Dans le cadre de l’Urban 20, le plus gros du travail est assuré par les sherpas

Illustration par Luis Grañena
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Publié le Lundi 05 octobre 2020

Dans le cadre de l’Urban 20, le plus gros du travail est assuré par les sherpas

  • Les groupes de travail ont suivi trois grands thèmes: œuvrer pour une économie circulaire neutre en carbone, développer une prospérité inclusive dans les villes et trouver des solutions naturelles dans les environnements urbains
  • À l’issue de tous les travaux, le sommet de l’Urban 20 a été en mesure d’afficher un niveau record de consentement dans son communiqué final; 39 des 42 villes ont signé avant la date limite du communiqué

DUBAI: Que ce soit pour aider les grimpeurs à atteindre des sommets vertigineux ou pour rédiger un passage problématique dans un communiqué, le sherpa est là pour assurer le plus gros du travail pour les principaux acteurs d’une entreprise ambitieuse. 

Certes, Abdelmohsen al-Ghannem n'a pas été contraint de porter de lourdes charges au cours de l'année écoulée en tant que sherpa de l’initiative Urban 20 (U20) du Groupe des vingt (G20). Néanmoins, la publication du communiqué final a couronné une longue période de travail exigeant. On peut presque l'imaginer en train de planter un drapeau sur le document final, comme un alpiniste au sommet de l'Everest. 

«C’était une année de travail, au cours de laquelle Riyad a présidé le G20», explique-t-il à Arab News. «Il nous fallait comprendre l'écosystème du G20 dans son ensemble, y compris celui de l’Urban 20, et trouver notre place.» 

L’initiative Urban 20 porte sur les questions urbaines et constitue un élément relativement nouveau dans le cadre du G20. 

Le G20, sous sa forme actuelle, est né de la crise financière mondiale de 2009 et de la nécessité d’apporter une réponse coordonnée à cette urgence. Depuis, il joue le rôle de superviseur économique et financier mondial. Mais Urban 20 n'a été créé qu’en 2018 à Buenos Aires. Le travail de l’Urban 20 s’est poursuivi en 2019, sous la direction de Tokyo.

Concentrer les efforts sur les grandes villes du monde était une extension logique du travail du G20. En effet, environ 55 % de la population mondiale vit dans des villes ou des grandes agglomérations urbaines, lesquelles génèrent près de 80 % du produit intérieur brut mondial.

Cependant, les villes sont aussi le théâtre de nombreux défis de taille auxquels le monde est confronté aujourd'hui: elles consomment une quantité d'énergie disproportionnée, elles sont plus vulnérables que d'autres régions aux problèmes liés au changement climatique, et elles concentrent les plus grandes inégalités économiques de la planète, avec tous les problèmes sociaux qui en découlent.

En 2020, les villes ont également été secouées par la pandémie de Covid-19 qui a fortement perturbé l'économie urbaine traditionnelle en raison du confinement et de la migration loin des centres d'infection.

Cette situation a constitué une nouvelle série de défis pour Riyad, qui accueillait la conférence U20 sous la présidence de Fahd al-Rasheed. Et ce fut également un défi pour M. Al-Ghannem.

«Du point de vue des U20, les gouvernements locaux constituent la forme de gouvernance la plus proche de la vie quotidienne des habitants», explique M. Al-Ghannem.

L’initiative Urban 20 est juste un élément d'un ensemble de «groupes d'engagement» sous le dispositif principal du G20.

«Ce que nous avons pu réaliser cette année n'a jamais été fait auparavant dans le cadre des U20: une plus grande collaboration avec d'autres groupes d'engagement sur des sujets auxquels toutes villes sont confrontées quotidiennement. Nous sommes donc en mesure de comprendre leurs priorités aussi bien que les nôtres.» 

BIOGRAPHIE d'un Sherpa U20 au G20

Naissance: 1988 à Riyad
Formation: diplôme d’urbanisme à l’université California State

CARRIÈRE

Stage dans la ville de Calabasas, Los Angeles

Urbaniste auprès de la Commission royale de la ville de Riyad

Sherpa U20 au G20

«En tant que jeune groupe d'engagement, notre structure n’était pas prête pour s’intégrer à l’initiative Urban 20. Nous avons donc consacré une partie de l’année à créer l’organisation qui convenait. Les villes apprécient vraiment ce genre de démarche. Nous nous sommes réunis entre experts pour échanger des points de vue techniques, nos expériences et la façon dont nous abordons les problématiques», explique-t-il. 

Outre les 20 villes représentant les pays membres du G20, 22 autres centres urbains ont été invités cette année en qualité d'observateurs, ainsi que des «partenaires de la connaissance» tels que le Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), la Banque mondiale ainsi que des experts issus du monde universitaire, de l'urbanisme et des finances.

L'une des innovations de l'Urban 20 de Riyad a été la création d’équipes spéciales chargées de coordonner le thème principal de l'événement. Dès février, lorsque les équipes de travail ont été mises en place, bien avant que la pandémie n'impose l'arrêt des déplacements, il était déjà prévu que les équipes de travail tiennent des réunions virtuelles. 

«Nous avons eu de la chance. Cette décision allait de pair avec l'une de nos principales priorités au sein de l'Urban20: se servir de la technologie et de l'innovation pour partager nos expériences.»

Les groupes de travail ont suivi trois grands thèmes: œuvrer pour une économie circulaire neutre en carbone, développer une prospérité inclusive dans les villes et trouver des solutions naturelles dans les environnements urbains.

La stratégie consistait à concentrer les efforts en faveur des objectifs de développement durable des Nations unies à travers l'innovation et – ce qui est particulièrement important – à générer les ressources financières nécessaires pour y parvenir.

La neutralité carbone présente un intérêt particulier pour l'Arabie saoudite. Elle s'inscrit à la fois dans la politique énergétique du pays ainsi que dans la stratégie de Riyad, où M. Al-Ghannem était urbaniste avant que l’Urban 20 ne le désigne comme sherpa.

«7,5 millions d'arbres ont été plantés à Riyad – un par habitant – pour aider à la séquestration du carbone, l'un des éléments de la neutralité carbone. Nous soutenons certes les objectifs du gouvernement, mais nous voulons également nous engager auprès des entreprises privées et des citoyens. Tel est le but du programme de plantation d'arbres.»

Pour M. Al-Ghannem les discussions avec les institutions financières soutenant les objectifs des U20 ont bien progressé. Il explique que des projets comme la plantation d'arbres ont des retombées importantes sur des secteurs plus importants tels que les investissements dans les infrastructures et les projets d'eau dans une ville aride comme Riyad.

 «Les financements et les investissements innovants figurent en tête des priorités de chaque ville. Lorsqu'il s'agit d'argent, nous nous adressons sans aucun doute aux bonnes personnes: les dirigeants des plus grandes économies du monde réunis au sein du Groupe des vingt.» 

Le travail de sherpa est long et exigeant. Il assure la liaison entre les différents participants dans l’initiative Urban 20, les équipes de travail et les groupes d'engagement. Mais au final, une fois tous les préparatifs terminés, l’important est d’atteindre l’objectif: les négociations finales et les compromis nécessaires pour permettre à toutes les parties d'accepter un communiqué résumant leurs positions, mais qui soit aussi suffisamment inclusif pour tenir compte des points de vue souvent très divers. Cela exige beaucoup d'empathie et de diplomatie.

«Pour nous, le communiqué est le document final qui récapitule tous nos engagements, et nous devons parvenir à un consensus. Avec quarante-deux villes, la tâche peut être difficile.»

La préparation était cruciale. Les quarante-deux villes ont été impliquées dans le processus depuis février. On leur a présenté un squelette du communiqué final et elles ont reçu des mises à jour tout au long du processus.

«En donnant aux villes des indications claires sur le processus, elles deviennent vos partenaires dans la réussite. Voilà pourquoi je continue à les remercier. En effet, en comprenant le processus, il leur a été beaucoup plus facile de parvenir à un consensus.»

À l’issue de tous les travaux, le sommet de l’Urban 20 a été en mesure d’afficher un niveau record de consentement dans son communiqué final: 39 des 42 villes ont signé avant la date limite du communiqué.

Pour M. Al-Ghannem, «c'est un énorme succès». Il ajoute que certaines villes ont été distraites cette année par les défis climatiques et, surtout, par l'impact de la pandémie. «Ils voulaient être vigilants au sujet du taux de propagation de la Covid-19 et ils voulaient la garder sous contrôle – ce qui est tout à fait compréhensible.»

Maintenant qu'il a mené avec succès l’initiative Urban 20 au sommet, M. Al-Ghannem va reprendre son rôle d'urbaniste au sein de la Commission royale – «le travail de mes rêves», confie-t-il – où un projet très important l’attend. 

Il est engagé dans la division des transports au sein du département de la planification urbaine et stratégique, en charge de l'inauguration tant attendue du métro de Riyad. Ce projet est considéré comme l’un des plans ambitieux de la ville qui espère doubler sa population au cours des dix prochaines années.

«Ce moyen de transport public nous permettra d'augmenter la concentration aux alentours des gares, de diversifier les usages des terrains et de faire passer la ville du transport automobile au transport en commun. C'est une tâche importante.»

M. Al-Ghannem participera également aux arrangements de la troïka pour le prochain sommet du G20, où la présidence précédente (le Japon) travaillera avec la présidence actuelle (l'Arabie saoudite) pour aider le futur hôte : l'Italie, en 2021.

«Nous serons très coopératifs. Nous avons investi du temps, de l'argent, des nuits blanches et plusieurs litres de café pour travailler sur l’Urban 20. Nous poursuivrons l'élan et soutiendrons cette initiative.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Entre Taïwan et la Chine, une rapide traversée en ferry pour faire du shopping

Des visiteurs prennent des photos de la ville chinoise de Xiamen depuis les îles Kinmen contrôlées par Taiwan, à Kinmen, le 17 mai 2024. (Photo par I-Hwa Cheng AFP)
Des visiteurs prennent des photos de la ville chinoise de Xiamen depuis les îles Kinmen contrôlées par Taiwan, à Kinmen, le 17 mai 2024. (Photo par I-Hwa Cheng AFP)
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  • En passant l'immigration, les voyageurs ne peuvent manquer un panneau où est inscrit: «Une famille de part et d'autre du détroit, travaillant ensemble pour réaliser nos rêves»
  • La mort en février de deux pêcheurs chinois, après le chavirage de leur embarcation poursuivie par les garde-côtes taïwanais, a donné lieu à une montée des tensions entre Pékin et Taipei

KINMEN, Taïwan : Avant de prendre le ferry qui les ramènera chez eux, les Taïwanais chargés de leurs emplettes faites sur les marchés animés de Xiamen, en Chine continentale, doivent passer au rayon X leurs bagages remplis de nourriture, d'alcool ou encore de matériaux de construction.

A peine cinq kilomètres séparent le continent de l'île taïwanaise de Kinmen, où ils débarqueront une demi-heure plus tard. Mais ils se retrouveront en réalité à mille lieux des centres commerciaux haut-de-gamme et des gratte-ciels modernes de la mégapole chinoise Xiamen.

En passant l'immigration, les voyageurs ne peuvent manquer un panneau où est inscrit: «Une famille de part et d'autre du détroit, travaillant ensemble pour réaliser nos rêves».

La Chine considère Taïwan comme l'une de ses provinces qu'elle a promis de reprendre par la force si nécessaire.

Les navires des garde-côtes chinois ont fait de fréquentes apparitions dans les eaux proches de Kinmen ces derniers mois, avant l'investiture lundi du nouveau président de Taïwan Lai Ching-te, que Pékin a qualifié de «dangereux séparatiste».

Pourtant, le fossé qui se creuse entre Pékin et Taipei et la menace d'un conflit si la Chine tient sa promesse de s'emparer de l'archipel de 23 millions d'habitants semblent être la dernière des préoccupations des passagers taïwanais.

«La Chine est un grand marché, elle offre plus de produits et une plus grande variété de choses, et les choses sont beaucoup moins chères», confie Huang Chuang-yuan, qui tient un restaurant de fruits de mer à Kinmen, et qui fait partie des nombreux habitués à faire la navette.

Huit ferries circulent chaque jour entre les deux rives, et l'année dernière, 700.000 personnes ont fait le voyage entre Kinmen et la Chine continentale.

«C'est très pratique de s'y rendre et le ferry ne dure que 30 minutes», explique à l'AFP le chef taïwanais Ji De-wei, qui a récemment ouvert un restaurant sur l'île taïwanaise, tandis que trois de ses employés chargent ses achats dans un petit camion.

Si «les choses ne sont pas moins chères», il y a «plus de choix», ajoute le cuisinier de 45 ans, qui déclare faire l'aller-retour tous les mois pour s'approvisionner en produits.

D'autres passagers, comme Gail Lin, font le trajet davantage pour la visite que pour faire des courses: en Chine, «les choses sont très modernes», s'exclame-t-elle, déplorant qu'à Kinmen «les choses soient un peu dépassées».

- «Rien ne peut arriver» -

Le président élu taïwanais, qui prendra ses fonctions lundi, s'est décrit par le passé comme un «artisan pragmatique de l'indépendance de Taïwan». Il a depuis adouci son discours, affirmant désormais qu'un processus d'indépendance n'est pas nécessaire car l'île a, selon lui, de facto ce statut.

Mais la mort en février de deux pêcheurs chinois, après le chavirage de leur embarcation poursuivie par les garde-côtes taïwanais, a donné lieu à une montée des tensions entre Pékin et Taipei.

Le 9 mai, une flotte chinoise de sept navires et cinq embarcations de garde-côtes chinois a été détectée autour de l'archipel par leurs homologues taïwanais.

Pourtant, Meng-hsuan Lin, une autre passagère âgée de 28 ans, espère que davantage de citoyens chinois pourront visiter Taïwan, et notamment Kinmen, après l'entrée en fonction de Lai Ching-te.

«Kinmen est l'endroit le plus sûr. Rien ne peut arriver», estime-t-elle.


Aramco : accords avec trois entreprises américaines pour des solutions énergétiques à faible émission de carbone

Les accords conclus avec Aeroseal, Spiritus et Rondo ont été signés en présence du ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, et de son homologue américaine, Jennifer Granholm. (Photo fournie)
Les accords conclus avec Aeroseal, Spiritus et Rondo ont été signés en présence du ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, et de son homologue américaine, Jennifer Granholm. (Photo fournie)
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  • Ces accords ont été conclus après que les deux responsables sont convenus d'une feuille de route pour la coopération entre les deux pays dans ce secteur
  • Aramco et Rondo ont décidé d'explorer le déploiement de batteries thermiques dans les installations mondiales de l’entreprise saoudienne afin de réduire les coûts opérationnels

RIYAD : Le géant de l'énergie Saudi Aramco a signé des protocoles d'accord avec trois entreprises américaines pour promouvoir le développement de solutions potentiellement à faible émission de carbone.

Les accords conclus avec Aeroseal, Spiritus et Rondo ont été signés en présence du ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, et de son homologue américaine, Jennifer Granholm.

Ces accords, conclus après que les deux responsables sont convenus d'une feuille de route pour la coopération entre les deux pays dans ce secteur, ont porté sur la gestion du carbone, l'hydrogène propre, l'énergie nucléaire, ainsi que l'électricité et les énergies renouvelables, l'innovation et la résilience de la chaîne d'approvisionnement du secteur de l'énergie.

Ali al-Meshari, vice-président principal de la technologie, de la supervision et de la coordination chez Aramco, a déclaré : «Aramco a exprimé son ambition d'atteindre la neutralité carbone pour les émissions de gaz à effet de serre de Scope 1 et Scope 2 sur l'ensemble de ses actifs exploités à 100% d'ici 2050. Nous voyons des opportunités pour potentiellement développer une nouvelle activité énergétique à faible émission de carbone. Les technologies innovantes déployées à grande échelle peuvent contribuer à réduire les coûts de réduction des émissions de carbone, et nous investissons dans leur développement à travers nos programmes de R&D, de capital-risque et de déploiement technologique. Nous estimons que les technologies d'Aeroseal, Spiritus et Rondo ont le potentiel de se déployer à l'échelle mondiale, en particulier au Moyen-Orient.»

Après une phase d'essai réussie de la technologie d'Aeroseal en Arabie saoudite, Aramco et l’entreprise sont convenus d'explorer des opportunités pour accélérer le déploiement de cette technologie dans le parc immobilier de l'entreprise et ailleurs. Ils prévoient également de mener des tests conjoints sur les conduits et les enveloppes des bâtiments à l'échelle nationale afin d'identifier les opportunités les plus prometteuses, ainsi que de commercialiser la technologie dans de nouveaux domaines d'application, tels que les gazoducs.

L'accord avec Spiritus a conduit Aramco à envisager des opportunités dans le domaine du captage direct de l'air, l'approche de la société américaine pouvant potentiellement résoudre d'importants défis en termes de coûts.

Aramco et Rondo ont décidé d'explorer le déploiement de batteries thermiques dans les installations mondiales de l’entreprise saoudienne afin de réduire les coûts opérationnels et de soutenir les initiatives de réduction des émissions.

Les sociétés ont entamé des études d'ingénierie en vue du premier déploiement à grande échelle des batteries thermiques de Rondo. Ce projet pourrait contribuer à la réduction des émissions provenant des installations d'Aramco. Par la suite, une expansion jusqu'à une capacité de 1 gigawatt par heure est envisagée.

 


Le secteur saoudien du ciment prochain leader mondial, entre maturité numérique et économie circulaire

Le marché saoudien du ciment blanc devrait enregistrer une croissance à un taux de 11,93 % en moyenne chaque année au cours de la période de prévision allant de 2024 à 2028. Shutterstock
Le marché saoudien du ciment blanc devrait enregistrer une croissance à un taux de 11,93 % en moyenne chaque année au cours de la période de prévision allant de 2024 à 2028. Shutterstock
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  • Le marché du ciment blanc en Arabie saoudite a atteint une valeur de 165,11 millions de dollars en 2022 et devrait enregistrer une croissance à un taux de 11,93 % en moyenne chaque année au cours de la période de prévision allant de 2024 à 2028
  • Des projets clés tels que NEOM et Qiddiya, ainsi que l'expansion des réseaux de transport et des centres de divertissements, ont généré une augmentation notable de la demande de ciment de haute qualité dans le Royaume

RIYAD : L'industrie du ciment en Arabie saoudite est sur le point de maintenir sa position en tant que leader sur le marché mondial, en s’appuyant sur des principes de l'économie circulaire et en surmontant les défis grâce à l'innovation numérique, selon un expert du secteur.

Amr Nader, PDG et co-fondateur du cabinet de conseil en ciment A3&Co, a déclaré à Arab News que la plupart des usines du Royaume dans le secteur disposent de technologies de pointe, ce qui leur permettra d'atteindre la maturité numérique pour réaliser l'excellence opérationnelle et les objectifs de décarbonisation.

Bien que certaines usines aient déjà lancé des initiatives stratégiques dans ce domaine, d'autres en sont encore aux premières étapes d'essais.

Cependant, Nader estime que la transition vers la maturité numérique figure sur la liste des priorités de la plupart des usines et devrait se concrétiser dans les 2 à 5 prochaines années.

Selon TechSCI Research, le marché du ciment blanc en Arabie saoudite a atteint une valeur de 165,11 millions de dollars en 2022 et devrait enregistrer une croissance à un taux de 11,93 % en moyenne chaque année au cours de la période de prévision allant de 2024 à 2028.

Des projets clés tels que NEOM et Qiddiya, ainsi que l'expansion des réseaux de transport et des centres de divertissements, ont généré une augmentation notable de la demande de ciment de haute qualité dans le Royaume.

Nader estime que cette croissance s'accompagnera de changements majeurs dans le secteur et a déclaré : « Nous anticipons une réduction des coûts et une amélioration de la valeur ajoutée, en tirant parti de l'économie circulaire, voire une transition nette zéro si les bonnes technologies aux tailles efficaces sont adoptées. »

Le PDG a souligné l'importance de l'adoption de la technologie de l’oxycombustion à des échelles adaptées, en mettant l'accent sur l’utilisation de l'oxygène et des gaz de combustion recyclés pour brûler les combustibles au lieu de l'air.

Cette approche, combinée à une dépendance accrue aux sources d'énergie renouvelable et à l'intégration prévue de l'hydrogène à faible teneur en carbone comme source de combustible, témoigne du potentiel de l'industrie du ciment en Arabie saoudite pour maintenir son avantage concurrentiel au-delà de 2030 selon M. Nader.

Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie globale de décarbonation visant à réduire l'impact écologique du secteur tout en préservant sa position sur le marché.

M. Nader a également souligné que l'avantage concurrentiel de l’Arabie saoudite en matière de prix est soutenu par des coûts de production plus faibles, même après avoir pris en compte les taxes frontalières d'ajustement du carbone, ce qui pourrait augmenter les exportations vers des régions où les réglementations en matière de carbone sont strictes.

« En ce qui concerne la taxe frontalière sur le carbone en Europe et d'autres taxes frontalières sur le carbone dans le monde, nous  voyons une opportunité pour exporter davantage à partir des usines du Moyen-Orient qui auront adopté rapidement des transitions proches de zéro dans un délai compris entre 2024 et 2028 », a-t-il déclaré.

Les taxes sur le carbone, également connues sous le nom de mécanismes d'ajustement aux frontières, sont des politiques mises en œuvre par les gouvernements pour lutter contre les fuites de carbone.

Elles garantissent la compétitivité des industries soumises à la tarification du carbone sur leur territoire par rapport aux industries étrangères non soumises à des prélèvements similaires.

Ces taxes visent à empêcher la délocalisation d'industries vers des pays dont les politiques climatiques sont moins contraignantes, tout en encourageant d'autres nations à adopter des mesures similaires de tarification du carbone.

Des projets tels que OXAGON à NEOM ont stimulé le secteur du ciment. Dossier
Des projets tels que OXAGON à NEOM ont stimulé le secteur du ciment. Dossier

M. Nader a souligné les défis qui influent sur la demande dans le secteur du ciment, tels que l'augmentation des coûts du fret maritime, la disponibilité réduite des navires en raison des tensions géopolitiques et l'augmentation des prix pratiqués par les usines saoudiennes pour contrer la hausse des coûts de l'énergie d'Aramco.

« Malgré une augmentation moyenne de 100 % des prix des combustibles, les usines saoudiennes efficaces conservent toujours un coût de production inférieur d'environ 15 % à la moyenne mondiale. Il reste donc possible d'améliorer cette situation en adoptant des pratiques d'excellence opérationnelle », a-t-il ajouté.

Il a expliqué que les grandes entreprises du Royaume, dont les capacités de production dépassent 8 000 tonnes par jour, disposent de nombreuses possibilités d'amélioration en mettant en œuvre des stratégies d'excellence opérationnelle et en adoptant rapidement des initiatives prouvées visant des objectifs scientifiques proches de zéro.

Cela permettra non seulement de réduire davantage les coûts, mais aussi de les maintenir en dessous de la moyenne des coûts mondiaux de 15 %, même avec l'augmentation prévue des prix de l'énergie l'année prochaine, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, la diminution des investissements gouvernementaux a constitué un autre défi selon M. Nader, entraînant un ralentissement des projets à grande échelle et, par conséquent, une diminution de la demande de ciment.

Cette tendance s'est traduite par une baisse de 4 % des ventes intérieures et de 30 % des exportations pour les 17 cimentiers saoudiens au cours du premier trimestre 2024 par rapport à la même période de l'année dernière, comme l'indique Al-Yamama Cement.

En effet, 97 % des ventes de ciment ont été réalisées sur le marché intérieur, et seulement 3 % ont été exportées.

Malgré cette baisse des ventes, le Royaume reste le plus grand producteur de ciment de la région, accueillant plusieurs des plus importants cimentiers de la région, selon Global Cement.

Selon les données de Bloomberg, parmi les plus importantes entreprises d'Arabie saoudite, sur la base de leur capitalisation boursière, figurent Al Yamama Cement, avec une capitalisation boursière de 6,95 milliards de riyals saoudiens, suivie par Saudi Cement à 6,82 milliards de riyals saoudiens, Southern Province Cement à 5,5 milliards de riyals saoudiens, puis Qassim Cement, et Yanbu Cement.

M. Nader a lié le récent déclin des ventes nationales à certains mégaprojets dans le Royaume qui recourent au ciment vert, un produit rarement fabriqué dans la plupart des usines d'Arabie Saoudite.

« Néanmoins, il est important de noter que la consommation par habitant de l'Arabie saoudite demeure l'une des plus élevées au monde, atteignant environ 1,3 tonne par habitant. Cependant, l'utilisation du secteur reste inférieure à 60 % en raison de l’importante capacité installée entre 2013 et 2017 », a ajouté M. Nader.

Dans son rapport d'avril, Al-Jazira Capital a également attribué le déclin des ventes à l'impact accru du Ramadan sur les ventes, notant que le mois sacré s'est étendu sur 21 jours en mars 2024, contre seulement 9 jours l'année précédente.

M. Nader avait précédemment souligné dans une interview accordée en février à Aggregates Business que les cimenteries du Moyen-Orient, caractérisées par leur grande taille, bénéficient d'avantages en termes d'économies d'échelle et d'efficacité opérationnelle. La plupart de ces usines sont équipées de technologies modernes et de processus automatisés, les plaçant devant leurs homologues européennes, dont certaines remontent aux années 1950.

En outre, les abondantes ressources solaires, éoliennes et terrestres de la région offrent des possibilités d'adoption de sources d’énergie verte, ce qui place le secteur du ciment du Moyen-Orient en tête des initiatives de développement durable au niveau mondial.

À l'avenir, M. Nader prévoit que la région accordera une importance croissante à la durabilité et à la décarbonisation, ce qui se traduira par une augmentation de la production de produits verts.

En outre, il prévoit un doublement des exportations de ciment du Moyen-Orient dans les deux ou trois prochaines années, avec l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l'Algérie figurant actuellement parmi les principaux exportateurs.