Semaine de la durabilité d’Abu Dhabi: le point sur les progrès

Cérémonie d’ouverture de la Semaine de la durabilité d’Abu Dhabi, la plate-forme mondiale pour accélérer la mise en place des objectifs de développement durable, organisée par Masdar – Abu Dhabi Future Energy Company. (Wam)
Cérémonie d’ouverture de la Semaine de la durabilité d’Abu Dhabi, la plate-forme mondiale pour accélérer la mise en place des objectifs de développement durable, organisée par Masdar – Abu Dhabi Future Energy Company. (Wam)
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Publié le Vendredi 21 janvier 2022

Semaine de la durabilité d’Abu Dhabi: le point sur les progrès

  • Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont été cités par les participants comme exemples pour le reste du monde, en raison de la force de leurs initiatives pionnières en matière d’«énergie verte»
  • Le Moyen-Orient et la Corne de l’Afrique vont jouer un rôle crucial dans la transition vers les énergies propres et renouvelables», déclare l’envoyé spécial pour le climat, John Kerry

DUBAÏ: Les efforts déployés par les gouvernements du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (Mena) pour accélérer l’action pour le climat ont été salués lors de la Semaine de la durabilité d’Abu Dhabi, qui s’est tenue dans la capitale des Émirats arabes unis (EAU).

Depuis son lancement en 2008, cet événement rassemble les membres de la communauté mondiale pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable.

Les événements de cette année ont fourni aux chefs d’État, aux décideurs politiques, aux chefs d’entreprise et aux pionniers de la technologie, une plate-forme pour partager des connaissances, présenter des solutions novatrices et définir des stratégies pour mener à bien l’action pour le climat.

Dans un contexte d'inquiétude croissante concernant les répercussions du réchauffement climatique, les EAU et l’Arabie saoudite ont été cités par les participants comme exemples pour le reste du monde, en raison de la force de leurs initiatives pionnières en matière d’«énergie verte».

John Kerry, envoyé spécial du président américain, Joe Biden, pour le climat, a détaillé les progrès considérables réalisés par les pays de la région Mena.

Les EAU s’apprêtent à accueillir la Conférence des nations unies sur les changements climatiques (COP28) en 2023, ce qui en fait le troisième pays arabe à recevoir cet honneur. La COP27 devrait se tenir en Égypte plus tard cette année, dix ans exactement après que le Qatar est devenu le premier pays arabe à accueillir les représentants de la COP.

Organisée une fois par an, la conférence réunit les représentants des gouvernements qui ont signé la Convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) pour discuter de la manière de lutter conjointement contre le réchauffement climatique.

L’accord de Paris sur le climat, signé par presque tous les pays du monde lors de la COP21 en 2015, vise, entre autres, à maintenir la hausse de la température moyenne mondiale «bien en dessous» de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et à la stabiliser idéalement à 1,5°C.

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Les Émirats arabes unis s’apprêtent à accueillir la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) en 2023, ce qui en fait le troisième pays arabe à recevoir cet honneur. (AFP)

La région connaît un essor remarquable et c’est un message extrêmement important pour le reste du monde. Ceux qui produisent la source actuelle de notre électricité, de notre énergie et de notre chauffage reconnaissent qu’il y aura une transition», affirme M. Kerry.

«Nous nous dirigeons de toute évidence vers une énergie propre et renouvelable, ainsi que des structures durables. Le Moyen-Orient et la Corne de l’Afrique vont jouer un rôle crucial à cet égard au cours des deux années à venir.»

En effet, les producteurs de pétrole et de gaz de la région Mena sont de plus en plus considérés comme faisant partie de la solution. Dans la région, les émissions de méthane découlant de leur production sont parmi les plus faibles.

Alors que le dioxyde de carbone (CO2) est largement identifié comme le principal responsable du réchauffement climatique, le méthane est le deuxième sur la liste des pires gaz à effet de serre qui contribuent au changement climatique.

L’ensemble des émissions indirectes de gaz à effet de serre provenant des opérations pétrolières et gazières s’élève désormais à l’équivalent de 5 200 millions de tonnes de CO2. Le méthane est le principal composant de ces émissions indirectes.

Contrairement au CO2, qui reste dans l’atmosphère pendant des milliers d’années, le méthane disparaît en seulement dix à quinze ans. Cependant, tant qu’il est dans l’atmosphère, l’effet du méthane est jusqu’à quatre-vingt-cinq fois plus néfaste que le CO2 (sur une période de vingt ans).

«C’est un sérieux problème lorsqu’on se projette sur les dix prochaines années. Notre plus grand défi consiste à essayer de réduire nos émissions d’au moins 45 %», déclare M. Kerry. «Pour y parvenir, le méthane doit faire partie de la solution et, pour une raison quelconque, personne ne s’est vraiment penché sur la question», poursuit-il.

Cette année, le président Biden et l’Union européenne (UE) ont fait part d’une initiative visant à inciter 109 pays à signer l’engagement sur le méthane et à commencer à travailler ensemble pour «colmater les fuites».

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John Kerry, envoyé spécial du président américain, Joe Biden, pour le climat, a détaillé les progrès considérables réalisés par les pays de la région Mena. (Photo fournie)

L’espoir collectif est de réduire de 30 % les émissions mondiales de méthane d’ici à 2030 – ce qui équivaut à ce que chaque automobile, camion, avion et navire n'émette plus rien pendant cette période. «Ce serait une victoire colossale pour nous tous», souligne M. Kerry. «Cela permettrait de réduire de quelque 0,2°C la hausse de la température au cours de ces dix années, ce serait un gain remarquable dès maintenant», ajoute-t-il.

Le chemin qui mène vers des économies et des sociétés durables devra surmonter la menace existentielle que représente le changement climatique. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) prédit que chaque région du monde connaîtra des changements simultanés et multiples dans les facteurs ayant des incidences climatiques, comme les précipitations, les sécheresses et les incendies de forêt.

«Mais ces chiffres ne sont rien en comparaison avec les bouleversements prévus dans les décennies à venir», indique Halimah Yacob, la présidente de Singapour, aux participants à la Semaine de la durabilité d’Abu Dhabi.

«La lutte contre le changement climatique demeure néanmoins un défi immensément complexe et elle doit aller bien au-delà des conférences annuelles. Elle nécessite une réponse mondiale au moyen de plans ambitieux, d’actions concrètes et d’un engagement résolu de tous les pays, grands et petits. C’est la seule façon de combler les écarts d’émissions et d’atteindre notre objectif collectif «“zéro émission nette”».

Aujourd’hui, les sources d’énergie renouvelables et propres ne fournissent que 20 % de l’électricité mondiale. Les prévisions actuelles estiment qu’elles ne représenteront que 40 % de la production mondiale totale d’ici à 2040.

Selon Awaidha Murshed Ali al-Marar, président du Département de l’énergie d’Abu Dhabi, cela signifie que le monde devra encore utiliser des combustibles fossiles pour les décennies à venir.

«Comme pour toute maladie grave, le traitement ne sera efficace et durable que s’il intègre des ajustements essentiels du mode de vie», précise M. Al-Marar dans son discours. «Il est primordial que nous établissions de nouveaux partenariats régionaux et internationaux», indique-t-il.

Cheikh Nasser ben Hamad al-Khalifa, représentant du roi du royaume de Bahreïn pour les œuvres humanitaires et les affaires de la jeunesse et président du Comité olympique de Bahreïn, affirme qu’avec la date limite fixée pour atteindre les objectifs de développement durable de l’Organisation des nations unies (ONU) d’ici à huit ans seulement, les jeunes devraient pouvoir s’asseoir à la table des négociations sur le climat pour garantir un avenir plus vert.

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Cheikh Nasser ben Hamad al-Khalifa, représentant du roi du royaume de Bahreïn pour les œuvres humanitaires et les affaires de la jeunesse et président du Comité olympique de Bahreïn, affirme que les jeunes devraient pouvoir s’asseoir à la table des négociations sur le climat pour garantir un avenir plus vert. (Photo fournie)

Les 1,8 milliard de jeunes citoyens du monde seront les plus touchés par la crise climatique. Ils sont considérés comme les plus engagés dans le changement et ils sont porteurs d’idées innovantes pour apporter des changements positifs à l’avenir, souligne M. Al-Khalifa lors de son intervention.

«Les jeunes sont passionnés, énergiques, curieux, engagés, connectés, bien informés et dotés de compétences technologiques», insiste M. Al-Khalifa.

«Sans soutien, ils ne pourront pas tirer profit de ces atouts uniques pour être de véritables acteurs de changement dans la création d’un avenir zéro émission nette. Nous devons faire confiance aux jeunes qui ont le pouvoir de mettre en place des changements significatifs.»

Le royaume de Bahreïn a mis en place plusieurs initiatives pour impliquer sa jeunesse dans le processus, conformément à son plan Vision économique 2030, note M. Al-Khalifa.

Il place de grands espoirs chez les jeunes, les décrivant comme «flexibles, résilients et férus de technologie». Le Royaume les qualifie de «pionniers» et d’«innovateurs». «Tout cela leur donne la capacité de s’adapter à l’innovation, aux perturbations et aux catalyseurs de nouvelles idées et de solutions créatives», poursuit le cheikh.

«Cette éthique positive et cette culture de la jeunesse se développent dans différents secteurs et sphères. Au moment où nous empruntons une voie qui nous conduit vers un avenir plus vert, les jeunes resteront le moteur de la transformation socio-économique et culturelle au sein de nos communautés.»

Malgré l’énorme engagement pris à Glasgow lors de la COP26 l’année dernière, M. Kerry affirme que le défi aujourd’hui est de coopérer avec les 35 % restants et de les intégrer le plus rapidement possible pour atteindre cet objectif.

«Nous savons que le réchauffement poursuit sa course effrénée, en particulier en Arctique, où la glace fond beaucoup plus rapidement que partout ailleurs sur la planète», s’alarme-t-il.

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Awaidha Murshed Ali Al-Marar, président du Département de l'énergie d'Abou Dhabi, s'adresse à la Semaine de la durabilité d'Abou Dhabi. (Fourni)

«À mesure que la glace fond, elle fait remonter les eaux sombres et saumâtres de l’océan, qui contiennent plus de chaleur et qui accélèrent le réchauffement. On obtient donc une boucle de rétroaction négative.»

Alors que les coulées de boue, les tempêtes et les inondations s'intensifient dans le monde, M. Kerry a souligné que lorsque les pays se réuniront l'année prochaine pour évaluer leurs progrès, grâce à l'avantage de la visibilité par satellite, chaque pays sera tenu pour responsable sans avoir à présenter de rapport.

«Les gens pourront évaluer l’ampleur de la déforestation et de l’empreinte carbone des grandes entreprises et des pays», explique-t-il. «Nous avons fait un grand pas en avant, mais personne n’avance assez vite. Nous sommes très en retard dans la fermeture de nos centrales au charbon et nous devrons fournir plus d’efforts pour arrêter les fuites de méthane et déployer des énergies renouvelables.»

Dans cette course contre le temps, cependant, le secteur privé jouera un rôle crucial. M. Kerry pense qu’aucun gouvernement ne peut se permettre d’accélérer une telle transition à lui seul. Les efforts mondiaux ont mobilisé plus de 100 000 milliards de dollars (1 dollar = 0,88 euro) prêts à être investis dans de nouvelles technologies liées à l’énergie propre, au stockage des batteries, à la capture, l’utilisation et le stockage du carbone, ainsi qu’aux réseaux intelligents et à l’hydrogène.

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Parmi les participants à la Semaine de la durabilité d’Abu Dhabi figurent Alok Sharma (à gauche), ministre britannique et président de la COP26, et Halimah Yacob (à droite), présidente de Singapour. (Captures d’écran/ Semaine de la durabilité d’Abu Dhabi)

«La réalité, c’est qu’il faudra des investissements très importants pour effectuer cette transition», annonce M. Kerry. «L’énergie produit des revenus; nous devons donc faire preuve de créativité dans la manière d’utiliser cet argent», conseille-t-il.

«Il vaut mieux investir dans un grand champ solaire ou un nouveau produit énergétique qui générera des revenus, plutôt que de garder votre argent à la banque avec des revenus nets d’intérêt négatif.»

Parmi les participants à la Semaine de la durabilité d’Abu Dhabi figurent Alok Sharma, ministre britannique et président de la COP26, qui s’est rendu aux EAU depuis l’Égypte, où il a rencontré de nombreux ministres du gouvernement, dont le futur président de la COP égyptienne, le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri.

Ensemble, ils ont publié une déclaration entre le Royaume-Uni et l’Égypte qui confirme leur engagement commun à accélérer la lutte contre le changement climatique au cours de cette décennie.

Les premières visites de M. Sharma après la COP26 se termineront par une réunion entre l’Égypte, les EAU et le Royaume-Uni à Abu Dhabi – la première d’une série d'engagements entre les pays en préparation des COP27 et COP28.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Reconnaître l'État palestinien et mettre fin à l'effusion de sang, demande l'ancien l'ambassadeur saoudien aux États-Unis

 La paix et la stabilité au Moyen-Orient reposent sur une solution juste à la question palestinienne, a déclaré le prince Turki Al-Faisal, ancien ambassadeur saoudien au Royaume-Uni et aux États-Unis, lors d'un important forum de politique étrangère organisé à Washington. (AFP)
La paix et la stabilité au Moyen-Orient reposent sur une solution juste à la question palestinienne, a déclaré le prince Turki Al-Faisal, ancien ambassadeur saoudien au Royaume-Uni et aux États-Unis, lors d'un important forum de politique étrangère organisé à Washington. (AFP)
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  • Le prince Turki Al-Faisal appelle Washington à "tenir compte des voix de ses amis et alliés dans la région"
  • Au Moyen-Orient, les guerres deviennent "presque normales dans cette région assoiffée de conflits", a-t-il déclaré

RIYAD: La paix et la stabilité au Moyen-Orient reposent sur une solution juste à la question palestinienne, a déclaré le prince Turki Al-Faisal, ancien ambassadeur saoudien au Royaume-Uni et aux États-Unis, lors d'un important forum de politique étrangère organisé à Washington.

S'adressant à la conférence annuelle des décideurs arabes et américains organisée par le Conseil national des relations américano-arabes, l'ancien chef des services de renseignement a déclaré que les troubles récurrents avaient plongé la région dans un "état de confusion stratégique".

Au Moyen-Orient, les guerres deviennent "presque normales dans cette région assoiffée de conflits", a-t-il déclaré.

Soulignant la "réponse implacable et destructrice" d'Israël aux attaques du Hamas du 7 octobre, le prince Turki a déclaré que la guerre qui en a résulté "représente un échec politique découlant de l'arrogance et de convictions infondées qui ont conduit à ignorer les souffrances endurées par la population assiégée de Gaza".

Ces "illusions" ont également conduit Israël à mal interpréter les ouvertures arabes en faveur de la paix, a-t-il ajouté.

"Cependant, le Moyen-Orient n'est pas le seul à connaître des troubles et des incertitudes", a déclaré l'ancien diplomate. "Où que nous regardions aujourd'hui sur la carte du monde, nous constatons qu'il y a une crise dans chaque coin, et sans un horizon clair pour trouver des solutions appropriées qui résolvent les problèmes."

Cet état de confusion stratégique contribue énormément à la poursuite et à l'escalade de la violence, a-t-il ajouté.

"Il crée également de nouveaux conflits qui compliquent la situation dans une région où chaque crise engendre une autre crise et où chaque problème est lié à un autre problème. La fatigue et la confusion au Moyen-Orient sont synonymes d'une forte polarisation, d'une multiplicité de questions conflictuelles et d'une multiplicité d'acteurs concurrents qui gèrent la situation au cas par cas.

Le prince Turki a souligné l'absence d'une orientation ou d'une stratégie claire visant à mettre fin aux conflits de manière pacifique et à créer les conditions nécessaires à la paix, à la stabilité et à la sécurité.

Il a salué les mesures prises par des pays tels que la France et la Norvège pour reconnaître l'État palestinien et "convaincre ceux qui ne le sont pas que la paix au Moyen-Orient passe par une solution juste de cette question en suspens".

Appelant les États-Unis à poursuivre leurs efforts pour mettre fin à la guerre de Gaza, le prince Turki a déclaré que Washington devrait "faire le pas le plus important en prenant en compte les voix de ses amis et alliés dans la région" en soutenant les principes de l'initiative de paix arabe et en faisant pression pour mettre fin au conflit.

Les dirigeants qui font des pas supplémentaires pour la paix sont considérés comme de grands dirigeants", a-t-il déclaré lors de la conférence, ajoutant : "Président Trump, c'est à votre tour de faire un pas en avant : "Président Trump, c'est à votre tour d'être ce leader. Menez votre proposition de cessez-le-feu en 20 points jusqu'à l'inévitable 21e point."

Le prince Turki a exhorté le dirigeant américain à profiter de la visite officielle du prince héritier Mohammed bin Salman pour reconnaître l'État palestinien et "mettre fin à jamais à l'effusion de sang des Palestiniens et des Israéliens."


Le président libanais juge le monopole des armes à l'Etat "nécessaire et inévitable"

le président libanais Joseph Aoun s'adressant à la nation à la veille de la fête de l'indépendance dans un discours télévisé depuis le quartier général du commandement du secteur sud du Litani de l'armée libanaise à Tyr, le 21 novembre 2025. (AFP)
le président libanais Joseph Aoun s'adressant à la nation à la veille de la fête de l'indépendance dans un discours télévisé depuis le quartier général du commandement du secteur sud du Litani de l'armée libanaise à Tyr, le 21 novembre 2025. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun affirme que le monopole des armes par l’État est “nécessaire et inévitable”, alors que l’armée prévoit de démanteler la présence militaire du Hezbollah au sud du Liban conformément au cessez-le-feu
  • Ce message intervient dans un contexte de fortes pressions américaines, de frappes israéliennes récurrentes et d’appels libanais à un soutien et un encadrement international pour sécuriser la mise en œuvre de ces engagements

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun, sous forte pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, a jugé dans un discours prononcé vendredi dans le sud du Liban "nécessaire et inévitable" le monopole des armes à l'Etat.

Depuis le cessez-le-feu qui a mis fin il y a un an à une guerre meurtrière entre Israël et le mouvement pro-iranien, le Liban est sous forte pression de Washington pour qu'il pousse le Hezbollah à remettre ses armes à l'armée libanaise.

Conformément à l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

L'armée a ainsi soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque d'ici la fin de l'année, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais.

Dans son discours, prononcé à la veille de la fête nationale, le président libanais a jugé le monopole de l'Etat sur les armes "nécessaire et inévitable" tout en appelant le comité chargé de surveiller la trêve regroupant Etats-Unis, France, ONU, Liban et Israël, à "s'assurer que les forces armées libanaises contrôlent seules" le sud du pays.

Il a répété que le Liban était prêt à négocier, sous parrainage américain ou international, "tout accord qui mettra fin à ces agressions transfrontalières".

Joseph Aoun a enfin exhorté "les amis du Liban et les pays frères à superviser l'ensemble de ce processus en établissant un calendrier clair et en mettant en place un mécanisme international de soutien à l'armée libanaise".

Au cours des dernières semaines, l'armée israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban, accusant le Hezbollah de chercher à y reconstruire les infrastructures militaires détruites lors de sa guerre contre ce mouvement soutenu pro-iranien et allié au Hamas palestinien.

Selon le ministère de la Santé, une personne a été tuée lors d'une frappe vendredi dans le sud du Liban. Plus de 330 personnes ont été tuées au Liban et 945 blessées depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, selon la même source.

Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a dénoncé vendredi dans un communiqué le "schéma répété de meurtres illégaux et de violations du cessez-le-feu par Israël".


L'armée israélienne affirme que l'attaque au Liban a tué 13 militants du Hamas

Des personnes en deuil portent les cercueils des victimes de la frappe aérienne israélienne de mardi, lors d'un cortège funèbre dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ein El-Hilweh, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, jeudi. (AP)
Des personnes en deuil portent les cercueils des victimes de la frappe aérienne israélienne de mardi, lors d'un cortège funèbre dans le camp de réfugiés palestiniens d'Ein El-Hilweh, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, jeudi. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir tué 13 membres du Hamas, dont Jihad Saïdaoui, dans une frappe sur le camp d’Aïn el-Héloué, tandis que le Hamas dénonce un « massacre » visant des civils
  • Le lieu de la frappe est au cœur d’un récit contradictoire : Israël parle d’un camp d’entraînement, tandis que des témoins et le Hamas évoquent un terrain de sport fréquenté par des jeunes du camp

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé vendredi avoir tué "13 terroristes du Hamas" dans sa frappe menée mardi soir sur le camp de réfugiés palestiniens d'Aïn el-Héloué au Liban, dans laquelle les autorités libanaises ont annoncé 13 morts, sans préciser leur identité.

"Treize terroristes du Hamas ont été éliminés" dans cette frappe, "dont Jihad Saïdaoui, impliqué dans la formation de terroristes destinés à mener des attaques" contre Israël et ses soldats à partir territoire libanais, écrit dans un communiqué en hébreu l'armée qui avait aussi utilisé la graphie de "Jaouad Sidaoui".

A l'AFP qui lui demandait de lui fournir la liste nominative des douze autres personnes qu'elle dit avoir éliminées dans la frappe, l'armée israélienne a répondu n'avoir rien à ajouter à ce qui a été publié dans son communiqué.

Dans un avis de décès ayant circulé mercredi au Liban, le Hamas a publié la liste des noms des treize morts, en commençant par celui de Jihad Saïdaoui, avant de publier le lendemain sur Telegram, un message avec les photos de treize hommes d'apparence jeune, voire juvénile, accompagné d'un texte qualifiant la frappe "d'horrible massacre" ayant causé la mort de "plusieurs civils innocents".

Mardi, peu de temps après la frappe, l'armée israélienne avait annoncé avoir visé "des terroristes en opération dans un camp d'entraînement du Hamas".

"Les allégations (d'Israël) selon lesquelles le lieu ciblé serait un complexe d'entraînement appartenant au mouvement ne sont que pure calomnie (et visent) à justifier son agression criminelle et à inciter à la haine contre les camps et notre peuple palestinien", avait répliqué le Hamas, affirmant n'avoir "aucune installation militaire dans les camps palestiniens au Liban".

- "Terrain de sport" -

L'armée israélienne a diffusé ce qu'elle a présenté comme une vidéo de sa frappe montrant une attaque sur un bâtiment.

Mais le mouvement islamiste palestinien affirme que "ce qui a été pris pour cible est un terrain de sport ouvert fréquenté par les jeunes du camp (...) et que ceux qui ont été visés étaient un groupe de jeunes présents sur le terrain au moment de l'attaque".

"On a entendu trois explosions, nos maisons ont vacillé et les enfants tremblaient de peur", a déclaré à l'AFP au lendemain de l'attaque Mohammad Moustafa, habitant d'Aïn al-Heloué, le plus grand des camps de réfugiés palestiniens du Liban, près de la ville de Saïda, dans le sud du pays.

Agé de 67 ans, M. Moustafa a assuré que les morts étaient en majorité "des jeunes du camp qui jouaient au foot dans un terrain à l'intérieur du hangar" visé, dans lequel un correspondant de l'AFP a vu mercredi matin des taches de sang maculant le sol et des secouristes rassemblant des restes humains.

Lors des funérailles organisées à l'intérieur du camp pour 11 des 13 personnes tuées, un correspondant de l'AFP a vu des drapeaux aux couleurs du mouvement islamiste du Hamas, mais aussi des drapeaux palestiniens, sur les cercueils.

Les deux autres, dont une personne identifiée comme étant Jihad Saïdaoui, ont été enterrées dans un cimetière à l'extérieur du camp.

Le Liban "s'est engagé à désarmer les factions armées dans les camps palestiniens, mais les organisations terroristes continuent d'exploiter cyniquement la population et les infrastructures civiles" à leurs fins, écrit vendredi l'armée israélienne.

La frappe sur Aïn el-Héloué est survenue sur fond de trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza et alors que l'armée israélienne intensifie ses tirs sur le sud du Liban malgré un cessez-le-feu avec le Hezbollah, allié du Hamas, qu'elle accuse de chercher à se réarmer.