Jordanie: augmentation «spectaculaire» du trafic de drogue en provenance de Syrie

Les trafiquants de drogue déploient des efforts extrêmes afin éviter la surveillance par la Jordanie de ses frontières avec la Syrie, qui s'étendent sur plus de 360 km, mais plusieurs d’entre eux ont été abattus ou tués par les gardes-frontières dans leurs tentatives de passage. (Photo/Forces armées jordaniennes)
Les trafiquants de drogue déploient des efforts extrêmes afin éviter la surveillance par la Jordanie de ses frontières avec la Syrie, qui s'étendent sur plus de 360 km, mais plusieurs d’entre eux ont été abattus ou tués par les gardes-frontières dans leurs tentatives de passage. (Photo/Forces armées jordaniennes)
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Publié le Jeudi 13 janvier 2022

Jordanie: augmentation «spectaculaire» du trafic de drogue en provenance de Syrie

  • Le Hezbollah est responsable du fait que ce pays déchiré par la guerre est devenu un narco-État, selon des experts
  • «Les sanctions américaines contre l'Iran ont durement touché le Hezbollah, obligeant le mandataire le plus financé de Téhéran à rechercher d'autres sources de revenus», a-t-il expliqué

AMMAN: Les derniers chiffres des forces armées jordaniennes révélant une augmentation «spectaculaire» des tentatives de contrebande de drogue en provenance de Syrie, les experts ont mis en garde contre le risque de voir le pays déchiré par la guerre devienne un narco-État, ce qui constitue une menace transfrontalière pour la Jordanie voisine, la région et le reste du monde.

L'armée jordanienne a déclaré dans un récent communiqué avoir déjoué 361 tentatives d'infiltration et de contrebande depuis la Syrie vers le royaume, et saisi environ 15,5 millions de pilules de stupéfiants de différents types, dont du Captagon et du tramadol, plus de 16 000 feuilles de hachisch pesant 760 kg et presque 2 kilogrammes d'héroïne.

Le département jordanien des douanes a révélé le 12 janvier qu’en collaboration avec des équipes de lutte contre les stupéfiants, son personnel avait déjoué une tentative de contrebande de 2,7 millions de comprimés Captagon dans deux camions en provenance de Syrie au poste frontalier de Jaber-Nasib.

Une source militaire, qui a demandé l'anonymat, a déclaré à Arab News que ces chiffres étaient «dramatiquement élevés».

«La culture et la fabrication de drogues illicites sont devenues une industrie en pleine expansion en Syrie», a expliqué la source.

L'armée jordanienne a affirmé avoir déjoué plus de 130 tentatives d'infiltration et de contrebande en provenance de Syrie en 2020, qui ont abouti à la saisie d'environ 132 millions de pilules de Captagon et de plus de 15 000 feuilles de hachisch.

Les trafiquants de drogue déploient des efforts extrêmes afin d’éviter la surveillance par la Jordanie de ses frontières avec la Syrie, qui s'étendent sur plus de 360 km, mais plusieurs ont été abattus ou tués par les gardes-frontières dans leurs tentatives de passage.

En octobre, l'armée jordanienne a affirmé avoir intercepté un drone transportant une grande quantité de drogue alors qu'il survolait la frontière.

Une autre source de sécurité jordanienne, qui a également parlé sous couvert d'anonymat, a signalé que les trafiquants syriens utilisaient des routes et des tunnels secrets pour faire entrer leurs produits illicites dans le royaume.

«Constatant que tous ces itinéraires sont repérés par l'armée jordanienne, les contrebandiers recourent à d'autres méthodes, notamment des drones et même des animaux», a dévoilé cette personne.

Selon le site d'information syrien Enab Baladi, les opérations de contrebande de drogue sont les plus actives dans les régions méridionales de Daraa et d'Al-Souwayda. La plupart des itinéraires de contrebande sont contrôlés par des tribus bédouines armées ayant des liens avec la Jordanie, selon des sources citées par le site.

Enab Baladi a ajouté que les trafiquants utilisaient des canalisations d'égout et des tunnels pour faire entrer de la drogue en Jordanie.

En novembre 2018, l'armée jordanienne a déclaré avoir déjoué un «grand stratagème terroriste» visant à infiltrer le royaume via l’oléoduc trans-arabe.

Les experts disent que la forte présence de l'organisation militante chiite libanaise le Hezbollah en Syrie et l'expansion de ses opérations de trafic de drogue sont les principales raisons pour lesquelles le pays déchiré par la guerre est devenu un narco-État, et l'augmentation de la contrebande de drogue vers la Jordanie, les États du Golfe arabe et l'Europe.

Dans des commentaires à Arab News, Fayez Dweiri, général de division et analyste militaire à la retraite, a souligné que le Hezbollah avait eu recours au trafic de stupéfiants dans le but d’obtenir des fonds après les sanctions américaines contre Téhéran.

«Il existe une industrie de drogues illicites établie pour le Hezbollah à Beyrouth à Dahieh al-Janoubiya, dans le bastion chiite de Baalbek. Le Hezbollah a délocalisé certaines de ses usines de drogue à Alep et dans d'autres régions contrôlées par le gouvernement syrien», a-t-il ajouté.

Selon Dweiri, le Hezbollah a toujours utilisé ses réseaux de blanchiment d'argent et de trafic de drogue pour financer son arsenal et ses opérations militaires, ainsi que pour financer les services sociaux de ses électeurs.

«Les sanctions américaines contre l'Iran ont durement touché le Hezbollah, obligeant le mandataire le plus financé de Téhéran à rechercher d'autres sources de revenus», a-t-il expliqué.

Lorsqu'on lui a demandé si le gouvernement syrien était impliqué dans le trafic de drogue, Dweiri a répondu: «Je n'ai aucun document le prouvant, mais laisser le Hezbollah mener des activités illicites aussi massives dans le pays est à lui seul un grand crime.»

Enab Baladi a affirmé que des drogues étaient introduites en contrebande du Liban vers la Syrie dans des véhicules soutenus par les forces armées, ce qui signifie qu'elles pouvaient passer les points de contrôle militaires sans être inspectées.

Selon un rapport du Washington Institute for Near East Policy, le Hezbollah a fortement développé et institutionnalisé ses entreprises de trafic de drogue, qui génèrent désormais plus d'argent que ses autres sources de financement. Le groupe de réflexion a ainsi affirmé que l'industrie mondiale des stupéfiants du Hezbollah a commencé dans la vallée de la Bekaa au Liban dans les années 1970, en utilisant des itinéraires de contrebande bien connus à travers la frontière israélo-libanaise.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.