Les prisonniers palestiniens boycottent la pratique de détention sans inculpation

Un mirador de la prison militaire israélienne d'Ofer est visible sur cette photo. (Photo, Shutterstock).
Un mirador de la prison militaire israélienne d'Ofer est visible sur cette photo. (Photo, Shutterstock).
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Publié le Dimanche 02 janvier 2022

Les prisonniers palestiniens boycottent la pratique de détention sans inculpation

  • Les ordonnances de détention administrative peuvent durer six mois au maximum
  • Les ordonnances sont souvent renouvelées, ce qui maintient effectivement les prisonniers en détention indéfinie

AMMAN : Des centaines de Palestiniens détenus sans inculpation dans les prisons israéliennes boycottent les audiences des tribunaux concernant la pratique de la détention administrative.

Les ordonnances de détention administrative peuvent durer jusqu'à six mois, mais sont souvent renouvelées, ce qui maintient effectivement les prisonniers en détention indéfinie.

Le boycott a commencé après que Hicham Abou Hawash, un père de cinq enfants emprisonné sans inculpation ni jugement en détention administrative, ait atteint son 138e jour de grève de la faim. Sa famille et ses amis disent que «sa vie et sa santé sont en danger » et que «l'occupation israélienne porte l'entière responsabilité de sa survie».

Un communiqué publié par le comité de direction des prisonniers a indiqué qu'un accord avait été conclu pour lancer le boycott des tribunaux israéliens à partir du 1er janvier.

Hind Shraydeh, dont le mari Obay Aboudi a été détenu il y a deux ans, a raconté à Arab News la douleur d'élever trois enfants sans leur père.

«La détention administrative n'a rien à voir avec la loi ou la justice. Votre famille, votre vie, vos enfants et votre travail sont affectés par l'humeur du commandant militaire israélien qui signe l'ordre de détention administrative», a-t-elle expliqué.

Shraydeh soutient le boycott, affirmant que c'est «la seule option qui reste».

Elle a ajouté : «Les prisonniers ont essayé des grèves de la faim, ce qui n'a rien changé. Il n'y a pas d'autre option pour les prisonniers et leurs familles parce que nous connaissons tous les résultats des affaires judiciaires de toute façon, alors pourquoi devrions-nous leur donner l’apparence de prétendre être une démocratie alors qu'ils ne le sont pas».

Le cas de Rami Fadayel est un autre exemple de détention arbitraire. Il a été placé en détention administrative à sept reprises, a déclaré sa mère, Mouna Fadayel, à Arab News.

«Avec la dernière arrestation, cependant, ils ont décidé de l'inculper. Ils ont confisqué sa presse à imprimer après avoir trouvé un reçu au comité de secours médical. Ils l'ont accusé, sans preuve, de soutenir le terrorisme», a-t-elle souligné.

Les preuves contre son fils «sont si fragiles» que les Israéliens échoueront très probablement à le condamner, mais ils utiliseront la détention administrative pour le garder derrière les barreaux, a-t-elle ajouté.

«Rami a 42 ans et sa fille de 14 ans l'a à peine vu sortir de prison en raison des ordonnances successives de détention administrative qui sont régulièrement imposées aux Palestiniens», a-t-elle déclaré à Arab News.

Fadayal «prie pour que le boycott fonctionne», mais elle doute à cause des précédentes tentatives infructueuses. «C'est une bonne idée. bien que rien ne s'est passé dans le passé. Nous sommes tous frustrés et avons l'impression que personne n'est avec nous».

Le membre palestinien de la Knesset israélienne Sami Abou Shehadeh a déclaré à Arab News que la Liste arabe unie pense que la pratique de la détention administrative est «absolument l'enlèvement de Palestiniens par Israël».

Il a signalé : «En ne les arrêtant pas pour un acte particulier et en ne les inculpant pas, le gouvernement israélien les met en prison sans aucune base légale. Israël a hérité cette loi du Mandat britannique, qui a promulgué des réglementations d'urgence pendant la Seconde Guerre mondiale».

«La guerre est terminée depuis longtemps, mais Israël utilise toujours ces lois liées à la guerre contre les Palestiniens».

Abou Shehadeh a ajouté que la détention administrative est «un crime immoral et illégal utilisé par Israël dans le but d’augmenter l'oppression des Palestiniens, avec le silence de tous les pays qui prétendent être démocratiques».

Shahwan Jabarin, directeur de l'organisation de défense des droits humains Al-Haq, a déclaré à Arab News qu'Israël a transformé la procédure, qui était auparavant limitée à des «cas extrêmement exceptionnels», en «une punition, une arme politique et une méthode d'intervention politique dans la vie des Palestiniens».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.