Il est temps pour les Palestiniens d'arrêter de dire «non»

Le drapeau palestinien hissé à Hébron, en Cisjordanie occupée, le 4 septembre 2019. (Reuters)
Le drapeau palestinien hissé à Hébron, en Cisjordanie occupée, le 4 septembre 2019. (Reuters)
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Publié le Dimanche 19 décembre 2021

Il est temps pour les Palestiniens d'arrêter de dire «non»

Il est temps pour les Palestiniens d'arrêter de dire «non»
  • Les Palestiniens et leurs voix militantes n'ont aucune idée de la manière de s'engager efficacement dans des querelles diplomatiques ou de manipuler la politique par le biais de l'opinion publique
  • La négation n'est pas une stratégie; c’est un symbole de faiblesse, pas un substitut à un leadership efficace ou stratégique

La plupart des Arabes ont le souvenir d’un ancien président américain, Donald Trump, ayant interdit à de nombreux musulmans d'entrer aux États-Unis et ayant sapé le processus de paix pour la Palestine. La réalité est que Donald Trump n'a pas pu parvenir à la paix entre Israël et la Palestine parce que les Palestiniens n'ont jamais vraiment essayé de négocier ou de proposer des idées.

Les Palestiniens estimaient que Donald Trump était partial et trop proche de l'ancien Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. Pourtant, dans une interview accordée cette semaine, Donald Trump a révélé qu'il n'aimait pas Benjamin Netanyahou et que le Premier ministre israélien «n'a jamais voulu la paix» avec les Palestiniens. 

Alors, que s'est-il réellement passé? Bien que M. Netanyahou ait avalisé le plan de paix de Donald Trump, les Palestiniens l'ont immédiatement rejeté et ils ont refusé de faire une contre-proposition ou de discuter de changements.

Benjamin Netanyahou n’a peut-être pas voulu faire la paix, mais il ne l’a pas laissé transparaître dans son attitude, du moins pas jusqu’à ce que les Palestiniens coupent l’herbe sous le pied des efforts de Donald Trump et que l’accord soit déclaré mort-né.

Ces événements ont montré que M. Netanyahou – et les Israéliens en général – comprenaient mieux la diplomatie et la politique que les Palestiniens. Malheureusement, les Palestiniens et leurs voix militantes n'ont aucune idée de la manière de s'engager efficacement dans des querelles diplomatiques ou de manipuler la politique par le biais de l'opinion publique. Ils ne savent que réagir à l'opinion, pas la contrôler.

Les Palestiniens commencent toujours leurs «négociations» par la souffrance et le conflit, ce qui aggrave leur situation. Ils ont rejeté catégoriquement le plan déficient de Donald Trump et ils ont fait monter les enchères en augmentant leur discours négatif, pensant que cela renforcerait le soutien du public. Ce n'est pas le cas. Personne n'aime les aigris, surtout ceux qui refusent de s'engager.

Bien que Donald Trump ait cherché à interdire aux immigrants et aux visiteurs de six pays à prédominance musulmane d'entrer aux États-Unis, ces pays ne représentaient qu'une petite partie du monde musulman, qui se compose d'une cinquantaine de nations. Mais qualifier cela d’une «interdiction aux musulmans» a permis aux ennemis du plan de paix Trump de s’énerver davantage et de renforcer leur opposition. Cela a également permis d’éviter toute accusation de la direction et des militants palestiniens. L’«interdiction» exagérée imposée aux musulmans était une excuse pour rejeter toute la démarche de Donald Trump.

Cela ne veut pas dire que Donald Trump était le grand négociateur qu'il prétendait être ou qu'il était un grand président. Il n'a tout simplement pas eu d'autre choix que de tomber dans les bras de Benjamin Netanyahou.

 

Il a déplacé l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, une action d'une grande importance, mais qui, en réalité, n'a pas affecté la véritable volonté de parvenir à la paix.

Même avec l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, il y avait encore une possibilité de parvenir à la paix. Plutôt que de faire de l'ambassade un obstacle à la paix, les Palestiniens auraient pu reconnaître qu'il ne s'agissait que du début d'un processus. Ils auraient pu faire pression pour obtenir un meilleur accord.

Au lieu de cela, les Palestiniens ont fait ce qu'ils font toujours: réagir aux provocations israéliennes et permettre à Israël de faire bonne figure. Alors que M. Netanyahou a gardé pour lui son opinion sur le fait qu'il ne voulait pas faire la paix, les Palestiniens ont fait du rejet du plan leur «Massada» (forteresse du Néguev dans laquelle s'étaient retranchés les zélotes encerclés par les légions romaines avant de se suicider collectivement en l'an 73).

La négation n'est pas une stratégie. C'est un symbole de faiblesse, pas un substitut à un leadership efficace ou stratégique.

M. Trump a donné aux Palestiniens l'opportunité de s'engager, mais ils ont refusé, le laissant appuyer les intérêts et les demandes d'Israël. Pourtant, maintenant que Donald Trump n'est plus à la Maison-Blanche, les Palestiniens ne veulent pas se demander: «Qu'est-ce qui a changé?» Ils ne posent pas cette question car, en réalité, rien n'a changé.

Le président Joe Biden a offert un soutien modéré aux Palestiniens; suffisamment pour bouleverser certains Israéliens mais pas assez pour faire la différence. Contrairement aux Palestiniens, les Israéliens ne s’effaceront pas et ne laisseront pas le champ libre au président. Ils font ce que les Palestiniens n'ont pas réussi à faire avec Donald Trump: repousser, organiser des campagnes de relations publiques et faire pression pour l'adoption d'une législation pro-israélienne au Congrès américain.

Les Palestiniens doivent être plus intelligents. Ils doivent changer leurs stratégies et faire taire les fanatiques qui battent les tambours de la colère, de la haine et de l'émotion comme outils pour se donner du pouvoir.

Les Palestiniens peuvent gagner en prenant l’avantage sur Israël – en s’exprimant d’avantage sur la paix et la non-violence que les Israéliens.

Ils ont certainement besoin d'une meilleure stratégie de communication pour convaincre le public. Les Palestiniens enregistrent un très mauvais score en relations publiques – en réalité, ils n'ont pas de relations publiques. En effet, ils ne font aucun effort réel pour gagner les cœurs et les esprits du peuple américain, ce qui pourrait contribuer à contrer la campagne de propagande massive d'Israël.

Au lieu de cela, les Palestiniens permettent à Israël de tout contrôler: imprégner le discours, le message, définir l'histoire et déterminer ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai.

 

Les Palestiniens peuvent gagner en prenant l'avantage sur Israël – en s’exprimant davantage sur la paix et la non-violence que les Israéliens.

Ray Hanania

Le soutien du monde arabe à la Palestine a changé symboliquement, mais pas intrinsèquement. La reconnaissance d'Israël par les Émirats Arabes Unis (EAU) ne fait que créer un environnement pour plaider pour la paix. La semaine dernière seulement, les EAU et l'Arabie saoudite ont déclaré qu’Israël doit reconnaître les droits des Palestiniens et autoriser une capitale palestinienne à Jérusalem-Est.

L’envoyé de l'Arabie saoudite à l'Organisation des nations unies (ONU) a déclaré cette semaine lors d’un interview accordée à l’émission Frankly Speaking d'Arab News que le Royaume continue de plaider pour la mise en œuvre de sa proposition de paix israélo-palestinienne de 2002 comme condition à la normalisation des relations.

La seule façon d’arriver à la paix est que les Palestiniens cessent de dire «non» et commencent à s'engager diplomatiquement et stratégiquement.

 

Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Web personnel à l'adresse www.Hanania.com. Twitter: @RayHanania

 

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.