Les moments forts d'un quinquennat secoué par les crises

Le président français Emmanuel Macron (AFP).
Le président français Emmanuel Macron (AFP).
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Publié le Vendredi 04 mars 2022

Les moments forts d'un quinquennat secoué par les crises

  • Emmanuel Macron n'a que 39 ans lorsqu'il remporte la présidentielle face à Marine Le Pen avec 66,1% des suffrages
  • Voici les moments forts d'un quinquennat troublé de bout en bout par de multiples crises, jusqu'à la guerre en Ukraine

PARIS : "Ce ne sera pas tous les jours facile", avait prévenu Emmanuel Macron le jour de son élection le 7 mai 2017. Voici les moments forts d'un quinquennat troublé de bout en bout par de multiples crises, jusqu'à la guerre en Ukraine.

2017, sabre au clair

Emmanuel Macron n'a que 39 ans lorsqu'il remporte la présidentielle face à Marine Le Pen avec 66,1% des suffrages. Après s'être assuré une large majorité à l'Assemblée nationale un mois plus tard, il démarre son programme de "transformation radicale" de la France: en 18 mois sont actées des réformes du droit du travail, de la SNCF, la loi de moralisation de la vie politique, la suppression de l'ISF...

"Sur tout, je fais ce que j'ai dit", affirme-t-il en octobre 2017.

Affaire et démissions

En juillet 2018, quelques jours après avoir célébré à l'Elysée le triomphe des Bleus au Mondial en Russie, Emmanuel Macron est confronté à sa première crise: l'affaire Alexandre Benalla, qui va déstabiliser l'Elysée et revigorer les oppositions.

Deux nouveaux coups durs marquent la rentrée 2018: les démissions successives des ministres de premier plan Nicolas Hulot (Transition écologique) et Gérard Collomb (Intérieur). Au total, plus d'une vingtaine de ministres, un chiffre historiquement élevé, ont dû quitter le gouvernement depuis 2017.

«Gilets jaunes»

C'est la crise que presque personne n'avait vu arriver: le 17 novembre 2018, des "gilets jaunes" commencent à occuper des ronds-points et bloquer des routes. Ils protestent contre la hausse des taxes sur les carburants mais aussi contre la politique sociale et fiscale du gouvernement.

Après plusieurs samedis de violence, Emmanuel Macron tente d'éteindre l'incendie en présentant le 10 décembre une série de mesures sociales d'un coût de 10 milliards d'euros. Mais la contestation, parfois violente, persiste une bonne partie de 2019 et conduira l'exécutif à lâcher encore 7 milliards supplémentaires. Cette crise "m'a scarifié", reconnaîtra Emmanuel Macron. 

Il lance alors un "grand débat" inédit à travers la France où il s'explique, pendant quatre mois, pour tenter d'apaiser la fronde. Le 25 avril 2019, il proclame "l'Acte 2 du quinquennat" sous le sceau du dialogue restauré, notamment avec les corps intermédiaires. Il promet une "nouvelle méthode" pour "lever beaucoup de malentendus".

Explosives retraites

Présentée comme la réforme "emblématique du quinquennat", celle des retraites se veut le symbole de la méthode de l'Acte 2, avec une longue concertation de plusieurs mois. Mais il s'agit en réalité d'un dialogue de sourds, qui s'envenime avec une grève record de six semaines dans les transports.

La réforme passe néanmoins les étapes législatives. Juste avant qu'Emmanuel Macron n'annonce la suspension de "toutes les réformes en cours" à cause de la crise du coronavirus.

«En guerre»

"Nous sommes en guerre", martèle Emmanuel Macron le 16 mars 2020, en sonnant la "mobilisation générale" contre le coronavirus, un "ennemi invisible et insaisissable". 

Cette crise mondiale bouleverse son agenda et celui du gouvernement, qui consacre une grande partie de son temps à la lutte contre la pandémie jusqu'à aujourd'hui.

Emmanuel Macron s'est adressé solennellement aux Français à neuf reprises, enregistrant des records d'audience, pour leur annoncer qu'ils étaient confinés puis déconfinés, qu'ils devaient se vacciner et se munir d'un pass sanitaire, puis se revacciner...

"Beaucoup de nos compatriotes sont fatigués de cette situation", reconnait-il en décembre 2021. "Je suis comme eux".

Ambitions internationales

Arrivé inexpérimenté sur la scène internationale en 2017, Emmanuel Macron s'y est montré extrêmement actif, en particulier pour défendre le multilatéralisme.

Il tente des coups d'éclat pour bousculer la diplomatie, comme celui d'inviter par surprise le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif en plein sommet du G7 de Biarritz pour chercher, en vain, à rapprocher Téhéran et Washington sur le dossier nucléaire. 

"Nous sommes bousculés, l'audace est notre seule réponse", lance-t-il en présentant le 26 septembre 2017 son programme pour "refonder l'Union européenne". Au fil des sommets à Bruxelles, cette ambition se heurte à de multiples obstacles. Mais il voit dans la crise du coronavirus l'occasion de relancer l'UE, notamment avec le plan de relance inédit de 750 milliards d'euros adopté en juillet 2020.

Alors qu'approche la présidentielle, Emmanuel Macron doit faire face à un nouveau front début 2022: les tensions entre Moscou et Kiev qui débouchent, le 24 février, sur l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.

Le chef de l'Etat se démène pour l'éviter, se posant en médiateur entre ses homologues Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, qu'il rencontre au Kremlin puis à Kiev. Sans parvenir à dissuader le président russe mais en gardant les canaux diplomatiques ouverts.  

«Héros français»

Soucieux d'édifier la population par l'exemple d'actes qu'il admire, Emmanuel Macron a célébré à de très nombreuses reprises la mémoire de "héros français", de l'officier de gendarmerie Arnaud Beltrame à la diva Joséphine Baker qu'il "panthéonise", en passant par les militaires morts au Sahel. Le jeune président a également présidé de nombreuses cérémonies d'hommage, notamment à Jacques Chirac, Johnny Hallyday ou Jean-Paul Belmondo. Il qualifie aussi de "héros" les pompiers ayant éteint l'incendie qui a dévasté, le 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris, un drame qui provoque une forte émotion nationale et internationale.


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.