Ukrainiens et Russes se battent dans Kiev, 200 civils tués depuis le début du conflit

Les pompiers éteignent le feu dans un immeuble de grande hauteur qui a été touché par un récent bombardement à Kiev, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
Les pompiers éteignent le feu dans un immeuble de grande hauteur qui a été touché par un récent bombardement à Kiev, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 26 février 2022

Ukrainiens et Russes se battent dans Kiev, 200 civils tués depuis le début du conflit

  • Selon les autorités ukrainiennes, de violents combats se poursuivaient à Kiev dans la matinée et elles ont distribué ces derniers jours des armes aux civils pour la défendre
  • De «durs combats» se poursuivaient également à Vassylkiv, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev

KIEV: Samedi, au troisième jour de l'invasion russe, la capitale ukrainienne Kiev se battait pour éviter de tomber aux mains de l'armée russe, des combats ayant eu lieu dans la nuit sur l'avenue de la Victoire, une des artères principales de Kiev.

Le ministre ukrainien de la Santé a fait état samedi de 200 civils tués, dont trois enfants, et plus d'un millier de blessés depuis le début de l'invasion russe du pays il y a trois jours.

"Malheureusement, selon les données opérationnelles, 200 personnes sont mortes aux mains des envahisseurs, dont trois enfants, et 1 115 sont blessées, dont 33 enfants", a indiqué le ministre Viktor Liachko sur Facebook.

Selon les autorités ukrainiennes, de violents combats se poursuivaient à Kiev dans la matinée et elles ont distribué ces derniers jours des armes aux civils pour la défendre.

L'armée de terre ukrainienne a également fait état de "violents" combats à 30 km au sud-ouest de la capitale, où les Russes "essayent de faire débarquer des parachutistes".

Des soldats ukrainiens se tiennent devant un véhicule de l'armée ukrainienne incendié du côté ouest de la capitale ukrainienne de Kiev, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
Des soldats ukrainiens se tiennent devant un véhicule de l'armée ukrainienne incendié du côté ouest de la capitale ukrainienne de Kiev, le 26 février 2022. (Photo, AFP)

Le président ukrainien, pour sa part, a affirmé samedi que ses partenaires occidentaux allaient livrer de nouvelles armes à l'Ukraine, et a appelé les Ukrainiens à défendre Kiev, en proie à de violents combats avec les forces russes.

"Un nouveau jour a commencé sur le front diplomatique, avec une conversation avec @EmmanuelMacron. Armes et équipements de nos partenaires sont en route pour l'Ukraine. La coalition antiguerre fonctionne", a écrit M. Zelensky sur Twitter.

Peu avant cette annonce, il a diffusé une adresse vidéo sur Facebook en appelant à ne pas croire les "fausses informations" circulant sur internet selon lesquelles il aurait appelé son armée à se rendre.

"Je suis là. On ne va pas déposer les armes et on va défendre notre pays", a déclaré M. Zelensky.

"Nos armes, c'est notre vérité. C'est notre terre. C'est notre pays. Nos enfants. Nous allons défendre tout cela. Gloire à l'Ukraine!", a-t-il lancé.

Des militaires ukrainiens récupèrent des obus non explosés après un combat avec un groupe de raids russes dans la capitale ukrainienne de Kiev dans la matinée du 26 février 2022, selon le personnel des services ukrainiens sur les lieux. (Photo, AFP)
Des militaires ukrainiens récupèrent des obus non explosés après un combat avec un groupe de raids russes dans la capitale ukrainienne de Kiev dans la matinée du 26 février 2022, selon le personnel des services ukrainiens sur les lieux. (Photo, AFP)

Dans un communiqué distinct, l'armée de terre ukrainienne a réaffirmé que de "durs combats" se poursuivaient à Vassylkiv, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev, où les Russes "essayent de faire débarquer des parachutistes". Elle a également indiqué que les forces ukrainiennes avaient détruit un hélicoptère et un avion d'attaque au sol russe SU-25 près des zones séparatistes dans l'Est, ainsi qu'un avion russe de transport IL-76 près de Vassylkiv.

Des membres des services ukrainiens recherchent et récupèrent des obus non explosés après un combat avec un groupe de raids russe dans la capitale ukrainienne de Kiev, dans la matinée du 26 février 2022, selon le personnel des services ukrainiens sur les lieux. (Photo, AFP)
Des membres des services ukrainiens recherchent et récupèrent des obus non explosés après un combat avec un groupe de raids russe dans la capitale ukrainienne de Kiev, dans la matinée du 26 février 2022, selon le personnel des services ukrainiens sur les lieux. (Photo, AFP)

 

«Cette guerre durera»

La guerre en Ukraine "durera" et "il faut nous y préparer", a averti samedi le président français Emmanuel Macron, en indiquant que le gouvernement préparait "un plan de résilience" pour faire face aux conséquences économiques de cette crise.

"La guerre est revenue en Europe. Cette guerre a été choisie unilatéralement par le président Poutine", a déclaré M. Macron à des responsables agricoles en inaugurant le Salon international de l'agriculture à Paris.

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours devant des représentants du monde agricole lors de sa visite au Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours devant des représentants du monde agricole lors de sa visite au Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris, le 26 février 2022. (Photo, AFP)

"De manière certaine il y aura des conséquences dans nos exportations pour les grandes filières", comme celles du vin, des céréales et de l'alimentation du bétail, a estimé le président français. "Nous sommes en train de bâtir un plan de résilience, d'abord pour sécuriser pour nos filières nos intrants, ensuite pour bâtir des boucliers en termes de coûts".

M. Macron, les traits tirés, s'est exprimé pendant une vingtaine de minutes devant les dirigeants des organisations professionnelles. Sa visite au Salon, qui se déroule jusqu'au 6 mars, est écourtée en raison de la crise internationale.

Les professionnels de l'alimentation redoutent des mesures de rétorsion russes en réaction aux sanctions occidentales, qui viendraient perturber les échanges.

La France est le neuvième fournisseur de la Russie en produits agroalimentaires, pour 780 millions d'euros par an, selon l'association française de l'agro-industrie Ania.

Plusieurs grands groupes français sont implantés en Ukraine, en particulier dans le secteur laitier, des céréales et des semences. Le groupe français Lactalis, présent notamment dans l'industrie laitière, compte ainsi trois sites de production dans l'ex-république socialiste.

Facebook interdit aux médias d'Etat russes de monétiser

Facebook a indiqué vendredi avoir empêché les médias d'Etat russes de gagner de l'argent sur sa plateforme alors que l'invasion par Moscou de l'Ukraine voisine a atteint les rues de la capitale Kiev. "Nous interdisons désormais aux médias d'Etat russes de diffuser des publicités ou de monétiser sur notre plateforme partout dans le monde", a déclaré sur Twitter Nathaniel Gleicher, responsable de la politique de sécurité de Facebook, ajoutant que cette mesure était sur le point d'être mise en oeuvre.

L'invasion de l'Ukraine a été l'occasion d'une flambée d'infox sur internet, en particulier sur les réseaux sociaux, phénomène devenu récurrent à chaque déclenchement de guerre ou de conflit.

Lancements depuis le Kourou suspendus

L'Agence spatiale russe a signalé samedi que la Russie a décidé de suspendre les lancements depuis la base spatiale de Kourou en Guyane française et a rappelé son personnel technique en réaction aux sanctions de l'Union européenne à l'encontre de Moscou, après l'invasion russe de l'Ukraine.

"En réaction aux sanctions de l'UE à l'encontre de nos entreprises, Roscosmos suspend sa coopération avec les partenaires européens dans l'organisation des lancements spatiaux depuis la base spatiale de Kourou", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Roscosmos rappelle également en Russie son personnel technique -- 87 personnes au total -- qui se trouve actuellement en Guyane française, selon la même source.

Le conseil européen a décidé jeudi soir d'interdire l'exportation vers la Russie des avions, pièces et équipements de l'industrie aéronautique et spatiale, en réaction à l'invasion russe de l'Ukraine.

Le secteur aéronautique et spatial européen a plusieurs partenariats avec la Russie.

Roscosmos dispose ainsi avec Arianespace d'une co-entreprise, Starsem, pour exploiter la fusée Soyouz. Elle doit en principe lancer en 2022 huit fusées Soyouz, trois depuis Kourou (dont le satellite espion français CSO-3) et cinq depuis le cosmodrome russe de Baïkonour au Kazakhstan.

En l'absence de fusées Soyouz, l'Europe n'aurait pas de capacité propre de lancement de certains satellites avant la mise en oeuvre d'Ariane 6, dont le premier vol est attendu en fin d'année.

Missiles de croisière navals et aériens

La Russie a annoncé samedi avoir visé des infrastructures militaires ukrainiennes avec des missiles de croisière navals et aériens, au troisième jour de l'invasion russe de l'Ukraine. "Pendant la nuit, les forces armées de la Fédération de Russie ont frappé des sites d'infrastructure militaire ukrainienne avec des armes de haute précision de longue portée en utilisant des missiles de croisière navals et aériens", a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, lors d'une intervention télévisée.

Il a également affirmé que dans l'Est du pays, où la Russie appuie les forces séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk, ces dernières ont fait des avancées, sans que celles-ci ne soit vérifiables de source indépendante. L'armée russe a aussi pris "le contrôle total de la ville de Melitopol", dans le sud de l'Ukraine, non loin de la Crimée, péninsule annexée par la Russie en 2014, a-t-il ajouté.

Selon lui, au total depuis le début de l'invasion, les forces russes affirment avoir détruit 821 infrastructures militaires, dont 14 aérodromes.

A Kiev, de violents combats se poursuivent

Kiev est samedi matin sous les tirs de missiles russes et des combats se déroulent dans la ville, où le président ukrainien appelle les siens à la lutte contre les troupes de Moscou et assure que des armes occidentales sont en route.

Au troisième jour du lancement d'une invasion par le président russe Vladimir Poutine, des combats opposant les forces russes et ukrainiennes ont lieu sur l'avenue de la Victoire, une des artères principales de Kiev, quelques heures après un dramatique appel à la mobilisation lancé par Volodymyr Zelensky.

Le président ukrainien a assuré qu'"armes et équipements de (ses) partenaires sont en route pour l'Ukraine", évoquant une "coalition antiguerre (qui) fonctionne" après une conversation avec son homologue français Emmanuel Macron. Ce dernier a jugé que "cette guerre durera".

"A Kiev, de violents combats se poursuivent. L'armée ukrainienne repousse des saboteurs russes", a indiqué samedi, vers 03H30 GMT, le Service ukrainien des communications spéciales.

Des tirs d'artillerie et de missiles résonnent de manière sporadique dans le nord-ouest de Kiev, selon des journalistes de l'AFP sur place. Un haut immeuble résidentiel de la capitale a été touché par un tir de missile, d'après les autorités ukrainiennes, qui n'ont pas donné de bilan dans l'immédiat.

Les forces ukrainiennes ont aussi fait état de "violents" combats à 30 km au sud-ouest de la capitale, où les Russes "essayent de faire débarquer des parachutistes".

La population a été appelée à prendre les armes par Volodymyr Zelensky, qui a juré qu'il restera dans la capitale.

Sur Facebook, l'armée de terre ukrainienne a dit avoir détruit une colonne de cinq véhicules militaires russes, dont un char, sur l'avenue de la Victoire. Dans la nuit, les autorités ont fait état d'une attaque russe contre une centrale électrique du quartier de Troieshchyna, au nord-est de Kiev.

Le ministère russe de la Défense n'a pour sa part évoqué aucune offensive sur Kiev, faisant état uniquement de tirs de missiles de croisière sur des infrastructures militaires, d'avancées dans l'Est, où l'armée appuie les séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk, et dans le sud ukrainien, où les forces russes sont entrées lundi depuis la péninsule de Crimée, annexée en 2014.

Sur la route entre Kramatorsk et Dnipro, deux villes de l'est de l'Ukraine, des journalistes de l'AFP ont constaté la présence de très nombreux convois militaires ukrainiens. Des check-points militaires ont été instaurés aux entrées et sorties de chaque grande ville dans cette zone.

La sirène d'alerte anti-aérienne a aussi résonné à l'aube à Kharkiv, une grande ville de l'est proche de la frontière russe.

Veto russe à l'ONU

Quelque 100 000 personnes ont déjà été déplacées et 50 000 ont quitté l'Ukraine, selon l'ONU, en direction des frontières de l'Union européenne --notamment en Pologne, Hongrie et Roumanie.

Sur le front diplomatique, sans surprise, la Russie a mis vendredi son veto au Conseil de sécurité à une résolution déplorant son "agression", texte pourtant soutenu par une majorité de pays.

Cela prouve que "le monde est avec nous, que la vérité est avec nous, que la victoire sera nôtre!", a tweeté le président ukrainien après ce vote, alors que des manifestations de soutien à l'Ukraine ont eu lieu un peu partout dans le monde.

Vladimir Poutine paraît résolu à poursuivre son offensive, jusqu'à obtenir un changement de régime en Ukraine et à déloger du pouvoir à Kiev ceux qu'il qualifie de "drogués" et "néonazis".

Il a aussi appelé les militaires ukrainiens à retourner leurs armes contre le gouvernement. "Il me semble qu'il sera plus facile de négocier entre vous et moi", a-t-il dit.

Vendredi, à Kiev, dans le quartier d'Obolon, l'AFP a vu un civil tué sur un trottoir et des ambulanciers en secourir un autre, prisonnier de la carcasse d'une voiture écrasée par un blindé.

"Ils ont distribué les fusils, les ont chargés pour nous et nous voilà", dit Iouri Kortchemniï qui n'avait jamais tenu une arme de sa vie avant de rejoindre un bataillon de civils prêts à défendre Kiev pied à pied face à l'ennemi russe.

Après la fuite de nombreuses personnes jeudi, le centre de Kiev, une métropole qui compte en temps normal quelque trois millions d'habitants et dorénavant sous couvre-feu, ressemblait à une ville-fantôme.

L'Otan, dont les dirigeants se sont retrouvés vendredi en visioconférence, a répété ces derniers jours qu'elle n'enverrait pas de troupes dans ce pays. Joe Biden a en revanche prévenu qu'aucun "pouce de territoire de l'Otan" ne serait cédé et le Pentagone dépêchera quelque 7 000 hommes de plus en Allemagne.

Sanctions contre Poutine

Pour l'instant, le camp occidental, qui cherche l'isolement de la Russie, se concentre sur le durcissement des sanctions contre la Russie après avoir restreint son accès aux marchés financiers et aux technologies.

Les Occidentaux, Washington en tête, ont franchi un nouveau palier vendredi en imposant, fait rare et symbolique, des sanctions à Vladimir Poutine lui-même et à son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

L'offensive russe a commencé jeudi à l'aube, après la reconnaissance lundi soir par Vladimir Poutine de l'indépendance des territoires séparatistes ukrainiens du Donbass, parrainés par Moscou depuis 2014.

Le maître du Kremlin a pris pour prétexte un prétendu "génocide" orchestré par Kiev dans ces "républiques", dénonçant de plus la politique "agressive" de l'Otan.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.