retentissants depuis 2014, la plupart portant sur des amendes négociées afin d'échapper à un procès: 

JPMorgan

En septembre 2020, pour solder les poursuites engagées par les autorités, la banque américaine JPMorgan Chase accepte de payer 920 millions de dollars pour avoir manipulé les cours sur les marchés des métaux et des bons du Trésor.

Goldman Sachs

En août 2020, la banque d'affaires américaine Goldman Sachs finalise un accord avec la Malaisie prévoyant le versement de 3,9 milliards de dollars, dans l'affaire de détournement du fonds souverain 1MDB.

La banque avait conclu en 2016 un accord de 5,06 milliards de dollars avec le ministère américain de la Justice, pour éviter des poursuites liées aux "subprimes".

Wells Fargo

Les autorités américaines confirment en février 2020 avoir infligé une amende de 3 milliards de dollars à la banque Wells Fargo pour avoir ouvert, pendant quatorze ans, des millions de comptes fictifs au nom de ses clients, à leur insu. Cela a porté à plus de 7 milliards de dollars au total les pénalités financières liées à ses pratiques commerciales depuis l'éclatement de cette affaire.

Société Générale

La Société Générale se voit infliger en novembre 2018 une amende de 1,34 milliard de dollars par les autorités américaines pour avoir contourné des embargos imposés par Washington.

En juin, la banque française avait déjà accepté de verser au total 1,34 milliard de dollars à la justice française et aux autorités américaines pour mettre fin à deux autres enquêtes, sur des soupçons de corruption avec le fonds souverain libyen et de manipulation du taux interbancaire Libor.

RBS

En 2018, la banque britannique RBS écope d'une amende de 4,9 milliards de dollars (4,1 milliards d'euros) pour solder un litige avec la justice américaine lié aux prêts hypothécaires à risque (crise des "subprimes").

Barclays

La banque britannique Barclays conclut en 2018 un accord avec la justice américaine prévoyant une pénalité de 2 milliards de dollars pour solder une enquête portant sur ses pratiques dans l'immobilier avant la crise financière de 2008.

HSBC

En 2017, la justice française annonce que HSBC Private Bank, filiale suisse du géant bancaire britannique, a accepté de payer 300 millions d'euros pour échapper à un procès pour "blanchiment de fraude fiscale", une procédure alors inédite en France. 

Crédit Suisse

En 2017, les autorités américaines confirment un accord prévoyant le versement par le Crédit Suisse de 5,28 milliards de dollars pour clôturer leur enquête sur son rôle dans la crise des "subprimes".

En 2014, la banque suisse avait accepté de payer une amende de 2,6 milliards de dollars aux autorités américaines pour aide à l'évasion fiscale.

Deutsche Bank

La Deutsche Bank annonce en 2016 un accord avec la justice américaine: elle versera 7,2 milliards de dollars pour solder un litige lié aux "subprimes". 

En 2015, la banque allemande avait déjà accepté de verser une amende globale de 2,51 milliards de dollars aux autorités américaines et britanniques pour échapper à des poursuites liées à des manipulations des taux interbancaires.

Six banques à l'amende

En 2015, six banques (les américaines JPMorgan Chase, Citigroup et Bank of America, les britanniques Barclays et RBS, la suisse UBS) se voient infliger une amende totale de près de 6 milliards de dollars par les autorités américaines et britanniques pour avoir manipulé des taux de change.

Bank of America

Bank of America accepte en 2014 de payer un montant historique de 16,65 milliards de dollars pour mettre fin à des poursuites aux Etats-Unis liées aux "subprimes".

BNP Paribas

La banque française BNP Paribas reconnait en 2014 avoir violé des embargos américains contre Cuba, l'Iran et le Soudan, et accepte de payer 8,9 milliards de dollars pour échapper à des poursuites aux Etats-Unis.

«Carnets du lait»

"La décision est difficile à comprendre", a réagi l'avocat d'UBS AG, Me Hervé Temime. Les "conséquences financières sont inférieures de 2,7 milliards" mais "sur le principe, il y a une condamnation, donc nous allons réfléchir pour voir si nous formons un pourvoi en cassation".

Les motivations de la décision n'étaient pas connues dans l'immédiat. Entre les deux procès, la Cour de cassation a cependant rendu des arrêts susceptibles de modifier le calcul de l'amende encourue par UBS. Dans tous les cas, la cour d'appel n'a pas suivi le parquet général qui avait demandé au procès en mars "au moins" deux milliards d'euros d'amende.

Après avoir piétiné toute la matinée, l'action UBS a bondi immédiatement après la décision mais ensuite rapidement cédé ses gains pour terminer la séance en légère baisse - le titre a clôturé en repli de 0,36% à 16,41 francs suisses.

Ce dossier avait été lancé en 2011, dans la foulée de la crise financière. Les investigations avaient mis au jour des documents baptisés les "carnets du lait", considérés par l'accusation comme une façon de masquer les mouvements de capitaux transfrontaliers.

La banque a toujours réfuté tout démarchage illégal et affirmé n'avoir fait qu'offrir des services liés au secret bancaire suisse. Ce dernier a pris fin, sur le papier, à partir de 2017, avec la mise en place progressive de l'échange automatique de données entre pays.

Mise en cause dans l'Hexagone à la même époque, la filiale suisse de la banque britannique HSBC avait choisi de payer au fisc 300 millions d'euros en 2017, via un accord alors sans précédent en France.

Aux Etats-Unis, UBS, notamment accusée d'avoir permis à plus de 17 000 Américains de se soustraire au fisc, a échappé à un procès en versant 780 millions de dollars en 2009. 

Résoudre le litige en France est un des grands chantiers d'Axel Weber, le président de la banque et ancien président de la banque centrale allemande.

En 2019, l'amende de 3,7 milliards d'euros avait donné lieu à un très rare vote de défiance de la part des actionnaires lors de l'assemblée générale annuelle. Ces derniers avaient refusé de donner le quitus aux dirigeants, qui les aurait déchargés de leurs responsabilités personnelles - habituellement une formalité dans les assemblées générales.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.