Des prisonniers menacent de se suicider si la loi d’amnistie au Liban n’est pas votée

Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, dirige une session législative générale au palais de l'UNESCO à Beyrouth, au Liban, le 30 septembre 2020 (Reuters)
Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, dirige une session législative générale au palais de l'UNESCO à Beyrouth, au Liban, le 30 septembre 2020 (Reuters)
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Publié le Jeudi 01 octobre 2020

Des prisonniers menacent de se suicider si la loi d’amnistie au Liban n’est pas votée

  • Le désaccord se résume sur qui devrait être gracié et les raisons qui poussent le chef du Hezbollah à redoubler ses requêtes au gouvernement
  • Le projet de loi a été approuvé avec un amendement à la demande du bloc du Futur

BEYROUTH. Des détenus à la prison centrale de Roumieh au Liban ont menacé de se suicider mercredi dans le but de faire pression sur le parlement pour une loi d’amnistie.

Des séquences vidéo de l'intérieur de la prison les montrent alors qu’ils menacent de se pendre si la loi n'est pas adoptée.

« Oui, nous avons volé, mais c'était à cause de la faim et de la pauvreté », a déclaré un détenu.  « Les gros voleurs sont intouchables, et seuls ceux qui volent un œuf sont poursuivis (tandis que) celui qui a tué l'ancien Premier ministre Rafic Hariri est acquitté. »

Un autre détenu a enroulé un tissu autour de son cou, préparant un nœud coulant. « S'ils n'approuvent pas l'amnistie générale, nos vies ne nous importent plus », a-t-il dit. « Puis-je reposer en paix. » D'autres prisonniers n'ont pas tardé à l'empêcher de se suicider.

Les familles des détenus ont demandé la grâce pour leurs proches et ont organisé un sit-in près de l'endroit où les parlementaires se réunissent pour discuter de la loi.

Mais les désaccords entre les blocs parlementaires signifient que le projet de loi sera renvoyé à un comité.

Un autre point de différence au cours de la session était la loi sur l'enrichissement illicite. Le président du Parlement, Nabih Berri, a déclaré que ce sujet nécessite toute une session pour modifier la constitution afin de lever l'immunité des députés.

Il a déclaré au Parlement : « Tant qu'il y aura sectarisme et sectes, aucun progrès ne pourra être réalisé au Liban. Des ministres ont été arrêtés, et c'est moi qui les ai dénoncés. Personne n'a voulu faire de même. »

Le Mouvement patriotique libre (MPL) a déclaré que le libellé du projet de loi affecte tout le monde, y compris les ministres et les députés, tandis que le Mouvement du futur estime que ce n’est pas le cas parce qu’ils jouissaient de l’immunité parlementaire.

Le projet de loi a été approuvé avec un amendement à la demande du bloc du Futur, qui exigeait la suppression de la phrase « lever l'immunité du Premier ministre et des ministres » pour la remplacer par : « L'infraction d'enrichissement illicite est soumise à la juridiction du système judiciaire »

Cette loi est une exigence du mouvement civil depuis environ un an et l’une des conditions de réforme exigées du Liban.

Le chef du MPL Gebran Bassil, qui est en quarantaine en raison du coronavirus, a salué l'adoption du projet de loi tout en l’attribuant comme une réalisation pour son bloc parlementaire « sur la voie de la responsabilisation de chaque fonctionnaire».

Mais le député du bloc du futur Hadi Hobeich a déclaré que la loi n'inclut pas les parlementaires, les ministres et les présidents, et que cette question nécessite un amendement constitutionnel.

« L'immunité d'un député est constitutionnelle et l'enrichissement illicite est une infraction pénale », a-t-il déclaré. « Le texte actuel ne touche ni le Premier ministre ni les ministres, et nous voulons un amendement pour étendre cette loi au président, au Premier ministre, au président du parlement et aux fonctionnaires. »

Le sort du gouvernement libanais - ou plutôt la formation d’un nouveau gouvernement - est toujours en jeu, ce qui se complique après le discours du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah mardi soir.

« Le Hezbollah veut participer au gouvernement et nous voulons choisir ceux qui y représentent les chiites », a déclaré Nasrallah. « L’objectif n'est pas que les chiites soient représentés et qu'ils prennent quelconque portefeuille, le plus important est de savoir qui manie leur pouvoir décisionnel. »

Il a également déclaré que la présence du parti au gouvernement est importante pour avoir accès aux conditions que le FMI imposerait en échange d’une aide financière au Liban.

Le Premier ministre désigné Mustapha Adib, chargé de former le gouvernement, a démissionné après que le Hezbollah et le Mouvement Amal aient insisté pour prendre le portefeuille des finances et nommer tous les ministres chiites du gouvernement.

Leurs revendications sapent une initiative de la France, qui a appelé à un mini-gouvernement composé de ministres technocrates qui n'ont aucun rapport avec les partis politiques au pouvoir.

L'ancien député Fadi Karam, secrétaire du bloc parlementaire de la République forte, a critiqué Nasrallah.

« Les initiatives de sauvetage des amis du Liban sont conditionnelles et articulées en étapes, elles ne s’accordent pas avec vos requêtes et vos consignes », a-t-il dit. « Elles ont essentiellement vu le jour pour sauver le Liban des désastres causés par vos politiques, vos coalitions et la corruption de vos responsables. Vous auriez aimé être sauvés par ces initiatives en tenant tout le peuple libanais en otage, alors qu’elles sont justement là pour sauver le peuple de vous.

Le député Nadim Gemayel a rappelé à Nasrallah le refus de ce dernier de proclamer comme « sien » le gouvernement de Hassan Diab, qui a démissionné dans la foulée de l’explosion à Beyrouth, le 4 aout dernier. « Or le Hezbollah dit aujourd'hui au monde entier qu'il veut participer au gouvernement pour protéger la résistance et sauver le pays », a-t-il dit, alors que les armes du Hezbollah sont « illégales » et source de « destruction et de ravage au pays ».

« Vos paroles sont la preuve de votre détermination à éliminer ce qui reste du Liban », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.