Discussions Russie-Ukraine sur un cessez-le-feu, Washington parle d'un bilan humain «ahurissant»

Session extraordinaire de l'Assemblée Générale de l'ONU concernant l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
Session extraordinaire de l'Assemblée Générale de l'ONU concernant l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 03 mars 2022

Discussions Russie-Ukraine sur un cessez-le-feu, Washington parle d'un bilan humain «ahurissant»

  • Des émissaires ukrainiens se dirigeaient déjà vers «le lieu des négociations» au Bélarus pour une deuxième session de discussions avec leurs homologues russes
  • Ces pourparlers, qui porteront notamment sur un cessez-le-feu, commenceront jeudi matin

KHARKIV : La Russie s'est dite prête mercredi à discuter dès le lendemain d'un cessez-le-feu avec l'Ukraine, malgré la poursuite des frappes russes sur plusieurs villes ukrainiennes dans un conflit dont Washington a déploré le bilan humain "ahurissant".

Des émissaires ukrainiens se dirigeaient d'ores et déjà vers "le lieu des négociations" au Bélarus pour une deuxième session de discussions avec leurs homologues russes, a annoncé la présidence ukrainienne.

Ces pourparlers, qui porteront notamment sur un cessez-le-feu, commenceront jeudi matin dans un lieu déterminé "ensemble" situé "non loin de la frontière avec la Pologne", a précisé le négociateur russe Vladimir Medinski.

Les membres du Conseil de sécurité se réunissent pour discuter de l'invasion de l'Ukraine au siège des Nations Unies, le 28 février 2022, à New York. (Photo, AFP)
Les membres du Conseil de sécurité se réunissent pour discuter de l'invasion de l'Ukraine au siège des Nations Unies, le 28 février 2022, à New York. (Photo, AFP)

De premières discussions lundi, également au Bélarus, n'avaient donné aucun résultat tangible, Kiev ayant réclamé l'arrêt immédiat de l'invasion, tandis que Moscou avait semblé attendre une reddition.

Les Etats-Unis vont "soutenir des efforts diplomatiques" de l'Ukraine pour obtenir un cessez-le-feu avec la Russie, même si "c'est beaucoup plus difficile d'y parvenir quand les tirs résonnent et les chars avancent", a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

Le secrétaire d'Etat aussi mis l'accent sur un "coût humain" d'ores et déjà "ahurissant". "Des centaines sinon des milliers de civils ont été tués et blessés", a déploré M. Blinken lors d'une conférence de presse, et "le nombre de civils tués et blessés, les conséquences humanitaires, ne feront que s'aggraver dans les jours qui viennent".

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken discute de l'invasion de l'Ukraine par la Russie lors d'une conférence de presse au département d'État à Washington, DC, le 2 mars 2022. (Photo, AFP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken discute de l'invasion de l'Ukraine par la Russie lors d'une conférence de presse au département d'État à Washington, DC, le 2 mars 2022. (Photo, AFP)

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui affiché sa volonté de "rester en contact" avec son homologue russe Vladimir Poutine afin de "le convaincre de renoncer aux armes", lançant dans une allocution télévisée un vibrant "nous ne sommes pas en guerre contre la Russie".

Une photo d'écrans prise dans une salle de contrôle des médias à Paris, le 2 mars 2022, montrant le président français Emmanuel Macron s'exprimant depuis l'Elysée lors d'un discours télévisé sur la situation générale sept jours après le lancement par la Russie d'une invasion militaire contre l'Ukraine. (Photo, AFP)
Emmanuel Macron s'exprimant depuis l'Elysée lors d'un discours télévisé sur la situation sept jours après le lancement de l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP)

Dans le même temps, l'Assemblée générale des Nations unies votait une résolution qui "exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine", seuls cinq pays s'y opposant et 35 s'abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte cette organisation.

Dans ce texte, l'ONU demande à Moscou qu'il "retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires" du territoire ukrainien et "condamne la décision de la Russie d'accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires".

L'ambassadeur d'Ukraine aux Nations unies, Sergiy Kyslytsya, avait auparavant dénoncé un "génocide" en cours dans son pays, perpétré par la Russie.

Sergiy Kyslytsya, Représentant permanent de l'Ukraine auprès de l'Organisation des Nations Unies, tient un exemplaire du manuel de la Charte des Nations Unies alors qu'il s'exprime lors d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale au siège des Nations Unies, le 2 mars 2022, à New York. (Photo, AFP)
Sergiy Kyslytsya brandit un exemplaire du manuel de la Charte des Nations Unies lors d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale au siège des Nations Unies, le 2 mars 2022, à New York. (Photo, AFP)

Le procureur de la Cour pénale internationale a annoncé mercredi soir "l'ouverture immédiate" d'une enquête sur la situation pour crimes de guerre.

La Banque mondiale annonce la suspension de tous ses programmes d'aide au Bélarus et en Russie

"Suite à l'invasion russe de l'Ukraine et aux hostilités contre le peuple ukrainien, le groupe de la Banque mondiale a arrêté tous ses programmes en Russie et au Bélarus avec effet immédiat", a annoncé l'institution de Washington dans un communiqué.

Au Bélarus, la Banque mondiale s'était engagée dans 11 projets totalisant 1,15 milliard de dollars. En Russie, elle menait 4 projets représentant 370 millions, selon le site internet de l'institution.

La Banque mondiale a par ailleurs souligné dans son communiqué mercredi qu'elle n'avait approuvé "aucun nouveau prêt ou investissement en Russie depuis 2014", soit depuis l'annexion de la Crimée par Moscou.

"Il n'y a pas non plus eu de nouveau prêt approuvé en faveur du Bélarus depuis la mi-2020", a-t-elle précisé.

Premier bilan russe

Sur le terrain, au septième jour de l'offensive déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine, des unités aéroportées russes ont débarqué à Kharkiv, la deuxième ville du pays, située dans l'est à 50 km de la frontière avec la Russie, a affirmé l'armée ukrainienne.

Après plusieurs bombardements dans le centre-ville la veille, qui ont fait au moins 21 morts selon le gouverneur régional, des bâtiments abritant des forces de sécurité et l'université ont été touchés. Au moins quatre personnes ont été tuées et neuf blessées.

Et l'OSCE a annoncé mercredi soir la mort la veille d'une membre ukrainienne de sa mission locale lors du "bombardement" de Kharkiv.

La place de l'Indépendance a été la cible dans la journée d'une frappe aérienne qui a fait voler en éclats les vitres de la mairie et détruit les commerces, a constaté un journaliste de l'AFP.

A Kiev, 500 km plus à l'ouest, dont les habitants qui n'ont pas fui se préparent depuis des jours à un assaut, un calme relatif règne mercredi, après que la tour de télévision eut été prise pour cible la veille.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit "admirer sincèrement les habitants héroïques" des villes qui résistent aux forces russes et à leur avancée.

Selon lui, près de 9 000 soldats russes ont été tués depuis une semaine, un chiffre invérifiable dans l'immédiat.

Moscou de son côté a dévoilé mercredi son premier bilan de militaires russes tués dans l'offensive en Ukraine, en annonçant la mort de 498 de ses soldats et précisant que 1 597 autres y ont été blessés.

Plusieurs localités au nord-ouest de la capitale, dont Bucha et Gostomel, ont toutefois été bombardées, ont déploré les autorités régionales.

La survie s'organisait dans le métro de Kiev transformé en abri antiaérien.

Dans la station Dorohozhychi, proche de la tour de télévision, l'AFP a vu des dizaines de familles. Beaucoup ont passé les six dernières nuits par terre, allongées sur des draps et des serviettes. 

Antonina Pouzyi, une retraitée accompagnée de ses petits-enfants, y préparait une soupe aux carottes et aux pommes de terre.

"C'est effrayant là-haut", a-t-elle dit, pointant de son couteau éplucheur le plafond. "Mes filles nous descendent à manger et les voisins apportent des gâteaux pour les petits. Tout le monde essaie d'aider".

La tour domine le quartier du parc-mémorial de Babi Yar, où furent abattus en septembre 1941, sous l'occupation nazie, plus de 33 000 juifs. 

Si aucun monument en hommage aux victimes de ce massacre n'a été atteint, Volodymyr Zelensky, d'ascendance juive, a accusé Moscou de chercher à "effacer" l'Ukraine et exhorté les juifs "à ne pas rester silencieux".

Le maire de la capitale, l'ex-boxeur Vitaly Klitschko, a appelé tous les habitants à la résistance : "Kiev tient et va tenir".

Des bombardements ont également eu lieu à Jitomir, 150 km plus à l'ouest. L'AFP a vu mercredi des personnes fouiller les décombres d'un petit marché. Au moins trois personnes y ont été tuées et une dizaine blessées, selon des habitants de la ville.

Russie: G7 et UE veulent empêcher l’usage des cryptomonnaies pour contourner les sanctions

Les pays du G7 et l'UE cherchent à empêcher la Russie de contourner les sanctions occidentales en utilisant des cryptomonnaies, ont indiqué mercredi le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, et son homologue français Bruno Le Maire.

"Nous prendrons des dispositions sur les cryptomonnaies, qui ne doivent pas être utilisées pour contourner les sanctions financières", a déclaré M. Le Maire à la presse, à l'issue d'une réunion avec ses homologues de l'Union européenne par visioconférence.

Lors de cette réunion, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a fait un point sur ce sujet. "Nous allons étudier tous les moyens disponibles", a dit le ministre français.

Au sein du G7, "nous devrions prendre des mesures pour empêcher les personnes et les institutions" frappées par les sanctions occidentales "de se tourner vers des cryptomonnaies non réglementées", a parallèlement déclaré M. Lindner dans un communiqué.

Depuis que les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont mis en place un train de sanctions visant à paralyser le secteur bancaire et la monnaie russe après l'invasion de l'Ukraine la semaine dernière, les achats de cryptomonnaies en roubles ont grimpé à un niveau record.

Les Russes se sont rués vers les cryptoactifs en espérant y trouver une valeur refuge, comme le bitcoin, qui fonctionne sur un réseau décentralisé. En effet, aucune entité centrale ne peut être sanctionnée et est en capacité d'empêcher l'accès des utilisateurs à ces cryptoactifs.

Le port de Marioupol dans le viseur

Dans le sud, les militaires russes ont affirmé totalement contrôler Kherson, mais la situation y restait incertaine. Le maire de cette cité, Igor Kolykhaïev, a évoqué une "catastrophe humanitaire". 

Plus à l'est, à Marioupol, le principal port ukrainien de la mer d'Azov, "ça se dégrade d'heure en heure", a témoigné une de ses habitantes, Maryna, 28 ans, selon laquelle le centre-ville a été pilonné.

Si elle en prenait le contrôle, l'armée russe pourrait assurer une continuité territoriale entre ses forces en provenance de Crimée et celles arrivées des territoires séparatistes plus au nord.

Dans ce contexte, le ministère russe de la Défense a annoncé mercredi la mise en place de couloirs humanitaires pour permettre la sortie des civils des villes ukrainiennes les plus exposées, notamment Kiev, Kharkiv et Marioupol.

Quatre avions de combat russes ont violé l’espace aérien suédois en mer Baltique

"Dans le contexte actuel, nous prenons cet évènement très au sérieux. C'est une action irresponsable et non professionnelle du côté russe", a protesté l'armée suédoise dans un communiqué.

L'incident intervient après que la Suède a annoncé dimanche l'envoi de 5 000 armes antichars et de matériel militaire à l'Ukraine, rompant pour la première fois depuis 1939 sa doctrine consistant à ne pas exporter des armes vers un pays en guerre.

Le ministre suédois de la Défense a dénoncé une incursion "complètement inacceptable". "Cela va entraîner une prise de position diplomatique claire côté suédois", a averti Peter Hultqvist dans une déclaration écrite à l'AFP.

Ce sont deux chasseurs Soukhoï Su-27 et deux Soukhoï Su-24, spécialisés dans les attaques au sol, qui ont violé l'espace aérien, et des avions suédois Gripen ont pu documenter les faits, selon l'armée suédoise.

"Cela montre que notre préparation est bonne. Nous sommes sur place pour assurer l'intégrité territoriale et les frontières suédoises", a fait valoir l'état-major.

Des incidents autour de l'île du Gotland, alors que la Suède n'a pas la protection de l'article 5 d'assistance mutuelle de l'Otan, sont évoqués par des analystes comme autant d'hypothèses d'escalade entre la Russie et l'Europe.

La Banque mondiale suspend son aide

Les frappes sur Kiev et Kharkiv ont suscité une vive émotion dans le monde, où manifestations contre la guerre et gestes de solidarité avec l'Ukraine se sont multipliés ces derniers jours.

Le président américain Joe Biden a estimé dans la nuit que Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de "dictateur", était maintenant "plus isolé que jamais du reste du monde", sur fond de forte pression internationale et de sanctions économiques inédites.

Parmi ces mesures, l'UE a confirmé mercredi que sept banques russes seraient, à compter du 12 mars, exclues du système de messagerie Swift, un rouage-clé de la finance internationale.

La Banque mondiale a annoncé la suspension immédiate de tous ses programmes d'aide en Russie et au Bélarus.

Le 2 mars 2022, la Banque mondiale a annoncé qu'elle arrêtait tous ses projets en cours en Russie et en Biélorussie en réponse à l'invasion de l'Ukraine. (Photo, AFP)
Le 2 mars 2022, la Banque mondiale a annoncé qu'elle arrêtait tous ses projets en cours en Russie et en Biélorussie en réponse à l'invasion de l'Ukraine. (Photo, AFP)

Le ministère américain de la Justice a parallèlement chargé des procureurs de poursuivre "les oligarques russes corrompus" et tous ceux qui violeraient les sanctions prises par Washington.

Résultat du conflit: les prix des hydrocarbures et de l'aluminium, dont la Russie est une grosse exportatrice, flambaient, avec des cours du pétrole au plus haut depuis près d'une décennie.

L'impact que cela aura sur l'économie des Etats-Unis est "très incertain", a averti mercredi Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine.

Les autorités russes tentent pour leur part d'éviter hémorragie financière et panique: le rouble a perdu en quelques jours plus d'un tiers de sa valeur en devises étrangères. Les avions russes ne peuvent plus atterrir que dans une poignée de pays. Emplois, salaires et prêts bancaires sont potentiellement menacés.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a reconnu mercredi "un sérieux coup", mais prédit que l'économie russe "resterait debout".

La Russie est aussi de plus en plus isolée dans les domaines sportifs et culturels. Le géant de la musique en streaming Spotify a annoncé mercredi soir la fermeture de ses bureaux en Russie et le retrait des contenus sponsorisés par l'Etat russe de son site.

Prague suspend les visas aux Bélarusses en raison du rôle de Minsk dans la guerre en Ukraine

"Nous avons pris la même mesure concernant les visas (pour les Bélarusses) que celle vis-à-vis de la Russie", a déclaré aux journalistes le ministre des Affaires étrangères, Jan Lipavsky.

La République tchèque, un pays de 10,7 millions d'habitants, membre de l'UE et de l'Otan, a cessé de délivrer les visas aux Russes le 25 février, le lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

"En ce moment, le Bélarus est pleinement impliqué dans l'agression contre l'Ukraine", a insisté M. Lipavsky.

La ministre de la Défense, Jana Cernochova, a indiqué de son côté que son ministère enverrait en Ukraine de l'aide médicale, notamment des sacs à dos de sauvetage et des civières pliantes, d'une valeur de près d'un million d'euros.

"La brutalité du bandit Poutine (le président russe Vladimir Poutine) est de pire en pire, le nombre de blessés augmente, et nous ne pouvons pas nous contenter de juste le regarder", a-t-elle ajouté.

La République tchèque a déjà envoyé à l'Ukraine 4 000 obus d'artillerie, 30 000 pistolets, 7 000 fusils d'assaut, 3 000 mitrailleuses, plusieurs dizaines de fusils de sniper et environ un million de cartouches, ainsi que d'autres matériels militaires non spécifiés.

Navalny appelle à manifester

Au plan diplomatique, l'Union européenne organise vendredi une rencontre extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de ses Etats membres avec leurs homologues américain, britannique et canadien, présents à Bruxelles dans le cadre d'une réunion de l'Otan.

Et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken va se rendre du 3 au 8 mars en Belgique, en Pologne, dans les Pays baltes et en Moldavie pour réaffirmer le soutien de son pays face à Moscou.

En Russie, l'opposant Alexeï Navalny a, de sa prison, appelé ses concitoyens à manifester chaque jour, qualifiant Poutine de "petit tsar complètement fou".

En Russie, l'opposant Alexeï Navalny a, de sa prison, appelé ses concitoyens à manifester chaque jour,
En Russie, l'opposant Alexeï Navalny a, de sa prison, appelé ses concitoyens à manifester chaque jour. (Photo, AFP)

Des dizaines de personnes ont été interpellées dans la soirée au cours de rassemblements contre l'invasion de l'Ukraine organisés à Moscou et à Saint-Pétersbourg.

Les Ukrainiens sont par ailleurs toujours plus nombreux à quitter leur pays : près de 900 000 sont déjà partis à l'étranger depuis le 24 février, a déclaré mercredi le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés.

Ukraine : RT visée par 12 procédures supplémentaires au Royaume-Uni

Le régulateur britannique des médias a annoncé mercredi l'ouverture de 12 enquêtes supplémentaires pour manque d'impartialité dans les programmes de la chaîne d'Etat russe en anglais RT pour sa couverture de l'invasion russe de Ukraine.

Cela porte à 27 le nombre des enquêtes ouvertes par l'organisme.

"Nous sommes très préoccupés par le volume des programmes sur RT qui soulèvent des problèmes potentiels en vertu du code de la radiodiffusion et, au fur et à mesure que nos enquêtes progressent, nous examinons si RT devrait conserver une licence britannique", a expliqué le régulateur, l'Ofcom, dans un communiqué.

Le régulateur avait annoncé lundi ouvrir 15 enquêtes sur RT.

L'organisme avait dit avoir constaté "une augmentation importante du nombre des programmes" susceptibles de faire l'objet de procédures. Il avait précisé que pour des sujets aussi importants que la crise en Ukraine, tous les médias disposant de licences de diffusion devaient "respecter des exigences particulières en termes d'impartialité", avec "des mesures supplémentaires (...) tels que donner un poids nécessaire à un large éventail d'opinions".

Les chaînes du réseau international RT (ex-Russia Today) sont dans le collimateur des pays occidentaux, accusées de "mensonges" sur la guerre en Ukraine par l'Union européenne qui veut les bannir.

Au Royaume-Uni, le gouvernement a demandé la semaine dernière un réexamen de sa licence de diffusion, mais le Premier ministre Boris Johnson a dit vouloir laisser l'Ofcom se prononcer plutôt que les politiques, au nom de la "liberté d'expression".


Ukraine: Paris appelle Poutine à rencontrer Zelensky jeudi à Istanbul

 Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou. (AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou. (AFP)
Short Url
  • Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou
  • "On a assisté ce week-end à Kiev à une démonstration de force et d'unité européenne avec l'appel unanime à un cessez-le-feu de 30 jours sans condition avec le soutien des Etats-Unis", a rappelé le chef de la diplomatie française

PONT-L'EVEQUE: Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a appelé lundi Vladimir Poutine à rencontrer Volodymyr Zelensky jeudi à Istanbul, où le président russe a appelé à ouvrir des négociations directes entre Kiev et Moscou.

"On a assisté ce week-end à Kiev à une démonstration de force et d'unité européenne avec l'appel unanime à un cessez-le-feu de 30 jours sans condition avec le soutien des Etats-Unis", a rappelé le chef de la diplomatie française lors d'un point presse en marge d'une visite à Pont-L'Evêque (Calvados).

"Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a saisi la balle au bond et il a proposé de se rendre lui-même à Istanbul. C'est désormais ce à quoi nous appelons Vladimir Poutine à consentir également", a-t-il ajouté, alors que se tient à Londres une réunion entre plusieurs ministres des Affaires étrangères de pays européens sur la guerre en Ukraine.

Le ministre français a réaffirmé qu'un cessez-le-feu était un préalable à toute discussion de paix en Ukraine.

"Evidemment il n'y aura de négociation sur une paix juste et durable qu'avec un cessez-le-feu parce qu'on ne peut pas négocier sereinement sous les bombes et sous les attaques de drones", a-t-il insisté.

La Russie a ignoré l'ultimatum des alliés de Kiev en lançant plus d'une centaine de drones dans la nuit de dimanche à lundi sur l'Ukraine, qui attend une réponse du Kremlin à la proposition de Volodymyr Zelensky de rencontrer "en personne" Vladimir Poutine jeudi à Istanbul.

Kiev et ses alliés européens ont réclamé pendant le week-end un cessez-le-feu "complet et inconditionnel" de 30 jours à partir de lundi, condition préalable selon eux pour l'ouverture de discussions de paix directes entre Russes et Ukrainiens en Turquie, comme l'a proposé le président russe Vladimir Poutine.

A ce stade, la Russie n'a répondu ni à l'offre faite dimanche par le président ukrainien Volodymyr Zelensky d'échanger directement "en personne" avec Vladimir Poutine, ni à cet ultimatum d'arrêt des combats pendant un mois, alors que le président américain Donald Trump a exhorté les deux camps à se rencontrer sans délai.


Le pape Léon XIV invite les dirigeants mondiaux à mettre fin à la guerre

Le pape Léon XIV pendant sa première prière du Reginal Caeli depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
Le pape Léon XIV pendant sa première prière du Reginal Caeli depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
Short Url
  • Le pape Léon XIV a appelé dimanche  les « grands de ce monde » à mettre fin aux guerres, notamment en Ukraine et à Gaza.
  • « Face au scénario dramatique actuel d'une Troisième Guerre mondiale en morceaux, comme l'a affirmé à plusieurs reprises le pape François, je m'adresse moi aussi aux grands de ce monde en répétant cet appel toujours d'actualité : plus jamais la guerre ! »

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Lors de sa première prière dominicale en tant que souverain pontife devant des dizaines de milliers de personnes, le pape Léon XIV a appelé dimanche  les « grands de ce monde » à mettre fin aux guerres, notamment en Ukraine et à Gaza, dans une allocution.

« Face au scénario dramatique actuel d'une Troisième Guerre mondiale en morceaux, comme l'a affirmé à plusieurs reprises le pape François, je m'adresse moi aussi aux grands de ce monde en répétant cet appel toujours d'actualité : plus jamais la guerre ! », a lancé le souverain pontife.

« Je porte dans mon cœur les souffrances du peuple ukrainien bien-aimé. Tout doit être fait pour parvenir au plus tôt à une paix authentique, juste et durable », a-t-il ajouté, plaidant pour que « tous les prisonniers soient libérés et que les enfants puissent retourner auprès de leurs familles ».

Profondément attristé par ce qui se passe dans la bande de Gaza, le pape a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à l'acheminement de l'aide humanitaire à la population civile épuisée et à la libération de tous les otages.

« J'ai accueilli, en revanche, avec satisfaction l'annonce du cessez-le-feu entre l'Inde et le Pakistan, et j'espère qu'à travers les prochains pourparlers, un accord durable pourra être rapidement trouvé », a-t-il ajouté.


Poutine propose des négociations directes avec l'Ukraine, mais ignore l'appel au cessez-le-feu

Sur cette photo distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux médias après ses rencontres avec des dirigeants étrangers à Moscou, le 11 mai 2025,  (Photo Gavriil GRIGOROV / POOL / AFP)
Sur cette photo distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux médias après ses rencontres avec des dirigeants étrangers à Moscou, le 11 mai 2025, (Photo Gavriil GRIGOROV / POOL / AFP)
Short Url
  • Dans une démonstration rare d'unité occidentale, l'Ukraine et ses alliés européens, de concert avec les États-Unis, ont adressé samedi un ultimatum à Moscou pour qu'elle accepte un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi.
  • « La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable (…). Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré M. Poutine dans une déclaration à la presse.

KIEV : Le président russe Vladimir Poutine a proposé  dimanche des négociations « directes » et « sans condition préalable » entre la Russie et l'Ukraine dès jeudi à Istanbul, repoussant à de telles discussions toute possibilité d'instaurer le cessez-le-feu exigé par les alliés de Kiev.

Dans une démonstration rare d'unité occidentale, l'Ukraine et ses alliés européens, de concert avec les États-Unis, ont adressé samedi un ultimatum à Moscou pour qu'elle accepte un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi la Russie s'exposerait à de nouvelles « sanctions massives ».

Sans évoquer directement cette proposition, le président russe a reproché aux Européens de traiter la Russie « de manière grossière et à l'aide d'ultimatums » et a estimé que toute trêve devrait s'inscrire dans des discussions « directes » avec Kiev. 

« La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable (…). Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré M. Poutine dans une déclaration à la presse, en présence de journalistes de l'AFP, tard dans la nuit au Kremlin. Il a précisé qu'il s'entretiendrait avec le président turc Recep Tayyip Erdogan dans les heures qui viennent.

Ce dernier, en contact régulier avec son homologue russe, a plusieurs fois proposé d'accueillir des pourparlers de paix. La Turquie, membre de l'OTAN, avait joué un rôle de médiation en 2022 pour la conclusion d'un accord permettant l'exportation de céréales ukrainiennes par la mer Noire, dont la Russie s'est par la suite retirée. 

Vladimir Poutine a déclaré ne pas exclure la possibilité de discuter d'un cessez-le-feu lors de pourparlers avec Kiev, mais il a souligné que ces discussions devraient porter sur « les causes profondes du conflit », qu'il a qualifiées de « guerre », bien que ce terme soit rejeté par les autorités russes, « dans une perspective historique ».

Moscou avait justifié le lancement de son offensive à grande échelle en février 2022 par la volonté de « dénazifier » l'Ukraine, dont son armée occupe actuellement environ 20 % du territoire, mais aussi par son opposition au rapprochement de ce pays avec les Occidentaux et au renforcement de l'Otan près de ses frontières. 

Alors que les cartes ont été rebattues par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, qui a entamé un rapprochement avec Vladimir Poutine, Moscou a jusqu'à présent rejeté les appels au cessez-le-feu.

Le Kremlin s'est contenté de décréter unilatéralement une trêve de trois jours pour les commémorations de la victoire sur l'Allemagne nazie, qui s'est achevée dans la nuit de samedi à dimanche après avoir été marquée par des accusations de violations des deux côtés.

« Potentiellement un grand jour pour la Russie et l'Ukraine ! » a écrit Donald Trump dimanche matin sur son compte Truth Social, sans expliciter s'il faisait référence à la proposition de Vladimir Poutine.

« Pensez aux centaines de milliers de vies qui seront sauvées avec la fin, espérons-le, de ce bain de sang sans fin. (...) Je continuerai à travailler avec les deux parties pour m'assurer que cela se produise », a-t-il ajouté, alors qu'il pousse depuis son investiture en février Volodymyr Zelensky à accepter de négocier avec Moscou. 

Ce dernier avait assuré jeudi, après un appel avec Donald Trump, que son pays était « prêt » à mener « tous formats de négociations » avec Moscou, mais que la Russie devait d'abord instaurer un cessez-le-feu.

Emmanuel Macron a qualifié la proposition russe de « premier mouvement (...) pas suffisant », relevant chez Vladimir Poutine « la volonté de gagner du temps ».

« D'ailleurs, je pense que c'est inacceptable pour les Ukrainiens parce qu’ils ne peuvent pas accepter des discussions parallèles alors qu’ils continuent à être bombardés », a insisté le président français, qui s'exprimait à sa descente de train dans la ville polonaise de Przemyśl, au retour d'un déplacement en Ukraine, où il était accompagné samedi des dirigeants allemand, Friedrich Merz, britannique, Keir Starmer, et polonais, Donald Tusk. 

Lors de cette visite, une vingtaine de pays membres d'une « coalition des volontaires » qui ont échangé par visioconférence à Kiev avec les dirigeants autour de M. Zelensky ont « décidé de soutenir un cessez-le-feu » de 30 jours, « avec une surveillance assurée principalement par les États-Unis d'Amérique » et à laquelle « tous les Européens contribueront ».

Si la Russie refuse ce cessez-le-feu ou le viole, il a été convenu que « des sanctions massives seraient préparées et coordonnées entre Européens et Américains », a-t-il précisé.

Volodymyr Zelensky et les quatre Européens ont téléphoné à Donald Trump pour l'informer des résultats de leurs entretiens.

Friedrich Merz a évoqué la poursuite d'une « aide massive » à Kiev faute de réaction du Kremlin et estimé que la guerre russe en Ukraine « vise à détruire l'ordre politique européen tout entier ».

Sur le terrain, dans la nuit de samedi à dimanche, après l'expiration de la trêve décrétée par Moscou, des alertes aériennes ont retenti dans de nombreuses régions ukrainiennes, dont à Kiev.

L'ambassade américaine en Ukraine a mis en garde vendredi contre le risque d'une importante « attaque aérienne » russe dans les prochains jours.