Combats de rue avec les forces russes dans la deuxième ville d'Ukraine

Une vue d'un immeuble résidentiel endommagé par les récents bombardements à Kharkiv, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
Une vue d'un immeuble résidentiel endommagé par les récents bombardements à Kharkiv, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 27 février 2022

Combats de rue avec les forces russes dans la deuxième ville d'Ukraine

  • Dans l'immédiat, «la nuit va de nouveau être difficile. Les soldats (russes) essaient toujours d'entrer dans Kiev», a écrit le maire de la capitale ukrainienne
  • La violence de l'intervention russe a décidé samedi les Occidentaux à adopter un nouveau train de sanctions

KHARKIV : L'armée russe a effectué dimanche une percée à Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine où des combats de rue ont lieu, en dépit de la pression internationale et de sanctions occidentales de plus en plus importantes.

Des banques russes ont été bannies de la plateforme interbancaire Swift et les Occidentaux ont aussi promis davantage d'armes à l'Ukraine.

La nuit a été "dure", a dit dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au quatrième jour de l'offensive russe, accusant la Russie de considérer les zones habitées "comme une cible légitime".

Selon lui, "Vassylkiv, Kiev, Cherniguiv, Soumi, Kharkiv et beaucoup d'autres villes vivent dans des conditions qu'on n'avait pas vues sur nos terres (...) depuis la Seconde guerre mondiale".

M. Zelensky  a salué la formation d'une "coalition anti-guerre" internationale pour soutenir l'Ukraine: "nous recevons des armes, des médicaments, de la nourriture, du carburant, de l'argent".

L'armée russe, dont le président Vladimir Poutine a salué dimanche "l'héroïsme", a reçu samedi l'ordre d'élargir son offensive au motif que Kiev avait refusé des négociations.

Le Kremlin a affirmé dimanche renouveler sa proposition de pourparlers au Bélarus, d'où la Russie a envahi son voisin. M. Zelensky s'est dit prêt à négocier mais pas depuis ce pays qui sert de base arrière à l'armée russe.

A Kharkiv (nord-est) où soldats russes et ukrainiens se livraient à des combats de rue, on pouvait voir des blindés légers abandonnés ou en feu et entendre des coups de feu ou des explosions sporadiques.

La ville de 1,4 million d'habitants, où une femme a été tuée lors d'un tir russe samedi soir sur un immeuble résidentiel selon les secours ukrainiens, était en grande partie déserte, les habitants se  terrant chez eux.

"Il y a eu une percée des véhicules légers de l'ennemi russe dans la ville de Kharkiv, y compris dans la partie centrale", a indiqué sur Facebook le gouverneur de la région éponyme, Oleg Sinegoubov, indiquant que "les forces armées ukrainiennes éliminent l'ennemi".

A Kiev, sous couvre-feu jusqu'à lundi 08H00 (06H00 GMT), la matinée était calme et ensoleillée. Le bruit des bombardements et des raids aériens a fortement diminué après 01H00. Des soldats patrouillaient nerveusement dans les rues avec leurs armes sorties et des avions sillonnaient le ciel.

"La situation à Kiev est calme et totalement sous le contrôle de l'armée ukrainienne et la défense territoriale", a déclaré le bureau du maire. "Durant la nuit, plusieurs affrontements avec des groupes subversifs ont eu lieu".

A une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev, des combats se poursuivent pour le contrôle de la base aérienne de Vassylkiv, empêchant les pompiers d'intervenir pour éteindre l'important incendie d'un dépôt de pétrole frappé dans la nuit par un missile russe près de cette ville, a indiqué dimanche à l'aube le chef de l'administration de la région de Kiev, Oleksy Kouleba.

Cette capture vidéo tirée d'une séquence RFE/RL montre la partie arrière d'un missile qui a frappé un quartier résidentiel de la ville de Kharkiv, le 25 février 2022. (Photo, AFP)
Cette capture vidéo tirée d'une séquence RFE/RL montre la partie arrière d'un missile qui a frappé un quartier résidentiel de la ville de Kharkiv, le 25 février 2022. (Photo, AFP)Des négociations 

«Sabotage»

Selon l'état-major ukrainien, l'armée russe "n'a pas atteint" son "principal objectif (qui) est de verrouiller Kiev" et a recours "au sabotage" avec "des groupes de reconnaissance qui détruisent l'infrastructure civile".

"Les occupants russes ont fait usage de missiles balistiques et de croisière ainsi que de forces aériennes depuis les territoires temporairement occupés de Crimée et de la république du Bélarus visant Kiev et d'autres villes", selon l'état-major.

De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir encerclé deux grandes villes du Sud, Kherson et Berdiansk, qui comptent respectivement 290 000 et 110 000 habitants. "La ville de Guenitchesk et l'aérodrome de Tchernobaïevka près de Kherson ont également été pris sous contrôle", selon un communiqué.

Il revendique également des gains territoriaux pour les séparatistes prorusses dans l'Est, soutenus par l'armée russe et qui ont avancé, selon Moscou, de 52 km depuis le début de l'offensive.

Au total, l'armée russe assure avoir détruit 975 installations militaires ukrainiennes, dont des systèmes de défense anti-aérienne S-300.

Jusqu'à présent, le ministère russe de la Défense n'a pas évoqué d'offensive sur Kiev, faisant état uniquement de tirs de missiles de croisière sur des infrastructures militaires, d'avancées dans l'Est - où l'armée appuie les séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk - et dans le Sud ukrainien, où les forces russes sont entrées jeudi depuis la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Le corps d'un militaire russe près de véhicules militaires russes détruits sur le bord de la route à la périphérie de Kharkiv, le 26 février 2022, à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)
Le corps d'un militaire russe près de véhicules militaires russes détruits sur le bord de la route à la périphérie de Kharkiv, le 26 février 2022, à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)

L'Onu recensait samedi au moins 64 morts parmi les civils et des centaines de milliers de personnes sans eau ou électricité.

Selon le ministre ukrainien de la Santé, Viktor Liachko, au moins 198 civils, dont trois enfants, ont été tués et 1 115 personnes blessées depuis jeudi.

A travers le pays, des dizaines de militaires ukrainiens ont perdu la vie dans les combats. L'armée ukrainienne affirme infliger de lourdes pertes à l'armée russe mais celle-ci ne communique aucun bilan.

La Pologne affirme que 115 000 Ukrainiens ont franchi la frontière depuis jeudi. L'Onu avait auparavant estimé à plus de 116 000 les réfugiés ayant fui vers les pays voisins.

Vladimir Poutine paraît résolu à poursuivre son offensive, jusqu'à déloger du pouvoir à Kiev ceux qu'il qualifie de "drogués" et "néonazis". Il a aussi appelé l'armée ukrainienne à prendre le pouvoir.

Selon Moscou, cette "opération militaire spéciale" vise à"démilitariser" et "dénazifier" un pays accusé d'un prétendu génocide des populations russophones de l'Est.

Un véhicule militaire russe détruit sur le bord de la route à la périphérie de Kharkiv, le 26 février 2022, à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)
Un véhicule militaire russe détruit sur le bord de la route à la périphérie de Kharkiv, le 26 février 2022, à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)

 

Le casse-tête du rapatriement de milliers d'étudiants arabes en Ukraine

Plus de 10 000 étudiants arabes parmi lesquels de nombreux Marocains et Egyptiens, mais aussi des Irakiens ou Syriens fuyant des pays en guerre, se sont retrouvés pris au piège du conflit en Ukraine, et leur rapatriement est un casse-tête pour leurs gouvernements.

Des familles inquiètes se sont rassemblées vendredi semaine à Rabat devant le ministère des Affaires étrangères.

Les Marocains forment le principal contingent d'étudiants arabes avec les Egyptiens en Ukraine, prisée pour les études de médecine et d'ingénierie.

Au moins 12 000 Marocains dont 8 000 étudiants y résident habituellement. Mais 3 000 sont rentrés récemment, selon les Affaires étrangères à Rabat, notamment grâce à des vols spéciaux.

Rania Oukarfi, une étudiante de médecine dentaire de 23 ans à Zaporijia (sud), a pris la route vers la Moldavie, peu après l'invasion russe en Ukraine jeudi. Jointe par téléphone par l'AFP, elle raconte avoir vu des "scènes traumatisantes" et "des lieux paisibles défigurés du jour au lendemain". Selon elle, "l'ambassade n'aide pas, on essaie d'appeler, aucune réponse".

Nassima Aqtid, 20 ans, étudiante en pharmacie, est bloquée à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine où les combats font rage.

"J'ai pensé quitter la ville mais c'est impossible, la frontière la plus proche est celle de la Russie", dit-elle de son côté.

Pour les 700 à750 étudiants libanais bloqués en Ukraine contre 1 300 présents avant l'invasion russe, la situation est plus critique.

"J'ai quitté le Liban à cause de l'effondrement" économique, raconte à l'AFP Samir, 25 ans, arrivé il y a un mois et demi seulement à Kharkiv (est). "Il n'y a pas de directives des autorités", se plaint-il. Il voudrait gagner la Pologne "mais c'est risqué" car il devra traverser toute l'Ukraine.

«Où aller?»

A Beyrouth, les autorités ont dit préparer une évacuation des Libanais en Ukraine ou réfugiés en Pologne et Roumanie par voie aérienne "à une date ultérieure". En attendant, elles leur conseille de rester "dans des endroits sûrs".

Ali Mohammad, un étudiant irakien en ingénierie de 25 ans, appelle constamment son ambassade sans succès depuis Chernivtsi (ouest), proche de la frontière roumaine.

"On est partis d'Irak pour changer de mode de vie, la guerre, les galères. On est venus en Ukraine, et c'est la même chose", déclare-t-il à l'AFP par téléphone.

Selon un responsable gouvernemental, l'Irak compte 5 500 ressortissants en Ukraine dont 450 étudiants.

"Nous demandons à rentrer", indique Ali, assurant que "les étudiants qui ont des problèmes sont les Irakiens et les Syriens".

Tous les Egyptiens ne sont pas logés à la même enseigne.

Saad Abou Saada, 25 ans, étudiant en pharmacie à Kharkiv (est) essayait samedi de prendre un train. "L'ambassade n'a encore rien fait. Je ne sais pas où aller", dit-il à l'AFP, assurant être resté avec quatre autres Egyptiens dans sa résidence universitaire qui hébergeait d'autres étrangers "partis sans nous".

L'ambassade d'Egypte, pays qui compte 6 000 ressortissants dont plus de la moitié sont des étudiants en majorité inscrits à Kharkiv, a affirmé sur Facebook coordonner l'évacuation de ses ressortissants vers Roumanie et Pologne.

«Extrême prudence»

Vendredi, le Maroc, la Tunisie et la Libye ont également assuré préparer la sortie de leurs ressortissants vers des pays limitrophes.

Le Maroc les a invités à se rendre à des points d'accès frontaliers avec la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne.

La Tunisie, qui ne dispose pas d'ambassade en Ukraine, va envoyer en Pologne et en Roumanie des avions pour rapatrier ses ressortissants qui souhaitent partir parmi les 1 700 vivant en Ukraine, dont 80% d'étudiants.

"On commencera les opérations dès qu'on aura arrêté la liste définitive des Tunisiens qui souhaitent rentrer", a dit à l'AFP Mohammed Trabelsi, un responsable des Affaires étrangères. Tunis a pris contact avec l'ONU et la Croix-Rouge internationale pour l'aider à les évacuer par voie terrestre.

La Libye a prévu des points de ralliement en Ukraine et des évacuations vers la Slovaquie pour une diaspora estimée à près de 3 000 personnes, selon son ambassade en Ukraine.

L'Algérie, qui compte un millier d'étudiants en Ukraine et est liée à la Russie par des accords militaires, s'est distinguée en n'appelant pas à ses ressortissants à quitter le pays. Mais elle les a exhortés à "une extrême prudence et à ne sortir de chez eux qu'en cas d'urgence".

«Paria»

Les Occidentaux ont adopté samedi un nouveau train de sanctions plus dures, avec l'exclusion de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale, a annoncé le gouvernement allemand qui préside le G7.

Cela "empêchera les banques d'effectuer la plupart de leurs transactions financières mondiales, et par conséquent, les exportations et importations russes seront bloquées", a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Les partenaires occidentaux ont aussi décidé de restreindre davantage l'accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux et de "paralyser" ses actifs, selon elle.

La Russie est désormais un "paria économique et financier mondial", avec un rouble en "chute libre", et un groupe de travail "traquera" les "yachts, jets, voitures de luxe et maisons de luxe" des oligarques russes, a synthétisé samedi soir un haut responsable américain.

"Nous apprécions votre soutien (...) le peuple ukrainien ne l'oubliera jamais!", a réagi dimanche sur Twitter le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.

La Finlande a rejoint dimanche de nombreux pays européens en annonçant la fermeture de son espace aérien aux avions russes.

Un milliardaire japonais fait don de près de 8 millions d'euros à l'Ukraine

Le milliardaire japonais Hiroshi Mikitani a annoncé dimanche qu'il allait faire un don d'un milliard de yens (7,7 millions d'euros) au gouvernement de Kiev en qualifiant l'invasion russe de "piétinement de l'Ukraine" et de "défi à la démocratie".

Le fondateur de Rakuten, le géant japonais d'e-commerce et autres services en ligne, a déclaré dans une lettre adressée au président ukrainien Volodymyr Zelensky que ce don serait consacré à des "activités humanitaires pour aider les personnes en Ukraine qui sont victimes de la violence".

M. Mikitani a précisé qu'il s'était rendu à Kiev en 2019 et qu'il avait rencontré M. Zelensky.

"Mes pensées sont avec vous et avec le peuple ukrainien", a déclaré le milliardaire japonais dans sa lettre, ajoutant: "je pense que le piétinement d'une Ukraine pacifique et démocratique par une force injustifiée est un défi à la démocratie".

"J'espère sincèrement que la Russie et l'Ukraine pourront résoudre cette question de manière pacifique et que le peuple ukrainien pourra retrouver la paix le plus rapidement possible", a-t-il conclu.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a suscité une vague d'indignation internationale et de sévères sanctions de la part des grandes démocraties.

Le gouvernement japonais a annoncé une série de mesures contre Moscou visant notamment le secteur financier et des exportations sensibles comme les composants électroniques.

Signes d'une résistance

Selon l'état-major ukrainien, M. Zelensky a renouvelé dimanche son appel aux étrangers à venir se battre "contre les criminels de guerre russes".

Rompant avec sa politique traditionnelle de refus d'exporter des armes létales en zone de conflit, l'Allemagne a annoncé samedi la fourniture à Kiev d'un millier de lance-roquettes antichars et de 500 missiles sol-air.

Washington va envoyer une nouvelle aide militaire à l'Ukraine de 350 millions de dollars. Un haut responsable du Pentagone a dit à l'AFP voir "des signes d'une résistance ukrainienne viable".

Les Pays-Bas, la Belgique, l'Australie et la République tchèque ont promis des armes létales. La France a annoncé samedi soir "la livraison additionnelle d'équipements de défense".

Ukraine: le conflit pourrait durer «plusieurs années», prévient la cheffe de la diplomatie britannique

Le conflit en Ukraine pourrait durer "plusieurs années" en raison des "forces importantes" de la Russie, a estimé dimanche la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, selon laquelle Moscou pourrait chercher à utiliser "des armes encore pires".

"Le Royaume-Uni soutient absolument l'Ukraine durant ce très long et difficile conflit", a déclaré Mme Truss sur la chaîne télévisée Sky News, au quatrième jour de l'invasion de l'Ukraine.

Il pourrait durer "plusieurs années parce que nous savons que la Russie a des forces importantes", a-t-elle poursuivi, soulignant la détermination des Ukrainiens à "se battre" pour défendre "leur souveraineté et leur intégrité territoriale".

"Ce conflit pourrait être très, très sanglant. Nous avons déjà vu des civils ciblés par le gouvernement russe", a poursuivi la cheffe de la diplomatie. "J'exhorte le gouvernement à ne pas intensifier le conflit, mais nous devons nous préparer à ce que la Russie cherche à utiliser des armes encore pires", ce qui serait "extrêmement dévastateur".

Les Occidentaux ont encore accentué la pression sur Moscou samedi soir, en excluant des banques russes de la plateforme interbancaire Swift et en s'apprêtant à livrer davantage d'armes à l'Ukraine.

Ils ont aussi décidé de restreindre encore davantage l'accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux, afin rendre plus difficiles ses tentatives pour soutenir le cours du rouble, en recul suite à la guerre en Ukraine.

Concernant la proposition russe de pourparlers avec l'Ukraine, Liz Truss a estimé que Moscou devait d'abord retirer ses troupes de ce pays. "Ils ne peuvent pas négocier avec un fusil sur la tempe des Ukrainiens, ils doivent retirer leurs troupes", a-t-elle insisté.


Israël développe un «  cyberdôme » contre les attaques informatiques iraniennes

Si l'escalade armée semble écartée dans l'immédiat, une guerre plus discrète continue de faire rage entre Israël et l'Iran: sur le front du "cyberespace", Israël oeuvre à déjouer les attaques iraniennes. (AFP).
Si l'escalade armée semble écartée dans l'immédiat, une guerre plus discrète continue de faire rage entre Israël et l'Iran: sur le front du "cyberespace", Israël oeuvre à déjouer les attaques iraniennes. (AFP).
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  • Entre les deux ennemis jurés, "c'est une guerre silencieuse, qui ne se voit pas", explique à l'AFP Aviram Atzaba, chargé de la coopération internationale au sein de la Direction nationale israélienne de la Cybersécurité (INCD)
  • Installé dans un quartier cossu du nord de Tel-Aviv, cet organisme placé sous l'autorité du Premier ministre assure la défense des systèmes d'information du secteur civil israélien

TEL-AVIV: Si l'escalade armée semble écartée dans l'immédiat, une guerre plus discrète continue de faire rage entre Israël et l'Iran: sur le front du "cyberespace", Israël oeuvre à déjouer les attaques iraniennes.

Entre les deux ennemis jurés, "c'est une guerre silencieuse, qui ne se voit pas", explique à l'AFP Aviram Atzaba, chargé de la coopération internationale au sein de la Direction nationale israélienne de la Cybersécurité (INCD).

Installé dans un quartier cossu du nord de Tel-Aviv, cet organisme placé sous l'autorité du Premier ministre assure la défense des systèmes d'information du secteur civil israélien, détaille M. Atzaba.

Depuis le début, le 7 octobre, de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, on constate une très forte hausse des cyberattaques en provenance de l'Iran mais aussi de ses "supplétifs", dit-il citant notamment le Hezbollah libanais et le Hamas.

"Ils essayent de pirater tout ce qu'ils peuvent, sans parvenir à causer de réels dégâts", assure-t-il.

Selon lui, environ 800 attaques d'envergure ont été déjouées depuis le 7 octobre.

Parmi les cibles des attaques informatiques: des organisations gouvernementales, l'armée israélienne et des infrastructures civiles.

Les systèmes informatiques de deux hôpitaux israéliens ont en outre été piratés dans les villes de Haïfa et Safed (nord) et des données personnelles de patients divulguées.

« Ennemi redoutable »

L'Iran a investi relativement tardivement le front "cyber", après deux événements-clés, explique le professeur Chuck Freilich, chercheur à l'Institut israélien d'Etudes sur la Sécurité nationale (INSS), dans "La cybermenace iranienne", une étude publiée en février.

D'une part, le soulèvement postélectoral en Iran en 2009: internet devient une caisse de résonance et un outil de mobilisation. Les autorités écrasent le mouvement à balles réelles dans la rue, mais coupent aussi l'accès aux réseaux sociaux et aux sites relayant la contestation.

En septembre 2010, une cyberattaque très sophistiquée via le virus Stuxnet, attribuée par Téhéran à Israël et aux Etats-Unis, frappe le programme nucléaire iranien, entraînant une série de pannes dans son parc de centrifugeuses enrichissant l'uranium.

Depuis, l'Iran a développé une réelle cyberstratégie et gagné en compétences, note le professeur Freilich, devenant "l'un des Etats les plus actifs dans ce domaine", explique le chercheur à l'AFP.

"Ses attaques visent à saboter et détruire des infrastructures, mais aussi à collecter des données pour le renseignement et à propager des fausses informations à des fins de propagande". Et c'est d'ailleurs dans la désinformation que la République islamique est la plus performante, poursuit-il.

En face, Israël est considéré comme une "cyberpuissance" majeure, à qui plusieurs attaques notables sur des cibles iraniennes ont été attribuées comme, en 2020, la subite panne informatique ayant paralysé le port de Bandar Abbas.

Mais Israël fait face à un "ennemi redoutable" qui va continuer de s'améliorer, grâce notamment à l'assistance chinoise et russe, prévient M. Freilich.

Par ailleurs note-t-il, la population de l'Iran est neuf fois celle d'Israël et Téhéran forme de plus en plus d'étudiants aux cybertechnologies et de jeunes militaires à la cyberguerre. "C'est inquiétant pour l'avenir".

« Cyberterrorisme »

Mais pour Aviram Atzaba, la quantité de hackers compte moins que la qualité technologique et l'usage qui en est fait.

"Nous développons depuis deux ans un cyberdôme contre les attaques informatiques, qui fonctionne comme le +Dôme de fer+ contre les missiles", dit-il, décrivant un système de défense "proactif" capable de centraliser des données éparses pour fournir une vue d'ensemble de la menace et y répondre de façon coordonnée et complète.

"Des scanners analysent en continu le cyberespace israélien pour détecter les vulnérabilités et informent en continu les acteurs de la cyberdéfense des moyens de les atténuer", décrit Aviram Atzaba.

"Certaines fonctionnalités du cyberdôme sont déjà opérationnelles", souligne-t-il.

Selon lui, la force d'Israël réside dans la coopération entre les différents acteurs: institutions gouvernementales et sécuritaires, entreprises privées de technologie et sécurité informatique, universités et instituts de recherche. Mais aussi certains hackers israéliens.

"Nous travaillons main dans la main", assure-t-il.

En outre, "nous collaborons étroitement avec de très nombreux pays", notamment la France et les Etats-Unis, dit-il, car "tous les Etats font face au cyberterrorisme".

Il l'assure: "il faut un réseau pour combattre un réseau".


L’humoriste Stephen Colbert défend les manifestants propalestiniens sur les campus après les critiques de Trump

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
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  • L’humoriste estime que les manifestations devraient être autorisées à se poursuivre tant qu’elles sont pacifiques
  • Donald Trump prétend que le rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville n’est «rien» par rapport aux manifestations propalestiniennes dans les universités

LONDRES: L’humoriste américain Stephen Colbert a défendu les manifestants propalestiniens sur les campus, s’opposant ainsi aux récentes critiques de l’ex-président Donald Trump.

La semaine dernière, ce dernier avait comparé les regroupements d’étudiants au rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville, en Virginie, affirmant que ce dernier n’était «rien» en comparaison.

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza.

L’animateur a déclaré que les manifestations pacifiques «devraient être autorisées», reprochant à M. Trump de «banaliser l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire américaine».

«Même si vous n’êtes pas d’accord avec le sujet de leurs manifestations, tant que ces dernières sont pacifiques, les étudiants devraient être autorisés à manifester. C’est le droit que leur confère le premier amendement.» 

L’ancienne star de l’émission The Colbert Report a critiqué la réaction des responsables universitaires et des forces de l’ordre aux récents événements survenus à l’université Columbia, dénonçant le recours à des policiers lourdement armés et les menaces de faire appel à la garde nationale comme une «tactique classique de désescalade».

M. Trump a, quant à lui, salué la manière dont les forces de l’ordre ont géré la situation, félicitant la police de la ville de New York.

Les propos de M. Colbert ont coïncidé avec le déploiement de la police antiémeute au Hamilton Hall de l’université Columbia, ce qui a entraîné l’arrestation de nombreux étudiants propalestiniens qui occupaient le bâtiment.

Les descentes de police ont été condamnées par des groupes de pression tels que Jewish Voice for Peace et la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese. Le maire de New York a indiqué que 282 étudiants avaient été arrêtés.

Des affrontements entre des groupes propalestiniens, des contre-manifestants et les forces de l’ordre ont ensuite éclaté dans d’autres campus des États-Unis.

Par ailleurs, l’université Brown, dans le Rhode Island, a conclu un accord avec les manifestants mardi. Il semble que ce soit la première fois qu’une université américaine accepte de voter sur le désinvestissement en réponse aux manifestations.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.