Au Liban, les banques réduisent la voilure pour survivre à la crise

L'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, à Beyrouth, en mai 2020. (AFP).
L'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, à Beyrouth, en mai 2020. (AFP).
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Publié le Dimanche 20 février 2022

Au Liban, les banques réduisent la voilure pour survivre à la crise

  • Avec la pire crise économique que ce petit pays de six millions d'habitants ait connu depuis plus d'un siècle, le secteur bancaire s'est effondré
  • Malgré le déclin social et économique du pays, les dirigeants libanais n'ont toujours pas entamé les réformes nécessaires ou rendu public un plan de sauvetage économique

BEYROUTH: Des dizaines d'agences fermées, des milliers d'emplois supprimés: pour faire face à la crise économique sans précédent qui frappe le Liban depuis plus de deux ans, les banques naguère considérées comme un fleuron de l'économie ont considérablement réduit la voilure.

A son apogée, le secteur bancaire représentait trois fois le PIB du Liban, avec des dépôts totalisant plus de 150 milliards de dollars (environ 131 milliards d’euros). Les prêts à intérêts avantageux pour l'habitat, l'achat de voitures ou les voyages contribuaient au succès des banques, qui étaient alors une fierté nationale.

Mais avec la pire crise économique que ce petit pays de six millions d'habitants ait connu depuis plus d'un siècle, tout s'est effondré. 

A commencer par le volume des prêts, passé de 59 milliards de dollars en 2018 (51,9 milliards d'euros) à 29,2 milliards de dollars (25,6 milliards d'euros) fin 2021, calculé au taux de change officiel de la livre libanaise, selon l'Association des banques du Liban (ABL).

Autre conséquence, les banques ont imposé des restrictions sur les retraits en devises et empêché les transferts d'argent à l'étranger. Ces mesures ont limité l'accès aux comptes, notamment en dollars américains.

Et les accrochages entre des clients en colère voulant retirer leurs économies et des employés appliquant les consignes en vigueur sont devenus fréquents.

«Banques zombies»

Aujourd'hui, constate le banquier d'affaires Jean Riachi, "les banques libanaises n'ont quasiment plus d'activités bancaires, donc elles sont obligées de réduire leurs opérations". 

Car l'essentiel de leurs revenus provenait "des intérêts qu'elles percevaient de l'Etat et de la Banque centrale", dit-il.

Même son de cloche du côté de l'analyste Patrick Mardini, qui enfonce le clou: le secteur bancaire libanais est composé de "banques zombies" et la restructuration est "inévitable".

La nouvelle réalité a ébranlé la confiance des clients envers leurs banques, qui ont été "contraintes de s'adapter à la contraction de l'Economie, face à l'inaction de l'Etat libanais", observe l'ABL. 

En conséquence, le nombre d'agences bancaires a chuté de 1.081 fin 2018 à 919 fin novembre 2021. 

Par ailleurs, le nombre d'employés dans le secteur bancaire est passé de près de 26.000 fin 2018 à quelque 20.000 en novembre 2021, soit une réduction de l'ordre de 23%, selon l'ABL.

Malgré le déclin social et économique inédit du pays, les dirigeants libanais décriés par la population n'ont toujours pas entamé les réformes nécessaires ou rendu public un plan de sauvetage économique conformément aux demandes de la communauté internationale à laquelle ils ont réclamé des aides. L'Etat libanais a fait défaut sur sa dette souveraine en 2020, une première dans son histoire.

«Pays à l'abandon»

"Le Liban est un pays à l'abandon," a déclaré à l'AFP Selim Sfeir, le président de l'ABL. Plus de deux ans se sont écoulés sans aucune réaction de l'Etat pour redresser le pays, alors que les pertes continuent de s'accumuler, dit-il. 

Formé en septembre 2021, l'actuel gouvernement du Premier ministre Najib Mikati a évalué les pertes du secteur financier à 69 milliards de dollars (60 milliards d'euros) avant d'entamer en janvier 2022 des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI).

A la mi-février, le FMI a présenté une feuille de route détaillée pour le Liban et souligné "l'ampleur sans précédent des pertes du secteur financier qui devraient être traitées de manière transparente (...) en protégeant les petits épargnants". L'institution monétaire a appelé à "reconstruire ce secteur et à supprimer la loi sur le secret bancaire".

Pour le moment, un flou règne sur le sort des banques du pays, mais pour le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, "la capacité de prêter au marché" sera un des facteurs déterminants.

Les clients, eux, n'ont rien à faire du sort des banques: "Je veux récupérer mes économies à tout prix," affirme Hicham, un homme d'affaires franco-libanais qui n'a pas souhaité décliner son nom. Pour lui, "la situation de ce secteur est incompréhensible. Toutes les parties concernées doivent assumer leurs responsabilités dans cette crise". 


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.