Crack au nord de Paris: la préfecture renonce à tout nouveau déplacement

Des employés municipaux utilisent des excavatrices pour enlever des tentes et des objets après l'évacuation d'un camp de fortune utilisé par des accros au crack, dans le quartier de la Porte de la Villette, au nord de Paris, le 24 janvier 2022.(AFP)
Des employés municipaux utilisent des excavatrices pour enlever des tentes et des objets après l'évacuation d'un camp de fortune utilisé par des accros au crack, dans le quartier de la Porte de la Villette, au nord de Paris, le 24 janvier 2022.(AFP)
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Publié le Vendredi 28 janvier 2022

Crack au nord de Paris: la préfecture renonce à tout nouveau déplacement

  • Le président LR du Conseil départemental du Val-de-Marne, Olivier Capitanio, s'est « réjoui » par communiqué du renoncement du préfet
  • Les mairies de Paris et de Charenton-le-Pont, limitrophe du site, avaient annoncé mercredi étudier des recours juridiques

PARIS : Le préfet de police de Paris, qui avait indiqué mardi vouloir déplacer les consommateurs de crack du nord-est parisien vers une friche ferroviaire de Bercy, a annoncé vendredi l'abandon du projet devant l'opposition de la mairie de Paris.

Le feuilleton autour du traitement des quelques centaines de consommateurs de ce dérivé fumable, bon marché et très addictif de la cocaïne présents dans le nord-est de la capitale était à l'arrêt depuis septembre: il a connu plusieurs épisodes en quelques jours, conclus par une volte-face de la préfecture de police vendredi, qualifiée de "grosse manipulation" par la mairie de Paris.

Dans un communiqué, le préfet Didier Lallement "prend acte de la virulente opposition de la maire de Paris à tout projet de déplacement des usagers du crack" et "ne peut que constater son empêchement", que ce soit "vers le site du XIIe arrondissement ou vers tout autre site", regrettant que "la mairie (ait) refusé de faire la moindre proposition".

Fin septembre, le préfet s'était pourtant passé de l'accord de la mairie pour déplacer ces toxicomanes des Jardins d'Eole (XVIIIe), où ils avaient été regroupés en mai afin de soulager le quartier voisin de Stalingrad (XIXe), vers un petit square porte de La Villette, toujours dans le nord-est, à la lisière de la Seine-Saint-Denis.

Mais cette fois, l'intention affichée mardi soir d'un troisième déplacement en neuf mois vers une parcelle de la SNCF, après "pose d'une clôture sécurisée", a suscité l'opposition générale des élus de Paris et du Val-de-Marne, de gauche comme de droite. 

Le président LR du Conseil départemental du Val-de-Marne, Olivier Capitanio, s'est "réjoui" par communiqué du renoncement du préfet mais "reste préoccupé par l’absence de solution aux questions de société et surtout de sécurité" pour les riverains.

Les mairies de Paris et de Charenton-le-Pont, limitrophe du site, avaient annoncé mercredi étudier des recours juridiques.

« Coup politicien »

L'abandon du projet était donc "inéluctable compte tenu de l'incongruité" du projet et de ces oppositions, a réagi, contacté par l'AFP, le premier adjoint (PS) de la maire Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, qui se "réjouit de cette décision" mais dénonce une "grosse manipulation" de la part de la préfecture de police.

C'est un "coup politicien pour renvoyer la balle dans notre camp en proposant le pire", a souligné à l'AFP l'adjointe (EELV) à la santé Anne Souyris, reprochant au gouvernement sa "mauvaise foi".

Car les riverains de la porte de La Villette, que le préfet voulait "soulager", doivent "désormais s'attendre à une occupation longue de l’espace public du square", souligne la préfecture pour qui "c'est une illusion d'essayer de leur faire croire que des solutions rapides et simples sont possibles pour permettre à ces personnes de se soigner et de se réinsérer".

De sécuritaire, le débat revient ainsi sur le terrain sanitaire, avec la réunion prévue mardi entre les acteurs du plan crack - Etat et Ville - qui, entre 2019 et 2022, a mobilisé 25 millions d'euros au lieu des neuf millions initialement prévus.

Cet argent a permis d'héberger 450 toxicomanes sans apporter de solution pérenne à leur errance, synonyme de fortes nuisances et parfois de violences pour les riverains.

Retour aux discussions mardi

Convoquée par la préfecture de région (Prif), ce comité de pilotage doit remettre autour de la table des discussions la mairie, l'Agence régionale de santé (ARS) et la préfecture de police dans le but, espère Emmanuel Grégoire, de "trouver urgemment une solution pour le square Forceval".

Anne Souyris espère donc que la "manipulation" dont elle accuse le préfet donnera au final un "coup de fouet pour la relance du plan crack", notamment sur l'hébergement et "les questions d'accompagnement, de lieux de soins et de repos."

De quoi relancer le sujet des haltes soins addictions (HSA), nouveau nom des salles de consommation à moindre risque (SCMR), surnommées "salles de shoot" par leurs opposants, dont le préfet fait partie à titre personnel ?

Si Mme Souyris réclame des HSA rapidement, M. Grégoire met  en avant la piste des "emprises hospitalières", tout comme le  maire PS du XIXe arrondissement François Dagnaud qui souhaite "démanteler Forceval" et "réquisitionner des établissements vacants en milieu hospitalier".

Quant au maire LR de Charenton-le-Pont, Hervé Gicquel, il est "soulagé" et va pouvoir "se remettre au travail sur le réaménagement urbain" de cette zone située au pied du périphérique.


10 septembre: la CGT accuse le gouvernement de tenter de «faire peur»

Le gouvernement tente de rendre "impopulaire" le mouvement pour "tout bloquer" le 10 septembre en faisant "peur", en évoquant des risques de violences, a dénoncé dimanche la CGT, alors que François Bayrou a assuré que "tous les moyens mobilisables sont mobilisés" avant cette journée. (AFP)
Le gouvernement tente de rendre "impopulaire" le mouvement pour "tout bloquer" le 10 septembre en faisant "peur", en évoquant des risques de violences, a dénoncé dimanche la CGT, alors que François Bayrou a assuré que "tous les moyens mobilisables sont mobilisés" avant cette journée. (AFP)
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  • "La dernière cartouche qui reste au gouvernement c'est de rendre impopulaires les mobilisations, c'est de faire peur", a commenté Sophie Binet, numéro un de la CGT, sur France 3
  • "Et c'est le discours que va tenter de faire monter monsieur Retailleau en faisant passer celles et ceux qui se mobilisent pour des personnes violentes"

PARIS: Le gouvernement tente de rendre "impopulaire" le mouvement pour "tout bloquer" le 10 septembre en faisant "peur", en évoquant des risques de violences, a dénoncé dimanche la CGT, alors que François Bayrou a assuré que "tous les moyens mobilisables sont mobilisés" avant cette journée.

"La dernière cartouche qui reste au gouvernement c'est de rendre impopulaires les mobilisations, c'est de faire peur", a commenté Sophie Binet, numéro un de la CGT, sur France 3. "Et c'est le discours que va tenter de faire monter monsieur Retailleau en faisant passer celles et ceux qui se mobilisent pour des personnes violentes".

Son syndicat a annoncé son soutien aux mobilisations du mercredi 10 septembre, considérées comme une "première étape" pour dénoncer les projets budgétaires du gouvernement Bayrou.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau avait estimé vendredi que "la mouvance d'extrême gauche, d'ultra-gauche, aidée par la CGT" allait "être à l'oeuvre" mercredi et qu'il pouvait y avoir "des actions spectaculaires".

"Le gouvernement cherche à faire monter une forme de pression sur le mouvement, à expliquer qu'il peut déjà être violent", a estimé dimanche sur France 3 le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

Il a prévenu que "toute violence qui serait aujourd'hui exercée le 10 ne servirait pas la cause que nous défendons ensemble", mais permettrait au gouvernement de "passer à autre chose et de revenir à une logique purement sécuritaire".

François Bayrou, dont la démission est probable lundi à l'issue du vote de confiance à l'Assemblée nationale, a affirmé sur Brut que "tous les moyens mobilisables sont mobilisés pour éviter le blocage du pays et les violences".

Blocages à Paris? 

Les autorités s'attendent mercredi à des actions diverses allant de blocages de gares, de raffineries, d'axes de circulation, à des opérations de sabotages de radars automatiques et des manifestations classiques.

Des appels à la grève ont été lancés par plusieurs syndicats notamment dans les transports et les hôpitaux. Des appels à ne pas utiliser sa carte bancaire ou à ne pas aller faire ses courses circulent également sur les réseaux sociaux.

Les services de renseignements soulignent la difficulté à anticiper l'ampleur de ce mouvement "horizontal" et sans chef.

Sur une place du centre de Paris, une réunion a rassemblé environ 200 à 300 personnes dimanche en début de soirée pour évoquer de possibles actions, avec beaucoup de jeunes parmi les participants, a constaté une journaliste de l'AFP.

Y ont été mentionnés différents types d'actions comme des piquets de grève à la RATP et dans des hôpitaux, de possibles blocages des Halles, de certaines portes de Paris et de lycées, mais aussi des rassemblements et un "bal populaire" en fin de journée dans l'est de la capitale.

Selon un sondage publié par la Tribune dimanche, un peu moins d'un Français sur deux (46%) soutient le mouvement appelant à "bloquer" le pays le 10 septembre, tandis que 28% y sont opposés et 26% indifférents.

La première raison pouvant expliquer ce mouvement est "la baisse du pouvoir d'achat", selon cette étude Ipsos-BVA-CESI (école d'ingénieurs) réalisée les 3 et 4 septembre auprès d'un échantillon représentatif de 1.000 personnes.

 


Un peu moins d'un Français sur deux soutient le mouvement du 10 septembre

Le Premier ministre français François Bayrou pose depuis le balcon de son bureau à l'hôtel Matignon, résidence officielle du Premier ministre français, à Paris, le 6 septembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou pose depuis le balcon de son bureau à l'hôtel Matignon, résidence officielle du Premier ministre français, à Paris, le 6 septembre 2025. (AFP)
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  • Un peu moins d'un Français sur deux (46%) soutient le mouvement appelant à "bloquer" le pays le 10 septembre
  • Les sympathisants de gauche soutiennent massivement (à 73% pour LFI, 67% pour les écologistes et 61% pour le PS) ce mouvement né sur les réseaux sociaux

PARIS: Un peu moins d'un Français sur deux (46%) soutient le mouvement appelant à "bloquer" le pays le 10 septembre, tandis que 28% y sont opposés et 26% indifférents, selon un sondage publié par la Tribune Dimanche.

La première raison pouvant expliquer ce mouvement serait par ailleurs "la baisse du pouvoir d'achat", selon cette étude Ipsos-BVA-CESI (école d'ingénieurs) réalisée du 3 au 4 septembre auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Les sympathisants de gauche soutiennent massivement (à 73% pour LFI, 67% pour les écologistes et 61% pour le PS) ce mouvement né sur les réseaux sociaux, et dans une moindre mesure (à 58%) ceux du Rassemblement national, selon l'enquête.

A l'inverse, le mouvement est rejeté à 73% par les sympathisants Renaissance-Horizons-Modem et à 57% par les LR.

Par catégories d'âge, seuls les 60 ans et plus récusent majoritairement l'appel à tout bloquer et ses initiatives hétéroclites.

Des appels à la grève ont été lancés pour mercredi par plusieurs syndicats notamment dans les transports et les hôpitaux, et d'autres actions annoncées dont certaines rappellent celles des Gilets jaunes, avec des blocages d'axes routiers ou des sabotages de radars ou de distributeurs de billets.

Des appels à ne pas utiliser sa carte bancaire ou à ne pas aller faire ses courses circulent également sur les réseaux sociaux et messageries.

Les Français expliquent à 51% le mouvement "Bloquons tout" par "la baisse du pouvoir d'achat des ménages", à 47% par "le plan de François Bayrou pour la réduction du déficit", et à 43% par "l'hostilité" au président Emmanuel Macron et au Premier ministre François Bayrou, d'après le sondage publié à la veille de la chute probable de ce dernier, lundi, à l'issue d'un périlleux vote de confiance à l'Assemblée nationale.


Macron, en quête d'un Premier ministre, remet les mains dans le cambouis national

Le président français Emmanuel Macron arrive à la cérémonie d'adieu aux armes de l'ancien chef d'état-major des armées Thierry Burkhard dans la cour de l'hôtel des Invalides à Paris, le 5 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive à la cérémonie d'adieu aux armes de l'ancien chef d'état-major des armées Thierry Burkhard dans la cour de l'hôtel des Invalides à Paris, le 5 septembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron se prépare à nommer un nouveau Premier ministre, anticipant la chute attendue du gouvernement Bayrou

PARIS: Une main tendue aux socialistes, le pied sur le frein face à leur programme économique, et un oeil ouvert sur de probables remous sociaux et financiers. Emmanuel Macron prépare l'après-Bayrou, en quête d'un Premier ministre ouvert sur sa gauche... mais capable aussi de le protéger.

A peine sorti d'un sommet sur l'Ukraine, voilà que le président doit remettre les mains dans le cambouis national.

Lundi, tout le monde s'attend à ce que le gouvernement de François Bayrou soit renversé à l'Assemblée nationale. Dès le soir, les regards se tourneront vers l'Elysée.

Le chef de l'Etat prendra-t-il la parole? Recevra-t-il les partis? Les questions, et le sentiment de déjà-vu, sont les mêmes à chaque épisode du feuilleton de l'instabilité politique née de la dissolution ratée de l'Assemblée l'an dernier.

"Le président proclame qu'il veut aller vite", rapporte un macroniste historique. "Il l'a déjà dit par le passé", tempère un autre proche, rappelant sa tendance à procrastiner lorsqu'il s'agit de nommer.

Les stratèges présidentiels ont plusieurs échéances en tête qui devraient l'inciter à brusquer son naturel: le mouvement "Bloquons tout" mercredi, suivi le 18 septembre d'une mobilisation syndicale; entre les deux, l'agence Fitch pourrait dégrader vendredi la note de la dette, envoyant un signal inquiétant aux marchés financiers.

Puis, le 22 septembre, Emmanuel Macron s'envole pour New York où il doit reconnaître l'Etat de Palestine à la tribune de l'ONU, son grand rendez-vous diplomatique qu'il prépare depuis des mois.

"Ce qui l'intéresse c'est l'international, et il a besoin de stabilité pour ça", théorise un député socialiste.

D'autant que son impopularité bat des records depuis 2017, et que les appels de LFI et du RN à sa démission connaissent un écho croissant dans l'opinion - 64% des Français la souhaitent, selon un sondage.

De fait, le président de la République s'est borné à invoquer la "responsabilité" et la "stabilité", prenant soin de ne pas devancer la chute de son allié historique.

Mais dans le huis clos élyséen, il prépare la suite, et exhorte la coalition gouvernementale à "travailler avec les socialistes".

Justement, leur patron, Olivier Faure, a fait acte de candidature pour Matignon, à la tête d'un gouvernement de gauche, sans LFI, mais aussi sans les macronistes, avec lesquels il serait seulement prêt à négocier des compromis.

Sans qu'on en connaisse l'origine, l'idée a flotté ces derniers jours qu'Emmanuel Macron caresserait l'idée de le nommer. Pourtant, aucun des nombreux proches et interlocuteurs du président interrogés par l'AFP ne l'imaginent emprunter cette voie.

"Si Faure expliquait qu'il veut prendre le pouvoir avec nous", dans une nouvelle alliance entre les socialistes et la macronie, "ça pourrait avoir de la valeur", explique un cadre du camp présidentiel. "Mais ce n'est pas du tout ce qu'il dit."

Ces mêmes sources voient plutôt le locataire de l'Elysée se tourner, à nouveau, vers un profil de la droite ou du centre.

"Quelqu'un dans le bloc central, plutôt proche du président, mais qui sache discuter avec le PS" pour négocier un pacte de non-censure plus durable que sous François Bayrou, résume un ténor du gouvernement.

Il s'agira du troisième Premier ministre en un an dans ce périmètre et les mêmes noms circulent que lors des précédentes nominations.

Parmi eux, les ministres Sébastien Lecornu (Armées), Gérald Darmanin (Justice), Catherine Vautrin (Travail et Santé) et Eric Lombard (Economie). Ou encore le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand.

Ces dernières heures, une source au fait de la réflexion présidentielle évoquait un pressing important auprès de l'ex-chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, 78 ans et retiré de la politique active.

Emmanuel Macron avait déjà tenté en décembre de convaincre son ami breton d'aller à Matignon, en vain. Aujourd'hui, l'ex-socialiste serait moins ferme dans son refus, selon cette source.

"En réalité, ça dépendra de ce que le PS accepte", glisse un proche du président.

Tous préviennent que pour obtenir la non-censure du PS, il faudra lui "offrir de vraies victoires politiques".

Parmi les totems que les socialistes espèrent décrocher, un effort budgétaire revu à la baisse, mais aussi une remise en cause de la retraite à 64 ans et une taxation substantielle des plus riches.

Or sur ces deux derniers points, Emmanuel Macron "n'acceptera jamais", prévient un fidèle de la première heure. C'est pour cela qu'il veut choisir un Premier ministre "dans sa zone de confort".