Jour J pour le pass vaccinal, les restaurateurs résignés

«Quand une partie de la population contrôle une autre partie de la population, ce n'est pas bon», déplore Alain Fontaine, président de la société française des Maîtres restaurateurs. (Photo, AFP)
«Quand une partie de la population contrôle une autre partie de la population, ce n'est pas bon», déplore Alain Fontaine, président de la société française des Maîtres restaurateurs. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 24 janvier 2022

Jour J pour le pass vaccinal, les restaurateurs résignés

«Quand une partie de la population contrôle une autre partie de la population, ce n'est pas bon», déplore Alain Fontaine, président de la société française des Maîtres restaurateurs. (Photo, AFP)
  • «Pour nous, le pass vaccinal ne change pas grand-chose», confie Alain Deriot, gérant du restaurant Jour de pêche à Lille, dont la clientèle est «souvent vaccinée»
  • Le pass vaccinal «ne sera pas une contrainte supplémentaire», a estimé Didier Chenet, président du GNI, syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie restauration

PARIS: Cinq semaines après son annonce par le gouvernement, le pass vaccinal a remplacé lundi l'ancien pass sanitaire, obligatoire pour les plus de 16 ans souhaitant aller au restaurant ou prendre le train, une transition contestée mais sans encombre selon les témoignages recueillis dans plusieurs villes. 

« Pour nous, le pass vaccinal ne change pas grand-chose », confie Alain Deriot, gérant du restaurant Jour de pêche à Lille, dont la clientèle est « souvent vaccinée ». 

« Les petits contrôles de pass à l'entrée, on sait faire (...) Mais les contrôles d'identité, je ne me vois pas les faire, c'est intrusif », souligne-t-il, alors que la loi autorise désormais les gérants d'établissements à contrôler l'identité des clients en cas de doute sur le pass présenté. 

Même son de cloche pour César Armand, du bar lillois Les Arts: « Bien sûr, parfois on a des doutes quand on regarde la date de naissance et que la tête de la personne ne correspond pas, mais moi je ne suis pas policier ». 

Sammy, serveur dans un café à Paris, relève que, de toute façon, la levée des restrictions sera « vite là », le gouvernement ayant annoncé la fin du port du masque en extérieur et du télétravail obligatoire le 2 février, puis la réouverture des discothèques et le retour de la consommation au comptoir le 16 février. 

Mais désormais un test négatif ne suffit plus, comme c'était le cas avec le pass sanitaire, sauf pour accéder aux établissements et services de santé: à partir de 16 ans, il faut justifier d'un statut vaccinal contre la Covid-19 pour accéder aux activités de loisirs, restaurants et bars (sauf restauration collective), foires ou transports publics interrégionaux (avions, trains, cars). 

L'OMS entrevoit la fin possible de la phase aiguë de la pandémie

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé lundi que la fin de la phase aiguë de la pandémie est peut-être à portée de main dès cette année, au moment où entre en vigueur en France le pass vaccinal pour les plus de 16 ans. 

« Nous pouvons mettre fin à la phase aiguë de la pandémie cette année - nous pouvons mettre fin à la Covid-19 en tant qu'urgence sanitaire mondiale », le niveau d'alerte le plus élevé de l'OMS, a déclaré son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus. 

Pour y parvenir, les pays ne doivent pas rester les bras croisés et doivent entre autres lutter contre l'iniquité vaccinale, surveiller le virus et ses variants et prendre des mesures de restrictions adaptées, a-t-il expliqué à l'occasion de l'ouverture du Comité exécutif de l'OMS, qui se réunit cette semaine à Genève. 

Or, en Afrique, 85% de la population n'a pas encore reçu une seule dose de vaccin, a-t-il souligné. 

Il a aussi averti qu'« il est dangereux de supposer que (le variant très contagieux) Omicron sera le dernier variant ou de parler de fin de partie », car les conditions sont « idéales » actuellement dans le monde pour que d'autres variants émergent. 

Le potentiel d'un variant « plus transmissible et plus mortel » est « très réel », selon lui. 

Dimanche, le directeur Europe de l'OMS Hans Kluge avait estimé qu'une sortie de la pandémie de Covid-19 pourrait se profiler dans la région deux ans après l'apparition de cette maladie sur le continent, dans un entretien, dans lequel il appelait toutefois à la prudence du fait de la versatilité du virus. 

L'OMS estime qu'Omicron pourrait avoir contaminé 60% de la population européenne d'ici à mars. 

« Pas une contrainte »  

Pas de grand changement pour la salle de sport Elancia, à Lannion: « Personne ne m'a montré un QR code pour un PCR valable 24H00. Pour la troisième dose, on revérifie (...) c'est ça qui active la carte. J'ai deux adhérents qui ne sont pas vaccinés, on a suspendu leur abonnement », explique sa responsable, Alexia Le Cam. 

Le pass vaccinal « ne sera pas une contrainte supplémentaire », a estimé Didier Chenet, président du GNI, syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie restauration, sur Europe 1. 

Hors micro-Etats, la France est le pays d'Europe avec l'incidence la plus élevée, avec 3.733 cas pour 100 000 habitants ces sept derniers jours, selon un comptage. En revanche, avec 2,46 décès pour 100 000 habitants en sept jours, le pays est le 20e en Europe. 

La plupart des dispositions du projet de loi, adopté le 16 janvier par le Parlement après des débats houleux, ont été validées vendredi par le Conseil constitutionnel à l'exception, en pleine campagne présidentielle, de la possibilité d'exiger un pass sanitaire lors de meetings politiques. 

Rares primo-vaccinés  

Encore vilipendé par 40 000 manifestants samedi selon le ministère de l'Intérieur, le pass ne poussera pas Laurence à franchir le pas: « plus on va mettre une coercition sur mon corps, sur ma liberté, plus ma décision sera renforcée », affirme cette quinquagénaire qui travaille dans l'éducation nationale et vit dans un territoire rural du Nord.  

Elle se déplacera désormais en « Blablacar ». 

« Il y a beaucoup de gens qu'on ne voyait déjà plus depuis que les tests sont devenus payants. Les gens ne payent pas 30 euros pour venir boire un café », confie Nicolas Seurot gérant du bar de l'Hôtel de Ville à Vannes. 

A Rennes, Laure Vuillemin, non vaccinée de 47 ans, a été testée positive samedi, ce qui validera son pass: « C'est réglé pour six mois mais je ne fais pas la maligne parce qu'il paraît qu'au 6ème jour les symptômes peuvent être pénibles ». 

Difficile d'estimer le nombre de personnes privées de pass (non vaccinées ET non contaminées ces derniers mois) mais dans des centres de vaccination, les primo-vaccinés sont rares: 12 sur 500 à Brequigny et 4 sur 350 à Saint-Grégoire, dans la région de Rennes. Selon les chiffres du ministère de la Santé, plus de 52,4 millions de personnes sont « entièrement vaccinées » en France. 


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.