Ukrainiens et Russes se battent dans Kiev, 200 civils tués depuis le début du conflit

Les pompiers éteignent le feu dans un immeuble de grande hauteur qui a été touché par un récent bombardement à Kiev, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
Les pompiers éteignent le feu dans un immeuble de grande hauteur qui a été touché par un récent bombardement à Kiev, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 26 février 2022

Ukrainiens et Russes se battent dans Kiev, 200 civils tués depuis le début du conflit

  • Selon les autorités ukrainiennes, de violents combats se poursuivaient à Kiev dans la matinée et elles ont distribué ces derniers jours des armes aux civils pour la défendre
  • De «durs combats» se poursuivaient également à Vassylkiv, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev

KIEV: Samedi, au troisième jour de l'invasion russe, la capitale ukrainienne Kiev se battait pour éviter de tomber aux mains de l'armée russe, des combats ayant eu lieu dans la nuit sur l'avenue de la Victoire, une des artères principales de Kiev.

Le ministre ukrainien de la Santé a fait état samedi de 200 civils tués, dont trois enfants, et plus d'un millier de blessés depuis le début de l'invasion russe du pays il y a trois jours.

"Malheureusement, selon les données opérationnelles, 200 personnes sont mortes aux mains des envahisseurs, dont trois enfants, et 1 115 sont blessées, dont 33 enfants", a indiqué le ministre Viktor Liachko sur Facebook.

Selon les autorités ukrainiennes, de violents combats se poursuivaient à Kiev dans la matinée et elles ont distribué ces derniers jours des armes aux civils pour la défendre.

L'armée de terre ukrainienne a également fait état de "violents" combats à 30 km au sud-ouest de la capitale, où les Russes "essayent de faire débarquer des parachutistes".

Des soldats ukrainiens se tiennent devant un véhicule de l'armée ukrainienne incendié du côté ouest de la capitale ukrainienne de Kiev, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
Des soldats ukrainiens se tiennent devant un véhicule de l'armée ukrainienne incendié du côté ouest de la capitale ukrainienne de Kiev, le 26 février 2022. (Photo, AFP)

Le président ukrainien, pour sa part, a affirmé samedi que ses partenaires occidentaux allaient livrer de nouvelles armes à l'Ukraine, et a appelé les Ukrainiens à défendre Kiev, en proie à de violents combats avec les forces russes.

"Un nouveau jour a commencé sur le front diplomatique, avec une conversation avec @EmmanuelMacron. Armes et équipements de nos partenaires sont en route pour l'Ukraine. La coalition antiguerre fonctionne", a écrit M. Zelensky sur Twitter.

Peu avant cette annonce, il a diffusé une adresse vidéo sur Facebook en appelant à ne pas croire les "fausses informations" circulant sur internet selon lesquelles il aurait appelé son armée à se rendre.

"Je suis là. On ne va pas déposer les armes et on va défendre notre pays", a déclaré M. Zelensky.

"Nos armes, c'est notre vérité. C'est notre terre. C'est notre pays. Nos enfants. Nous allons défendre tout cela. Gloire à l'Ukraine!", a-t-il lancé.

Des militaires ukrainiens récupèrent des obus non explosés après un combat avec un groupe de raids russes dans la capitale ukrainienne de Kiev dans la matinée du 26 février 2022, selon le personnel des services ukrainiens sur les lieux. (Photo, AFP)
Des militaires ukrainiens récupèrent des obus non explosés après un combat avec un groupe de raids russes dans la capitale ukrainienne de Kiev dans la matinée du 26 février 2022, selon le personnel des services ukrainiens sur les lieux. (Photo, AFP)

Dans un communiqué distinct, l'armée de terre ukrainienne a réaffirmé que de "durs combats" se poursuivaient à Vassylkiv, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev, où les Russes "essayent de faire débarquer des parachutistes". Elle a également indiqué que les forces ukrainiennes avaient détruit un hélicoptère et un avion d'attaque au sol russe SU-25 près des zones séparatistes dans l'Est, ainsi qu'un avion russe de transport IL-76 près de Vassylkiv.

Des membres des services ukrainiens recherchent et récupèrent des obus non explosés après un combat avec un groupe de raids russe dans la capitale ukrainienne de Kiev, dans la matinée du 26 février 2022, selon le personnel des services ukrainiens sur les lieux. (Photo, AFP)
Des membres des services ukrainiens recherchent et récupèrent des obus non explosés après un combat avec un groupe de raids russe dans la capitale ukrainienne de Kiev, dans la matinée du 26 février 2022, selon le personnel des services ukrainiens sur les lieux. (Photo, AFP)

 

«Cette guerre durera»

La guerre en Ukraine "durera" et "il faut nous y préparer", a averti samedi le président français Emmanuel Macron, en indiquant que le gouvernement préparait "un plan de résilience" pour faire face aux conséquences économiques de cette crise.

"La guerre est revenue en Europe. Cette guerre a été choisie unilatéralement par le président Poutine", a déclaré M. Macron à des responsables agricoles en inaugurant le Salon international de l'agriculture à Paris.

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours devant des représentants du monde agricole lors de sa visite au Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours devant des représentants du monde agricole lors de sa visite au Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris, le 26 février 2022. (Photo, AFP)

"De manière certaine il y aura des conséquences dans nos exportations pour les grandes filières", comme celles du vin, des céréales et de l'alimentation du bétail, a estimé le président français. "Nous sommes en train de bâtir un plan de résilience, d'abord pour sécuriser pour nos filières nos intrants, ensuite pour bâtir des boucliers en termes de coûts".

M. Macron, les traits tirés, s'est exprimé pendant une vingtaine de minutes devant les dirigeants des organisations professionnelles. Sa visite au Salon, qui se déroule jusqu'au 6 mars, est écourtée en raison de la crise internationale.

Les professionnels de l'alimentation redoutent des mesures de rétorsion russes en réaction aux sanctions occidentales, qui viendraient perturber les échanges.

La France est le neuvième fournisseur de la Russie en produits agroalimentaires, pour 780 millions d'euros par an, selon l'association française de l'agro-industrie Ania.

Plusieurs grands groupes français sont implantés en Ukraine, en particulier dans le secteur laitier, des céréales et des semences. Le groupe français Lactalis, présent notamment dans l'industrie laitière, compte ainsi trois sites de production dans l'ex-république socialiste.

Facebook interdit aux médias d'Etat russes de monétiser

Facebook a indiqué vendredi avoir empêché les médias d'Etat russes de gagner de l'argent sur sa plateforme alors que l'invasion par Moscou de l'Ukraine voisine a atteint les rues de la capitale Kiev. "Nous interdisons désormais aux médias d'Etat russes de diffuser des publicités ou de monétiser sur notre plateforme partout dans le monde", a déclaré sur Twitter Nathaniel Gleicher, responsable de la politique de sécurité de Facebook, ajoutant que cette mesure était sur le point d'être mise en oeuvre.

L'invasion de l'Ukraine a été l'occasion d'une flambée d'infox sur internet, en particulier sur les réseaux sociaux, phénomène devenu récurrent à chaque déclenchement de guerre ou de conflit.

Lancements depuis le Kourou suspendus

L'Agence spatiale russe a signalé samedi que la Russie a décidé de suspendre les lancements depuis la base spatiale de Kourou en Guyane française et a rappelé son personnel technique en réaction aux sanctions de l'Union européenne à l'encontre de Moscou, après l'invasion russe de l'Ukraine.

"En réaction aux sanctions de l'UE à l'encontre de nos entreprises, Roscosmos suspend sa coopération avec les partenaires européens dans l'organisation des lancements spatiaux depuis la base spatiale de Kourou", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Roscosmos rappelle également en Russie son personnel technique -- 87 personnes au total -- qui se trouve actuellement en Guyane française, selon la même source.

Le conseil européen a décidé jeudi soir d'interdire l'exportation vers la Russie des avions, pièces et équipements de l'industrie aéronautique et spatiale, en réaction à l'invasion russe de l'Ukraine.

Le secteur aéronautique et spatial européen a plusieurs partenariats avec la Russie.

Roscosmos dispose ainsi avec Arianespace d'une co-entreprise, Starsem, pour exploiter la fusée Soyouz. Elle doit en principe lancer en 2022 huit fusées Soyouz, trois depuis Kourou (dont le satellite espion français CSO-3) et cinq depuis le cosmodrome russe de Baïkonour au Kazakhstan.

En l'absence de fusées Soyouz, l'Europe n'aurait pas de capacité propre de lancement de certains satellites avant la mise en oeuvre d'Ariane 6, dont le premier vol est attendu en fin d'année.

Missiles de croisière navals et aériens

La Russie a annoncé samedi avoir visé des infrastructures militaires ukrainiennes avec des missiles de croisière navals et aériens, au troisième jour de l'invasion russe de l'Ukraine. "Pendant la nuit, les forces armées de la Fédération de Russie ont frappé des sites d'infrastructure militaire ukrainienne avec des armes de haute précision de longue portée en utilisant des missiles de croisière navals et aériens", a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, lors d'une intervention télévisée.

Il a également affirmé que dans l'Est du pays, où la Russie appuie les forces séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk, ces dernières ont fait des avancées, sans que celles-ci ne soit vérifiables de source indépendante. L'armée russe a aussi pris "le contrôle total de la ville de Melitopol", dans le sud de l'Ukraine, non loin de la Crimée, péninsule annexée par la Russie en 2014, a-t-il ajouté.

Selon lui, au total depuis le début de l'invasion, les forces russes affirment avoir détruit 821 infrastructures militaires, dont 14 aérodromes.

A Kiev, de violents combats se poursuivent

Kiev est samedi matin sous les tirs de missiles russes et des combats se déroulent dans la ville, où le président ukrainien appelle les siens à la lutte contre les troupes de Moscou et assure que des armes occidentales sont en route.

Au troisième jour du lancement d'une invasion par le président russe Vladimir Poutine, des combats opposant les forces russes et ukrainiennes ont lieu sur l'avenue de la Victoire, une des artères principales de Kiev, quelques heures après un dramatique appel à la mobilisation lancé par Volodymyr Zelensky.

Le président ukrainien a assuré qu'"armes et équipements de (ses) partenaires sont en route pour l'Ukraine", évoquant une "coalition antiguerre (qui) fonctionne" après une conversation avec son homologue français Emmanuel Macron. Ce dernier a jugé que "cette guerre durera".

"A Kiev, de violents combats se poursuivent. L'armée ukrainienne repousse des saboteurs russes", a indiqué samedi, vers 03H30 GMT, le Service ukrainien des communications spéciales.

Des tirs d'artillerie et de missiles résonnent de manière sporadique dans le nord-ouest de Kiev, selon des journalistes de l'AFP sur place. Un haut immeuble résidentiel de la capitale a été touché par un tir de missile, d'après les autorités ukrainiennes, qui n'ont pas donné de bilan dans l'immédiat.

Les forces ukrainiennes ont aussi fait état de "violents" combats à 30 km au sud-ouest de la capitale, où les Russes "essayent de faire débarquer des parachutistes".

La population a été appelée à prendre les armes par Volodymyr Zelensky, qui a juré qu'il restera dans la capitale.

Sur Facebook, l'armée de terre ukrainienne a dit avoir détruit une colonne de cinq véhicules militaires russes, dont un char, sur l'avenue de la Victoire. Dans la nuit, les autorités ont fait état d'une attaque russe contre une centrale électrique du quartier de Troieshchyna, au nord-est de Kiev.

Le ministère russe de la Défense n'a pour sa part évoqué aucune offensive sur Kiev, faisant état uniquement de tirs de missiles de croisière sur des infrastructures militaires, d'avancées dans l'Est, où l'armée appuie les séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk, et dans le sud ukrainien, où les forces russes sont entrées lundi depuis la péninsule de Crimée, annexée en 2014.

Sur la route entre Kramatorsk et Dnipro, deux villes de l'est de l'Ukraine, des journalistes de l'AFP ont constaté la présence de très nombreux convois militaires ukrainiens. Des check-points militaires ont été instaurés aux entrées et sorties de chaque grande ville dans cette zone.

La sirène d'alerte anti-aérienne a aussi résonné à l'aube à Kharkiv, une grande ville de l'est proche de la frontière russe.

Veto russe à l'ONU

Quelque 100 000 personnes ont déjà été déplacées et 50 000 ont quitté l'Ukraine, selon l'ONU, en direction des frontières de l'Union européenne --notamment en Pologne, Hongrie et Roumanie.

Sur le front diplomatique, sans surprise, la Russie a mis vendredi son veto au Conseil de sécurité à une résolution déplorant son "agression", texte pourtant soutenu par une majorité de pays.

Cela prouve que "le monde est avec nous, que la vérité est avec nous, que la victoire sera nôtre!", a tweeté le président ukrainien après ce vote, alors que des manifestations de soutien à l'Ukraine ont eu lieu un peu partout dans le monde.

Vladimir Poutine paraît résolu à poursuivre son offensive, jusqu'à obtenir un changement de régime en Ukraine et à déloger du pouvoir à Kiev ceux qu'il qualifie de "drogués" et "néonazis".

Il a aussi appelé les militaires ukrainiens à retourner leurs armes contre le gouvernement. "Il me semble qu'il sera plus facile de négocier entre vous et moi", a-t-il dit.

Vendredi, à Kiev, dans le quartier d'Obolon, l'AFP a vu un civil tué sur un trottoir et des ambulanciers en secourir un autre, prisonnier de la carcasse d'une voiture écrasée par un blindé.

"Ils ont distribué les fusils, les ont chargés pour nous et nous voilà", dit Iouri Kortchemniï qui n'avait jamais tenu une arme de sa vie avant de rejoindre un bataillon de civils prêts à défendre Kiev pied à pied face à l'ennemi russe.

Après la fuite de nombreuses personnes jeudi, le centre de Kiev, une métropole qui compte en temps normal quelque trois millions d'habitants et dorénavant sous couvre-feu, ressemblait à une ville-fantôme.

L'Otan, dont les dirigeants se sont retrouvés vendredi en visioconférence, a répété ces derniers jours qu'elle n'enverrait pas de troupes dans ce pays. Joe Biden a en revanche prévenu qu'aucun "pouce de territoire de l'Otan" ne serait cédé et le Pentagone dépêchera quelque 7 000 hommes de plus en Allemagne.

Sanctions contre Poutine

Pour l'instant, le camp occidental, qui cherche l'isolement de la Russie, se concentre sur le durcissement des sanctions contre la Russie après avoir restreint son accès aux marchés financiers et aux technologies.

Les Occidentaux, Washington en tête, ont franchi un nouveau palier vendredi en imposant, fait rare et symbolique, des sanctions à Vladimir Poutine lui-même et à son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

L'offensive russe a commencé jeudi à l'aube, après la reconnaissance lundi soir par Vladimir Poutine de l'indépendance des territoires séparatistes ukrainiens du Donbass, parrainés par Moscou depuis 2014.

Le maître du Kremlin a pris pour prétexte un prétendu "génocide" orchestré par Kiev dans ces "républiques", dénonçant de plus la politique "agressive" de l'Otan.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.