L'inflation s'envole en Turquie, Erdogan défend ses résultats

Au pouvoir depuis 2003, M. Erdogan refuse toute inflexion dans sa politique économique sur laquelle a longtemps reposé son succès. (Photo, AFP)
Au pouvoir depuis 2003, M. Erdogan refuse toute inflexion dans sa politique économique sur laquelle a longtemps reposé son succès. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 04 janvier 2022

L'inflation s'envole en Turquie, Erdogan défend ses résultats

  • Cette hausse des prix à la consommation, plus de sept fois supérieure à l'objectif initial du gouvernement, s'explique par la chute de près de 45% de la livre turque face au dollar sur un an
  • Pour les Turcs, l'effondrement de la monnaie se traduit par une envolée des prix devenue difficilement soutenable, le pays étant très dépendant des importations, notamment pour les matières premières et l'énergie

ISTANBUL: L'inflation s'est envolée à 36,08% sur un an en décembre en Turquie, un record depuis septembre 2002 à la dégringolade de la livre turque mais le président Recep Tayyip Erdogan, en position inconfortable à dix-huit mois de l'élection présidentielle, continue de défendre ses choix 

La hausse des prix à la consommation, plus de sept fois supérieure à l'objectif initial du gouvernement, à 13,58% sur le seul mois de décembre, s'explique par la chute de près de 45% de la livre turque face au dollar en un an, malgré des mesures d'urgence annoncées par le chef de l'Etat mi-décembre. 

Conscient des dommages causés non seulement à l'économie mais ausi à sa cote de confiance, M. Erdogan a promis en début de soirée, après la réunion du gouvernement, de "ramener l'inflation à un chiffre le plus vite possible". 

Car ces chiffres sont l'objet d'une âpre bataille politique: l'opposition et une partie de la population accusent l'Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer sciemment la hausse des prix, alimentée par la politique économique du président qui a poussé la banque centrale turque à abaisser systématiquement ses taux d'intérêt ces derniers mois. 

A rebours des théories économiques classiques, M. Erdogan estime que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation, mais sa politique monétaire - et le manque d'indépendance de la banque centrale, dont M. Erdogan a limogé trois gouverneurs depuis 2019 - n'ont fait qu'entraîner la monnaie nationale dans sa chute. 

Exportations record 

Au pouvoir depuis 2003, M. Erdogan refuse toute inflexion dans sa politique économique, sur laquelle a longtemps reposé son succès, et semble tout miser sur la croissance, qui a atteint 7,4% sur un an au troisième trimestre 

Celle-ci est portée notamment par des exportations rendues moins coûteuses, en hausse de 32,9% sur un an à 225,37 milliards de dollars, "un record", s'est félicité ainsi lundi le président turc vantant ces bons résultats. 

Pour soutenir la monnaie face au billet vert, les autorités ont appelé lundi les exportateurs à reverser 25% du montant de leurs exportations en euros, dollars ou livres sterling, à l'Autorité monétaire de Turquie. 

Après plusieurs semaines de pertes historiques, la livre turque s'était redressée mi-décembre après l'annonce de mesures d'urgence par le chef de l'Etat et à des ventes massives de réserves en dollars, avant de se replier de nouveau. 

Il fallait environ 13 livres turques pour obtenir un dollar lundi - contre 7,4 livres début janvier 2021 et 9,6 livres début novembre. 

Pour les ménages, l'effondrement de la monnaie se traduit par des factures sans cesse plus élevées, le pays étant très dépendant des importations, notamment pour les matières premières et l'énergie. 

L'inflation saute aux yeux dans les supermarchés: les prix des denrées alimentaires ont grimpé de 43,8% sur un an malgré les menaces du gouvernement, qui a exhorté les grandes chaînes de supermarchés à revoir leurs prix à la baisse ces dernières semaines. 

+86% pour la farine et le poulet

Selon les chiffres officiels, la farine et la viande de poulet ont augmenté de 86% en un an, l'huile de tournesol de 76% et le pain de 54%. 

D'interminables files d'attente sont ainsi apparues ces dernières semaines devant des kiosques à pain gérés par les municipalités d'opposition à Istanbul et Ankara, le pain est vendu deux fois moins cher que dans la plupart des boulangeries. 

Dans ce contexte politiquement explosif, le président Erdogan a relevé le salaire minimum au 1er janvier de 2.825,90 à 4.253,40 livres (environ 275 euros), une hausse de 50% déjà pour partie effacée par la conjoncture. 

"Je crains que toutes les hausses de salaires n'aient fondu en deux mois", a cependant tempéré sur Twitter Gizem Öztok Altinsaç, économiste en chef de l'organisation patronale turque Tüsiad. 

"Chiffres de l'inflation absolument terribles pour la Turquie en décembre (...). Le résultat de politiques économiques désastreuses", a commenté l'économiste Timothy Ash, spécialiste de la Turquie au cabinet BlueBay Asset Management, pour qui le pays fait désormais face à "une spirale inflation/dévaluation du type Argentine/Venezuela". 

Outre la valse des gouverneurs de la banque centrale, le chef de l'Etat a également remplacé à trois reprises depuis 2018 son ministre des Finances, dont le dernier, le 2 décembre, en pleine débâcle. 


IA: Microsoft annonce 15,2 milliards de dollars d'investissements aux Emirats arabes unis

Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe. (AFP)
Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe. (AFP)
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  • Le géant technologique américain a investi 7,3 milliards de dollars dans le pays depuis 2023, dans le cadre d'une initiative soutenue par les gouvernements des Etats-Unis et des Emirats arabes unis
  • Ce montant inclut l'investissement de 1,5 milliard dans la société d'intelligence artificielle G42

ABOU DHABI: Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe.

Le géant technologique américain a investi 7,3 milliards de dollars dans le pays depuis 2023, dans le cadre d'une initiative soutenue par les gouvernements des Etats-Unis et des Emirats arabes unis, a indiqué son président Brad Smith, dans une lettre publiée en marge d'une visite à Abou Dhabi.

Ce montant inclut l'investissement de 1,5 milliard dans la société d'intelligence artificielle G42, dirigée par le conseiller à la sécurité nationale et frère du président émirati, Tahnoon ben Zayed.

"Du début de l'année 2026 à la fin de l'année 2029, nous dépenserons plus de 7,9 milliards de dollars" supplémentaires pour continuer à développer l'infrastructure d'IA et de cloud dans le pays, portant l'enveloppe totale à 15,2 milliards, a-t-il ajouté.

L'Etat du Golfe, qui figure parmi les principaux exportateurs de pétrole au monde, a fait de l'IA l'un des piliers de sa stratégie de diversification économique, avec l'ambition de devenir un leader mondial d'ici 2031.

Il subit toutefois les règles imposées par les Etats-Unis pour restreindre les exportations de certaines puces d'IA avancées vers la Chine, dont l'une prévoit des autorisations pour toute exportation ou réexportation afin de limiter toute opération consistant à contourner les restrictions en passant par des pays tiers.

Des exemptions sont prévues pour des pays considérés comme amis des Etats-Unis, mais la plupart se voient imposer des plafonds.

Lors de la visite du président américain Donald Trump à Abou Dhabi en mai, les Emirats et les Etats-Unis ont conclu un partenariat stratégique dans l'IA, laissant espérer un assouplissement de ces règles à l'égard du pays.

Sous l'administration de Joe Biden, Microsoft avait été "l'une des rares entreprises" à obtenir des licences d'exportation pour les Emirats, permettant d'accumuler dans le pays l'équivalent de 21.500 puces A100 de la compagnie Nvidia, selon son président.

Et pour la première fois depuis l'arrivée de M. Trump, elle a obtenu en septembre des licences "permettant d'expédier l'équivalent de 60.400 puces A100 supplémentaires", impliquant dans ce cas des technologies encore plus avancées, a-t-il ajouté en soulignant que ces autorisations étaient basées sur "des mesures de protection technologique strictes".


Saudi Eksab et le Guyana s’allient pour développer des investissements dans des secteurs clés

Saudi Eksab et le gouvernement de la Guyane ont signé un protocole d'accord afin d'envisager une collaboration en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques clés. (Fourni)
Saudi Eksab et le gouvernement de la Guyane ont signé un protocole d'accord afin d'envisager une collaboration en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques clés. (Fourni)
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  • Saudi Eksab et le gouvernement du Guyana ont signé un MoU pour développer des investissements conjoints dans des secteurs stratégiques clés
  • L’accord, conclu en marge de la Future Investment Initiative à Riyad, vise à renforcer la coopération économique et la diversification durable

RIYAD : Saudi Eksab et le gouvernement du Guyana ont signé un protocole d’accord (MoU) visant à explorer une collaboration en matière d’investissements dans des secteurs stratégiques clés, en marge de la Future Investment Initiative (FII) à Riyad.

Le protocole a été signé par Yazeed Alyahya, PDG de Saudi Eksab, et Zulfikar Ally, ministre guyanais du Service public, de l’Efficacité gouvernementale et de la Mise en œuvre, en présence du président du Guyana, Mohamed Irfaan Ali.

Selon un communiqué, cet accord ouvre la voie à un renforcement de la coopération pour promouvoir des opportunités d’investissement stratégiques et identifier de nouveaux domaines d’intérêt commun. Il consolide également le rôle de Saudi Eksab en tant que partenaire de confiance soutenant la croissance durable et la diversification économique.

« Le Guyana entre dans une phase de développement transformateur. À travers cette collaboration avec Saudi Eksab, nous souhaitons explorer des partenariats capables d’accélérer le développement des infrastructures et la diversification économique tout en favorisant la coopération mondiale », a déclaré Ally dans le communiqué.

De son côté, AlYahya a ajouté : « Ce partenariat marque une étape prometteuse dans notre mission visant à identifier des initiatives d’investissement à fort impact, génératrices d’une croissance économique partagée. Nous sommes impatients de concrétiser des opportunités significatives. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le PIF en passe d’atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs d’ici la fin de l’année, selon Al-Rumayyan

M. Al-Rumayyan a indiqué que le fonds a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de favoriser la diversification économique. (Argaam)
M. Al-Rumayyan a indiqué que le fonds a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de favoriser la diversification économique. (Argaam)
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  • Les actifs du PIF ont triplé depuis 2015 et devraient atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, avec plus de 100 entreprises créées pour diversifier l’économie
  • Une nouvelle stratégie du fonds, centrée sur six secteurs clés dont le tourisme, la logistique et l’énergie renouvelable, vise à renforcer la transformation économique du Royaume

RIYAD : Yasir Al-Rumayyan, gouverneur du Fonds public d’investissement (PIF), a déclaré que les actifs du fonds ont triplé depuis 2015, ajoutant que l’objectif d’atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs d’ici la fin de cette année est presque atteint.

Le PIF constitue la pierre angulaire de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite. Son effectif est passé d’environ 40 employés en 2015 à quelque 4 000 aujourd’hui, et le fonds dispose désormais de bureaux dans plusieurs grandes capitales mondiales.

Al-Rumayyan a indiqué que le PIF a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de stimuler la diversification économique.

Il a révélé qu’une nouvelle stratégie du PIF sera annoncée prochainement, celle-ci étant actuellement dans les dernières étapes d’approbation. Cette stratégie se concentrera sur six secteurs clés : le tourisme, les voyages et le divertissement, le développement urbain, la fabrication avancée et l’innovation, la logistique, l’énergie renouvelable et NEOM.

Cet axe stratégique, a-t-il souligné, permettra au fonds de hiérarchiser ses investissements selon des calendriers précis : « Nous ne voulons pas aborder tous les investissements avec le même niveau de priorité, » a-t-il ajouté.

Al-Rumayyan a également mis en avant le succès du PIF dans la relance de la King Abdullah Economic City, qui fait partie de son portefeuille. Il a expliqué que le PIF a augmenté sa participation de minoritaire à majoritaire, transformant une entreprise restée largement inactive pendant près de deux décennies en un pôle dynamique attirant ports, entreprises et industries automobiles, entre autres.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com