Combats de rue avec les forces russes dans la deuxième ville d'Ukraine

Une vue d'un immeuble résidentiel endommagé par les récents bombardements à Kharkiv, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
Une vue d'un immeuble résidentiel endommagé par les récents bombardements à Kharkiv, le 26 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 27 février 2022

Combats de rue avec les forces russes dans la deuxième ville d'Ukraine

  • Dans l'immédiat, «la nuit va de nouveau être difficile. Les soldats (russes) essaient toujours d'entrer dans Kiev», a écrit le maire de la capitale ukrainienne
  • La violence de l'intervention russe a décidé samedi les Occidentaux à adopter un nouveau train de sanctions

KHARKIV : L'armée russe a effectué dimanche une percée à Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine où des combats de rue ont lieu, en dépit de la pression internationale et de sanctions occidentales de plus en plus importantes.

Des banques russes ont été bannies de la plateforme interbancaire Swift et les Occidentaux ont aussi promis davantage d'armes à l'Ukraine.

La nuit a été "dure", a dit dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au quatrième jour de l'offensive russe, accusant la Russie de considérer les zones habitées "comme une cible légitime".

Selon lui, "Vassylkiv, Kiev, Cherniguiv, Soumi, Kharkiv et beaucoup d'autres villes vivent dans des conditions qu'on n'avait pas vues sur nos terres (...) depuis la Seconde guerre mondiale".

M. Zelensky  a salué la formation d'une "coalition anti-guerre" internationale pour soutenir l'Ukraine: "nous recevons des armes, des médicaments, de la nourriture, du carburant, de l'argent".

L'armée russe, dont le président Vladimir Poutine a salué dimanche "l'héroïsme", a reçu samedi l'ordre d'élargir son offensive au motif que Kiev avait refusé des négociations.

Le Kremlin a affirmé dimanche renouveler sa proposition de pourparlers au Bélarus, d'où la Russie a envahi son voisin. M. Zelensky s'est dit prêt à négocier mais pas depuis ce pays qui sert de base arrière à l'armée russe.

A Kharkiv (nord-est) où soldats russes et ukrainiens se livraient à des combats de rue, on pouvait voir des blindés légers abandonnés ou en feu et entendre des coups de feu ou des explosions sporadiques.

La ville de 1,4 million d'habitants, où une femme a été tuée lors d'un tir russe samedi soir sur un immeuble résidentiel selon les secours ukrainiens, était en grande partie déserte, les habitants se  terrant chez eux.

"Il y a eu une percée des véhicules légers de l'ennemi russe dans la ville de Kharkiv, y compris dans la partie centrale", a indiqué sur Facebook le gouverneur de la région éponyme, Oleg Sinegoubov, indiquant que "les forces armées ukrainiennes éliminent l'ennemi".

A Kiev, sous couvre-feu jusqu'à lundi 08H00 (06H00 GMT), la matinée était calme et ensoleillée. Le bruit des bombardements et des raids aériens a fortement diminué après 01H00. Des soldats patrouillaient nerveusement dans les rues avec leurs armes sorties et des avions sillonnaient le ciel.

"La situation à Kiev est calme et totalement sous le contrôle de l'armée ukrainienne et la défense territoriale", a déclaré le bureau du maire. "Durant la nuit, plusieurs affrontements avec des groupes subversifs ont eu lieu".

A une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev, des combats se poursuivent pour le contrôle de la base aérienne de Vassylkiv, empêchant les pompiers d'intervenir pour éteindre l'important incendie d'un dépôt de pétrole frappé dans la nuit par un missile russe près de cette ville, a indiqué dimanche à l'aube le chef de l'administration de la région de Kiev, Oleksy Kouleba.

Cette capture vidéo tirée d'une séquence RFE/RL montre la partie arrière d'un missile qui a frappé un quartier résidentiel de la ville de Kharkiv, le 25 février 2022. (Photo, AFP)
Cette capture vidéo tirée d'une séquence RFE/RL montre la partie arrière d'un missile qui a frappé un quartier résidentiel de la ville de Kharkiv, le 25 février 2022. (Photo, AFP)Des négociations 

«Sabotage»

Selon l'état-major ukrainien, l'armée russe "n'a pas atteint" son "principal objectif (qui) est de verrouiller Kiev" et a recours "au sabotage" avec "des groupes de reconnaissance qui détruisent l'infrastructure civile".

"Les occupants russes ont fait usage de missiles balistiques et de croisière ainsi que de forces aériennes depuis les territoires temporairement occupés de Crimée et de la république du Bélarus visant Kiev et d'autres villes", selon l'état-major.

De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir encerclé deux grandes villes du Sud, Kherson et Berdiansk, qui comptent respectivement 290 000 et 110 000 habitants. "La ville de Guenitchesk et l'aérodrome de Tchernobaïevka près de Kherson ont également été pris sous contrôle", selon un communiqué.

Il revendique également des gains territoriaux pour les séparatistes prorusses dans l'Est, soutenus par l'armée russe et qui ont avancé, selon Moscou, de 52 km depuis le début de l'offensive.

Au total, l'armée russe assure avoir détruit 975 installations militaires ukrainiennes, dont des systèmes de défense anti-aérienne S-300.

Jusqu'à présent, le ministère russe de la Défense n'a pas évoqué d'offensive sur Kiev, faisant état uniquement de tirs de missiles de croisière sur des infrastructures militaires, d'avancées dans l'Est - où l'armée appuie les séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk - et dans le Sud ukrainien, où les forces russes sont entrées jeudi depuis la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Le corps d'un militaire russe près de véhicules militaires russes détruits sur le bord de la route à la périphérie de Kharkiv, le 26 février 2022, à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)
Le corps d'un militaire russe près de véhicules militaires russes détruits sur le bord de la route à la périphérie de Kharkiv, le 26 février 2022, à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)

L'Onu recensait samedi au moins 64 morts parmi les civils et des centaines de milliers de personnes sans eau ou électricité.

Selon le ministre ukrainien de la Santé, Viktor Liachko, au moins 198 civils, dont trois enfants, ont été tués et 1 115 personnes blessées depuis jeudi.

A travers le pays, des dizaines de militaires ukrainiens ont perdu la vie dans les combats. L'armée ukrainienne affirme infliger de lourdes pertes à l'armée russe mais celle-ci ne communique aucun bilan.

La Pologne affirme que 115 000 Ukrainiens ont franchi la frontière depuis jeudi. L'Onu avait auparavant estimé à plus de 116 000 les réfugiés ayant fui vers les pays voisins.

Vladimir Poutine paraît résolu à poursuivre son offensive, jusqu'à déloger du pouvoir à Kiev ceux qu'il qualifie de "drogués" et "néonazis". Il a aussi appelé l'armée ukrainienne à prendre le pouvoir.

Selon Moscou, cette "opération militaire spéciale" vise à"démilitariser" et "dénazifier" un pays accusé d'un prétendu génocide des populations russophones de l'Est.

Un véhicule militaire russe détruit sur le bord de la route à la périphérie de Kharkiv, le 26 février 2022, à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)
Un véhicule militaire russe détruit sur le bord de la route à la périphérie de Kharkiv, le 26 février 2022, à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo, AFP)

 

Le casse-tête du rapatriement de milliers d'étudiants arabes en Ukraine

Plus de 10 000 étudiants arabes parmi lesquels de nombreux Marocains et Egyptiens, mais aussi des Irakiens ou Syriens fuyant des pays en guerre, se sont retrouvés pris au piège du conflit en Ukraine, et leur rapatriement est un casse-tête pour leurs gouvernements.

Des familles inquiètes se sont rassemblées vendredi semaine à Rabat devant le ministère des Affaires étrangères.

Les Marocains forment le principal contingent d'étudiants arabes avec les Egyptiens en Ukraine, prisée pour les études de médecine et d'ingénierie.

Au moins 12 000 Marocains dont 8 000 étudiants y résident habituellement. Mais 3 000 sont rentrés récemment, selon les Affaires étrangères à Rabat, notamment grâce à des vols spéciaux.

Rania Oukarfi, une étudiante de médecine dentaire de 23 ans à Zaporijia (sud), a pris la route vers la Moldavie, peu après l'invasion russe en Ukraine jeudi. Jointe par téléphone par l'AFP, elle raconte avoir vu des "scènes traumatisantes" et "des lieux paisibles défigurés du jour au lendemain". Selon elle, "l'ambassade n'aide pas, on essaie d'appeler, aucune réponse".

Nassima Aqtid, 20 ans, étudiante en pharmacie, est bloquée à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine où les combats font rage.

"J'ai pensé quitter la ville mais c'est impossible, la frontière la plus proche est celle de la Russie", dit-elle de son côté.

Pour les 700 à750 étudiants libanais bloqués en Ukraine contre 1 300 présents avant l'invasion russe, la situation est plus critique.

"J'ai quitté le Liban à cause de l'effondrement" économique, raconte à l'AFP Samir, 25 ans, arrivé il y a un mois et demi seulement à Kharkiv (est). "Il n'y a pas de directives des autorités", se plaint-il. Il voudrait gagner la Pologne "mais c'est risqué" car il devra traverser toute l'Ukraine.

«Où aller?»

A Beyrouth, les autorités ont dit préparer une évacuation des Libanais en Ukraine ou réfugiés en Pologne et Roumanie par voie aérienne "à une date ultérieure". En attendant, elles leur conseille de rester "dans des endroits sûrs".

Ali Mohammad, un étudiant irakien en ingénierie de 25 ans, appelle constamment son ambassade sans succès depuis Chernivtsi (ouest), proche de la frontière roumaine.

"On est partis d'Irak pour changer de mode de vie, la guerre, les galères. On est venus en Ukraine, et c'est la même chose", déclare-t-il à l'AFP par téléphone.

Selon un responsable gouvernemental, l'Irak compte 5 500 ressortissants en Ukraine dont 450 étudiants.

"Nous demandons à rentrer", indique Ali, assurant que "les étudiants qui ont des problèmes sont les Irakiens et les Syriens".

Tous les Egyptiens ne sont pas logés à la même enseigne.

Saad Abou Saada, 25 ans, étudiant en pharmacie à Kharkiv (est) essayait samedi de prendre un train. "L'ambassade n'a encore rien fait. Je ne sais pas où aller", dit-il à l'AFP, assurant être resté avec quatre autres Egyptiens dans sa résidence universitaire qui hébergeait d'autres étrangers "partis sans nous".

L'ambassade d'Egypte, pays qui compte 6 000 ressortissants dont plus de la moitié sont des étudiants en majorité inscrits à Kharkiv, a affirmé sur Facebook coordonner l'évacuation de ses ressortissants vers Roumanie et Pologne.

«Extrême prudence»

Vendredi, le Maroc, la Tunisie et la Libye ont également assuré préparer la sortie de leurs ressortissants vers des pays limitrophes.

Le Maroc les a invités à se rendre à des points d'accès frontaliers avec la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne.

La Tunisie, qui ne dispose pas d'ambassade en Ukraine, va envoyer en Pologne et en Roumanie des avions pour rapatrier ses ressortissants qui souhaitent partir parmi les 1 700 vivant en Ukraine, dont 80% d'étudiants.

"On commencera les opérations dès qu'on aura arrêté la liste définitive des Tunisiens qui souhaitent rentrer", a dit à l'AFP Mohammed Trabelsi, un responsable des Affaires étrangères. Tunis a pris contact avec l'ONU et la Croix-Rouge internationale pour l'aider à les évacuer par voie terrestre.

La Libye a prévu des points de ralliement en Ukraine et des évacuations vers la Slovaquie pour une diaspora estimée à près de 3 000 personnes, selon son ambassade en Ukraine.

L'Algérie, qui compte un millier d'étudiants en Ukraine et est liée à la Russie par des accords militaires, s'est distinguée en n'appelant pas à ses ressortissants à quitter le pays. Mais elle les a exhortés à "une extrême prudence et à ne sortir de chez eux qu'en cas d'urgence".

«Paria»

Les Occidentaux ont adopté samedi un nouveau train de sanctions plus dures, avec l'exclusion de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale, a annoncé le gouvernement allemand qui préside le G7.

Cela "empêchera les banques d'effectuer la plupart de leurs transactions financières mondiales, et par conséquent, les exportations et importations russes seront bloquées", a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Les partenaires occidentaux ont aussi décidé de restreindre davantage l'accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux et de "paralyser" ses actifs, selon elle.

La Russie est désormais un "paria économique et financier mondial", avec un rouble en "chute libre", et un groupe de travail "traquera" les "yachts, jets, voitures de luxe et maisons de luxe" des oligarques russes, a synthétisé samedi soir un haut responsable américain.

"Nous apprécions votre soutien (...) le peuple ukrainien ne l'oubliera jamais!", a réagi dimanche sur Twitter le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.

La Finlande a rejoint dimanche de nombreux pays européens en annonçant la fermeture de son espace aérien aux avions russes.

Un milliardaire japonais fait don de près de 8 millions d'euros à l'Ukraine

Le milliardaire japonais Hiroshi Mikitani a annoncé dimanche qu'il allait faire un don d'un milliard de yens (7,7 millions d'euros) au gouvernement de Kiev en qualifiant l'invasion russe de "piétinement de l'Ukraine" et de "défi à la démocratie".

Le fondateur de Rakuten, le géant japonais d'e-commerce et autres services en ligne, a déclaré dans une lettre adressée au président ukrainien Volodymyr Zelensky que ce don serait consacré à des "activités humanitaires pour aider les personnes en Ukraine qui sont victimes de la violence".

M. Mikitani a précisé qu'il s'était rendu à Kiev en 2019 et qu'il avait rencontré M. Zelensky.

"Mes pensées sont avec vous et avec le peuple ukrainien", a déclaré le milliardaire japonais dans sa lettre, ajoutant: "je pense que le piétinement d'une Ukraine pacifique et démocratique par une force injustifiée est un défi à la démocratie".

"J'espère sincèrement que la Russie et l'Ukraine pourront résoudre cette question de manière pacifique et que le peuple ukrainien pourra retrouver la paix le plus rapidement possible", a-t-il conclu.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a suscité une vague d'indignation internationale et de sévères sanctions de la part des grandes démocraties.

Le gouvernement japonais a annoncé une série de mesures contre Moscou visant notamment le secteur financier et des exportations sensibles comme les composants électroniques.

Signes d'une résistance

Selon l'état-major ukrainien, M. Zelensky a renouvelé dimanche son appel aux étrangers à venir se battre "contre les criminels de guerre russes".

Rompant avec sa politique traditionnelle de refus d'exporter des armes létales en zone de conflit, l'Allemagne a annoncé samedi la fourniture à Kiev d'un millier de lance-roquettes antichars et de 500 missiles sol-air.

Washington va envoyer une nouvelle aide militaire à l'Ukraine de 350 millions de dollars. Un haut responsable du Pentagone a dit à l'AFP voir "des signes d'une résistance ukrainienne viable".

Les Pays-Bas, la Belgique, l'Australie et la République tchèque ont promis des armes létales. La France a annoncé samedi soir "la livraison additionnelle d'équipements de défense".

Ukraine: le conflit pourrait durer «plusieurs années», prévient la cheffe de la diplomatie britannique

Le conflit en Ukraine pourrait durer "plusieurs années" en raison des "forces importantes" de la Russie, a estimé dimanche la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, selon laquelle Moscou pourrait chercher à utiliser "des armes encore pires".

"Le Royaume-Uni soutient absolument l'Ukraine durant ce très long et difficile conflit", a déclaré Mme Truss sur la chaîne télévisée Sky News, au quatrième jour de l'invasion de l'Ukraine.

Il pourrait durer "plusieurs années parce que nous savons que la Russie a des forces importantes", a-t-elle poursuivi, soulignant la détermination des Ukrainiens à "se battre" pour défendre "leur souveraineté et leur intégrité territoriale".

"Ce conflit pourrait être très, très sanglant. Nous avons déjà vu des civils ciblés par le gouvernement russe", a poursuivi la cheffe de la diplomatie. "J'exhorte le gouvernement à ne pas intensifier le conflit, mais nous devons nous préparer à ce que la Russie cherche à utiliser des armes encore pires", ce qui serait "extrêmement dévastateur".

Les Occidentaux ont encore accentué la pression sur Moscou samedi soir, en excluant des banques russes de la plateforme interbancaire Swift et en s'apprêtant à livrer davantage d'armes à l'Ukraine.

Ils ont aussi décidé de restreindre encore davantage l'accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux, afin rendre plus difficiles ses tentatives pour soutenir le cours du rouble, en recul suite à la guerre en Ukraine.

Concernant la proposition russe de pourparlers avec l'Ukraine, Liz Truss a estimé que Moscou devait d'abord retirer ses troupes de ce pays. "Ils ne peuvent pas négocier avec un fusil sur la tempe des Ukrainiens, ils doivent retirer leurs troupes", a-t-elle insisté.


Inde: les pilotes rejettent les premières conclusions sur l'accident du vol 171 d'Air India

Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad.  Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts. (AFP)
Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad. Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts. (AFP)
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  • L'enregistreur des conversations du cockpit a indiqué que l'un des pilotes avait demandé à l'autre "pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant" et que ce dernier avait répondu "qu'il ne l'a pas fait", a toutefois précisé l'AAIB
  • Les enquêteurs n'ont pas publié la retranscription exacte de leur dialogue

NEW DELHI: Deux associations de pilotes de ligne indiens ont vivement rejeté les résultats préliminaires de l'enquête sur l'accident du Boeing 787 d'Air India le 12 juin dans le nord-est de l'Inde, qui suggèrent la possibilité d'une erreur humaine.

Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad.

Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts.

Le document de l'AAIB ne tire pour l'heure aucune conclusion ni ne pointe aucune responsabilité .

L'enregistreur des conversations du cockpit a indiqué que l'un des pilotes avait demandé à l'autre "pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant" et que ce dernier avait répondu "qu'il ne l'a pas fait", a toutefois précisé l'AAIB.

Les enquêteurs n'ont pas publié la retranscription exacte de leur dialogue.

"Nous avons le sentiment que l'enquête suit une piste qui présume la responsabilité des pilotes et nous nous y opposons fermement", a réagi l'Association des pilotes de ligne indiens (ALPA).

L'ALPA, qui revendique 800 membres, a regretté le "secret" qui entoure l'enquête et regretté de ne pas y être associée en tant qu'"observatrice".

Une autre organisation, l'Association des pilotes commerciaux indiens (ICPA), s'est pour sa part déclarée "très perturbée par ces spéculations (...) notamment celles qui insinuent de façon infondée l'idée du suicide d'un pilote".

"Une telle hypothèse n'a aucune base en l'état actuel de l'enquête", a poursuivi l'ICPA en réaction aux propos d'experts suggérant que la catastrophe pourrait être le fruit du suicide d'un pilote.

La catastrophe aérienne, la plus meurtrière depuis 2014 dans le monde, a causé la mort de 241 passagers et membres d'équipage du Boeing 787, ainsi que 19 autres personnes au sol.

Un passager a miraculeusement survécu.

 


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".